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EAN : 9782070704552
308 pages
Gallimard (14/11/1985)
3.75/5   85 notes
Résumé :
Joël, un petit garçon de douze ans qui n'a jamais connu son père parti pour on ne sait quelles mystérieuses aventures, est un jour rappelé auprès de lui. Ce père, qu'il a le plus grand désir de voir enfin, habite maintenant le Landing, une vieille maison perdue au fond d'une contrée lointaine...
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Dans la littérature de genre, pour peindre l'enfance innocente dans un monde d'adultes pervers, les gamins sont éventrés, violés ou énucléés dans une gigue horrifique qui se veut moralisante. Mais il faut avoir tout le génie de Truman Capote pour raconter le désespoir et la solitude à hauteur d'enfant, pour exprimer l'impuissance et l'abandon, au milieu d'adultes qui se détournent et d'une nature trop somptueuse pour ne pas être indifférente, où « des bancs de gardons cousaient l'eau comme des aiguilles »
À la fin du roman, Joel « s'arrêta et se retourna pour voir l'azur sans fleurs qui descendait, et le petit garçon qu'il laissait derrière lui. » : et de le savoir moins faible et moins innocent ne rassure pas le lecteur. Car les adultes comme les enfants veulent être aimés et comme eux sont rejetés : qui vous aimez voudra vous tuer quand il ne se sauvera pas et même vos rêves vous abandonneront.
Dans ce roman, on a autant pitié du pédophile que de sa victime et on plaint celui qui trahit pour toutes ses blessures reçues et à venir.
« Les Domaines hantés » est un roman somptueux et désespérant où tout amour fait souffrir mais où l'art, peut-être, console.
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Là encore, nous découvrons de profondes blessures laissées par l'abandon soit d'un père, soit d'une mère. le personnage principal, ici, est un jeune garçon de 12 ans prénommé Joël. Celui-ci n'a jamais connu son père puisque ce dernier l'a abandonné bien avant sa naissance, parti pour des aventures dont on ignore exactement la nature. Joël a donc grandi sans père jusqu'au jour où il reçoit une lettre déclamant que son père le réclame à ses côtés. Ce dernier habitant dans un coin perdu, la Landing, que ni car ni train ne dessert, entreprend donc ce voyage tout seul, apprenant à se débrouiller par ses propres moyens tant il est excité à l'idée de rencontrer enfin ce père qu'il n'a jamais vu. Aussi, quelle n'est pas se déception lorsque il arrive lorsque les personnes qui l'accueillent lors de son arrivée sont Miss Amy, le cousin Randolph et la jeune servante noire Missouri...bref, toutes les personnes habitant dans la vieille demeure sauf son père. À chaque fois que Joël demande à voir son père, on lui répond «Plus tard» ou «il n'est pas encore temps».
Le temps passe et le jeune garçon va très vite se lier d'amitié avec Ibabel et Florabel, deux soeurs de son âge au caractère complètement opposé puisque l'une est un véritable garçon manqué tandis que assez distinguée.
Bien que Joël s'habitue à sa nouvelle vie et que tout le monde soit très serviable avec lui, le mystère de son père le hante. Pourquoi celui-ci l'a-t-il réclamé à ses côtés s'il ne souhaite pas le rencontrer ?
Que lui cache-t-on au juste ?
Une fois encore, le génie de Capote se fait sentir dans son écriture. Il laisse planer le mystère jusqu'au bout et intrigue le lecteur au fur et à mesure de sa progression dans le roman. Les personnages sont attachants et l'auteur sait parfaitement rendre compte des sentiments humains.
Magnifique ouvrage !
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Les domaines hantés est le premier roman publié de Truman Capote, celui qui lui fera connaître le succès en premier. Et ben c'est mérité, je vous le dis!

Une ambiance hyper soignée, c'est à la fois gothique et burlesque, et ça baigne dans les marais de Louisianne sur une musique de violon fou et grinçant! On suit notre jeune héros parti à la rencontre de son père qu'il n'a jamais connu et qui va découvrir une maison digne des films les plus lugubres, apercevoir un fantôme derrière une fenêtre, rencontrer des jumelles aussi différentes qu'étonnantes et un ermite habitant dans un vieil hôtel en ruine où rodent des spectres inquiétants, le tout nourri de vaudou et de culture des esclaves noirs. Bref, je pense que le terme de chef-d'oeuvre n'est pas volé, en gros c'est comme la princesse et la grenouille réadapté par Disney, mais en 100 fois mieux et sans les chansons sirupeuses!

Au cas où je n'aurais pas été claire, je vous le conseille à 200%.
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Encore une merveille dans laquelle il faut un petit moment pour pénétrer (une trentaine de pages).

A la mort de sa mère, un jeune garçon, Joel, est expédié chez un père qu'il n'a jamais vu.

Parvenu dans un domaine à l'écart de la société, il parcourt le chemin de l'abandon au milieu de figures et de paysages imprévus, mystérieux, menaçants.

Plusieurs guides le conduiront tour à tour : une généreuse domestique pleine de rêves, une enfant révoltée, un être mi homme mi femme, manifestant en alternance la sagesse d'un bouddha et l'égarement de l'amour perdu.

Joel trouvera-t-il sa route ?
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Préface de Maurice Edgar Coindreau, 1949, pour "Les domaines hantés" de Truman Capote :
L'oeuvre de Truman Capote est empreinte de désespoir et la tristesse en est d'autant plus poignante que, par instants, un sourire d'espièglerie en trahit l'extrême jeunesse. L'enfance n'est pas si loin de lui, qu'il ne s'en puisse rappeler les gaîtés et les sortilèges. mais la vie, le monde et ses malices, lui ont montré ce qui se cache sous les masques.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Quand il fut vide, Joel prit le bocal pour attraper des fourmis. Les Pieux Insectes, les appelait Randolph qui dit :
- Elles me remplissent de tant d’admiration, mais de tant de tristesse aussi. Quel esprit puritain dans le déroulement aveugle de leur divine industrie. Comment un gouvernement aussi anti-individualiste pourrait-il admettre la poésie de ce qui dépasse l’entendement ? Sans aucun doute , celle qui refuserait de transporter sa petite miette verrait des assassins à ses trousses et pourrait lire sa perte dans chacun de leur sourire. Pour moi, je préfère la taupe solitaire ; elle, au moins, n’est pas une rose esclave de son épine et de ses racines, elle n’est pas non plus un fourmi dont la vie est organisée par l’inaltérable troupeau ; aveugle, elle va son chemin, sachant que la vérité et la liberté ne sont que des attitudes de l’esprit.
Il se lissa les cheveux et se mit à rire, de lui-même aurait-on dit.
- Si j’étais sage comme la taupe, si je connaissais la liberté et l‘égalité, oh ! alors, de quel magnifique bordel je pourrais être la maquerelle ! Plus vraisemblablement, je finirais comme Madame Qui Vous Voudrez, une grosse mère avachie avec un mari obtus, toute une marmaille, et un pot-au-feu sur la cuisinière.
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J’étais si petite que je pouvais m’asseoir dans la corbeille à ouvrage de ma mère, et en plaisantant elle me disait que je pourrais passer par le chas de son aiguille ; Maudy avait un amoureux qui pouvait me balancer dans le creux de sa main, et à dix-sept ans j’étais encore obligée de m’asseoir dans une chaise de bébé pour manger à table. On me disait que je n’étais pas obligée de jouer toute seule, qu’il existe d’autres petites gens, que je n’avais qu’à les chercher dans les fleurs où ils habitent. J’ai arraché bien des pétales, mais les lilas sont des lilas, et dans toutes les roses que j’ai vues il n’y avait jamais personne ; l’os à souhaits ne laisse qu’une tache de graisse, et dans les sabots de Noël on ne trouve que des bonbons. Quand j’eus vingt ans, maman pensa qu’il n’était pas juste que je n’aie pas d’amoureux. Elle prit sa plume et écrivit sans plus attendre à une agence matrimoniale de Newark, New-Jersey. Et croiriez-vous qu’un homme s’est présenté pour m’épouser ; seulement il était bien trop grand et trop vilain, et il avait soixante-dix-sept ans. Et néanmoins, je me serais bien mariée avec lui, seulement quand il a vu que j’étais si petite, il m’a tiré sa révérence et il a reprit le train pour s’en retourner d’où il venait. Je n’ai jamais trouvé personne de tout petit qui fût gentil. Il y a les enfants mais parfois je me mets à pleurer quand je pense que les petits garçons deviendront grands.
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Aussi, parfois était-il sur le point de lui confesser son amour, mais il est toujours dangereux de laisser voir aux gens à quel point on les aime, à quel point on les connaît. Supposez, comme il l’avait souvent fait, que vous soyez enlevé, la meilleure défense n’est-elle pas de laisser le ravisseur ignorer que vous savez qu’il est en un. Si la dissimulation est la seule arme, alors un traître n’est jamais un traître : on garde le sourire jusqu’à la fin.
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Notre suprême désir c’est qu’on nous tienne…qu’on nous dise…que tout (tout est une drôle de chose : le lait de l’enfant, les yeux de papa, les bûches ronflantes dans le froid du matin, les hiboux, le camarade qui fait pleurer après l’école, c’est les cheveux de maman, c’est avoir peur, et les figures grimaçantes sur le mur de la chambre)…que tout finira par s’arranger.
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Nous ne sommes pas nombreux à savoir que l'amour est fait de tendresse, et que la tendresse n'est pas, comme beaucoup de gens se l'imaginent, synonyme de pitié. Et cependant on sait encore bien moins que le bonheur en amour ne consiste pas à concentrer toutes ses émotions sur une autre personne. Il faut toujours aimer un grand nombre de choses dont l'objet aimé n'est en définitive que le symbole. Les vrais aimés, dans ce bas monde, sont, aux yeux de leurs amants, l'épanouissement d'une grappe de lilas, les feux d'un navire, les cloches d'une école, un paysage, le souvenir de conversations, des amis, le dimanche d'un enfant, des voix perdues, un costume favori, l'automne et toutes les saisons, la mémoire, oui, la mémoire, terre et eau de notre existence.
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Videos de Truman Capote (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Truman Capote
En mai, ce qui nous plaît, c'est de lire de bonnes bande dessinées : de celles qui nous emportent, qui nous bouleversent, qui nous renversent. Voici donc venue la fin du Chant des Asturies. le tome 4 signe la conclusion d'une oeuvre majeure de l'histoire de la bande dessinée espagnole. Vous découvrirez aussi le retour de Truman Capote à Garden City, la ville où se sont déroulés les meurtres qu'il a explorés dans de sang-froid. Et parmi les nouvelles éditions : Sophie, oeuvre majeure de Muñoz et Sampayo, sera enfin réédité. Et trois titres rejoignent notre collection de poche : Les Ignorants, Martin Eden et Sang Noir.
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