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Critiques de Tim Winton (65)
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Angelus

Décidément, j’aime Tim Winton. Vraiment beaucoup beaucoup.



Angelus, c’est une bourgade côtière de l’ouest australien, ancien port de pêche à la baleine. Tim Winton passe au scalpel de sa prose tantôt brutale, tantôt délicate, toujours extrêmement touchante, la vie de certains de ses habitants.



Ce recueil de nouvelles est construit en échos (on retrouve certains personnages d’une nouvelle à l’autre, à différents moments de leur vie (enfants, ados, adultes), et selon différents points de vue ; des personnages secondaires à peine mentionnés dans une nouvelle deviennent les principaux d’une autre).



S’attachant à ces moments qui font sens soudainement quand on se retourne sur eux des années après, c’est avec une étonnante profondeur, une vigueur sans cesse renouvelée, une acuité de regard sur les émotions, les regrets, les désirs de ses personnages, que Tim Winton retrace le parcours de vie et dresse le portrait désabusé de ces gens ordinaires confrontés à la violence, l’amour, la mort, leur famille, le désir de vivre ailleurs. Explorant en quelques pages les cheminements aussi énigmatiques qu’imprévisibles de la vie, les souvenirs cuisants laissés par une soirée ou l’échec des relations fraternelles tout au long d’une vie, il livre au final un recueil qui donne l’impression d’un tout extrêmement homogène, dont chaque nouvelle bouscule le lecteur
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Angelus

Angelus est une ville (fictive) du sud-ouest de l’Australie, inspirée de celle d’Albany, où Tim Winton a passé son adolescence. Mais ceci est un détail sans importance. D’Angelus même, de sa topographie, de son aspect -ses odeurs, ses couleurs-, nous ne saurons que le strict minimum, apercevant parfois les sinistres environs de son port baleinier, nous réchauffant face aux flammes d’un feu de joie allumé sur une de ses plages…



Il faut dire que c’est surtout une ville que l’on quitte, pour échapper à ses démons, à ses échecs, ou à certain déterminisme social. Certains y reviennent lorsqu’ils sont blessés, comme dans un refuge qui a pour seule vertu d’être familier, d’autres pour flairer les relents de secrets qu’ils y ont enfouis ou pour se confronter enfin à ce qu’ils continuer de traîner comme un boulet, même partis à des milliers de kilomètres. Pour y régler leurs comptes en somme, souvent avec eux-mêmes… D’autres enfin préfèrent ne jamais y remettre les pieds…



La ville surgit pourtant de manière obsédante, insidieuse, comme ces images rémanentes qui persistent (malgré la disparition de ce qui les a provoquées) quand vous fermez les yeux. Car il n’est pas ici tant question d’un endroit, que des empreintes qu’il laisse sur les êtres, sous forme des souvenirs, plus ou moins traumatiques, de ce qu’on y a vécu ou abandonné, des occasions qu’on y a manquées… La ville est aussi ce qui lie les héros de ce recueil en nous conduisant au fil de ses textes autour de lieux, de rites communs : fêtes de fin d’années scolaires, parties de pêches à pieds ou en mer…



Tous ont été adolescents au moment de la guerre du Vietnam, pendant ces années 70 où la consommation de drogue est passée de symbole de "coolitude" au statut de tueuse en série décimant la jeunesse. Mais ça aussi, ce sont des détails presque sans importance, ils constituent à peine un contexte évoqué du bout de la plume, ses personnages évoluant dans cet entre-deux des classes moyennes voire modestes, hésitant entre médiocrité et confort relatif, pas tout à fait coupée des possibilités d’ascension sociale, traversant des adolescences mornes et rarement enclines à la transgression.



Des prolétaires donc, pour la plupart, vivant dans des lotissements de banlieues arrachés à la brousse, où les immigrants venus de Hollande, d’Angleterre ou des Balkans ont semé leurs maisons bon marché le long de rues calcaires. Le quotidien y est laborieux, les contacts avec les voisins plutôt circonspects, par indifférence, mépris ou discrétion. C’est en apercevant les ecchymoses sur les bras de la mère d’une camarade de classe, ou en entendant des cris que l’on soupçonne l’alcoolisme et son cortège de violences, le malheur des autres sur lequel on détourne les yeux. Certains sont plus pauvres que d’autres, notamment ces "Pommies" dont les intérieurs sentent le chou bouilli, ou ces catholiques aux myriades d’enfants. Quelques aborigènes parachèvent le tableau, mais là encore, c’est un détail…



Et puis il y a Vic Lang, que l’on retrouve régulièrement tout au long du recueil, à l’occasion de divers épisodes de son existence, évoqués de son point de vue ou de celui d'un tiers et qui tournent autour de l’événement qui a "créé l’énigme psychologique au centre de sa vie", sans jamais vraiment le décrire. Un événement qui a forgé une personnalité marquée par la honte, le désespoir, et la déception, qui l’a condamné à ne pouvoir survivre que dans l’ordre et l’austérité… Le fil rouge que constitue ce personnage et ces instantanés de vie crée une véritable cohérence, et est l’une des grandes forces de ce recueil. On n’a pas tant l’impression de lire une suite de textes que de découvrir, étapes par étapes, les différentes pièces d‘un puzzle qui s’emboîtent à la perfection pour former une fresque où la mélancolie s’assombrit parfois jusqu’au désespoir, où les moments de rupture côtoient les moments de révélation, où les tragédies naissent de secrets ou de mauvais choix, mais où brillent aussi de sporadiques lueurs, d’espoir ou de courage.



Une très belle découverte malgré l’amertume et la tristesse qui se dégage de l'ensemble, et un recueil stylistiquement très réussi, Tim Winton parvenant à doter chacune de ses nouvelles d'un ton singulier, sans jamais tomber dans la caricature.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Angelus

Rarement un livre m'a ému à ce point...
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Angelus

Une construction épatante !
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Angelus

Excellent roman. Je l'avais pris pour accompagner mon voyage en Australie. Ce roman rend tout à fait l'atmosphère dus sud-ouest de l'Australie au delà de Margaret River, un univers de grandes forêt et de longues plages désertes réservées au surf. Un très beau style.
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Cloudstreet

L'ambiance de la maison de Cloudstreet se retrouve dans le style de l'écriture, qui oscille volontairement entre surréalisme, simplicité et chaos.

Je n'ai pas été séduite par l'histoire (finalement assez triste) de ces deux familles qui cohabitent.
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Cloudstreet

En Australie, deux familles modestes, les Pickles et les Lamb - treize personnes en tout - sont réunies par les aléas de la vie. Elles sont amenées à cohabiter dans une grande maison quelque peu délabrée.



Doux-amer est un qualicatif qui s'accorde bien à ces chroniques familiales. On est tour à tour amusé puis envahi par la mélancolie à suivre les aventures des familles Pickles et Lamb, mais souvent on ressent les deux en même temps. Dans la famille Pickles, les parents semblent trop abimés pour sortir la tête de l'eau, ils vivent dans le désordre et le détachement de tout, au grand désespoir de Rose la fille ainée. Ils se trouvent mis face à leur dérive car ils croisent chaque jour les membres de l'autre famille, les Lamb, modestes comme eux, en but à des difficultés et des malheurs comme eux, mais ordonnés et entreprenants. J'ai apprécié la compagnie de ces personnages singuliers et attachants (surtout Quick et Rose), et aimé déambuler dans cette grande maison délabrée mais animée des bruits de la vie.



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Cloudstreet

Cloudstreet/Tim Winton

C’est un roman bien étrange que cette saga de deux familles très modestes que le destin va rapprocher dans la ville de Perth en Australie occidentale.

L’action débute au cours des dernières années de la seconde Guerre Mondiale.

La famille Pickles habite à Géraldton au nord de Perth avec Sam le père, Dolly la mère et trois enfants, Rose, Ted et Chub.

La famille Lamb, c’est Lester le père, Oriel la mère et six enfants.

Les deux familles ne se connaissent pas encore.

Deux accidents surviennent qui vont façonner de façon tragique la vie de ces deux familles : Sam Pickles est victime d’un accident du travail ce qui va le handicaper toute sa vie, et Fish Lamb suite à un accident de pêche va sombrer dans un coma qui laissera des traces indélébiles.

Les Pickles héritent un jour d’une grande maison à Perth ; une affreuse vieille maison comme ils disent. Ils ne sont pas très vaillants, rêveurs en délire, désordonnés et souvent désenchantés et décident d’en louer la moitié à la famille Lamb qui eux sont riches d’idées, entreprenants et travailleurs.

La vie n’est pas facile dans ce coin perdu d’Australie.

Et Sam a vite fait de dilapider les loyers payés par les Lamb en perdant ses paris aux courses de chevaux. Dolly sombre dans l’alcoolisme.

Pendant ce temps, les Lamb s’enrichissent en travaillant nuit et jour.

Cette grande maison toute de guingois est une demeure qui bourdonne, emplie non seulement de vacarmes mais aussi de beaux sentiments. Mais quand le silence et le calme règnent, ils précèdent toujours la tourmente. On a parfois l‘impression d’y être dans une maison de fous.

Le style imagé et percutant dont use l’auteur Tim Winton d’emblée vous met le sourire aux lèvres. Les formules à l’emporte-pièces et l’humour le plus décapant fusent dans chaque situation, qu’elle soit comique ou tragique.

« Madame Clay éclata en sanglots. On aurait dit un chien s’étranglant sur une couenne de bacon … ! »

« …elles riaient comme si on leur avait enfoncé une pelle entre les côtes ! »

« Il ronflait comme un vaisselier trainé sur un toit de tôle … ! »

Et puisque « les sots engendrent chez lez autres une dureté dont ils n’ont pas idée » on va assister à des situations assez cocasses. Mais aussi déchirantes lorsque Rose surprend dans la salle de bain son père en pleine dépression muni d’un rasoir qu’il a posé contre sa pomme d’Adam.

Lisez et relisez le chapitre intitulé « L’enfer » à la page 220 : c’est un morceau d’anthologie que cet enfer passé d’Oriel, femme de Lester.

Des personnages généreux comme Rose Pickles qui ne pouvant poursuivre ses études par manque d’argent, part travailler dans un grand magasin de Perth et Quick Lamb le rustre qui quitte sa famille pour aller chasser contre prime les kangourous qui ravagent les cultures.

Un instinct grégaire inconscient anime tous ces êtres et peu à peu les deux familles ne vont plus former qu’une tribu avec l’amour en plus.

Oui, il y a beaucoup d’amour et de tendresse dans ce roman et les agneaux égarés, comme dit Quick Lamb, que sont tous ces personnages sans illusions n’en savent pas moins aimer, aider et pardonner.

Et Lester qui songe et se lamente : « Je voudrais seulement savoir en quoi croire. »

C’est aussi ce que chaque personnage de cette histoire douce-amère comme a dit un internaute avec justesse, se demande par devers lui. Croire en l’amour, c’est peut-être ce qu’il reste encore de possible, amours contrariées, amours inabouties, amours échouées, mais amours cependant.

Un très beau roman de Tim Winton, écrivain australien né en 1960.



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Cloudstreet

Cloudstreet, c’est le nom d’une rue dans une ville d’Australie, mais c’est aussi le nom donné à la grande maison centrale de cette rue, centrale pour ses habitants car à son rez de chaussée s’est installée une sorte de modeste épicerie-traiteur « une demeure immense, à la peinture écaillée, dotée d’yeux et d’oreilles, et qui dégage même pour eux, une impression d’opulence impie », « une maison vibrante et respirante », « une grande maison foutraque ».

Dans cette grande maison, se sont installées 2 familles venant d’horizons différents :les Lamb et les Pickle : 13 personnes en tout. Ces familles qui s’opposent dans plusieurs domaines : le rapport au travail, le rapport à l’argent, les relations parents-enfants ont cependant en commun la modestie de leur situation sociale, et aussi, en leur sein, la présence d’un handicapé. Dans la famille Lamb, c’est le père Sam, qui a perdu un bras  ds un accident de pêche, dans la famille Pickle, c’est l’un des 3 fils, Fish, rescapé d’une noyade occasionnée par l’inattention de son Quick , rescapé grâce aux efforts désespérés de sa mère pour le ramener à la vie par le bouche à bouche, mais qui reste diminué « il n’est pas revenu tout entier du monde de la mort » 

Peu à peu, insensiblement, les deux familles qui cohabitent d’abord chacune de leur côté du couloir central , qui ne se fréquentent pas, apprennent se rencontrer, s’entraider, se mêler . Ils forment ce que l’auteur appelle « une tribu, un équipage »et la maison un navire battu par les tempêtes de la vie, qui ne manqueront pas au cours des 20 années sur lesquelles se déroule le roman. La maison apparaît alors comme un nid hors duquel personne ne peut être heureux, un cocon protecteur : les enfants, qui, adultes, l’ont quittée, y reviennent pour s’y installer et y retrouver le bonheur.

CLOUDSTREET, c’est le roman d’une aventure collective où alternent tendresse, haine, mais toujours beaucoup d’émotion. Les personnages ne sont ni entièrement exemplaires, ni toujours entièrement sympathiques. Pas de manichéisme, non plus.

On y voit vivre des personnages poignants: les deux personnages de mère, mais aussi, en particulier pour moi, l’un des enfants Lamb : Fish, celui « qui n’est pas revenu tout entier du monde de la mort ». Fish lié par un rapport fusionnel à son frère Quick, pourtant responsable de la noyade qui l’ a diminué, un enfant qui hurle la nuit et fait frémir toute la maisonnée, mais trouve l’apaisement en jouant du piano ou plutôt en cognant sans trêve ni harmonie sur l’instrument. C’est sur ce personnage que se termine le roman, une fin douce mais bouleversante .

Lire ce livre, c’est entrer dans l’intimité de 13 personnages , découvrir la part d’ombre que chacun d’eux porte en lui, assister à des moments de crise, mais aussi de renaissance , vibrer en empathie avec eux , c’est devenir soi-même témoin de leur vie . Comme l’écrit le narrateur au début du roman «  tu ne peux t’empêcher de t’inquiéter pour eux, de les aimer, de les désirer, ceux qui continuent à défiler dans les fétides galeries confinées du temps et de l’espace, sans toi » . J’ajouterai : tu ne peux t’empêcher de conserver leur souvenir.
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Cloudstreet

Quel roman! la folle histoire de 2 familles en colocation que tout sépare.

Ce roman montre encore une fois la richesse de la littérature australienne!
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La cavale de Jaxie Clackton

Jaxie a une vie minable entouré d'un père inculte et violent et d'une mère malade et impuissante.

Lorsque sa mère meurt il reste seul avec son déchet de père jusqu'au jour où en rentrant chez lui il le découvre mort coincé sous sa voiture.

Persuadé que tout le monde va l'accuser de meurtre il s'enfuit dans le bush.

Il entame un long périple qui le mènera à cohabiter avec un vieux prêtre qui se cache lui aussi au milieu du désert.

Un parcours initiatique qui doit le mener jusqu'à Lee, sa cousine avec qui il a une liaison mais qui sera semé de violence.

Intéressant mais répétitif.
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La cavale de Jaxie Clackton

L'Australien TimWinton se distingue par son écriture, à hauteur d'adolescent désœuvré, et par sa construction en deux temps, de quoi multiplier plus que de coutume les non-dits. Il parle de la culpabilité de Jaxie ou les raisons profondes de la tuerie à venir. Un roman dur qui secoue.
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La cavale de Jaxie Clackton

On s'attache vite à une collection telle que La Noire, toujours très représentative de roman de qualité où le noir brille dans toute sa splendeur.



Tim Winton y fait son entrée, et une fois dévoré son roman on comprend bien pourquoi, il y a sa place.



Cet australien ferait presque de l'ombre à mes américains préférés même en plein désert, en tout cas il n'a rien à leur envier.



Au coeur du bush australien, dans un décor envoûtant on découvre le style trash et poétique de Tim Winton qui colle parfaitement à son personnage, Jaxie Clackton, capable du pire comme du meilleur.



Brutalisé par son père, ce jeune ado fort attachant, désormais orphelin de mère et de père, en passe de se marginaliser, fonce vers un avenir douteux, avec ce passé qui lui colle aux basques que l'on découvre jour après jour, quand la nostalgie le gagne, dans ses moments de solitude.



“ Les gens disent que j'ai aucun self-control, aucune discipline. Ils parlent sans savoir. J'aimerais bien les voir se taper une nuit pareille. […] Ce que je veux dire, c'est que vous êtes là sans être là. Vous allez quelque part dans votre tête. Sinon, vous êtes foutu. J'ai l'habitude. Comme j'ai l'habitude d'être seule. ”



Lors de cette cavale qui prends des allures de voyage initiatique, Jaxie sera confronté une fois de plus au mal, surgit de nulle part, mais connaîtra pourtant une profonde amitié, absolument improbable qui lui permettra peut-être de parvenir au bout de sa quête finale.



On peut dire que cette cavale infernale, au rythme d'enfer, m'aura donné un sacré plaisir de lecture. Un voyage australien sous haute tension, dans un décor à couper le souffle, avec un petit bonhomme forcément attendrissant.



Dépaysant, drôle, un brin vulgaire mais trop beau, dans une ambiance oppressante, tendue, cette cavale magnifiquement traduit par Jean Esch est à découvrir absolument.



Chronique complète sur mon blog, lien ci-dessous :
Lien : https://madosedencre.over-bl..
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La cavale de Jaxie Clackton

C'est l'histoire d'une rencontre entre un ado, orphelin révolté, et un prêtre catholique irlandais, quinquagénaire exilé dans une cabane du bush australien parce qu'il a commis des actes révoltants.

Différence d'âge, d'éducation, d'objectifs dans l'existence, Jaxie a un but, retrouver l'amour de sa vie, il ne fait que passer. Fintan tente de subsister le moins mal possible en attendant une improbable rédemption.

Le hasard réunit donc un jeune taiseux qui a la bougeotte et un incorrigible bavard obligé de rester dans un coin perdu.

Malgré la méfiance ils trouveront le moyen de vivre ensemble et à améliorer quelque peu leurs misérables conditions de vie. Jusqu'à ce qu'un grain de sable, ou de sel, vienne complètement perturber leur quotidien.

Récit très vivant, rythmé, qui parle vrai. le gamin, fils de boucher, nul à l'école s'exprime selon son niveau intellectuel. La nature est leur cadre de vie, belle et dure. Les hommes doivent en tenir compte, mais aussi en profiter, chèvres sauvages et kangourous apportent l'indispensable ration de protéines. Evidemment il faut les abattre, les dépiauter et les découper. J'ai aimé ce roman et j'espère que Jaxie Clackton poursuivra sa vie honnêtement en compagnie de sa bien aimée malgré des débuts extrêmement rudes.







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La cavale de Jaxie Clackton

Jaxie, jeune adolescent de l’Amérique profonde, décide de s'enfuir, seul, lorsqu'il découvre que son père, violent et alcoolique, est décédé sous sa voiture. Il sait que tout l'accuse et le flic du village est un grand ami de son père.



Jaxie va alors devoir apprendre à survivre seul, dans la nature, en ayant presque pas de matériel. Il part dans un but précis : rejoindre quelqu'un...



J'ai beaucoup aimé ce roman noir, très noir. On s'imagine bien dans cette Amérique dite profonde, faite de grandes plaines et avec son lac de sel. Ce gamin est attachant et on souffre avec lui de son histoire, de ses difficultés dans cette cavale. Sans rien dévoiler, dans la deuxième partie du roman, Jaxie va rencontrer une personne. Va alors se lier une haine-amitié entre deux personnages que tout oppose. Nous allons en apprendre encore un peu plus sur cet adolescent à la vie si compliquée.



Un roman noir mais la candeur de Jaxie apporte un certain humour. J'ai adoré le style de Tim Winton. Il me tarde de lire d'autres romans de cet auteur australien que je ne connaissais pas.
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La cavale de Jaxie Clackton

Tim Winton, né Timothy John Winton en 1960 à Perth en Australie-Occidentale, est un écrivain australien. Gamin, il annonce à ses parents son envie de devenir plus tard écrivain. Vers l'âge de 16 ans, il publie dans des magazines de petites poésies qu'il rédige lui-même. Deux ans plus tard, il fait éditer, dans différentes revues nationales, des histoires courtes. Aujourd'hui, il vit au bord de la mer à Fremantle, sur la côte ouest de l'Australie où il pratique la pêche, la plongée, le surf, entouré de sa femme et de ses trois enfants. Déjà auteur d’une belle collection de bouquins, romans, recueil de nouvelles ou littérature jeunesse, La cavale de Jaxie Clackton, son nouveau roman (noir) vient de paraître.

Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain, alors ce très bon roman m’a franchement séduit. Je ne sais pas s’il est très commenté sur les blogs ou ailleurs mais je vous conseille vivement d’y jeter un œil et même les deux.

Quand l’adolescent Jaxie Clackton rentre chez lui et trouve son père écrasé sous son pick-up, il n’a qu’une idée, filer en vitesse car il sait que tout le monde dans la ville connait la haine entre le père et le fils, il fait donc un coupable idéal. Un sac vite fait, trop vite car il oublie des objets primordiaux comme un couteau, et en route à pied dans le bush par le désert de pierre vers les terres vierges et abandonnées des hommes…

Immédiatement j’ai aimé l’écriture, ou plus exactement le ton, la petite musique qui se dégage du récit fait par le narrateur, Jaxie. Des propos d’adolescent, exprimant naïveté, craintes, espoirs etc. Et puis, on le découvre peu à peu, le présent du texte est en fait un présent a postériori, indiqué par des réflexions annonçant des ennuis à venir et confirmés par la suite des évènements.

Le gamin est en cavale, il croit (on ne le saura jamais) que la police est à ses trousses et il rumine : des éléments de sa vie passée, le père ignoble, boucher braconnier, alcoolique, violent, frappant femme et fils ; la mère faible et décédée d’un cancer ; la scolarité de l’ado difficile, mis à l’écart de la société ; et ce seul point positif dans sa courte existence, Lee, une cousine, sa promise, qu’il compte bien retrouver au bout de son périple, et fuir avec elle vers Darwin pour vivre réellement…

Le terrain est ingrat et difficile, à découvert, trouver à manger compliqué et quand l’eau vient à manquer, ses heures sont comptées. Il sera recueilli par un vieux bonhomme, au cœur du grand nulle part. Lui aussi est en exil, prêtre catholique irlandais, Rome la consigné dans ce désert d’où il ne peut fuir, ravitaillé une ou deux fois l’an, il se débrouille pour y vivre. Jaxie et Fintan MacGillis, se cachent leur passé, s’épient, se méfient l’un de l’autre ; ils se reniflent, méfiants. L’essentiel du roman réside dans leurs rapports distants au début (l’adolescent pense avoir à faire avec un pédophile). Le vieux, sourdingue et un peu fou, bavard comme une pie, requinque le gosse et tente de le convaincre de ne pas repartir.

Jaxie se lance néanmoins dans une sortie mais va tomber sur ce qu’il n’aurait jamais dû voir. Les périls envisagés par les deux hommes ne sont rien comparés à ce qui les attend désormais… La fin du bouquin est plus que dramatique, quasi christique et terriblement poignante.

Un très bon roman noir avec deux personnages touchants, chacun à leur manière, liés par la solitude, la crainte du monde extérieur qui ne leur veut pas de bien, d’où leurs distances vis-à-vis l’un de l’autre. Un parcours initiatique pour Jaxie dont on ne saura rien du futur mais qu’on lui espère favorable.

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La cavale de Jaxie Clackton

Jaxie est en cavale. Parce qu'il a retrouvé son abominable père écrasé sous le pick-up, et parce que tout le monde croira qu'il l'a tué, ce salopard. Donc Jaxie cavale et Va crapahuter à pied, entre bush australien, lac salé su rchau ffé et monologue intérieur. Jusqu'à rencontrer presque en même temps, dans ce grand nulle part sans électricité ni espoir et dans un accès de violence crue, un prêtre défroqué et une montagne de beuh qui Vont changer sa vie.
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La cavale de Jaxie Clackton

La cavale de Jaxie Clackton de Tim Winton, odyssée australienne



Que diriez-vous d’une petite excursion dans le bush australien ?



Vous êtes au volant de votre 4x4, vous roulez sur une route de terre. Voilà 4 heures que le GPS s’est tu. Ici, impossible de tourner à gauche ou à droite, la route est droite. Au loin, vous voyez une mob de kangourous en train de brouter de petits arbustes. Vous avez l’impression qu’ils vous regardent ? C’est sans doute le cas. Alors que vous avez atteint votre rythme de croisière, une silhouette frêle apparait dans votre champ de vision. Est-ce un mirage ? Un homme, ici ? Vous êtes à plus de 300 km de la moindre petite ville, comment a-t-il pu se retrouver sur le bord de cette route ?



C’est bon ? Vous êtes dans l’ambiance ?



J’ai vécu plus de 5 ans en Australie et je vous assure que cette scène n’est pas sortie de mon imagination. Sauf peut-être l’histoire de la silhouette à la fin. À part quelques chameaux (si si), des dingos, et si vous avez de la chance, des kangourous, il est rare de croiser la moindre âme humaine sur les autoroutes australiennes. On vous conseille d’ailleurs de ne pas conduire à la tombée de la nuit, parce que si vous percutez un animal, il peut se passer plusieurs jours avant de croiser la prochaine voiture. Ah, et il faudra aussi penser à emporter 3 litres d’eau par personne… au cas où…



Bon voyage !





Langue à la fois vulgaire et lyrique

La cavale de Jaxie Clackton s’ouvre sur le jeune Jaxie Clackton au volant d’une voiture volée fonçant à travers les badlands de l’Ouest australien. « Malgré le moteur qui gueule et le vent qui fouette la vitre, les bruits sont doux et ouatés. Une flèche de lumière et rien d’autre ». Le décor est grisant et fascinant : on est au cœur des terres de Tim Winton, et il va nous faire voir du pays.

Ce qui caractérise le plus Tim Winton, c’est son style cru et son sens du rythme. Tim Winton est habitué des romans qui se déroulent dans des environnements hostiles, souvent en Australie-Occidentale, sa région natale. Ses romans dépeignent des personnages perdus et marginalisés dans une langue à la fois vulgaire et lyrique.



Endurci à coups de torgnole

Jaxie est un ado mal dans sa peau, détesté par tout le monde « à cause de mon caractère et ainsi de suite. Mes singeries de délinquant ». Toujours prêt à en découdre. Son père « ce dégueulis de clébard était un vrai salopard avec nous deux, j’avais envie qu’il crève » est alcoolique et violent. Jaxie n’a jamais eu le « courage de le buter ». Sa mère lui répétait que si elle restait, c’était pour lui. Jaxie se demande quand même si c’était vraiment sa seule raison, peut-être qu’elle aurait pu l’emmener avec lui après tout. Mais maintenant qu’elle est morte d’un cancer, ils se retrouvent que tous les deux. Dans la petite ville où ils vivent, tout le monde comprend que Jaxie se rebelle contre son père, mais personne ne prend jamais sa défense. Son père et le flic du coin sont cul et chemise, c’est pour ça que sa mère n’a jamais rien dit.



La tête écrasée comme une pastèque

Quand Jaxie retrouve son père sous le pick-up « la tête écrasée comme une pastèque », il sait que tout l’accuse. Alors il décide de s’enfuir, prend quelques affaires et part vers le salt country « je ne me suis pas arrêté de la journée. Je crevais de soif, j’avais des crampes dans les jambes. C’est là que j’ai commencé à penser à Lee. » Parce que c’est pour retrouver Lee que Jaxie s’enfuit. Lee, la seule « avec qui je n’ai pas besoin de jouer les durs ». Mais Lee est aussi sa cousine. Et Jaxie sait qu’il n’est plus le bienvenu depuis que son père les a surpris ensemble. Avant de pouvoir la retrouver, il doit traverser le gold country « l’air était chaud, grouillant de taupins, d’abeilles et de sauterelles », à plusieurs centaines de kilomètres de sa destination.



J’ai taillé dans le bush

Après deux jours de marche, Jaxie tombe sur une cabane au milieu de tas d’ordures et de cannettes rouillées. Il rencontre également Fintan MacGillis, un prêtre vivant un exil à la suite d’actes dont il ne veut pas parler. Tim Winton introduit un élément contemporain dans son récit atemporel. Ces dernières années, l’Australie a été ébranlée par de nombreux scandales pédophiles au sein de l’Église catholique. Fintan et Jaxie cohabitent pendant quelque temps, mais Tim Winton laisse planer un doute sur l’avenir de ce duo. Il nous rappelle que l’homme reste le pire ennemi de l’homme. Je vous laisse découvrir comment en lisant ce roman envoutant.





Mon avis

Dès les premières lignes, Tim Winton nous plonge dans l’environnement brutal de Jaxie. Le rythme et la tension de son écriture sont au service de cette histoire oppressante. On comprend rapidement que ce jeune narrateur fuit un passé traumatique. Le récit se déroule sous nos yeux, on ne lit plus des mots, on entend ce que Jaxie entend et on voit ce qu’il voit. Tim Winton ne nous laisse pas être un lecteur passif. Il faut observer attentivement ce qu’il montre, car ce sont les silences qui éclairent les actions de Jaxie. Winton ne nous donne pas son point de vue sur la situation, il nous la fait vivre, provoquant en nous une réponse émotionnelle. Les sensations de peur, de soif et de faim de l’ado deviennent les nôtres. Et ce sont ces émotions qui rendent ce roman inoubliable.

Je voulais aussi souligner le travail remarquable du traducteur. On oublie souvent qu’un roman étranger est « réécrit » en français, et une mauvaise traduction peut rapidement vous faire décrocher. L’auteur de cette traduction n’est nul autre que Jean Esch, le traducteur de Stephen King et de Michael Connelly. Ça vous donne un peu une idée de l’ambiance !


Lien : https://www.joyabooks.com/ca..
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La cavale de Jaxie Clackton

Pas aimable comme ado , Jaxie Clackton , pas du tout. Mais , il a des excuses , son père le boucher ( qu’il surnomme filialement « sac à merde ») le tabasse journellement , comme il a tabassé sa défunte mère . Alors quand un hasard bienheureux écrabouille la tête du bourreau , Jaxie part en cavale , à pied ,dans le bush australien dans le but improbable de rejoindre Lee , sa cousine d’amour , à 300 km. Et le bush australien , c’est pas un environnement pour mauviette mais il est dur au mal Jaxie et il fonce dans la solitude hostile où les dangers ne viennent pas que de la nature. C’est cette odyssée que raconte Tim Winton dans un langage hérissé comme un chardon et rythmé comme un vieux rock. Magnifique évocation de cette Australie sauvage ,impitoyable ,sublime de beauté et de la construction d’une personnalité. Comme le dit Jaxie pour finir « Parce que maintenant ,je sais ce que je suis. Et la paix est en chemin. Ya intérêt ,bordel. »
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La cavale de Jaxie Clackton

Après le délirant "Cul de sac" de Douglas Kennedy, nouvelle virée en Australie. Beaucoup moins drôle. Le pire dans ce livre étant la 4ème de couverture qui raconte plus de la moitié du bouquin. Ca me donne des envies de meurtre.

Racontée par Jaxie, un ado d'une quinzaine d'année, avec son vocabulaire fleuri et sa violence sourde, cette cavale violente et poussiéreuse vous entraîne. Si j'ai suivi ses aventures de bon coeur, sans être non plus bouleversée (contrairement à d'autres livres de Tim Winton, que j'adore), la fin spectaculaire et dramatique clôt superbement ce récit noir.
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