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Citations de Thomas Vinau (1181)


Je colle mon oreille à la porte. J’écoute le matin. La chanson des fenêtres. Si mes yeux étaient des langues, les fenêtres seraient toujours propres. Je colle mon oreille à ta peau. J’écoute bouillir ton corps. J’écoute ton odeur quand la lumière s’infiltre au sommet des volets fermés. J’écoute l’obscurité fraîche de l’aube. Mes yeux ne voient pas droit. Ils mélangent le ciel et la terre. La pluie et la rosée. Je me baisse. Je craque. Souffle sur la soucoupe volante de ma tasse de café. J’entends une cloche. Un bébé qui bébéte. Une pie. Un moteur de tracteur. Je lape comme un chien la flaque froide du jour. Je colle mon oreille aux mots. J’écoute.
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Dans le ventre sauvage d'une forêt, la nuit est un bordel sans nom. Une bataille veloutée, un vacarme qui n'en finit pas. Un capharnaüm de résine et de viande, de sang et de sexe, de terre et de mandibules. Là-haut la lune veille sur tout ça. Sa lumière morte ne perce pas partout mais donne aux yeux qui chassent des éclairs argentés.
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C’est toujours agréable de diviser le monde en deux. Lorsque c’est pertinent cela nous laisse l’impression de bien retomber sur nos pieds (alors qu’en réalité la vérité est un mille-pattes). De plier le monde comme on plierait du linge.

(Le dedans du dehors - Une histoire de linge et de pelle)
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Allez savoir
ce que l'on sème
lorsque l'on s'aime
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Il y a le soleil dehors, et le gel qui fait un peu plus briller les choses en les tuant doucement. Il y a la poussière dans les rayons. Tout ça s'accommode malgré tout, dans le même tourbillon de vie et de mort, de peine et de lumière, d'os et de jouets d'enfant, qui constitue le délicat chaos de nos vies.
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Passer le relais de la rosée de son doigt à son front. Écrire la barbe mal rasée du poème. Laisser fondre une idée dans sa bouche. Clouer la lumière sur les façades en pierre. Tartiner les heures comme du beurre. Tirer des traits sur le ciel. Passer son tour avec le jour.
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Thomas Vinau
La sacoche

Continuer doucement
plier les rires d'enfants dans la sacoche
avec le moelleux aux citrons
lâcher les chiens cueillir leurs cris
dans le ciel fauve
remettre du bois dans le feu(...)
le soir est là maintenant
impassible avec nos petits
arrangements sacoche bouclée
je vous l'envoie par fumée bleue
pour atteindre demain
les apache dans votre genre
dansent pieds nus
sur le rire noir de la nuit
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Les perles noires

On porte, quelque part, à l'intérieur de soi, ce que la vie nous a pris. On porte cette absence. Le poids, l'empreinte, le relief, du mal que l'on nous fit. Il est là le bagage. Dans ce qui manque. Dans ce qui est fini. Toutes les bêtes de notre espèce portent leur collier de perles noires. Un sac de pierres vides sur les lombaires.

(P40)
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Peu à peu: se redresser, partir avec l'oiseau, puis avec l'arbre, lui laisser nos gestes et le petit secret enterré à son pied.

Thierry Metz
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A la fin des repas, pendant que les arbres digéraient la lumière, il lui montrait les oiseaux et les nids. Les trous de pic épeiche dans les écorces tendres. La femelle chardonneret qui tient la baraque pendant que son mâle joue les gros bras. Le coucou qui squatte le nid des autres en pondant à tout-va. Les réjections des chouettes. La palombe, délicieuse à l’étouffée, qui ne change pas de gîte pendant des dizaines d’années. Il lui dit : La forêt est une langue, une science et une œuvre d’art. Tout peut te sauver ou t’achever. Ici il n’y a pas de maître.
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Ces jours de rien qui passent sans faire de bruit. Ces heures comme des courants d’air dans la pièce entrouverte. La lumière sur le carrelage propre. L’inclinaison de l’ombre du tilleul sur l’herbe. Ces heures de paix à regarder les premières abeilles butiner les pissenlits.
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Une nuit noire. Très noire. Trop noire. Une nuit pleine de nuit. À ras bord. Jusqu'à la gueule. Mais ce n'est pas grave. Regarde. Elle ne traverse pas la peau. Elle aussi a peur de toi. Ne t'inquiète pas. Tends la main. Sens-la. Approche-toi un tout petit peu. Elle est comme un animal qui t'offre le confort de son ventre. Plonge ton nez dans sa fourrure. Fais la ronfler. Ronronner. Éternuer. Le jour lui monte au nez.
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Le diamant noir de tes petits yeux mouillés. Carbone d'étoile. Ton front las. Et les minuscules rides qui forment les rivières au bord de tes paupières. Tes mains qui fouillent dans la lumière, qui construisent le jour, consolident le nid, nous donnent la becquée. Ton vêtement de dame dans les brumes bleues de l'aube. L'élégance avec laquelle tu souffles sur les braises des matins de semaine. Cette même fatigue qui me rend si médiocre et qui te rend si belle.
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Thomas Vinau
On pourrait croire
que rien
n'a encore commencé
garder la nuit
comme une promesse
il est déjà trop tard
vos respirations
deviennent des chuchotements
et c'est beau
aujourd'hui encore il y aura
des trucs à réparer
des trucs à inventer
des feux à rallumer
et puis ces trucs que nos coeurs cachent
pour aller les chercher plus tard
dans la nuque des autres
nos muscles lancinants
nos histoires qui trébuchent
nos questions nos chansons
du pain et des mouchoirs
des choses dites trop fort
et d'autres trop doucement
l'aube est inéluctable
Tant mieux
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Elle est douce comme de l'eau qui court
La sensation de n'être pas quelqu'un.
Fernando Pessoa
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Au milieu des vinyles de Georges Brassens et des Pink Floyd, il y avait un disque de musique classique. Deux plutôt. Les seuls. Depuis un moment je tournais autour de ce vieux coffre. J’ai fini par l’ouvrir, encore une fois. Mêmes remugles de moisi et de tendresse. De poussière et d'enfance. Doux comme un rêve mort. J’ai attrapé ces disques presque par hasard, pour me donner de la contenance, avoir un prétexte pour fouiller encore dans ce qui est perdu. Je les ai dépoussiérés délicatement. Glenn Gould Plays Bach et Rubinstein Plays Beethoven. Pochette marron. Légèrement décollée. J'ai regardé longtemps les yeux tristes des deux pianistes en photo. Leurs vêtements surannés. Leur prestance. Leurs rouflaquettes. J’ai posé Rubinstein sur la platine. Moonlight Sonata, third movement. Volume au maximum. Fenêtres grandes ouvertes. J’avais l’impression d'être à la tête d'une troupe capable de conquérir la lumière. J’avais l’impression que tous les oiseaux du ciel et toutes les gouttes de pluie faisaient partie de cette troupe.
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Bredouille

Toi
qui n'arrives pas
la pluie
qui ne tombe pas
les mots
qui ne viennent pas
j'attends
quelque chose
et je reviens
bredouille
de cette longue
marche blanche
à l'intérieur du jour
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En s'envolant
le papillon me dit
Je suis
le rêve
d'une larve
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La nuit tombe déjà
combien sommes-nous
à longer le bord de nos plaies
en croyant regarder la mer
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On a les cabines d'essayage qu'on mérite

Une chauve-souris
toute seule
essaie le ciel

il a l'air à sa taille
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