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Critiques de Ugo Bellagamba (97)
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Tancrède : Une uchronie

Ceci est ma première critique de livre, j'escompte une certaine indulgence de votre part, chères lectrices et chers lecteurs qui auront pris le temps de lire cette critique.

Tancrède se veut une uchronie est c'est surtout vraie pour ce qui est de sa seconde partie, intitulée les Assassins, mais j'y reviendrai plus tard.

En préambule du roman, l'auteur nous prévient qu'il a retranscrit ici des archives auxquelles il a eu accès par hasard, pour nous faire croire à une certaine historicité des faits qu'il décrit. Le personnage de Tancrède est donc un descendant des nobles Normands ayant conquis la Sicile et le sud de l'Italie à la fin du onzième siècle de notre ère, c'est même cela qui m'a incité à l'acheter chez mon bouquiniste préféré rouennais, Le Rêve de l'Escalier. Il poursuit son oncle quand il décide de prendre part à la première Croisade et traverse avec lui l'Empire Byzantin et le Levant. Sauf qu'il s'avère sans doute bien plus pur dans sa foi que ses acolytes dans cette quête, ce qui l'amènera peu à peu à renier ses engagements vis-à-vis de son suzerain, pour devenir un traitre aux Croisés dans la mesure où il décide de prendre un posture bien plus "humaniste", opposée à la barbarie de ses coreligionnaires. Deux massacres et sacs de villes vont lui permettre de faire ce cheminement, à tel point qu'il va fonder sa propre armée et se retrouver parmi les Infidèles pour défendre Jérusalem, le but de son épopée. D'où le titre d'Apostat pour cette première partie, car il va peu à peu renier sa foi. C'est cette première partie que j'ai préféré car elle prend des attraits de roman historique où l'on rencontre des figures emblématiques de la première Croisade comme Godefroy de Bouillon ou Pierre le Petit, l'Illuminé qui avait mené la Croisade des Gueux quelques temps avant la Première Croisade. Le fait que l'auteur y fasse référence à des côtes de manuscrits est bien vue, et nous laissera croire à une source historique.

Même si les ferments de l'uchronie sont déjà dans la première partie, c'est vraiment dans la seconde que cela prend son ampleur. Mais je dois dire qu'elle est bien moins bonne que la première et que notre fameux Tancrède converti à l'Islam devient un tueur d'une société secrète d'assassin et en devient le chef. Il va ensuite mené la danse pour la réunification des musulmans en dépit de leurs schismes et de leurs ethnies pour lancer le jihad. Il sera aidé en cela par un autre croisé membre de cette organisation et qui mettra au point des machines de guerre capable de décimer des armées entière, grace aux manuscrits de savants grecs. Passent encore les soubresauts géo-religio-politiques et les quelques avancées technologiques, mais j'ai un peu tiqué pour cette confrérie d'Assassins car cela m'a énormément fait penser au jeu vidéo Assassin's Creed. Le point positif c'est que l'on y explique tout de même toutes les subtilités du monde musulman entre chiites et sunnites, l'opposition entre le califat de Baghdad et celui du Caire, ce qui est assez intéressant. Comme lu dans une autre critique, il y a beaucoup plus d'ellipses dans cette seconde partie que j'ai lu avec moins de plaisir que la première. Cela reste un bon divertissement, avec une écriture assez simple et directe, mais comme ce livre ce veut avant tout un journal de bord de Tancrède, c'est en même temps normal. À lire en écoutant les chants des Templiers de l'ensemble Organum de Marcel Pères par exemple.
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Utopiales 2012

Je n’ai pas du tout accroché à ce recueil de Nouvelles.

Toutes ces Nouvelles ressemble à des longs monologues, ennuyeux, plats et embrouillés. Ensuite, j’ai eu du mal à voir de la science-fiction dans ces histoires. Des récits étranges certes, mais bien loin des thématiques mentionnées au départ :

- l’histoire avec l’exploration du monde quantique est incompréhensible et trop courte pour s’y intéresser.

- idem pour le désinventeur, qui aurait pu être marrant et passionnant et qui est finalement plat et sans saveur.

- l’histoire sur l’accident nucléaire en Italie est également sans queue ni tête

Je ne citerai pas non plu les autres histoires un peu du même acabit.



Il ressort seulement de ce recueil, « la fin Léthé » qui est plutôt une Nouvelle réussie avec une chute étonnante même si elle est attendue. Cela donne une image assez angoissante de ce que peuvent ressentir ces gens touchés par cette maladie.
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Tancrède : Une uchronie

Nous voici partis pour la première croisade, guidée par Godefroy de Bouillon. Nous lisons le journal d'un jeune chevalier exalté, Tancrède, qui vit dans l'absolu - donc difficile à comprendre vraiment pour moi. Nous le voyons réagir aux atrocités et aux "arrangements" politiques dans ce qui devrait être selon lui une guerre d'un tout autre genre. Il se rend compte là que l'honneur et l'amour de Dieu ne sont pas vraiment dans le camp qu'il croyait et finit par se retourner contre ses anciens alliés.

La deuxième partie, l'uchronie, le voit vivre parmi les Assassins, une secte chiite, qui a des ambitions politiques. Cette partie m'a moins accrochée car Tancrède y est à nouveau sûr de lui, de ce qu'il doit faire, moins intéressant finalement.

Ce livre est un curieux mélange d'exaltation de la foi et de géopolitique et on ne sait jamais trop sur quel pied danser. Ce grand écart n'est pas toujours facile à comprendre et à apprécier.
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Le double corps du roi

Des romans de fantasy inspirés par la période médiévale, je pourrais t’en citer vingt-cinq mille milliards – à un ou deux près – qu’on aurait à peine effleuré le début du commencement d’une liste exhaustive. Des romans de fantasy inspirés par un médiéviste, le décompte tient sur une main, voire un seul doigt. Et t’avoueras que deux corps de roi sur un index, ça se pose là dans la catégorie prouesse d’équilibriste.





Si tu as lu les travaux d’Ernst Kantorowicz, il ne t’aura pas échappé que Le double corps du roi leur fait écho. Si tu ne les as pas lus, même chose, vu que le nom du père Kanto est cité en quatrième de couverture. Alors par contre, dans le second cas, tu n’es pas plus avancé sur le rapport entre les deux œuvres…

Pas de panique ! Il se trouve que j’ai lu Kantorowicz durant mes vertes années estudiantines, je vais donc pouvoir t’en toucher un mot pour contextualiser le bazar.

Son grand œuvre, à Ernst, c’est un bouquin sorti en 1957 et intitulé The King’s Two Bodies. A study on medieval political theology. Ouais, en histoire, on considère que plus l’ensemble titre/sous-titre est long, plus ça fait sérieux. Bref. Enfin pour le coup, non, dans le genre bref, c’est raté…

Dans les années 50, on le sait tous, les galères américaines mettent très longtemps pour rejoindre le Vieux Continent à la force de leurs petites rames. Il faut donc attendre 1989 pour une traduction française sous le titre Les Deux Corps du Roi. Deux corps, double corps, ça va ? Tu suis ?

Excellent, l’ouvrage fait partie des incontournables aux côtés de La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II de Fernand Braudel et Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 d’Emmanuel Le Roy Ladurie.

Pour résumer à grands traits son propos, Kantorowicz traite de la conception médiévale de la personne et de la charge royales, leur représentation, leur symbolique, leur construction. Cette “théologie politique” vise à assurer la continuité du pouvoir via la transmission du bousin monarchique d’un souverain à son successeur dans un cadre posé comme légitime.

La thèse de Kantorowicz est que le roi possède deux corps. Le premier, comme tout un chacun, est physique et mortel. Quand il claque, “le roi est mort”, fin de partie pour lui. Le second, le corps politique, est immortel et se transmet au suivant de la lignée. “Vive le roi”, le nouveau, qui vient de passer par la case départ et rafler la mise constituée du pouvoir royal et du royaume.

En deux mots, une histoire de continuité et de légitimité.





Ugo Bellagamba (La Cité du Soleil) et Thomas Day (La Voie du Sabre, L’instinct de l’équarrisseur) partent de cette base pour ouvrir Le double corps du roi sur une rupture.

À Déméter, Absû Déléthérion fomente un coup d’État, bute le roi Yskander et se proclame régent. Sauf que voilà, régent, par définition, c’est de l’intérim, du temporaire. Pour garder les miches sur le trône, il lui faut légitimer son pouvoir. Avec une expérience de régicide sur son CV, sa candidature s’annonce mal engagée. Déléthérion a bien la force pour lui et aucun scrupule à l’utiliser, mais le règne de la terreur s’annonce usant, à surveiller et déglinguer tout et tout le monde. Il préfèrerait être reconnu comme souverain légitime et régner pépère avec l’appui des castes qui tiennent le haut du pavé.

La solution ? L’équivalent local des regalia. Les rois de France recevaient lors de leur sacre un barda de couronne, sceptre, épée, main de justice, éperons et manteau assez grand pour servir de chapiteau, ceux de Déméter se contentent d’une armure. Mais attention, pas n’importe laquelle, une forgée par un dieu : l’Héraklion. Symbole royal et symbole religieux, légitimité assurée. En plus, on ne parle pas d’un plastron standard de troufion. Rien moins que l’armure d’Iron Man croisée avec celle d’un chevalier d’or de Saint Seiya, ou à peu près.

Sauf que pas de bol, Égée Seisachtéion, pote de feu le roi, s’est fait la malle au fin fond de la jungle avec ladite armure pour la remettre à l’héritier légitime : l’enfant d’Yskander.





Tu l’auras compris à la lecture de ma version remasterisée de la quatrième – toujours plus fun qu’un bête copier/coller – le roman porte bien son titre de Double corps du roi. Le cœur de cette épopée, c’est une course entre Égée et Déléthérion pour faire coïncider un corps physique et un corps symbolique.

En vérité, ce bouquin dans sa totalité repose sur la notion de dualité (et le premier qui me sort “y a deux auteurs, lol” finit empalé au sommet d’une colline).

Le genre, tu te dis qu’il relève de la fantasy et en même temps, les éléments de SF abondent. La fameuse armure est un pur concentré de technologie qui pourrait avoir été conçu par les ateliers Stark Industry. À cheval entre les deux genres, je citerai les Eizihils, un peuple de guerriers insectoïdes qui ne dépareilleraient ni dans la gamme Dark Sun d’Advanced Dungeons & Dragons (les thri-kreen) ni dans Étoiles garde-à-vous ! de Robert Heinlein (Starship Troopers en VO).

“Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.” La citation d’Arthur C. Clarke qui ouvre le roman pose d’entrée les bases de l’environnement, mi-antique-médiéval mi-futuriste. Pas anodin pour un roman sorti en 2003, en pleine période charnière niveau informatique et numérique. Je peux te dire que cette année-là en France, le rapport aux “nouvelles technologies” tenait encore de la magie. À peine un foyer sur deux équipé en ordinateur, le boom d’Internet n’aurait lieu que deux ans plus tard, pas encore de génération élevée aux mamelles du web et du smartphone. À l’époque, quand tu arrivais quelque part en disant “je m’y connais en informatique”, on te regardait comme un initié, un puissant sorcier 1.0, un prêtre du binaire implorant les bytes. Tu pratiquais l’imposition des mains sur le clavier pour guérir les bugs de Windows. Grâce à ta maîtrise de la langue des arcanes, tu rédigeais des grimoires que tu métamorphosais en pages web. Tel Merlin, Gandalf et Garcimore, tu étais un être de légende : un magicien !

Cette séquence souvenir pour dire deux choses. D’une part, évoquer la dualité science/magie présente dans le roman et, à travers elle, les notions de perception et d’interprétation. D’autre part, souligner que le rapport à la croyance magique n’est pas l’apanage des sociétés anciennes, il s’agit d’un thème intemporel (façon polie de dire qu’au XXIe siècle, on n’a pas beaucoup évolué pour se comporter encore comme des gros arriérés superstitieux).





Dualité enfin sur le schéma nature/culture qui oppose la Canopée et Déméter. Côté Déméter, de la référence lourde : Kantorowicz et les monarchies médiévales, une onomastique qui fleure bon la Grèce antique dans les anthroponymes comme les toponymes, une société tripartite bellatores-oratores-laboratores à la Dumézil… Soit une société hyper organisée et très avancée sur le plan technologique, mais inégalitaire et pas du tout portée sur la mobilité sociale, avec en prime un rapport à la nature fondé sur l’exploitation et la domination. En face, la Canopée fait figure d’utopie qui se rattache au corpus sur le “bon sauvage”. Symbiose avec la nature, coutumes qui paraissent délirantes aux yeux des “civilisés” et le tralala habituel de choc culturel.





Du double à tous les étages, truffé de références dans ses inspirations et influences. L’ensemble est construit et écrit avec intelligence, ce qui permet au roman de ne pas se limiter à un patchwork d’emprunts.

Le double corps du roi a aussi le mérite d’aller à l’essentiel. Chacune des trois parties qui composent le récit aurait pu, en d’autres mains, devenir un tome complet, avec world building à foison, bataillons de personnages, intrigues secondaires hors-sujet… Pour quoi faire ? Le roman raconte tout en 400 pages rythmées, avec une unité d’intrigue qui évite la dispersion et le remplissage ennuyeux.

À l’image des mythes grecs, le résultat est épique et tragique. Violent, aussi, à travers ce côté gore qu’on trouvait déjà dans l’Iliade et son festival de poitrines transpercées, dents éclatées à coups de lance et langues tranchées. L’esprit d’Homère sous une forme moderne.
Lien : https://unkapart.fr/le-doubl..
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Tancrède : Une uchronie

Pour le dire clairement, j'ai beaucoup aimé la partie historique, et j'ai soupiré devant la partie uchronique. La description de l'itinéraire d'un jeune croisé idéaliste se confrontant à la real-politik et aux réalités des massacres est très bien restituée et intéressante. On connaît l'existence des croisades, mais sans savoir forcément toutes ses étapes - et tous ses massacres et ses horreurs, décrits ici au plus près, dans la lignée du courant scientifique de l'histoire-bataille. Les réflexions sur la tolérance religieuse et la quête de sens, sont bien amenées, le cheminement spirituel du héros est crédible.

Mais c'est à partir du basculement dans l'uchronie que j'ai moins adhéré à l'histoire. En effet, j'ai eu l'impression que l'auteur voulait "caser" la secte des Assassins, en utilisant une société secrète agissant dans l'ombre, pour reprendre des thèmes assez actuels. Au contraire du début, les transformations du héros d'assassin en formation à chef de la secte et à quasi prophète ne sont pas assez creusées pour être crédibles, peut-être parce que ces chapitres reposent sur des ellipses. Ce sujet était passionnant pourtant, mais il ne fait que l'effleurer dans ses carnets.

Un sentiment mitigé donc, dommage car j'avais vraiment aimé la première moitié.
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Civilisations n°5 : Les Vagabonds du Rêve

Un joli petit recueil de nouvelles qui vous aidera à passer le temps à n’importe quel moment de la journée, voire de la nuit, entre deux métros, entre deux trains (quand il y en a), entre deux plats au restaurant.



Par exemple, vous avez dégusté votre apéritif, et en attendant l’entrée, que le cuistot prépare amoureusement en ôtant l’emballage des barquettes achetées au traiteur du quartier qui lui-même se fournit dans une charcuterie industrielle, je vous conseille L’obscurité entre les étoiles d’Estelle Faye.



Un voyage en compagnie de Juan qui traverse l’Altiplano, en provenance de Bolivie et vient de mettre le pied au Chili. Il est frêle, mais courageux, et redoute toutefois les douaniers, la police, car il est un clandestin recherchant du travail. Il se réfugie pour la nuit dans une cabane et l’Inca, la figure légendaire de l’Altiplano, fait son apparition. Au petit matin, Juan se rend compte que traverser la Panaméricaine sera aussi difficile, sinon plus, et dangereuse que traverser les Andes sous la froidure.



La venue de l’entrée se laissant désirée, probablement que le cuisinier est confronté à des problèmes d’emballage résistant, plongeons-nous, oui j’en profite pour vous accompagner pendant la lecture, dans la nouvelle suivante, Une araignée au bout du fil de Dounia Charaf, qui nous propulse dans le désert, lequel pourrait être marocain. Nous voyons évoluer trois personnages, un spationaute et une policière accompagnée de son droïde. Le spationaute est à la recherche d’une jeune fille, la fille du gouverneur d’une station spatiale. A-t-elle été kidnappée, s’est-elle enfuie ? Alors que certains recherchent la quiétude d’un monde superficiel, d’autres s’en échappent revenant à la dure réalité et aux difficultés, mais dans un esprit de liberté.



Enfin nous sommes servis, je me suis effrontément installé à votre table afin de profiter de ce recueil dont le sommaire est plus appétissant et plus diversifié que le menu du supposé restaurant. Puis en attendant que le maître-queux procède à la décongélation du plat principal, je vous l’ai dit, la carte proposée est assez restreinte, du plat signé d’un célèbre cuisinier dont la figure est apposée sur les produits élaborés dans une cantine industrielle, reprenons notre lecture.



Et comme je suis d’humeur enjouée, malgré l’attente, je vous conseille Une nuit facétieuse de Chantal Robillard. Une quarantaine de congressistes débarquent à Venise afin de visiter la ville, la lagune, Murano, et éventuellement papoter selon un temps imparti. Justement en parlant de temps, il fait froid et la lagune est gelée. Alors pourquoi ne pas se rendre en cette île célèbre pour ses verreries à pied sur la glace, proposition du guide.



Le plat rapidement expédié, il ne valait pas le temps passé à une dégustation, reprenons notre lecture en attendant le plateau de fromages, des pâtes molles sans odeur, sans saveur, fabriquées à base de lait pasteurisé au lieu du bon vieux lait cru honni par les paranoïaques des bactéries.



Morgane Marchand dans La nuit avant l’envol nous offre un texte onirique, parabole de la chenille et du papillon ou de l’enfant et de l’adulte tandis qu’Andrea Lalex nous incite à suivre Nora, dans Point de vue, dans son devoir de mémoire. Perpétuer le Grand Cataclysme dans l’esprit et le cœur des hommes. C’est une marcheuse infatigable, et si certains la surnomme Nora la folle, les histoires qu’elle raconte sont fort prisées, même si on n’y croit guère.



Je quitte à regret ces quelques belles pages, et à peine le doigt levé que la note est déjà arrivée. Apparemment on est pressé de se débarrasser de moi maintenant. Ce qui m’arrange, je vais me poser sur un banc dans le parc voisin et vais pouvoir continuer déguster ce recueil en toute sérénité sous un arbre ombrageux. Car d’autres belles histoires m’attendent, écrites par des auteurs connus et reconnus, ou par de nouvelles plumes qui valent largement le détour, mettant leur talent pour développer un thème qui offre bon nombre de possibilités.



Et pour quoi ne pas suivre mon exemple ? Vous pouvez vous procurer ce volume en vous rendant sur le site de l’éditeur dont l’adresse est dans le lien ci-dessous.







Sommaire :



FAYE Estelle : L'obscurité entre les étoiles



CHARAF Dounia : Une araignée au bout du fil



ARRECHI Alberto : Rêve en haute mer



EHRENGARDT Renaud : Utoña



REY Timothée : Coucher de soleil sur Xkurulub



MONRAISSE Bérangère : Porteur de lumière



MARCHAND Morgane : La nuit avant l'envol



LARUE Ïan : Tête de hibou



DAVERAT Loïc : Poubelle la vie



ANDREVON Jean-Pierre : Scant



ROBILLARD Chantal : Une nuit facétieuse



MORENCY A.R. : Galéné



ANDREA Lalex : Point de vue



CERON GOMEZ Céline : Klaziennes



MARINES Johanna : Panem & Circenses



BAYLE Pascal : La dernière nuit du monde



SEDAN Mara : Eiréné



STEWARD Ketty : La mauvaise herbe



BELLAGAMBA Ugo : Sur la route d'Alcalà




Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Tancrède : Une uchronie

Je tiens à remercier l'auteur pour le bon moment passé en lisant son livre. Il est certainement un peu convenu de remercier, mais je tenais à le faire. Il est très agréable d'avoir une bibliographie à la fin de l'ouvrage (pour une uchronie), car cela permet d'aller voir d'un peu plus près, de creuser le sujet. Certains auteurs médiatiques de romans historiques (je ne citerais pas de noms) ne le font pas. En effet, pour un roman qui aborde un sujet historique, il me semble intéressant, après coup, de pouvoir en savoir un peu plus sur l'intrigue et sur les personnages, et si possible en allant voir aux sources utilisées par l'auteur lui-même.



En tout cas c'est très agréable à lire. Un reproche que je pourrais toutefois formuler est la lenteur avec laquelle je suis entré dans l'histoire. En effet, le début m'a semblé un peu long, jusqu'à ce que l'histoire se mette en place. Sinon, je trouve l'évolution psychologique du personnage de Tancrède très bien rendue. Je n'en dirais pas plus sur l'histoire que le résumé de l'éditeur ci-dessus (il faut découvrir le livre). Peut-être les scènes de combat sont aussi trop démonstratives.



Les Croisades sont le coeur de l'histoire et l'auteur a voulu (il me semble) donner une certaine profondeur aux événements historiques tout en ajoutant des éléments classiques en science-fiction (comme les Musulmans qui détiennent des armes "futuristes"). Le rapport des personnages à la religion, à leur perception de l'autre est une réussite indéniable du livre. C'est d'actualité en un certain sens (et en surinterprétant peut-être la volonté de l'auteur).



Je dirais que l'histoire est plutôt prenante. J'ai lu le roman assez rapidement, ce qui est rare me concernant. Les personnages sont assez bien réussit. Pour autant, le livre étant court, il ne faut pas s'attendre à une psychologie très recherchée. C'est même parfois caricaturale. C'est aussi le contexte de l'histoire qui veut ça.



D'une manière générale, j'ai beaucoup apprécié ce roman. Les prix obtenus sont mérités. Malgré tout, j'ai été un peu déçu par des passages qui manquent de profondeurs et de subtilités (parfois ennuyeux, mais ça passe vite !). Aussi, l'intrigue est longue à se mettre en place, ce qui rend ennuyeuses les premières pages.
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L'origine des victoires

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Je ne sais pas si j'ai apprécié cette lecture ou non.

Des femmes luttent contre le Mal (le mâle ?). Elles s'appellent les Victoires, sont éduquées, formées au combat, à la communication. Pourtant, pourtant... N'est-ce pas une cause vouée à l'échec ?

Bellagamba présente 11 Victoires, directement ou non.(8 qui donnent leur nom aux chapitres) et 3 qui apparaissent dans le corps du texte. Elles sont de toutes les conditions sociales, toutes ne sont pas présentées en plein combat, toutes ne savent pas ce qui les attend ; cela offre une grande diversité de tableaux et de personnages féminins.

Toutes les nouvelles ont des résonances les unes avec les autres, ce qui contribue à créer une sorte de cohérence et de chronologie, de lien des Victoires entre elles depuis la préhistoire jusqu'au vaisseau spatial.

Malgré tout, je n'ai pas réussi à me plonger entièrement dans ces nouvelles, sans vraiment savoir pourquoi. C'est bien écrit, les personnages bien incarnées, et diversifiées, les paysages du sud de la France chaud et beaux. Mais il m'a manqué un "je-ne-sais-(vraiment)-quoi" pour vraiment apprécier.
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Le double corps du roi

Thomas Day et Ugo Bellagamba nous donnent à voir un univers dans lequel une civilisation très technologique (Déméter) s'oppose à une civilisation proche de la nature (la Canopée), à travers un conflit et une tragédie politique sanglants.

Certaines scènes du roman sont très violentes, mais cela ne l'empêche d'avoir des accents tragiques, bien au contraire, et d'être porteur de messages forts.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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L'origine des victoires

En huit chapitres, Ugo Bellagamba dépeint huit portraits de femmes à huit époques différentes. Toutes sont liées par la même cause : défaire l'Orvet, une entité maléfique qui prend possession du coeur des hommes et leur fait écouter leurs pires penchants. Elles sont ce qu'on appelle des Victoires.

Ce qui est assez ironique, quand on réalise qu'elles n'ont jamais gagné. Elles sont à peine un divertissement, pour leur ennemi. Un moyen de corser le jeu.



Sortant de la lecture de la Servante écarlate, j'ai eu du mal à rentrer dans le texte. Les deux premières histoires (Natacha et Euphoria) ne m'ont pas convaincue – moi qui attendais un peu plus d'action. Toutes deux sont assez similaires, puisqu'elles décrivent la jeunesse de deux Victoires qui ne connaissent pas leur nature et sont menacées par l'Orvet. Pourquoi les avoir mises côte à côte ?

C'est à partir de la troisième (Patrizia) que les choses se corsent. Enfin, les héroïnes prennent les choses en main ! Elles cessent d'être des victimes et on comprend comment elles font pour lutter. Ce n'est pas, comme on pourrait le croire, à coups de tatanes dans la figure. Mais à coups d'influences, auprès de la bonne personne et au bon moment. À coups d'écrits philosophiques, de débats. Leur but : éduquer la population. La tirer hors de son animalité.

Celle qui m'a le plus amusée est celle de Gloria. C'est également la plus motivante, puisque son parcours prouve qu'il est possible de lutter frontalement contre l'Orvet – la religion poussée aux extrêmes possède aussi des avantages.

Mais ma préférée, clairement, est Nadia. Non seulement parce qu'Ugo Bellagamba nous livre des scènes d'action fort bien ficelées, mais aussi par son changement de ton. L'humour y est plus grinçant, plus noir. Au fur et à mesure que l'histoire avance, cette gamine crâneuse qu'est la protagoniste gagne en profondeur. La commissaire qui l'interroge aussi – c'est une véritable partie d'échec qui se joue entre ces deux esprits. Et la conclusion, glaçante à souhait, nous la fait prendre en pitié.



Comme on pouvait s'y attendre avec ce style de roman, mon intérêt fut fluctuant en fonction des contextes. La qualité d'écriture était également excellente d'une histoire à l'autre – ça fait tellement plaisir d'avoir un vocabulaire si recherché –, malheureusement, les chapitres étant similaires à des nouvelles, on n'a pas le temps de s'attacher aux personnages, de se faire aux situations. J'ai eu l'impression de n'avoir fait qu'effleurer le sujet.



Mais, sous couvert d'écrire du fantastique, Ugo Bellagamba revient sur plusieurs drames historiques – que ce soient des guerres ou des massacres. Les Croisades ont maintenant une explication. Le charnier qu'est devenue la Terre Sainte aussi. L'esclavagisme. le racisme. Le nazisme. La xénophobie. Toutes ces horreurs ont la même origine. Qui n'est pas humaine.

Ça a quelque chose de rassurant et consolateur.

De déculpabilisant.



Une bonne lecture. Mais pas spécialement marquante. L'idée d'une société secrète luttant contre une entité diabolique a déjà été éculée.

J'ai cependant découvert une plume très intéressante – auteur à suivre...
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Le Petit Répertoire des légendes rationnelles

En ce qui me concerne, c'est une découverte car je n'avais encore rien lu de cet auteur. Ces nouvelles sont, sur la forme, assez maîtrisées. La langue est riche et belle. Mais ce qui me reste comme sentiment principal après lecture, c'est que ce recueil est vraiment trop inégal : quelques unes sont véritablement captivantes mais trop relèvent davantage de l'hommage maladroit, voire de la pochade...
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Tancrède : Une uchronie

Belle uchronie, bien documentée avec un bel effet bascule d'une vraie histoire vers une anticipation

qui interroge le lecteur sur l'engagement personnel et

la place de la religion. Mention spéciale aux machines d'Héron d'Alexandrie.
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Tancrède : Une uchronie

Avec Tancrède, une uchronie, Ugo Bellagamba nous compte joliment une histoire de la première croisade revisitée, où l'on suit Tancrède, chevalier idéaliste, poursuivant un rêve de paix aux chemins bien tortueux.

Une lecture plaisante et enrichissante. Même si il est difficile, si l'on est pas un spécialiste de l'époque, de faire la part du vrai et du romancé, une section de notes historiques aurait été la bienvenue...
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Tancrède : Une uchronie

Un croisé est sauvé par des Musulmans et fini par prendre fait et cause pour eux, il rejoint une société secrête de tueurs qui mettent tout en place pour répandre l'Islam sur le monde. Ce livre fait écho à l'époque actuelle

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Le double corps du roi

Choc en perspective ! D’un côté, il y a Ugo Bellagamba, universitaire spécialisé dans le droit, mais féru d’Histoire, et « accessoirement » membre de l’organisation du festival international des Utopiales de Nantes ; il a aussi « commis » Tancrède, une uchronie chez Les Moutons électriques. De l’autre, il y a Thomas Day, auteur de textes de science-fiction, fantasy et fantastique souvent durs et glauques, reconnu autant en tant qu’écrivain qu’en tant qu’éditeur, et maintenant scénariste de bande dessinée. Autant vous dire qu’un tel duo qui s’associe pour écrire de la fantasy, ça s’apprécie.



Le double corps du roi nous invite à un voyage surprenant. Le décor fait clairement penser à la Grèce antique, les technologies sont puissantes, les destins épiques et l’heure au coup d’État. Dès les premières lignes, nous sommes plongés dans l’action : le général Déléthérion s’allie aux Eizihils, des insectoïdes aux abois, pour renverser le monarque de sa cité, Déméter. Ledit monarque se défend comme il peut, mais seul survit son favori Égée Seisachtéion qui emporte avec lui l’armure royale, l’Hérakléion. De ce point de départ, le roman dérive sur deux axes principaux : l’organisation du royaume après le coup d’État (que choisir comme nouveau régime, par exemple) et l’organisation d’une résistance dans un environnement hostile aux confins du royaume (la Canopée est recouverte de forêts impénétrables et renferme bien des secrets).

En bon petit apprenti historien, quand j’entends « double corps du roi », je pense directement au XVIe siècle français qui a mis en valeur l’adage « Le roi est mort. Vive le roi » afin de concrétiser l’usage qui veut que le roi est à la fois une personne et l’incarnation d’une entité qui, elle, ne meurt pas mais est transmise au successeur (d’où l’importance de connaître l’héritier). Ici, certes, il y a cette idée qui traîne mais de là à dire que c’est un roman qui s’est construit sur ce concept, c’est poussé un peu trop loin, car le récit se focalise davantage sur des personnages complexes et cette situation de coup d’État qui l’est tout autant, même si le questionnement de la potentielle majesté des prétendants est posée.

La gêne posée par ce roman est peut-être concentrée dans l’Hérakléion, le véritable enjeu des confrontations. Cette armure royale est bien plus qu’un ornement, puisqu’elle recèle une technologie largement supérieure à ce qui peut se faire alentour et donne à son détenteur la possibilité de faire à peu près tout ce qui lui vient à l’esprit en terme de destruction massive. L’aspect super-héroïque joue à plein avec cet artefact… et, pourtant, à aucun moment, son utilisation n’est vraiment profitable à son détenteur : soit parce qu’elle le gêne, soit parce qu’il décide pour des raisons morales de ne pas l’utiliser et doit la cacher, la faisant devenir comme un poids à nos yeux de lecteur.



En somme, Le double corps du roi n’est pas la merveille qu’on aurait pu imaginée, mais c’est un roman très bien référencé et qui se lit avec grand plaisir.



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L'origine des victoires

Quand j’entends le mot « Victoire » – la majuscule est importante –, c’est la déesse Niké qui me vient à l’esprit et à l’une de ses plus célèbres représentations, la Victoire de Samothrace. Cette statue, exposée au musée du Louvres, représente une femme ailée debout fièrement à la proue d’un bateau. Et finalement, cette statue ne me semble pas très éloignée des Victoires que nous rencontrons dans L’origine des victoires.

Qui sont les Victoires ? Qu’elles combattent, apprennent ou séduisent, ce sont avant tout des femmes. Depuis des siècles, voire des millénaires, elles affrontent un ennemi invisible, l’Orvet, qui manipule l’humanité et les fils de son Histoire pratiquement depuis sa création. Cet être se repaît du chaos et de toutes nos émotions négatives : jalousie, colère, haine, peur, pour ne citer qu’elles. Par opposition, les Victoires cultivent leur force mentale et leur calme ; car, que peut-on opposer au chaos si ce n’est l’ordre ?

Avec ces Victoires, nous traversons les âges pour nous retrouver à des moments parfois anodins, parfois extrêmement importants, qui ont tous été marqués par un affrontement entre une Victoire et l’Orvet. Qu’importe le danger, aucune d’elles ne se dérobe à cette mission.



Dans ce court roman, Ugo Bellagamba nous fait voyager dans le temps. Nous rentrons dans l’esprit d’hommes qui, s’ils avaient fait un autre choix, auraient changé le cours de l’Histoire. L’idée est intéressante, mais pas si innovante.

Ce qui marque surtout, c’est le très bel hommage que l’auteur fait aux femmes, à toutes les femmes, sans distinction aucune. Les héroïnes de ce livre ne sont pas forcément extraordinaires, elles ne se ressemblent pas. Elles viennent de différents horizons et ont des cultures différentes, elles sont très jeunes ou plus âgées, elles utilisent des méthodes très différentes pour mener à bien leur mission, elles peuvent vivre longtemps comme mourir très jeunes. Rien ne semble les rassembler.

Et pourtant, elles ont un point commun. Il s’agit de leur volonté, plus ou moins affirmée, de protéger l’existence de l’humanité en réduisant au maximum l’influence de l’Orvet, du chaos en somme ; ce qu’Ugo Bellagamba nous prouve, c’est que nous en sommes tous – ou plutôt toutes – capables. Et c’est cette excellente leçon de vie que je retiendrai de ma lecture.
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L'origine des victoires

En voilà bien un nom pompeux : L’Origine des Victoires ! Derrière cette belle couverture de Casimir Lee, se cache le vibrant hommage aux femmes dans l’Histoire proposé par Ugo Bellagamba (auteur notamment de Tancrède, une uchronie, du Double corps du roi avec Thomas Day, et accessoirement, ancien directeur artistique des Utopiales de Nantes et actuel conseiller de l’organisation de Nice Fictions, ville où il est également enseignant-chercheur, bref, ça vous pose un auteur !).



Huit moments de l’histoire de l’humanité, voilà ce que nous propose Ugo Bellagamba ; huit moments pour découvrir un combat ancestral et diachronique où l’engagement des femmes n’en est pas réduit au féminisme tant décrié aujourd’hui. Passant de 1973 à 1932, en passant par 31 av. J.-C. et l’an 2032, l’auteur se permet de jumeler huit récits qu’on pourrait prendre comme huit nouvelles mais qui sont étonnamment liés sans jamais mettre en scène les mêmes personnages. Ainsi, nous suivons dans une forme de mouvement d’inexorable balancier entre les époques le destin de combattants contre l’influence toujours plus grande et dangereuse de l’étrange Orvet, puissance mystique qui a la possibilité de posséder l’esprit et le corps d’une certaine catégorie de la population et d’en faire ses orvets, ses jouets en somme. Face à lui, la résistance s’organise au fil des temps sous de multiples façons, et c’est l’occasion pour l’auteur de mettre en scène des résistances improvisées, des sociétés secrètes, des voyageurs solitaires, tout comme des vengeresses impitoyables. Elles s’appellent Euphoria, Nathacha, Patrizia et quantité d’autres prénoms possibles, et elles sont les Victoires qui nous ont défendu, nous défendent et nous défendront encore devant la puissance destructrice de l’Orvet.

Avec ce roman qu’ActuSF a bien fait de rééditer dans sa collection Hélios (bientôt La 8e colline de Rome du même auteur ?), nous ne pouvons pas dire qu’Ugo Bellagamba, avec ses références antiques méditerranéennes et son nom qui chante, se facilite la tâche. Le fait même de tenter l’aventure du diachronisme n’est déjà pas une mince affaire : comment lier efficacement une intrigue de roman se déroulant sur plusieurs dizaines de milliers d’années qui n’a aucune unité de lieu ou de temps ? Bien sûr, nous pourrions supposer que le thème, nouvelle variation du traditionnel « Ordre face au Chaos », suffit pour unifier le tout, ce combat épique et ancestral étant largement porteur ; nous pourrions aussi nous dire que finalement le véritable protagoniste est l’Ennemi, cet Orvet quasi imbattable, antagoniste pervers et vicieux qui traque ses adversaires jusque dans les recoins les plus intimes, et de fait l’auteur a choisi de le mettre en scène aussi directement en exposant ses pensées dans des paragraphes entiers en italique.

Pourtant, le véritable héros, ou plutôt héroïne, c’est le concept même de Victoire ; en effet, ces allégories antiques, largement réutilisées et adaptées depuis l’époque romaine, équivalaient quasiment aux Nikê grecques, symbolisant une victoire souvent militaire, parfois sportive, toujours politique et étant tout à la fois porteuses de trophées et trophées elles-mêmes. Ce sont ces victoires discrètes remportées au cours de l’Histoire que l’auteur a voulu mettre en valeur en usant très subtilement de ressorts de l’histoire cachée (le chapitre sur Thomas d’Aquin est sûrement le meilleur exemple), tout en se permettant de toucher lors de chaque nouveau récit à un genre supplémentaire. Ainsi, le lecteur en est-il pour son argent quand il découvre qu’il va agréablement parcourir un récit de type thriller où la course-poursuite ne peut mener qu’à des pertes humaines, un récit réaliste qui vire au cauchemar au sein d’une société secrète, un récit médiéval façon « Le Nom de la Rose » où les moines se demandent bien si la Gloria chrétienne les sauvera, un peu de cyberpunk futuriste, pour finir encore plus loin dans le space opera et la fantasy préhistorique. Je n’ai pas dit un seul mot du décor utilisé par l’auteur, il est vrai qu’il s’appuie largement sur sa connaissance de la Côte d’Azur en nous prenant par la main pour visiter Marseille, Digne, Nice et compagnie ; je n’en ferais pas un argument de vente, mais c’est toujours agréable de changer un peu des villes surpeuplées habituelles, des New York, Paris et Londres, ou des plans cinématographies les plus connus.



Dans L’Origine des Victoires, Ugo Bellagamba fait donc à la fois de la fantasy et de la science-fiction d’une façon peu classique, mais en y apportant un certain côté académique propre à dérouter autant qu’à éblouir.



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L'origine des victoires

Si vous vous posiez la question de savoir comment bien commencer votre année littéraire avec un bon livre à dévorer au coin du feu avec le chat sur les genoux, et bien je vous apporte la réponse avec cette chronique de L’Origine Des Victoires d’Ugo Bellagamba.

Déjà papa de quelques romans, c’est avec un livre en forme d’hommage aux femmes que l’auteur décide de nous présenter sa nouvelle œuvre et j’avoue que je suis assez fan de cette démarche.



Un de mes livres de chevet n’est autre que L’Enchanteur de Barjavel, un brillant roman arthurien qui place, avec délicatesse et poésie, les femmes au centre de son histoire. Alors certes, c’est dans un autre style qu’Ugo Bellagamba décide de faire de même, puisqu’il s’agit en vérité d’une sorte de recueil de nouvelles qui n’en est pas vraiment un, étrange non ? Disons que le livre se compose de six portraits que l’on peut lire dans n’importe quel ordre mais qui suivent tout de même un fil rouge. Ces portraits retracent le destin de ces Femmes, ces Victoires, qui combattent l’Orvet, un Être qui n’est ni un démon, ni un fantôme, simplement une entité venue du fond de l’univers et qui s’est retrouvée confrontée à son meilleur ennemi.

Les Victoires sont formées dans une école pour se battre contre cette entité qui s’insinue dans l’esprit des hommes et les corrompt depuis les origines de l’humanité. Elles n’ont pas d’autre but que d’accomplir leurs destins pour continuer la lutte, peu importe l’issue du combat. La Victoire n’a pas peur, elle se sacrifie sans tressaillir peu importe l’adversaire que l’Orvet contrôle, qu’il se présente sous les traits d’un prêtre ou comme un homme banal que nous pourrions croiser dans n’importe quelle situation.



Ces courtes histoires nous font traverser différentes époques (les plus importantes de la civilisation) et démontrent tout le talent de l’auteur à s’adapter au monde et à l’époque évoquée dans son texte. En plus de placer ses Victoires dans des contextes différents, Ugo Bellagamba n’hésite pas non plus à revisiter l’Histoire en nous présentant des personnages célèbres comme Eiffel, Thomas d’Acquin et Octavien qui seront accompagnés ou épaulés par ces combattantes et qui marqueront, grâce à elles, le monde de leur empreinte.

Par opposition, le mâle, lui, n’a pas franchement un rôle plaisant. L’Orvet fait ressortir tout ce qu’il y a de plus mauvais en lui, même si dans certaines histoires, la Femme est indispensable à l’Homme pour qu’il se surpasse et donne le meilleur de lui même. Elle le sublime parfois et l’aide à accomplir de grandes choses. D’autre fois, en revanche, elles n’auront pas d’autre but que de contrer des esprits faibles possédés par l’Orvet qui fera appel à leurs instincts les plus bas et les plus vils.

Pour en revenir à la structure du récit, il se présente d’une façon assez étrange.



Tout commence dans les années 70, où la Femme commence à véritablement prendre sa place dans la société, libre et sans complexe. Puis l’auteur remontera jusqu’à l’époque Romaine où une Victoire aura un rôle décisif dans le façonnement de Rome.

Puis il y a la partie science-fiction, qui nous transporte directement en 2031 où une jeune Victoire affrontera à elle seule une multinationale. Nous serons aussi plongés au cœur d’une planète où est orchestrée la destruction du Mal, avec la dernière Victoire encore vivante et presque humaine…

Ces portraits, intimes, se terminent sur la première Femme à affronter l’Orvet, point de départ d’un combat ancestral et qui sera aussi l’explication de ses agissements.

Chaque texte peut être lu dans des ordres différents même si j’ai personnellement préféré suivre la chronologie imposée par le livre.

Bien que tous ces textes se passent dans des lieux et des époques différentes, un point commun les unit : le courage et le sacrifice dont font preuve ces héroïnes. Trouverions nous aussi ces valeurs au fond de nous, si les rôles étaient inversés ? Je me pose encore la question.

Le style de L’Origine Des Victoires est quant à lui assez cru, car l’auteur n’hésite pas à employer des mots, des images ou des situations vraiment durs. Nous aimerions que tout se passe sans accrocs pour ces guerrières et il est difficile de les voir souffrir d’un Mal qui, finalement a toujours fait partie de nous et qui le restera pendant longtemps.



Au final, c’est avec un livre court mais non dénué de subtilité et d’habileté qu’Ugo Bellagamba rend un hommage que je n’avais pas trouvé aussi beau depuis L’Enchanteur de Barjavel, qui reste ma référence dans ce domaine.

Un roman beau, sans conteste, que tous les amoureux de la gente féminine trouverons sublime à coup sûr.



Zoskia




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L'origine des victoires

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L'Origine des Victoires est un fix up constitué de récits éclatés dont la succession ne tient pas compte de la chronologie, même si l'on fait en quelque sorte la rencontre de la première et de la dernière des Victoires. Chaque chapitre est dévolu à l'une de ces héroïnes froides et déterminées. Ces portraits de femmes sont fulgurants, figeant la Victoire à l'apogée de son allégorie. Ce sont les multiples facettes de la femme en général, mises en exergue par ce combat particulier contre le chaos. Cette lutte, pourtant à peine entraperçue entre les lignes des destinées de nos huit Victoires – et de leurs soeurs tout juste évoquées – est aussi fascinante que complexe, détaillée juste ce qu'il faut pour laisser l'imagination du lecteur travailler. La nature de l'humanité en général, mais plus particulièrement celle des femmes, est dépeinte avec brio dans ces pages.

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Utopiales 2009 : Anthologie

Voilà un recueil bien médiocre dans son ensemble. Heureusement qu’il m’a été offert, sinon je m’en voudrais beaucoup d’avoir dépensé 10€ pour si peu. Je suis malgré tout très satisfait d’avoir découvert deux ou trois auteurs dont je connaissais le nom sans en avoir jamais rien lu. Espérons que les autres volumes des anthologies des Utopiales sont de meilleure facture.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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