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Critiques de Thomas Gunzig (550)
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La vie sauvage

Roman sans génie. Banal. Et poussif. Les clichés s’enchainent, le ton est morne, l’originalité aux abonnés absents. Longs passages sur la futilité des jeunes d’aujourd’hui et leurs heures perdues sur Snapchat et autres réseaux sociaux, dénués de fondement et dignes de n’importe quel vieux con. Et truffé d’invraisemblances : qui croirait que Charles, éduqué en pleine brousse africaine, y découvre toute la littérature classique mais aussi se fasse une idée de la psychanalyse et de son histoire …



Thomas Gunzig règle ses comptes avec les profs de français, les psys de centre scolaire, les petits bourgeois des villes moyennes de province, les adolescents apathiques et les femmes de quarante ans et plus … Mais vous Monsieur Gunzig, quelle parade avez-vous trouvée pour échapper à l’horizon bouché, à l’univers fermé de votre petite vie minable et si tristement normale ?



C’est déplorable d’en être arrivé là.

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Manuel de survie à l'usage des incapables

J'avais gardé un souvenir mitigé de "Mort d'un parfait bilingue". J'avais trouvé cette histoire de mercenaire amnésique passablement compliquée. J'avais dès lors tenu son auteur, jeune Belge talentueux, comme un écrivain de la Nouvelle vague, un peu trop poseur pour être tout à fait honnête.

Ces préventions sont levées avec ce "Manuel de survie à l'usage des incapables", titre étrange et assez mal choisi pour introduire un roman à la croisée des genres : polar, SF, romance, essai sociologique.

On dirait du Maurice Dantec (pour l'anticipation parfois trash) mâtiné de Houellebecq (pour la vulgarisation génétique) saupoudré d'un zest de Echenoz (pour l'ironie triste).

On y croise Jacques Chirac, Blanche de Castille et les frères Eichmann dans une intrigue qui se noue dans l'arrière salle d'un supermarché : un vigile y tue par erreur une caissière déclenchant le désir paroxystique de vengeance de ses quatre orphelins, un poil loup-bars, le départ de sa femme serpentine et la rencontre d'une loutre très spéciale. Car cette histoire policière banale se déroule dans un futur proche où la reproduction humaine a été améliorée par le croisement de gènes animaux sélectionnés.

Thomas Gunzig écrit au scalpel de courts chapitres découpés comme des plans de cinéma. Son Manuel ferait d'ailleurs un excellent film avec François Damiens dans le rôle principal, Laure Atika dans celui de sa femme et Mélanie Thierry dans celui de Blanche de Castille.

A lire en attendant de le voir !
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Le sang des bêtes

De Thomas Gunzig, j'avais déjà lu il y a quelques années "Mort d'un parfait bilingue" et "Manuel de surbie à l'usage des incapables". Ces deux livres, aux titres désopilants, m'avaient laissé un souvenir mitigé. ils m'avaient donné de leur auteur l'image d'un écrivain doué mais peut-être un brin prétentieux, suffisamment stimulant pour me donner envie de lire ses prochaines productions mais pas assez pour que je m'y jette avec gourmandise.



Avec "Le Sang des bêtes", Thomas Gunzig, la cinquantaine approchant, embrasse un style plus sage sans tout à fait se ranger des voitures. L'histoire qu'il raconte narre assez classiquement la "midlife crisis" d'un quinquagénaire passablement dépressif. Le sujet n'est pas nouveau et son traitement, s'il est allègre et si les personnages qu'il met en scène sont attachants, n'a rien de follement original.



Seule particularité intéressante : Tom, le héros, est un ancien bodybuilder qui tient un commerce de compléments alimentaires. Le monde du bodybuilding constitue un univers fascinant que le cinéma explore avec profit : Pearl (2019), Bodybuilder (2014)... Les corps y sont métamorphosés par des traitements traumatisants que des sportifs masochistes s'infligent à force de volonté. Beau terrain pour l’étude de psychologie à laquelle se livre Thomas Gunzig qui a le bon goût d'y ajouter, pour faire bonne mesure, quelques scènes d'action qui augure bien de l'adaptation cinématographique de de "Sang des bêtes"
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Kuru

Fred, Kristine, Pierre et Paul, quatre amis engagés contre les exactions de l'extrême droite au pouvoir dans une société qui semblerait contemporaine.



Sujet fort sérieux mais n'empêchant pas Fred d'être fou du p'tit cul de sa cousine Katerine, douée pour la téléportation, enceinte d'un extraterrestre et dont le mari Fabio souffre d'éjaculation précoce.



J'ai bien aimé ce mélange sérieux et un peu fou, Boris Vian à la sauce 'humour belge', une écriture très visuelle du genre: 'Kristine était grise, elle lançait tout autour d’elle les regards désespérés d’une limande sur le pont d’un chalutier'

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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Ce tome comprend une histoire complète mettant en scène Francis Blake et Philip Mortimer. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par François Schuiten (scénario, dessins et encrage), Jaco van Dormael (scénario, réalisateur et metteur en scène belge), Thomas Gunzig (scénario, écrivain belge francophone) et Laurent Durieux (couleur).



À l'intérieur de la pyramide de Kheops, au Caire en Égypte, Francis Blake et Philip Mortimer reprennent difficilement conscience. Ils ne se souviennent plus d'où ils se trouvent. Ils finissent par comprendre qu'ils se trouvent dans la Chambre du Roi de la pyramide. Quelques années plus tard, le professeur Mortimer pénètre dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Il y retrouve son ami Henri qui évoque le taux élevé du rayonnement électromagnétique. Henri emmène Mortimer au sous-sol et lui montre une pièce récemment mise à jour : le bureau de travail de Joseph Poelaert (1817-1879), l'architecte du Palais de Justice. Il l'emmène jusqu'au fond de la pièce où il lui montre des hiéroglyphes et une représentation du dieu Seth. À la surprise de Mortimer, Henri se saisit d'une masse et en frappe le mur. De la fissure s'échappe une puissante lumière. Henri passe par la faille, mais le mur s'écroule derrière lui, empêchant Mortimer de le suivre. Mortimer remonte le plus vite possible et sort du Palais de Justice. Le rayonnement s'échappe du bâtiment et irradie toute la ville.



Trois semaines plus tard, Mortimer se réveille sur un lit d'hôpital où il est venu consulter à cause de terribles cauchemars dans lequel Seth lui apparaît. À l'extérieur, l'armée a commencé à évacuer les civils. Quelques temps plus tard, Mortimer retrouve Blake devant le Palais de Justice, autour duquel ont été élevés des échafaudages pour constituer une cage de Faraday afin de contenir le rayonnement. Des années plus tard, les bâtiments ont commencé à se dégrader et quelques animaux sauvages circulent dans la rue. Non loin du Palais de Justice, un groupe de personnes prépare un acte de destruction contre le bâtiment. Leur intervention a des conséquences néfastes et Philip Mortimer est contacté par Francis Blake pour une intervention de la dernière chance, en urgence. Mortimer doit se rendre à Bruxelles.



En 1996, paraît une nouvelle aventure de Blake & Mortimer, réalisée par Jean van Hamme & Ted Benoît, 9 ans après la mort de leur créateur Edgar P. Jacobs. Entretemps, Média Participations a fait l'acquisition des Éditions Blake & Mortimer, et Jean van Hamme a défini les règles à respecter pour les albums de la reprise : rester dans les années 1950 et ne pas poursuivre après Les 3 formules du Pr Sato (voir Autour de Blake & Mortimer, tome 9 : L'héritage Jacobs (2016/2018). Lors de l'annonce de ce tome, l'éditeur a clairement indiqué qu'il s'agit d'un projet à part, qui ne s'inscrit pas dans le cadre établi. D'une part Blake et Mortimer ont vieilli car l'aventure se déroule après Les 3 formules du Pr Sato ; d'autre part François Schuiten ne s'en tient pas aux caractéristiques graphiques de la ligne claire d'EP Jacobs. Du coup l'horizon d'attente du lecteur s'en trouve plus incertain, car il a conscience qu'il ne va pas retrouver les spécificités bien établies pour la reprise de la série.



Avec la scène d'ouverture, l'amateur de Blake & Mortimer se retrouve en terrain connu, puisqu'il s'agit d'une scène tirée de Blake et Mortimer, tome 5 : Le Mystère de la Grande Pyramide, Deuxième Partie (1955). Au fur et à mesure du récit, il retrouve les éléments classiques des personnages, ainsi que le ton de la narration, et le thème d'aventure. Il suit Mortimer (et un peu Blake) enquêtant sur un phénomène physique non théorisée scientifiquement, menaçant de causer des destructions à l'échelle planétaire, devant faire preuve de courage pour surmonter les obstacles tant physiques que scientifiques. Dans des interviews, Schuiten a indiqué qu'il a développé l'intrigue (avec Dormael et Gunzig) sur la base d'une idée présente dans les carnets de Jacobs. En termes de narration visuelle, le lecteur découvre une mise en couleurs très sophistiquée qui met en jeu des techniques autres que les simples aplats de couleurs. François Schuiten réalise des images d'une minutie exquise, évoquant les gravures du dix-neuvième siècle, et les illustrations de Gustave Doré, pas du tout dans un registre ligne claire.



Le lecteur entame ce tome et se sent tout de suite en terrain familier, qu'il soit lecteur de Blake & Mortimer, ou de Schuiten. Outre la base de l'intrigue empruntée à Jacobs, il suit le professeur Mortimer dans sa difficile progression dans Bruxelles, jusqu'à atteindre la source du rayonnement électromagnétique, pour essayer de sauver le monde, pendant que Blake essaye de limiter les dégâts probables d'une intervention armée sans finesse. Les auteurs font référence à quelques éléments de la mythologie de la série, soit évidents comme la Grande Pyramide, soit plus à destination des connaisseurs comme l'apparition d'une Méganeura. Pour autant, l'histoire reste intelligible et satisfaisante, même si le lecteur n'a jamais ouvert un album de Blake & Mortimer. De la même manière, le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de François Schuiten : une incroyable précision, des touches romanesques et romantiques, un amour de l'architecture. Il peut aussi apprécier la narration visuelle s'il ne connaît pas cet artiste, pour la qualité de ses descriptions, l'utilisation de cadrages (gros plan sur une main en train d'agir, posture des personnages en mouvement) et de plans de prise de vue directement empruntés à Jacobs. Le lecteur familier des albums originaux retrouve ces cases très déconcertantes où la cellule de texte décrit ce que montre l'image. Par exemple page 11, le texte indique : Mais déjà le marteau s'abat contre la surface de pierre. C'est exactement ce que montre la petite case, faisant s'interroger le lecteur sur l'intérêt de doublonner ainsi l'information, si ce n'est pour un hommage.



Arrivé à la fin de l'album, le lecteur a apprécié l'aventure, observé que Dormael, Gunzig et Schuiten ont imaginé un risque technologique de type anticipation plausible dans son concept, peu réaliste dans sa mise en œuvre, mais très cohérent avec les récits d'anticipation de Jacobs. Il a bénéficié d'une narration visuelle d'une grande richesse, respectant l'esprit un peu suranné des œuvres originelles, avec des techniques de dessins et de mise en couleurs différentes de celles d'Edgar P. Jacobs. Il en ressort un peu triste. Le choix de situer l'histoire plus récemment amène à voir les personnages ayant vieilli, Mortimer indiquant qu'il est à la retraite. Ils ne sont pas diminués physiquement, mais leurs remarques contiennent une part de nostalgie, et de jugement de valeur négatif sur leur présent. Dans des interviews, Schuiten a déclaré qu'il souhaitait exprimer l'état d'esprit d'Edgar P. Jacobs qui se déclarait déconnecté de son époque à la fin de sa vie, ne comprenant plus le monde qui l'entourait. Cette sensation d'obsolescence de l'individu s'exprime en toile de fond, avec le jugement de valeur de Mortimer sur les conséquences du rayonnement électromagnétique, ramenant l'humanité dans un stade technologique qu'il estime plus humain.



S'il a suivi la carrière de François Schuiten, le lecteur détecte plusieurs références à d'autres de ses œuvres. L'échafaudage englobant le Palais de Justice évoque le réseau Robick de Les Cités obscures, Tome 2 : La fièvre d'Urbicande (1985). La locomotive est un modèle 12.004 de la SNCB, celui qui figure dans La Douce (2012). Le Palais de Justice de Bruxelles joue déjà un rôle central dans Les Cités obscures, Tome 6 : Brüsel (1992), et son architecte Joseph Poelaert y est évoqué. Le thème du temps qui passe, du décalage avec l'époque présente entre en résonance avec ces évocations d'une longue carrière, constituant un regard en arrière. Avec cette idée en tête, le lecteur considère d'une autre manière les références à la culture de l'Égypte antique, à la très ancienne confrérie évoquée par Henri, aux transformations induites par la technologie sur la société humaine. Dans cette optique, l'essaim de scarabées libéré par Bastet s'apparente à une plaie d'Égypte, une condamnation divine. Les cauchemars de Mortimer deviennent des signaux émanant du passé. L'utilisation d'un pigeon voyageur (Wittekop) pour communiquer est un symbole d'une communication indépendante de la technologie de pointe. Mortimer fait confiance aux chats pour le guider car l'instinct des animaux les pousse à éviter ce qui pourrait leur faire du mal : à nouveau la sagesse ne vient pas de la technologie, mais de la nature. Les soins prodigués par Lisa relèvent d'une forme de médecine alternative qui devient un savoir thérapeutique héritée de la sagesse ancienne, et plus efficace que les cachets et les pilules. Le fait que Mortimer se retrouve devant des statues égyptiennes sens dessus dessous finit par évoquer que c'est le monde moderne qui marche sur la tête. La nostalgie d'un monde plus simple, plus maîtrisé submerge alors le lecteur. Très habilement, 2 personnages évoquent le syndrome chinois : hypothèse selon laquelle le matériel en fusion d'un réacteur nucléaire situé en Amérique du Nord pourrait traverser la croûte terrestre et progresser jusqu'en Chine. Là encore le lecteur peut y voir une angoisse d'applications scientifiques non maîtrisées, et qui en plus ne date pas d'hier.



En ouvrant ce tome, le lecteur sait qu'il s'agit d'un album de Blake & Mortimer qui sort de l'ordinaire, à la fois parce que les personnages principaux ont vieilli, à la fois parce que l'artiste a bénéficié de plus de libertés créatrices que les autres équipes ayant repris la série. Il plonge dans une bande dessinée d'une rare intensité, non pas parce que la narration est dense ou l'intrigue labyrinthique, mais parce qu'il s'agit d'un projet ayant mûri pendant 4 ans de durée de réalisation, parce que les phrases prononcées par les personnages portent en elles des échos des préoccupations des auteurs, parce que la narration visuelle est d'une grande beauté plastique et d'une grande minutie, parce que la mise en couleurs semble avoir été réalisée par la même personne que les dessins. En refermant cet album, le lecteur reste sous le charme de ce récit pendant de longs moments, touché par une œuvre d'auteur jetant un regard d'incompréhension sur le monde qui l'entoure, comme s'il s'était trouvé dépassé par la modernité, finissant déconnecté de son époque.
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Manuel de survie à l'usage des incapables

Jean-Jean travaille au supermarché. Bip-bip, bla bla. Un jour il assiste au renvoi de Martine Laverdure et ça dégénère, la caissière est tuée. Ses fils, quatre loups psychopathes, veulent la venger...



La couverture laisse à penser à l’asservissement de la race humaine corrompue au culte de l’achat, dans des temples-supermarchés qui voient déambuler de manière automatique des machines adeptes de la consommation aveugle. Le titre est provocateur, cuit au vitriol. Hmm, intéressant, on retourne le livre et on lit la quatrième de couverture.

Imitation du style biblique dans sa Genèse : « Avant il n’y avait rien. Puis vint l’hypermarché ». Ok, ça doit être une grosse critique de la société consumériste, je me lance.

Ah ah, la bonne blague ! Ce livre n’a pas de genre défini, il est asexué littérairement parlant. Un OLNI (objet littéraire non-identifié) inclassable (la bibliothécaire : « Je le range où ? » « Mets-le en littérature belge, et pis ce sera bon !! »), pourtant loin d’être comparé à un précieux météore parvenu – Thank God – jusqu’à nous.

Le supermarché n’est finalement qu’un prétexte d’approche, d’appât (d’aucuns pourraient arguer que l’auteur a aussi habilement joué que les grandes surfaces, en nous accrochant avec un titre sauce bolognaise mais sans viande une fois le pot ouvert, et a donc réussi le même pari que ces dernières, promettant du rêve mais vendant du texte ; mais était-ce réellement l’intention de l’auteur, les analyses littéraires faisant souvent dire aux écrivains ce qu’ils n’ont pas dit ou voulu dire ?).

Quoi qu’il en soit, perdue dans un fatras de science-fiction/polar/thriller/sex intentions, l’histoire n’a que peu d’atouts pour nous faire réellement vibrer. Ce que l’on espérait critique se révèle trop cynique ; le soi-disant humour se résume à des comparaisons totalement biscornues (« Jean-Jean était resté seul avec le directeur des ressources humaines dont il pouvait nettement sentir la nervosité teintée d’excitation. Comme un cheval à qui on va faire un prélèvement de sperme », p89 ; « Une détermination aussi parfaite qu’un tableau Excel », p183 ; « La colère gagnait Marianne à la manière d’un grand feu de joie allumé par des scouts se préparant à un sacrifice rituel », p219, etc.…) ; presque 100 pages sont consacrées aux élucubrations sexuelles de divers personnages (« ouais je vais la baiser, je vais la défoncer », « oh oui, je veux qu’il me défonce ! », « et si je l’embrasse, qu’est-ce qui se passe ? », « oh ouais, je sais que je suis une bonne suceuse »).

En lieu et place d’une critique acerbe, nous avons droit à une chasse à l’homme nappée de sentiments quasi glaciaux sur lesquels on rebondit comme sur une banquise inhospitalière (moi aussi je peux faire des comparaisons pourries…). On se retrouve à avancer dans le récit tout simplement parce que les chapitres sont courts, et qu’il faut bien l’avouer ce n’est pas de la grande littérature. A l’exception du père de Jean-Jean, touchant, notre cerveau se chargera de nous faire oublier vite fait bien fait les personnages caricaturaux et stéréotypés (je vous revois venir, les défenseurs de la théorie que justement ils correspondent au moule dans lequel la société les a formés !!). Les dénonciations du système, il faut les trouver tout seul pour les apprécier un tant soit peu, comme le prénom Jean-Jean : répétitif, enfantin, traduisant le manque clair d’intelligence, d’ambition et surtout le côté abruti robotique qui « fait ce que la société lui dicte de faire ». Presque un hommage au bien nommé Oui-Oui de notre enfance qui, reconnaissons-le, ne va pas bien loin dans sa belle voiture jaune et rouge… Ou encore les interminables listes de mots nouveaux, souvent anglais, qui ont envahi notre langage et qui ponctuent des discours incompréhensibles pour les gens qui ne comprennent rien à l’informatique ou au marketing (cela me fait penser aux Mots à la con de Pierre Merle, très inspirant…)… Ou bien la continuelle citation de meubles et objets Ikea, qui a envahi nos habitats et nos vies et nous a conformés à un décor unique. Ikea, symbole de l’anti-personnalité…

Mais alors, que reste-t-il de cette lecture ? Le supermarché est finalement l’endroit où se déroule la violence physique, peut-être pour singer la violence du marketing (mais pourquoi j’analyse, moi, pourquoi je trouve des excuses à l’auteur… ?). Quant à la fin… elle sort d’on ne sait où, répond clairement au genre du « n’importe quoi qui ne mène nulle part », avec un soupçon des Thanatonautes de Bernard Weber quand Ikea se met à polluer l’afterlife, ou avec le personnage de Marianne qui devient docile, ou avec le retour à la vie dans la forêt, animale, bestiale, back to the wild… Je n’ai rien compris !!!

Ce roman, qui se laisse pourtant vaguement lire (quoique plus de 30 pages d’un coup furent pour moi beaucoup trop à chaque fois) parce que les chapitres sont courts et que d’une certaine manière on aimerait bien savoir où tout ce fatras nous mène, au cas où on pigerait un truc juste à la fin, me révolte et me sidère. Il donne la sensation de délivrer des messages à condition qu’on soit capable d’analyser un peu, tout en comptant sur notre capacité d’analyse prête à trouver une explication à n’importe quel procédé narratif délirant, chose que j’ai détestée.

Allez, parce que je suis super gentille, voici d’autres magnifiques citations qui intéresseront sûrement nos amis de l’Académie Française et qui témoignent du « talent stylistique » (iro) de l’auteur :

« Le vol du fourgon était quelque chose de simple, de carré, aussi joli que le calcul d’une intégrale à l’aide de primitives. » p239

« … l’engin de Blanc avait la dimension d’un flacon de Dreft vaisselle. » p351

Et la meilleure pour la fin : « … une nuit plus noire que le pelage de Noir… » p350
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Feel good

Un roman acide, sucré et salé.

Trois ingrédients qui se marient ici parfaitement.

Une femme qui galère, qui fait de son mieux pour boucler les fins de mois, qui aime son enfant et que la perte de son emploi va faire basculer dans la précarité.

Un romancier raté, des livres qui ne se vendent pas, une épouse qui se lasse, une fille qui ne vous admire pas.

Un rapt et le chemin de ces deux là va se croiser.

C'est un roman qui sait manier l'ironie, la critique d'une société oppressante, la satire du milieu de l'édition tout en restant au final doux et émouvant.

Une belle découverte.
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Le sang des bêtes

Pour tout dire, je ne sais pas quoi penser de ce petit roman.



Au premier degré, ça pourrait être une farce encrée dans son époque : on a une jeune « woke » un peu militante et son mari ; un juif ashkénaze, traumatisé par la Shoah (on le serait pour moins), il souffre d’un cancer que la chimiothérapie devrait guérir ; une jeune femme qui se sent vache dans son intimité, mais peut-être (sans doute) est née d’une manipulation génétique ; Mathilde, la femme de Tom…

Tom ! Le fils de Maurice, le malade du cancer. Il vend des compléments alimentaires pour bodybuildés, bodybuildé qu’il est lui-même… Tom ne vit pas sa vie, il la subit, malgré tout obnubilé par la question : « Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? » Déprime…

Mais au fond ?

Au fond, de trop nombreux sujets abordés, effleurés plutôt. J’avoue que je me suis un peu perdu. Alors retour au premier degré et une farce burlesque agréable à lire du fait du style efficace de Thomas Gunzig. Une fin bâclée ?! Ah, oui… peut-être…



Merci à Babélio et aux éditions « Au Diable Vauvert » pour cette sélection Masse critique.

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Le sang des bêtes

En 19 brefs chapitres, tous titrés du nom d’un muscle, Thomas Gunzig va nous raconter une bien curieuse histoire… Tom, la cinquantaine, adepte du bodybuilding, traîne sa dépression de la boutique de compléments alimentaires où il travaille jusqu’à son domicile où l’attend Mathilde, son épouse, qu’il ne désire plus, sans oublier la salle de sport où il s’entraîne sans conviction. Jérémie, leur fils, vient d’être larguée par Jade, son intransigeante et détestable compagne, et il est revenu vivre chez eux. Pour couronner le tout, le père de Tom voit son cancer récidiver et s’installe sur leur canapé pour quelque temps avec William, son chat. Rien pour améliorer l’humeur de Tom, donc. Un jour, devant la boutique, il assiste à une scène dérangeante : un homme se comporte brutalement avec une jeune femme. Tom n’interviendra pas pour diverses raisons. Mais quand la scène se reproduit une deuxième fois, il s’interpose et ce geste va changer sa vie…

***

Je n’avais jamais rien lu de Thomas Gunzig, mais j’ai eu l’occasion d’écouter plusieurs fois sur Facebook certaines des chroniques assez mordantes qu’il fait à la radio belge. On retrouve son humour décalé dans Le Sang des bêtes, son dernier roman bien déjanté. Il faut sans doute voir dans le titre du livre un hommage au célèbre documentaire de Franju (1949), mais la souffrance animale et la propriété du vivant ne sont que des thèmes parmi d’autres dans ce foisonnant bref roman. Encetta, non, N7A, la jeune femme que secourt Tom est en fait une vache à laquelle des manipulations génétiques ont donné forme humaine. Forcément, personne ne la croit quand elle raconte son histoire ! Thomas Gunzig va utiliser ce prétexte pour écrire une satire sociale surréaliste et parfois vraiment dérangeante, abordant pléthore de sujets : la place des animaux, le rôle de l’homme qui s’approprie le vivant, la judéité, la vieillesse, l’usure du couple, la bienpensance autoritaire, le culte du corps, le racisme, le spécisme… Et c’est peut-être ce qui a douché mon enthousiasme du début : j’ai passé un bon moment de lecture, mais je suis restée sur ma faim !

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Rocky, dernier rivage

Etre riche à millions et se retrouver seul avec sa famille et un couple de domestiques sur une île éloignée, sans plus aucun contact avec le reste du monde, tout simplement parce qu’il n’y a plus de monde…Ce n’est pas à exactement parler le rêve !

D’autant plus que la famille de Fred se compose d’une femme complètement déprimée par la situation et deux adolescents complètement en désaccord avec les parents.



Alors on se raccroche à ce qu’on a été, on essaie de « faire comme », mais c’est compliqué, quand même, de se retrouver dans une situation post-apocalyptique !

Thomas Gunzig, en tout cas, s’en est donné à cœur joie, il pousse chaque personnage dans ses retranchements pour leur faire cracher le noyau qu’il y a à l’intérieur d’eux, le noyau vital.



Le roman commence « aujourd’hui », après moultes guerres et épidémies dues essentiellement au fonctionnement des humains, à leur pensée à court terme, et ce depuis toujours. Le réchauffement climatique, énorme conséquence de cette idiotie de manière de vivre, engendre des catastrophes, à commencer par les virus.

Et puis le roman retourne 5 ans en arrière, au moment où la famille s’installe sur l’île.

Et puis revient aujourd’hui.

Nous avons donc la possibilité d’analyser la différence (ou l’évolution) des comportements et des visions de la vie à travers chacun des 4 personnages.



C’est noir, c’est désespérant, mais ça pourrait devenir réel ! Au secours ! Je ne veux pas me retrouver sur ce dernier rivage, en compagnie ou pas de Rocky !

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Rocky, dernier rivage

Un titre énigmatique pour un livre assez original !

Fred est un homme riche, très riche. Sa femme Hélène est une femme qui assure ! Super job et deux enfants...les enfants ont une nurse.

Ils sont heureux parce qu'ils ont tout ce que l'on peut posséder.

Mais il y a un hic....la planète ne va pas bien, mais alors pas bien du tout, du tout.

Fred , prévoyant a acheté une île où il pourrait se réfugier en cas de catastrophe avec sa petite famille.

La catastrophe arrive, ils atterrissent sur l'île bientôt rejoints par Ida et Carlo un couple à tout faire (ménage, entretien, cuisine...) disponible vingt quatre heures sur vingt-quatre.

La vie sur l'île peut durer des dizaines d'années en parfaite autonomie (nourriture, eau, électricité, séries télé en tous genres, médicaments, alcool etc...)

Au début tout est idyllique.

Fred fait du sport, Hélène se pomponne et se gave de séries et les enfants s'adaptent petit à petit.

Mais à part Fred, personne ne prend la mesure de l'étendue du chaos. Si au début les nouvelles ne sont pas bonnes, assez vite il n'y a plus de nouvelles. C'est le silence radio parce qu'il ne reste plus rien ni personne dans le monde.

Donc être riche ne sert plus à grand-chose, les Louboutin de madame n'ont plus de raison d'être, les selfies de la fille ne seront plus vus et le fils peut faire une croix sur son premier amour à peine commencé.

Alors à quoi sert de vivre avec tant de richesse quand on est seul ?

Que fait-on quand une vie entière est construite sur les apparences quand il ne reste plus personne devant qui paraitre ?

Que faire quand ce qui ressemble à une famille de rêve n'est en fait qu'un assemblage d'individus superficiels ?

Je ne vous en dit pas plus. Lisez ce bouquin très bien construit, parfois glaçant, parfois drôle, violent ou absurde !

De rebondissements en rebondissements l'auteur nous entraîne vers une fin ... logique !

Thomas Gunzig, Antoine Wauters, Adeline Dieudonné, Barbara Abel, Lize Spit, Alain Dautinne...les points communs de ces auteurs ? Ils sont tous belges, leurs romans sont originaux, toujours très différents, l'humour subtil, grinçant est toujours présent. Vous l'aurez compris, ce que je connais de la littérature belge me plaît.

Je vois un ami Babeliot belge, prénommé Patrice opiner du chef en souriant !



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Le sang des bêtes



Oh la vache ! Langage populaire peut-être, mais bien adapté à ce roman qui ne ressemble à aucun autre.

Roman, uchronie certes, mais pour moi une lecture inhabituelle, fascinante, et lue d'une traite.

Tom vend des compléments alimentaires pour musculeux en devenir, s'ennuie un peu, travail et couple, crise de la cinquantaine ? Un jour il remarque une femme en difficulté, elle semble menacée par un homme : n'écoutant que son courage, Tom ne bouge pas, cette fois là du moins , car plus tard, il la récupérera, elle s'appelle N7A et se dit être le résultat de travaux effectués sur des vaches et donc qu'elle même est une vache. Elle est jolie, fluette, mais prouvera à Tom qu'elle peut soulever plus d'un quintal de fonte. En même temps les failles du couple et paternelles verront le grand jour. Stop.

T.Gunzig explore les travers de notre temps avec une rare acuité, mais surtout, ce court roman écrit par « les 8ou9 auteurs les plus lus en ce moment »(dixit certain magazine) n'aurait été que fadaises avec happy end , alors que cette écriture talentueuse en fait un objet rare .

Grand merci aux éditions du Diable Vauvert et à Babelio pour cette belle découverte.

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Manuel de survie à l'usage des incapables

"Pendant que tu te lamentes, les autres s'entraînent."

Arnold Schwarzenegger, Pumping Iron



Cette citation d'Arnold introduit l'esprit "zen" du manuel de survie



Pour la petite histoire :

Sous les ordres de ses supérieurs hiérarchiques, Jean Jean, responsable de la sécurité dans un supermarché va épier et aider à obtenir le licenciement d'une caissière, Martine Leverdure, jugée non rentable pour l'entreprise. Sa nonchalance lors des pistages des CB n'étant pas un motif de renvoi, sa liaison avec Jacques Chirac Oussomo, assistant du chef du rayon primeur sera retenue car non conforme avec le règlement intérieur et la culture de rentablité du magasin. Accidentellement, Jean jean tue Martine Leverdure. Ses quatre fils à l'ADN de loups, caïds de la cité jurent de tuer le coupable. Une folle course poursuite s'ensuit....



Thomas Gunzig nous brosse un portrait apocalyptique de ce qui pourrait advenir de notre mode de distribution dans un avenir proche. C'est un livre qui pose des questions sur la philosophie de ces grandes entreprises basées uniquement sur le profit. L'humain n'y a sa place que comme producteur. Il devient une marchandise génétiquement modifiable. Les rapports sociaux sont hiérarchisés et (en)codés. La sexualité et la trivialité y sont bannies. les plus faibles sont rejetés (Martine et Jacques Chirac!) tandis que d'autres plus sauvages incarnés par des hommes loups dominent l'économie parallèle des cités. Quant à la masse des travailleurs, meublés d'Ikéa, épuisés par des cadences infernales, une fois rentré chez eux, ils ne peuvent qu'avaler du surgelé et finissent par s'endormir devant le petit écran. Le maintient de la paix social est à ce "juste" prix. Moralité de la grande entreprise : une seule loi domine : l'hyper-productivité, mesurée en euros par heure travaillée.



C'est un bon roman noir cynique, à la fois fable visionnaire (manipulation génétique, ADN sous copyright...) et un thriller rocambolesque qui ne manque pas d'humour.



Soyez sur qu'après avoir lu ce polar, vous ne passerez plus les portes de votre supermarché avec la même assurance!

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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Le dernier pharaon est une BD que je me suis longtemps refusé à lire. Pas parce que c’est une reprise, pas à cause d’un scénario dont j’ignorais tout, mais simplement parce que ce qui fait le sel de la série de E.P. Jacobs c’est la ligne graphique réaliste, envoûtante et qui renvoie le lecteur à un Londres des années 50. La simple vision de la couverture et de quelques pages montrait un traitement par François Schuiten bien éloigné de Jacobs. D’où rejet. Point à la ligne.



Pourtant, après avoir surmonté ce « pas de côté » graphique, force est de constater que cette vision du célèbre duo mérite qu’on s’y attarde. Schuiten bâti un univers dystopique et cauchemardesque assez réussi ; les scénaristes plongent Mortimer dans ses souvenirs du temps du Mystère de la grande pyramide et nos héros sauvent encore une fois le monde, malgré l’âge qui avance. Les détours dans le palais de justice de Bruxelles valent le déplacement.



Finalement, il y a là de quoi contenter l’amateur de BD. Le dernier pharaon n’est certes pas vraiment un Blake et Mortimer, mais c’est quand même un bel écart autour du mythe.
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Rocky, dernier rivage

Je m’installe confortablement, je suis un peu en avance. J’ai fixé rendez-vous à Thomas dans son café préféré, ici près du parvis de Saint-Gilles. Pourvu qu’il vienne. J’espérais assez naïvement l’y trouver déjà installé, car c’est ici qu’il écrit. C’est ici qu’il se nourrit du spectacle de ses contemporains pour écrire des histoires sombres, des histoires qu’on aimerait qu’elles ne sortent jamais des livres. Comme si de les avoir écrites agirait tel un sortilège et empêcherait qu’elles se réalisent. Mais pour le coup je dois bien avouer que j’ai du mal de voir dans ce Rocky, dernier rivage un futur possible mais évitable. Malheureusement.



Car oui des familles souriantes et unies sous le soleil des plages du Sud (ouais les selfies sur la plage d’Ostende sont beaucoup moins photogéniques) ou sur les pistes des stations huppées des Alpes françaises (je ne vous parlerai pas des pistes de ski belges. Mais oui ça existe. Allez vérifier si vous ne me croyez pas), on en connait toutes et tous des tonnes. Surtout sur les réseaux sociaux, d’ailleurs. Dans la vraie vie, de telles familles se font plus rares, vous avez remarqué ? Des familles qui amassent le fric et les joujous en tout genre. Des pères de famille prêts à tout (mais vraiment tout) pour « protéger les leurs », au prix de briser les rêves de leurs ados en devenir. Ah sacro-saint patriarcat. Et là on se dit qu’un bon coup de pied dans la fourmilière serait salutaire. Patience, ça viendra. Et alors tout recommencera. En mieux, voyez plutôt :



« Durant des années, l’île n’avait été qu’un support, un socle, un appui pour la maison et tout ce qu’elle contenait. À leurs yeux, elle n’avait été rien d’autre qu’un morceau de basalte auquel on ne prêtait pas attention.



À présent, à son tour elle était devenue maison, elle avait pris le relais de celle qui avait disparu dans les flammes.



Alors, ils apprirent à la regarder et à la connaître. Ils découvrirent ses reliefs, ses côtes, la nature de ses surfaces, les caractéristiques de ses parties.



Ils l’habitèrent, elles les protégea, ils firent partie d’elle, ils étaient comme les oiseaux qui la survolaient, comme les phoques qui venaient se reposer sur ses rochers.



Ils devinrent comme sa pierre, ses plantes, sa terre.



Ils étaient en vie. »



Oui en mieux. C’est pour ça que je veux rencontrer Thomas. Pour le remercier pour ce formidable espoir qu’il nous offre avec ce livre. Un livre foncièrement lumineux dans un avenir qui s’annonce de plus en plus sombre.



Bon l’heure tourne. Thomas n’est toujours pas là. Le café se vide, on me dit qu’il va bientôt fermer. Je rassemble mes petits papiers. Tant pis pour moi. Faut dire avec ce vent et ces averses interminables, malgré les 10 degrés de cette fin décembre, il ne fait pas bon mettre un écrivain dehors…

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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Scénario : Jaco van Dormael, Thomas Gunzig et François Schuiten

Dessin : François Schuiten

Couleur : Laurent Durieux



C'est la première fois que je lis les aventures de Blake et Mortimer.

J'ai pris un album au hasard, ne trouvant pas le tome 1.

J'ai aimé et l'histoire, car j'aime beaucoup tout ce qui a trait à l'Egypte des pharaons, et les dessins.

Mais Mortimer ne me paraît plus de la première jeunesse. Je vais demain à la bibliothèque, il faut que je trouve le tome 1.

Beau plan du Nouveau Palais de Justice de Bruxelles.
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Le sang des bêtes

Je remercie Babelio et les éditions Au diable Vauvert pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, du roman : Le sang des bêtes de Thomas Gunzig.

Tom, vendeur dans une boutique de compléments alimentaires et de protéines pour bodybuilders, est en pleine dépression.

Le passage à la cinquantaine lui ouvre les yeux sur sa vie rangée avec sa femme Mathilde qui ne le rend plus heureux.

Mais il voit sa vie bouleversée quand revient à la maison familiale son fils Jérémie, jeune homme malingre tout juste séparé de sa copine, et son père, juif marqué par la Shoah et malade d’un cancer. S’annonce une cohabitation compliquée pour Tom qui ne souhaite que tranquillité et repos.

Témoin d’un acte de violence, Tom va sauver une inconnue aux origines mystérieuses des mains d’une brute qui la maltraite, ramener chez lui cette femme sans papier, et perturber le quotidien de tous.

Le sang des bêtes est un roman surprenant. J'avoue, je ne m'attendait pas à ça en le commençant.

50 ans.. Un chiffre qui perturbe certains hommes..

Tom en fait partie !

Il est en couple avec Mathilde depuis 25 ans, ils se supportent désormais plus qu'ils ne s'aiment réellement.

Ensemble ils ont un fils : Jérémie. Celui ci est adulte mais Tom a parfois du mal avec ce fils qui ne lui ressemble pas. Alors que pour Tom le culte du corps est important, son fiston est malingre, ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre.

Et puis, il y a Jade la compagne de Jérémie. Une jeune fille haute en couleur, qui a caractère bien trempé. Quand ils se séparent Jérémie revient chez ses parents. Bon anniversaire Tom :)

Et ce n'est pas son seul cadeau empoisonné du jour car le père de Tom, atteint d'un cancer, va venir vivre chez le couple. Ils se retrouvent donc à quatre dans une petite surface.

Tom n'aime plus sa vie, il se pose de nombreuses questions face à son avenir.

Un jour il va venir en aide à N7A une jeune femme maltraitée par son propriétaire. Oui, je sais, dit ainsi ça paraît bizarre mais c'est comme ça que la jeune femme se définie. Car elle a de drôles d'origines.. Évidemment je ne vous en dirais pas plus, je n'aurais pas aimé qu'on me spoile sur ce point avant ma lecture.

Ce roman est surprenant, loufoque.

Il y a beaucoup de thèmes abordés tels que la Shoah, la dépression, la manipulation génétique, l'identité et j'en passe.

Il y en a presque trop pour si peu de pages même si ces dernières se tournent facilement. J'avais très envie de connaître le dénouement de cette histoire surprenante et du coup je l'ai lu presque d'une traite.

L'écriture est simple mais ça fonctionne bien.

Ce roman est original, peut-être un peu trop pour moi.

Si j'ai l'occasion je relirais cette auteur, par curiosité.

Ma note : trois étoiles et demie.
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Blake et Mortimer figurent depuis l'adolescence dans mon panthéon des héros de BD.

J'ai grandi avec eux, le plus souvent allongé sur mon lit durant des dimanches pluvieux. Adulte, ils me permettent au contraire de rajeunir, toujours dans la même position, harponné par ces machinations mondiales aux limites du fantastique.

J'étais donc curieux de voir comment François Schuiten, dessinateur doté d'une identité picturale bien marquée, allait intégrer les personnages d'Edgar P. Jacobs dans son univers. Allait-il s'effacer comme les derniers auteurs pour respecter le trait originel ou bien allait-il s'en éloigner ?

Et bien, les deux, mon capitaine !

Damn ! dirait le professeur Mortimer, je dois avouer que j'ai vécu les trois premières planches comme un blasphème. Je ne reconnaissais plus mes héros, ces jeux d'ombres autour de visages vieillis, le grain des pages qui ne râpait plus mes doigts comme une lime à ongles, des jeux de perspectives et des profondeurs de champs qui donnaient le vertige à mes souvenirs.

Un vrai réac de la vignette !

Fort heureusement, je me suis laissé rapidement embarquer dans l'histoire, à la fois respectueuse des fondamentaux de la série (du mystère, de l'action, des situations rocambolesques, la menace de missiles dévastateurs, des théories scientifiques loufoques et.... des héros qui parlent tout seul !) tout en plaçant dans l'intrigue des sujets modernes (pollution, dépendance aux appareils électroniques, réfugiés économiques...).

La vraie réussite de ce tome est d'illustrer les cauchemars de Philip Mortimer et de le faire évoluer dans une ville (Bruxelles) désertée à cause d'une énergie inconnue, lieux irréels propices aux univers parallèles de François Schuiten. Certaines cases sont d'une beauté rare.

Comme "Le dernier Pharaon" est une sorte de suite du "Mystère de la Grande Pyramide", une des premières histoires de la série originelle, les références sont nombreuses et les vieux lecteurs comme moi y trouveront leur compte.

Mon conservatisme refuse néanmoins d'accorder une cinquième étoile car il manque un vrai méchant dans l'histoire. de ce point de vue, le diabolique colonel Orlik m'a manqué. Enfin, Blake joue selon moi un rôle trop secondaire dans l'histoire.

Néanmoins, ce tome mérite sa place sur les étagères de ma bibliothèque qui tiennent encore debout, mystère que seuls Blake et Mortimer pourraient résoudre.
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Le sang des bêtes

Tom vit une crise existentielle de la cinquantaine, il mène une vie de couple rangé, il est employé dans une boutique de produits fitness, un fils qu’il ne comprend pas, un père malade. Dit comme çà pourquoi lire ce roman, pour retrouver sa petite vie, ses problèmes !!! Non c’est pas tout, vous n’avez pas encore rencontré N7A ! Ni la plume humoristique, satirique de l’auteur qui nous emmène dans une histoire loufoque à l’humour jubilatoire.

L’auteur pose un regard sur notre société, sur les injonctions que nous subissons dans la vie de tous les jours, comment être heureux, la quête et l’acceptation de soi, la construction de sa vie, être bien et beau dans son corps.

La grande question du livre qu’ai-je fait de ma vie ?

D’autres questionnements dans ce roman autour de l’identité, la famille, l’héritage familial, le couple, le genre, l’espèce ...



Une lecture et un regard lucide de notre société contemporaine, réaliste dans sa satire sociale.



Je remercie les Éditions Au Diable Vauvert et Babelio pour l’envoi de ce roman et en ce qui me concerne une première lecture de cet auteur.
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Le sang des bêtes

Ce livre est un ovni. J'adore la capacité qu'a cet auteur à digresser pour nous mener à l'essentiel de son propos. Absurde, improbable, délirant ? Tous ou aucuns adjectifs ne contiennent toute la richesse de l'œuvre. Le pitch est décrit alors inutile de revenir dessus. J'ai acheté le livre séduit par le propos et tellement de lectures ont recouvert mon intérêt pour cet ouvrage, que je suis arrivé vierge de tout préjugé. Je me suis fait cueillir par cette comédie grinçante sociale presque banale, jusqu'à l'arrivée de N7A : une vache dans un corps de jeune femme. Le propos prend une dimension invraisemblable et pourtant essentielle au propos romanesque. D'où venons-nous ? De quel héritage familial, social, humain ou anthropologique sommes-nous constitué ? Qu'avons-nous fait de la vie animale ? Peut-on réellement se soustraire à cet héritage qui n'est pas le nôtre ? Qu'en est-il de notre libre arbitre quand nous croyons faire ce qu'il faudrait faire en suivant un code plus ou moins induit par la convention sociale et le politiquement correct. Chaque personnage est savamment travaillé, les propos contredits avec humour et un sens profond qui remet en cause tout à chaque fois. La fin permet de voir le récit sous un autre angle : un conte initiatique pour un vieux juif, un bodybuildeur et une vache. Une fable amorale pas si immorale, mais qui remonte le moral et nous fait prendre conscience qu'on n'a pas forcément la chance de rencontrer réellement une vache. La vache, il m'a plu ce roman !
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