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Critiques de Truman Capote (742)
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Petit-déjeuner chez Tiffany

Surprise, quatre nouvelles ! Génial je ne m'y attendais pas. Je le dis tout de suite, ma préférée…"Un souvenir de Noël". Charmée par une écriture très touchante, vibrant d'une sensibilité incroyable. Très émouvant ce recueil et une très belle découverte.
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Petit-déjeuner chez Tiffany

Je l’avais dans ma PAL depuis…. Un certain temps. Je me suis décidée à le lire aujourd’hui, il faut dire qu’il me faisait de l’œil depuis un moment. Et je ne le regrette pas.



Petit déjeuner chez Tiffany - 1ère nouvelle

J’ai eu beaucoup de tendresse pour Miss Golightly. On a envie de la prendre sous son aile, mais aussi de la secouer et de lui faire prendre conscience de sa folie. Mais, bien que certains aient essayé, tous ont échoué. Elle manquera à tous ceux qui l’ont connu et aimerait savoir ce qu’elle est devenue. Certains la chercheront dans les rues de New-York, longtemps après son départ.



C’est vraiment une histoire touchante.



La maison de fleurs – 2ème nouvelle



Histoire d’une jeune fille, descendue de ses montagnes avec un sac de grain à vendre, qu’elle perdit en route. Peur de ses parents, maltraités par eux, violée par ses frères, elle accepte de suivre un homme qui l’a conduite aux « Champs Elysée »…



La guitare de diamants – 3ème nouvelle



Histoire de prisonniers, aux Etats-Unis. Un homme, Mr SCHAEFFER, condamné à 99 ans et un jour de prison s’attache à un nouveau, très jeune, Tico Feo, venu avec sa guitare. Ils se lient d’amitié. SCHAEFFER commence à rêver de nouveau, chose qu’il ne faisait plus depuis longtemps. L’espoir renaît en lui…



Un souvenir de Noël – 4ème nouvelle



Comme l’indique le titre, c’est un souvenir de Noël que nous raconte Truman CAPOTE. Peut-être même une histoire tirée de son enfance. La plus poignante de ces 4 nouvelles. J’en ai eu les larmes aux yeux.



Aucunes ne vous laissera indifférent. Toutes vous les aimerez. Un beau plaisir de lecture, rempli de nostalgie et de vague à l’âme.

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Les domaines hantés

Dans la littérature de genre, pour peindre l’enfance innocente dans un monde d’adultes pervers, les gamins sont éventrés, violés ou énucléés dans une gigue horrifique qui se veut moralisante. Mais il faut avoir tout le génie de Truman Capote pour raconter le désespoir et la solitude à hauteur d’enfant, pour exprimer l’impuissance et l’abandon, au milieu d’adultes qui se détournent et d’une nature trop somptueuse pour ne pas être indifférente, où « des bancs de gardons cousaient l’eau comme des aiguilles »

À la fin du roman, Joel « s’arrêta et se retourna pour voir l’azur sans fleurs qui descendait, et le petit garçon qu’il laissait derrière lui. » : et de le savoir moins faible et moins innocent ne rassure pas le lecteur. Car les adultes comme les enfants veulent être aimés et comme eux sont rejetés : qui vous aimez voudra vous tuer quand il ne se sauvera pas et même vos rêves vous abandonneront.

Dans ce roman, on a autant pitié du pédophile que de sa victime et on plaint celui qui trahit pour toutes ses blessures reçues et à venir.

« Les Domaines hantés » est un roman somptueux et désespérant où tout amour fait souffrir mais où l’art, peut-être, console.
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Un été indien

De nombreuses années séparent Bobby de la ferme de son enfance en Virginie Occidentale. Mais les moments de ce départ teinté d’une profonde tristesse, alors qu’il n’était qu’un petit garçon se préparant à rentrer à l’école, lui reviennent et emplissent les quelques pages de cette nouvelle.



Les lignes simples et limpides de Truman Capote laissent entrevoir la peine d’un grand-père qui mesure tout le vide que laissera derrière lui l’absence de son petit-fils qui va partir de l’autre côté de la montagne. Il demande alors au petit Bobby de rester dans ses souvenirs et l’implore de revenir le voir pour partager un secret. Les larmes et le regard triste émergent des pages.

Le père a décidé d’offrir à son fils la liberté, une vie meilleure que celle tirée de cette terre familiale. Un départ caché qui précipite les deux derniers jours de partage entre le grand-père et Bobby. La grand-mère était aussi dans l’ignorance mais comment peut-on ne pas ressentir ce vide imminent qui va les assaillir ?

C’est au bord d’un ruisseau où les roseaux s’agitent que Bobby allait vider son trop plein de chagrin et c’est donc là qu’il retrouve son grand-père qui lui fait promettre de lui envoyer un petit mot chaque semaine.



Une photo sur la commode, des yeux rougis, une main qui esquisse un au revoir. Tout le dépouillement de ce texte très bref renforce la douleur des départs, la fin d’une page de l’enfance, la distance qui sépare la famille, une terre qui ne sera plus pour la future génération, le vieillissement prématuré face à l’absence.



C’était lors d’un été indien qui prenait fin en laissant place à un air glacial puis à la neige.

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Un arbre de nuit et autres histoires

Un petit tour classique chez Truman Capote avec les huit nouvelles du recueil Un Arbre de nuit et autres histoires, traduit par Serge Doubrovsky et Maurice-Edgar Coindreau. Huit textes assez inégaux et disparates, ayant cependant tous en commun un style irréprochable et une ambiance angoissante et fantastique plus ou moins appuyée.



Lu nouvelle après nouvelle en parallèle de plusieurs romans, c ’est cette maîtrise à installer rapidement, en quelques phrases, une atmosphère pesante et intrigante qui me frappe une fois le livre refermé. L’apanage des grands auteurs, d’être aussi efficace.



Les textes les plus fantastiques - Une dernière porte est close, Miriam ou L’épervier sans tête – m’auront laissé spectateur. D’autres - Monsieur Maléfique, Ma version des événements ou Un arbre de nuit – m’auront intéressé. Sans plus.



Mais ce recueil contient deux petites perles de nouvelles : Tel des enfants, au jour de leur anniversaire, texte tragi-comique à l’entame fulgurante sur la vie et la mort de Miss Bobbit, jeune fille débarquant dans une petite ville pour y bousculer la vie de ses habitants. Et La Bonbonne d’argent, histoire extraordinaire du jeune Pépin-de-Pomme qui croyait tant en sa destinée - « parce qu’il était né coiffé » lui avait-on prédit – qu’elle finit par lui sourire.



Deux textes où Capote maîtrise totalement l’art de la nouvelle, inspiré dans les deux cas par la jeunesse faussement naïve des protagonistes qu’il met en scène. Et rien que pour ces deux textes, le recueil vaut la lecture !
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La harpe d'herbes

Un esprit de rébellion couve avec délicatesse et tendresse cette histoire. Un sentiment d'injustice pousse certains protagonistes à se percher à la cime d'un arbre. Une prise de hauteur qui éveille et scanne les consciences.



Le narrateur/auteur revient sur son enfance, avec humour et une légère gravité.

C'est pour nous, lecteur, l'occasion d'une rencontre avec des personnages bien campés, auxquels on s'attache, l'occasion d'une escapade dans une charmante contrée, dans un champ de hautes herbes indiennes où « les vents d'automne tirent des feuilles sèches une musique de soupirs humains, une harpe de voix ».

L'occasion aussi de contempler le portrait peu flatteur d'une Amérique bondieuse, raciste, corrompue ...



Une deuxième lecture pour moi de ce livre aux allures de fable, aussi agréable que la première, empreinte de poésie, de nostalgie et d'une douce amertume. Une lecture qui donne par moment envie de se rouler dans l'herbe, de se percher au sommet d'un arbre, de partager un ragoût d'écureuil avec Dolly et Collin, d'écouter les bruissements de la harpe d'herbes.

Une lecture vibrante, sensible qui happe à condition, je pense, de lâcher prise, de ne pas être dans le contrôle.



« Si peu de choses reviennent comme autrefois après qu'elles ont changé. »


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La traversée de l'été

Étonnante et sombre lecture que cette traversée de l'été.

Truman Capote m'avait éblouie avec De sang froid et je suis en train de relire La harpe d'herbes que j'affectionne particulièrement.

Ici, on sent la belle plume en devenir mais l'œuvre n'est pas aboutie, l'écriture manque d'intensité à mon avis, et pour cause, Truman Capote ne souhaitait pas publier cette histoire. Ses écrits ont été retrouvés vingt ans après sa mort et n'ont donc pu être retravaillés par ses soins.



« C'est avec une grande fébrilité et non sans une certaine appréhension, que je lus le manuscrit de La Traversée de l'été. Je gardais à l’esprit que, selon toute vraisemblance, Truman ne voulait pas que ce roman fût publié, mais j’espérais aussi y découvrir Truman sous un nouveau jour, celui du jeune auteur qu’il avait été avant d’écrire son premier livre majeur, Les Domaines Hantés. […] Certes, ce n’était pas une œuvre aboutie, mais elle témoignait de l’émergence d’une voix originale et d’un écrivain au talent aussi étonnant qu’efficace. C’était une œuvre assez mature, dont les mérites propres se suffisaient à eux-mêmes, et les prémices du style et du métier à venir (qu'on retrouverait dans Petit déjeuner chez Tiffany) étaient trop précieuses pour être ignorées. Je ne savais ce qu’en aurait pensé Truman, et j’avais conscience de ma responsabilité dans cette décision. Il y eut de longues discussions, mais pour finir nous étions tous d’accord : il fallait publier ce livre. »



Une petite déception pour ma part que je ne sais pas forcément expliquer. Peut-être un rythme pas toujours très fluide. Mais quand bien même, l'histoire d'amour qui se loge dans ces pages est très prenante et beaucoup le soulignent, elle témoigne d'une grande maturité de l'auteur. Grady, une jeune fille de dix-sept ans, issue d'une famille aisée, avide de liberté, décide de vivre pleinement son amour avec Clyde, simple gardien de parking.

Truman Capote évoque les sentiments amoureux, l'amour fragilisé par la différence de classe sociale, la passion, la folie...

La tension monte au fil des pages, il y a comme un malaise qui s'installe au fur et à mesure que l'on apprend à connaître Grady et Clyde...D'une idylle joyeuse et innocente, on bascule dans une atmosphère plus sombre, plus étouffante où l'amour devient insaisissable et menaçant...
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De sang-froid



C'est après avoir lu »Les cygnes de la Cinquième avenue » que m'est venue l'envie de lire le roman de Truman Capote.

En effet, dans ce roman de Mélanie Benjamin paru en mars de cette année , T.Capote tient une place très importante, une image noire en fait , et là où l'auteur décrit une sorte de clown, parfois mélancolique certes, mais piaillant , virevoltant, pas du tout dangereux pour les maris milliardaires des belles épouses de la Cinquième Avenue de N.Y , je voulais retrouver l'auteur « De sang-froid » avant sa triste chute et décadence, avant ses écrits sordides ayant entraîné tant de malheurs dans les familles de ses protectrices.

J'ai lu ce livre épais en Poche, avec une écriture bien serrée , pas une ligne ne m'a échappée , pas de pages inutiles ; un vrai chef d'oeuvre j'en conviens.

Il s'agit de décrire par le détail  tout ce qui a pu engendrer le meurtre de 4 personnes, les parents et enfants d'une même famille , et apparemment sans aucun motif.

C'est en 1966 que T.Capote fait paraître cet ouvrage, ce « fait-divers » ayant eu lieu 7 ans avant.

Le New Yorker accepte de confier à l'écrivain le soin de reprendre toute l'affaire et de la relater. Capote rencontrera même un des assassins, n'en sortira pas indemne , et le lecteur non plus.

De la genèse de l'affaire jusqu'au couloir de la mort, c'est l'autopsie même de la société que transpose l'auteur , tout est analysé en détail, la vie de chacun, son enfance, ses bonheurs , ses malheurs. Et sur tout cela, une violence latente , comme une chape aussi bien sur les victimes que sur les assassins .

Une écriture qui provoque l'admiration, et une lecture inoubliable.

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L'invité d'un jour

Avec cette plaquette qu’est « L’invité d’un jour », l’auteur américain Truman Capote lève le voile sur un épisode de son enfance dans l’Alabama des années 30. Pas un moment dramatique ni particulièrement fort en émotion. Mais un moment important tout de même, très instructif pour un petit garçon de huit ans nommé Buddy – eh oui, Truman Capote n’est pas le vrai nom du célèbre écrivain !



Alors qu’il était encore jeune et vivait chez des parents lointains et assez âgés, Buddy menait une vie plutôt ordinaire. Solitaire, même. Sa seule amie et confidente était sa tante Miss Sook, âgée d’une soixantaine d’années. Elle était très attentionnée mais surtout toujours prompte à lui montrer la différence entre le Bien et le Mal, à lui donner des conseils avisés. Et il aura l’occasion de les mettre en pratique. Seule ombre au portrait : Odd Henderson. Ce garçon de dix ans semble prendre un plaisir particulier à martyriser Buddy qui verra son quotidien transformé en enfer. Miss Sook, afin de donner une leçon de morale à son jeune protégé, décide d’inviter la famille Henderson car elle connaissait la mère, la pauvre mais travailleuse Molly. Le souper se déroule plutôt bien jusqu’à ce que Odd se mette les pieds dans les plats et que Buddy prépare sa vengeance. Mais c’était compter sans sa tante…



« L’invité d’un jour » est donc une belle histoire avec une morale pas trop moralisante. Plutôt une invitation à l’ouverture d’esprit et aux possibilités infinies de l’être humain. Avec des thèmes comme l’humiliation, la vengeance et le pardon, cette plaquette est encore d’actualité – surtout ces dernières années, alors que le phénomène de l’intimidation sur toutes les lèvres. Le tout dans un style très accessible pour des enfants du primaire et du début du secondaire mais que les plus vieux pourront également apprécier.
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De sang-froid

« Mais pourquoi le meurtre ? Fort heureusement la plupart des gens ne répondent pas par une explosion meurtrière même après une provocation extrême. »

Comment peut-on être amené à tuer sans mobile apparent ?

Cette question sous-tend continûment les cinq cents pages de ce récit véridique, s’appuyant sur un long et minutieux travail d’entretiens, de lectures, de compte-rendu d’audience.

Construit de façon totalement originale, alors que l’auteur nous présente ses personnages, le roman nous annonce dans le même temps , la tragédie qui va survenir.

C’est ainsi que Truman Capote va nous amener au plus près des protagonistes de ce tragique fait divers de 1959 dans une petite bourgade du Kansas. Avec finesse et intelligence il va sonder la profondeur d’âme de chaque personnage, victimes et tueurs.

Nous ne serons pas étonnés d’apprendre que Perry et Dick, les meurtriers, ont subi , à des degrés plus ou moins importants, des carences affectives dans leur enfance et adolescence. Sur ce point, lors du procès, la question clé posée à l’expert psychiatre sera simplement de savoir si les inculpés avaient une connaissance de la différence entre le bien et le mal au moment du crime. Il ne sera à aucun moment envisager d’examiner la maladie mentale, notamment concernant Perry présentant une structure de personnalité paranoïaque et schizophrénique .

L’auteur, par sa profonde empathie, parvient à nous dépeindre Perry et Dick dans toute leur tragique humanité.

Magistral !

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Un été indien

Comme beaucoup, ma connaissance de Truman Capote se limitait à "De sang-froid", journalistique et glaçant. Je n'aurais jamais imaginé que l'auteur donnait également dans le registre de la pure émotion...

"Le jour où je dus quitter la maison de mon enfance en Virginie-Occidentale, sur les contreforts des Alleghanys, fut l'un des plus tristes de mon existence."

Ainsi commence cette nouvelle.

C'est que le narrateur ne quitte pas seulement une maison : le déménagement voulu par ses parents l'éloigne aussi de son environnement familier, là où, toute son enfance, il a pêché dans la rivière et s'est baladé à travers champs.

Et puis surtout, il est séparé de son grand-père.

Cette nouvelle d'une cinquantaine de pages est avant tout le portrait d'un grand-père, de la relation pudique mais forte entre lui et son petit-fils, du déchirement du départ qui fait quitter l'enfance.

L'échange de lettres entre l'enfant qui sait tout juste écrire, et ce vieil homme discret, taiseux, est particulièrement poignant.

Et terrible.

À peine cinquante pages, et tout est dit sur la très grande solitude de la vieillesse.

Traduit par Patrice Repusseau.

Challenge USA : un livre, un État (Virginie-Occidentale)

LC thématique juin 2023 : "L'auteur est un homme"
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De sang-froid

Un classique de la littérature américaine.



Truman Capote nous livre son true crime. Il s’est saisi de l’affaire Clutter : le meurtre de quatre membres de la même famille retrouvés dans le ranch familial d’un petit village du Kansas dans les années 60, sans aucun mobile et indice apparents.



Il a rencontré les tueurs, les enquêteurs, les témoins, les voisins, les familles des victimes ou des meurtriers, les journalistes ou encore le personnel pénitentiaire, les archives ou articles… un magnifique travail de terrain.



Le roman est bien ficelé, cadré, découpé en quatre parties et bien écrit. Le roman vit et est animé, nous le visionnons tel un documentaire tout en étant romancé.



Que dire en dehors que c’est un travail de titan de la part de l’auteur et que son livre est passionnant.
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De sang-froid

La famille Clutter représente le genre de vie idéale pour la majorité de l'Amérique rurale des années 50. Une belle maison, des terres fertiles, quatre jolis enfants instruits et bon paroissiens. Une nuit, deux hommes pénètrent dans la demeure et y assassinent les quatre occupants, Mr. Clutter, son épouse Bonnie et leurs deux plus jeunes enfants, Nancy et Kenyon. Le meurtre crapuleux rapporte à ses auteurs un peu moins de cinquante dollars ... Rattrapés grâce aux aveux d'un ancien codétenu, et à leur extrême imprudence (le tueur revient toujours sur les lieux du crime), ils sont condamnés à la peine capitale et exécutés au pénitencier de Lansing, Kansas.

Suite à la lecture de ce fait divers, Truman Capote décide de suivre l'enquête afin d'écrire un livre d'un genre alors nouveau, le roman non-fictionnel ou True Crime. Le style, de facture classique, y est impeccable. Emprunt d'une immense sentimentalité on y trouve d'abord un hommage à la famille Clutter par la description de leur dernière journée. Une journée saine et ordinaire, à l'image de ces gens, humbles dans la réussite, trop heureux pour être arrogants. Dans le même temps Truman Capote dresse un étonnant portrait des deux assassins, qu'il va s'efforcer de rendre attachants à certains égards. Le lecteur sait. Il a vu les cadavres. Il a enduré le calvaire des victimes et pourtant, il ne peux s'empêcher une compassion fraternelle pour ces êtres humains qui ont franchi la barrière de l'Humanité. Ils ont outrepassé le premier commandement "Tu ne tueras point" et seront tués en retour.



Extrêmement bien documenté, de sang froid est un chef d'oeuvre du genre, le compromis parfait entre le polar et le roman classique, quelque part entre Steinbeck et Ellroy.
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De sang-froid

Pour la pioche de Juin 2018, @Marple m'a choisi ce titre dans ma PAL depuis 3 ans.

Voici l'avantage des pioches: se décider à lire un titre mis trop vite de côté après que ma collègue et ma copine l'aient toutes les deux abandonné!

Autant vous dire que je ne partais pas super confiante!

Et bien contre toute attente, j'ai vraiment accroché du début à la fin.

Truman Capote, dans ce classique américain, raconte un fait divers sur le massacre d'une famille aimée et bien sous tout rapport. Capote met en miroir cette famille avant le drame, et la vie de leurs proches et voisins après, puis en face, les récits concernant la vie des deux coupables.

Le style est souvent factuel, presque journalistique, la patte est très masculine et imprégnée par l'époque.

J'ai fait une plongée dans l'Amérique profonde des années 60 et j'ai aimé ça malgré la violence gratuite et l'immoralité de ces hommes....

Comme quoi!!!! Les goûts et les couleurs!!!!

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La traversée de l'été

Ce premier roman de l'auteur a eu un destin particulier: il a été retrouvé par hasard , il y a quelques années. Il a été écrit à 19 ans.Remanié plusieurs fois, il n'a pas été publié par l'auteur. Quand on a lu " Petit déjeuner chez Tiffany", le personnage de Grady préfigurait déjà celui de la nouvelle, incarné à l'écran par la délicieuse Audrey Hepburn: fantasque, passionnée , fragile. Un personnage qui nous attire d'emblée.



N'ayant pas voulu accompagner ses riches parents en Europe, la voilà seule à New-York , libre de voir celui dont elle est tombée amoureuse, Clyde, un gardien de parking. La différence sociale de même que la complexite des caractères et des réactions de chacun sera au coeur de l' histoire .Au cours de cet été caniculaire, tout est bouleversé et une spirale de feu et de désespérance entraînera Glady et Clyde vers le drame...



Ce court roman n'a pas la force des autres qui viendront ensuite mais il est attachant , ses personnages presque encore adolescents se précipitent vers leur destin avec inconscience et fureur. Ils m'ont fait penser à James Dean...
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De sang-froid

Nous sommes au Kansas en 1958. La famille Clutter se compose des parents, d’un fils et d’une fille. Ils sont méthodistes. La ferme est belle, parfaitement entretenue, et les terres cultivées ne manquent pas. C’est une famille discrète, mais importante dans la petite communauté.

De l’autre côté, nous avons deux jeunes garçons, nous dirions plutôt des « mauvais garçons », qui ont fait route vers cette ferme, convaincus qu’ils sont que de l’argent y est caché. Richard Hickock et Perry Edward vont sauvagement tuer toute la famille et ne trouveront rien!

Le quadruple crime mettra quelques jours à être découvert, Hickock et Perry seront déjà loin. La police du Kansas n’a pas la moindre piste ni le moindre indice. Quant aux deux jeunes, ils circulent d’État en État en semant quelques morts sur leur passage.

Truman Capote nous raconte ici ce qui a été un véritable fait divers qui a secoué l’Amérique. Bennett Miller en a fait, en 2005, un excellent film : « Capote ».

Ce livre est merveilleusement bien écrit et très profond au niveau de la réflexion. C'est vraiment passionnant à lire.
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Monsieur Maléfique : Et autres nouvelles

Trois nouvelles dans ce court recueil, afin de faire connaissance avec le style de Truman Capote. Un style que j'ai trouvé d'une grande modernité, à la fois simple et empli de nuances et dont le poids des mots fait mouche.



De la première histoire, "Monsieur Maléfique", se dégage une impression quasi surnaturelle et de profonde solitude. L'héroïne, Sylvia, montée à New-York, vit cruellement l'anonymat de la grande cité et la cherté de l'existence. Aussi vend elle ses rêves nocturnes à un mystérieux Mr Revercomb. Ambiance faustienne sur désarroi existentiel dans cette sombre histoire.



La seconde, "Tels des enfants le jour de leur anniversaire", s'occupe moins d'adultes que d'enfants et d'adolescents d'une petite bourgade où deux nouvelles arrivées, Miss Bobbit et sa mère, bouleversent le train-train. L'enfant, âgée de neuf-dix ans, possède un côté Wunderkind, parlant avec toute la maturité d'une femme accomplie et douée pour la danse. Un récit très réussi et qui ne laisse pas d'émouvoir du fait qu'on sait dès la première phrase ce qu'il advient de la jeune prodige. Injuste et tragique, la vie s'accomplit.



Enfin, "Une dernière porte est close" met en scène Walter, également monté à New-York comme la Sylvia de "Monsieur Maléfique". Mais contrairement à elle, sa personnalité est celle d'un sale type, prêt à beaucoup pour arriver. Enfin, prêt à salir et se servir des autres sans scrupule, avec la persuasion qu'il est dans son bon droit. Paresseux, arrogant, égoïste, arriviste mais trop pressé. Bien fait! Ce personnage m'a fait penser au Bel-Ami de Maupassant, avec des différences bien sûr.



Chaque histoire est écrite et menée avec une grande dextérité tant dans l'intrigue que dans la narration. Quoique touchant à des thèmes divers, ces trois récits ont pour point commun une certaine déchéance, un ratage existentiel; la différence réside dans la façon où cette déchéance survient : fatalité, faute personnelle, erreurs d'aiguillage...



C'est globalement plutôt sombre, comme recueil, mais attractif et immersif une fois commencé la lecture des premières lignes. Voilà une écriture riche et sans fioriture qui me plaît beaucoup. De sang-froid m'attend sur mes étagères... plus pour longtemps, je crois.
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Petit-déjeuner chez Tiffany

Truman Capote s’est inspiré de son amie mondaine Babe Paley pour le personnage de Holly. Un écrivain, en mal de publication, a pour voisine une jeune femme de 19 ans fantasque, bruyante et attachante par son côté nature qui le fera succomber. Bien sûr l’image de Audrey Hepburn est bien présente. Ce petit roman a-t-il aussi bien vieilli que je le pensais ?
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La guitare de diamants et autres nouvelles

Premier rendez-vous avec Truman Capote que je découvre avec trois superbes nouvelles, qui sont des leçons d'espoir. Un style très agréable, une élégante écriture. Un très bon recueil. Un auteur que je relirai avec grand plaisir.
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De sang-froid

En 1959, la famille Clutter du Kansas a été décimée de sang-froid par deux cambrioleurs. Le roman de cette affaire criminelle, édité en 1965 et devenu un classique, est un des plus grands succès de la littérature américaine avec près de huit millions d'exemplaires vendus. Il est l'œuvre de Truman Capote qui a eu accès aux documents des enquêteurs (Kansas Investigation Bureau) et aux déclarations des témoins, y compris des assassins avec lesquels il se lia.



Romancier ou journaliste ? Pendant la lecture (parmi mes plus captivantes des dernières années), on se persuade qu'il s'agit d'une reconstitution minutieuse car jamais ne s'éprouve le sentiment de s'écarter de l'analyse crédible ni d'une psychologie pénétrante. On verra en fin de billet qu'il y a aujourd'hui quelques raisons de remettre cela en question. Dépassant l'aspect reportage par une narration rythmée comme un roman, Capote s'autorise quelques moments inspirés qui s'élèvent nettement au-dessus du mauvais lyrisme journalistique, sans effets dramatiques ni descriptions scabreuses.



Il s'est écoulé un bon mois entre la découverte des quatre corps - le père égorgé puis achevé au fusil de chasse comme son épouse et leurs grands enfants, Nancy et Kenyon - et l'arrestation des deux suspects, Richard Hickock et Perry Smith. Le premier est cupide et voleur ; il n'hésite pas à donner un coup de volant pour écraser un chien ; il suppose à tort l'existence d'un coffre chez les riches fermiers Clutter. Son comparse Perry, un peu artiste, doué même, laisse entrevoir une personnalité très déséquilibrée. C'est lui qui aurait commis seul les meurtres si on s'en refère aux déclarations de Hickock lors du procès. Ma conviction est que le carnage résulte surtout d'un défi entre les deux bandits. Smith ressentait de lourds sentiments de dévalorisation qu'il compensait par des actes démesurés. Il reprochait à Hickock de ne pas aller jusqu'au bout de ses paroles, de ne pas avoir de "cojones". Perry Smith a-t-il voulu s'affirmer aux yeux de son complice face aux victimes ligotées ? Ou, comme il l'a prétendu, a-t-il voulu prendre en charge le meurtre des deux femmes, qu'il attribue à Hickock, pour ménager la maman de celui-ci, présente au procès ?



[...]. Les paragraphes masqués ici (trop révélateurs du récit) sont visibles sur mon blog (adresse ci-dessous)[...].



Des documents découverts récemment par le fils d'un des enquêteurs principaux (Harold Nye) indiqueraient que Alvin Dewey, directeur de l'enquête, ami de Capote, aurait tergiversé avant d'accorder crédit aux déclarations décisives d'un détenu qui connaissait les intentions de l'un des tueurs, Hickock, à la suite de confidences en prison. Ceci aurait peu d'importance si la réaction molle du policier ne laissait soupçonner que les deux criminels pourraient avoir commis un autre meurtre durant ce sursis de liberté (celui de la famille Walker, similaire à celui des Clutter, dont on n'a toujours pas déterminé les auteurs[1]). Les facilités accordées par Dewey à l'écrivain pour suivre l'enquête de près, y compris les visites aux détenus en prison et l'accès au journal de Nancy Clutter, laissent supposer que ce dernier a embelli l'image du policier dans son roman, passant sous silence son manque de réactivité face au témoignage clé du détenu. On apprend aussi que l'auteur aurait favorisé auprès des studios d'Hollywood l'engagement de l'épouse de Duwey, pour une somme faramineuse, dans la production du film In cold blood tiré du roman. Mon opinion est que ceci n'enlève pas grand-chose à la valeur du récit proposé par Capote, car sans les facilités accordées par les autorités, policières ou autres, ce roman magistral n'existerait pas.



On sait que la lente descente vers les abîmes de Truman Capote à partir de 1966 est certainement liée aux liens qu'il a entretenus avec le prisonnier Pery Smith. Ils ont beaucoup conversé en tête à tête et il en est sorti épuisé au point de vivre l'exécution du condamné comme une délivrance. Le roman a dû coûter une grande énergie. Il est long, débute par la mise en scène des victimes et des tueurs quelques jours avant les événements, cite une multitude de confessions écrites et orales, se termine sur la pendaison des condamnés et leur derniers moments. C'est sobre, fouillé, complet. Le pire coexiste en l'humanité : poignant, inquiétant mais il est grand d'en faire un tel récit.



[1] En 2012, les corps de Hickock et Smith ont été exhumés afin de comparer leur ADN à des traces retrouvées sur les lieux du meurtre de la famille Walker. Ces examens rendus complexes par la dégradation des ADN n'ont pas permis de déterminer une culpabilité, mais à ce jour les deux hommes sont considérés comme des suspects plausibles. A l'époque des faits, le détecteur de mensonges, encore imparfait, les avait innocentés, comme il est raconté dans le roman.
Lien : http://www.christianwery.be/..
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