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Citations de Torey Hayden (214)


- Torey ?
- Oui ?
- Tu vas jamais me quitter, hein ?
J'écartai sa frange de son front.
- Un jour ou l'autre, il le faudra bien, j'imagine. Quand l'année scolaire sera finie, tu iras dans une autre classe, avec une autre institutrice. Mais pas avant, et il reste encore beaucoup de temps.
Elle bondit sur ses pieds.
- C'est toi, ma maîtresse. Je veux jamais en avoir une autre.
- Je suis ton institutrice pour le moment. Mais un jour, nous ne serons plus ensemble.
Elle secoua la tête ; son regard s'était assombri.
- Ici, c'est être ma classe. Et je veux y rester toujours.
- Ce n'est pas pour tout de suite, tu sais. Et quand le moment viendra, tu seras prête.
- Pas question. Tu m'apprivoises, tu être 'sponsable de moi. Tu peux jamais me laisser, parce que tu être 'sponsable de moi pour toujours. C'est ce qui est écrit, là*, et c'est ta faute si je être apprivoisée.
- Hé là, mon poussin ! (Je la pris sur mes genoux.) Ne te fais donc pas de mauvais sang.
- Mais tu vas me laisser, dit-elle, d'un air plein de reproche, en fuyant mon étreinte. Comme ma maman. Et Jimmie. Et tout le monde. Mon papa aussi, il me laisserait, mais il a peur d'aller en prison à cause de ça. Il me le dit un jour. Tu être comme tous les autres. Tu me laisses aussi. Même après que tu m'apprivoises et moi je te demande rien.


* Torey venait de lire à Sheila Le Petit Prince de Saint-Exupéry.
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- C'était en septembre, reprit-elle. Je crois. Je ne sais pas au juste parce que je n'avais pas encore appris les mois de l'année, mais...
Elle s'interrompit pour mieux se concentrer en fronçant les sourcils.
- On nous avait allongées, Tashee et moi, sur la grande table, avec nos poupées. Ellie a demandé à J.R. de les poser derrière nous. Puis tout le monde nous a embrassées, et les poupées aussi. Tashee s'est mise à pleurer. Moi pas, parce que je ne savais pas ce qui se passait. Alors J.R. a pris un chandelier et il a écrasé la poupée de Tashee. Lorsque la tête s'est brisée, j'ai compris qu'elle allait mourir.
Je ne savais plus quelle attitude adopter. En fait j'avais du mal à croire à son histoire qui pour moi n'avait aucun sens.
Pour la première fois, elle leva la tête de son livre.
- Moi aussi j'aurais pu mourir parce que j'avais six ans. Mais comme ils n'ont pas écrasé ma poupée, je vis toujours.
- Et Tashee est morte ?
Jade hocha la tête.
- Oui, je vous l'ai dit.
Je restai pétrifiée. Rien à travers mon expérience professionnelle ne m'avait préparée à ce que je venais d'entendre.
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- Un livre ? s'exclama-t-elle, incrédule. Tu as écrit un livre ? Je ne savais pas que tu écrivais.
Je haussai les épaules.
- Tu parles de moi dedans ? De notre classe. Bon sang ! C'est dingue. C'est vraiment dingue, tu sais, dit-elle en esquissant un sourire.
- Il faut que tu saches que cela te paraîtra un peu différent de ce qui s'est vraiment passé. Tous les autres sont partis de leur côté depuis, et il ne serait pas très juste de s'ingérer dans leur vie privée. J'ai donc dû changer les noms et d'autres choses, et puis modifier l'ordre des événements, mais je pense que tu reconnaîtras tout quand même.
- C'est tellement dingue. Un livre ? Sur moi ?
- En tout cas, j'aimerais avoir ton avis, expliquai-je. C'est ton histoire, enfin, la tienne et la mienne, mais tu y occupes une grande place. Je ne voudrais pas y raconter des choses qui te semblent trop personnelles, ou avec lesquelles tu n'es pas d'accord.
Elle sourit.
- Ce n'est pas très important. Je ne me rappelle presque rien de cette année-là.
- Oh, ça te reviendra ! répliquai-je, en souriant moi aussi.
Elle haussa les épaules, le visage empreint d'une expression bienveillante.
- Il faut que tu te dises, Torey, que je n'étais rien qu'une petite gamine à l'époque. J'étais deux fois plus jeune qu'aujourd'hui. Ça me fera plaisir de le lire, ce livre, mais si tu veux savoir la vérité, tu pourrais écrire tout ce que tu veux. Vraiment, je ne me souviens de rien.
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« Où est Leslie ? » demandai-je en revenant près de la table.
Chacun se retourna et regarda.
« Personne ne l'a vue ? »
A cet instant précis, un RRIIIIIIP retentissant jaillit des profondeurs de la bibliothèque. Contournant les étagères, je plongeai dans un des passages longs et étroits qui la parcouraient. Leslie était assise tout au fond du passage. Une pile entière de revues déchirées à ses côtés. Quand elle m'aperçut, elle me regarda droit dans les yeux et arracha d'un périodique une longue bande de papier.
« Eh bien, Mademoiselle, que se passe-t-il par ici ? » dis-je, en la remettant sur ses pieds. Des fragments de La psychologie contemporaine voletaient autour de nous.
« Ce n'est pas à cela que servent les revues. »
Leslie lança un regard menaçant, non pas à mon intention mais simplement droit devant elle. Son front se plissa. Ses sourcils se joignirent en une ligne sinistre.
« Va chercher la corbeille à papier, Leslie. Nous allons nettoyer tout ceci. »
Son front se plissa davantage.
« Vas-y. Immédiatement. »
« Non ! » hurla-t-elle, et elle partit en courant le long du passage, les bras tendus, provoquant la chute de tout ce qu'elle touchait. A l'extrémité de l'allée, elle s'empara de tout ce qui était à sa portée et le lança dans toutes les directions.
J'enjambai ce qui encombrait le passage et l'attrapai. Elle poussa un cri perçant d'une intensité inattendue, se contorsionna et enfonça avec force ses dents dans ma main. Je lâchai prise, plus sous l'effet de la surprise que de la douleur.
Leslie avait disparu à l'intérieur de la classe.
Essuyant ma main ensanglantée sur mon jean, je m'élancai à sa poursuite. Tout ce qui se trouvait sur son passage, elle le jeta à terre. Feuilles d'exercices, livres, manteaux, matériel de dessin, tout alla s'écraser sur le sol. Dans un élan final, je mis la main sur elle, dans un recoin de la classe, en l'attrapant par ses vêtements. Empoignant le dos de sa blouse, je la soulevai dans les airs et, la ligotant solidement de mes bras, m'affaissai au sol.
Elle ne cria pas. Ne pleura pas. Elle lutta. Grogna. Hoqueta. Se débattit. Gigota. Se trémoussa. Elle s'obstina, et s'obstina, dans l'espoir de briser mon étreinte. Je l'enveloppai davantage, relevant mes genoux afin de la serrer tout contre moi. Finalement, épuisée, elle se laissa aller. Alors, je lâchai prise et elle s'écroula par terre. Elle resta couchée, haletant bruyamment, la face tournée contre la surface brun et blanc du linoléum.
Je me relevai et me dirigeai vers la chaise de repos, un grand siège en bois, qui se trouvait au fond de la classe. En général, j'y envoyais les enfants qui avaient fait une crise de colère. « Leslie, viens t'asseoir ici », dis-je.
Elle leva les yeux vers moi. Je savais qu'elle était en train d'évaluer la situation. Finalement, elle se releva et s'approcha sans qu'il eut été nécessaire d'insister.
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Nous avons de la chance toi et moi de travailler ensemble. J'ai déjà aidé beaucoup d'enfants et maintenant je vais pouvoir t'aider.
Jade eut les larmes aux yeux, comme si elle allait éclater en sanglots. Mais elle se cramponna à son manteau déboutonné et prit la fuite en refermant soigneusement la porte derrière elle.
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Abandonnée à elle-même, elle se contentait de rester assise. Sonclasseur restait fermé devant elle. elle ne touchait pas son crayon. Vénus restait assise, aussi énigmatique qu'une statue de l'île de Pâques.
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S'il est important que nous maîtrisions nos émotions de façon à ne blesser personne, ce n'est pas pour autant que nous devons nous comporter comme si elles n'existaient pas.
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Comme dans l'histoire, quand le petit prince part après avoir apprivoisé le renard, en fait il restera toujours avec le renard, car chaque fois que le renard verra un un champs de blé, il pensera au petit prince. Il se rappellera combien le petit prince l'aimait. Ce sera la même chose pour nous. Nous nous aimerons toujours. C'est plus facile de se séparer ainsi, car chaque fois que l'on se souvient que quelqu'un nous aime, on ressent un peu de son amour.
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Lorsqu'en 1987, Torey Hayden est chargée d'une classe d'enfants "difficiles" dans l'école municipale d'une petite commune canadienne, elle s'intéresse tout particulièrement à la petite Jade, la seule fille du groupe, une enfant qui se tient courbée et ne parle pas. D'emblée, le contact s'établit entre la psychologue et la petite fille. Celle-ci demeure muette pendant les heures de classe mais rejoint chaque soir Torey dans une salle de l'école, pù elle se met à lui parler.

Ce qu'elle raconte a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : Jade parle souvent du fantôme d'un petite fille qu'elle aurait vu mourir dans d'atroces souffrances. Elle raconte aussi, par bribes, des chsoes horribles qui tournent autour de violence et de sexe.

A force de patience, la psychologue finira par entrevoir la réalité : elle est beaucoup plus effrayante que tout ce qu'elle pouvait soupçonner...
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C'était un article très court, juste quelques paragraphes coincés en page 6 sous les bandes dessinées. Il parlait d'une petite fille de six ans qui avait kidnappé un enfant du quartier. Par cette froide soirée de novembre, elle avait emmené le gamin de trois ans, l'avait attaché à un arbre d'un bosquet voisin puis avait mis le feu. L'enfant était à l'hôpital dans un état critique. La petite fille avait été appréhendée.
Je lus l'article de l'œil indifférent dont je parcourais le reste du journal, avec un vague sentiment d'indignation sur l'évolution de la société. Plus tard, au cours de la journée, il me revint en mémoire tandis que je faisais la vaisselle. Je me demandais ce que la police avait fait de la petite fille. Pouvait-on mettre une enfant de six ans en prison ? J'eus quelques visions kafkaïennes de la gamine errant dans la vieille prison sinistre de la ville. J'y pensais d'une manière anonyme, impersonnelle. Mais j'aurais dû m'en douter.
J'aurais dû me douter qu'aucun enseignant n'accepterait dans sa classe une élève ayant un tel antécédent. Qu'aucun parent ne voudrait que son enfant côtoie à l'école une fillette de ce genre. Que personne ne la laisserait se promener en liberté. J'aurais dû me douter qu'elle finirait par échouer dans ma classe.
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N'empêche qu'il n'y en avait pas d'autres comme elle. Si son cerveau ne fonctionnait pas toujours parfaitement, son cœur, lui, ne faisait jamais défaut.
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- Mon père est fort. Il me soulève dans ses bras.
James sourit.
- Tu peux mettre ça dans ton livre. Ecris qu'il est fort. Ecris que mon père porte un chapeau de cow-boy.
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J'étais en proie à des émotions grandioses et terrifiantes, qui se pressaient en foule contre mes côtes, ma poitrine, puis grimpaient, jusqu'à m'arracher des larmes. J'avais envie de pleurer sans vraiment comprendre pourquoi. [...] Je me sentais très fatiguée, et très vulnérable. [...] J'avais besoin de réconfort. Je n'arrivais même plus à réfléchir sur la raison d'une telle souffrance. Elle était trop profonde, trop complexe pour se mouler dans les mots.
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J'étais la souris piégée dans le regard fixe et meurtrier du cobra, terrorisée, mais trop fascinée pour s'enfuir. Pourtant, assise à mon bureau, tripotant la lame vive du poignard fait main, je sus, sans équivoque aucune, que Kevin était dangereux.
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Tu n’as qu’à regarder les gens d’une façon particulière pour savoir exactement ce qu’ils ressentent. T’es capable de comprendre ces sentiments-là, de deviner ce qui rend les gens heureux ou tristes. Et tu te préoccupes des autres. Depuis que je te connais, je t’ai toujours vue te préoccuper des autres. Et ça, crois-moi, c’est beaucoup plus important que de savoir lire. Malgré tout ce qui peut arriver, n’oublie jamais ça. Nous avons terriblement besoin de personnes qui se préoccupent des autres. Il y a plus de gens qu’il n’en faut pour lire tout ce qu’il y a à lire, mais on manque terriblement de gens qui se préoccupent des autres.

Elle comprend les gens mieux que toutes les personnes que j’ai rencontré jusqu’ici. Elle lit dans les coeurs comme toi et moi nous lisons dans les livres.
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" Je suis inquiète au sujet de Kevin, notais-je, je pense qu'il est... " Quoi ? Dangereux ? Ce gamin fabrique des poignards dans des lames de vieux lits. Ce gamin dessine les victimes qu'il rêve d'assassiner. Ce gamin câline sa haine comme nous cajolons des petits chats. Pouvais-je écrire cela ?
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- Aide-moi, disait-elle dans un souffle. Aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide moi...
Elle se retrouva si près qu'on ne voyait plus que sa bouche sur l'écran, qui prononçait inlassablement les même mots.
- Aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide moi, aide-moi...
Puis l'image se brouilla.
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- Dan, aucun système ne doit être plus important qu’un être humain. Quand on se met à sacrifier des gens pour maintenir un système, alors c’est qu’il y a quelque chose qui cloche.
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C'était un grand adolescent. Je le voyais vraiment pour la première fois, et il était costaud aussi, presque un homme, bien qu'un air d'enfance baignât encore ses formes. Il était au moins aussi grand que moi, mais mince et frêle comme une tige de maïs d'hiver. Une frange de cheveux bruns et plats pendait sur son front.
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Mais c'est une chose horrible, la nuit, une chaise. Et même pendant le jour, je sais comme elle est affreuse en dessous. Je sais qu'elle sera de nouveau affreuse quand je me retrouverai seul avec elle. Quand il fera nuit. La chaise est une horreur.
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