Citations de Umberto Eco (1507)
Pour survivre, il faut raconter des histoires.
Celui qui ne lit pas aura vécu une seule vie. Celui qui lit, aura vécu 5000 ans. La lecture est une immortalité en sens inverse.
Extraits d’un entretien avec Umberto Eco.
J'ai l'impression que l'enfer c'est le paradis regardé de l'autre côté.
Autrefois, j'étais indécis, mais, à présent, je n'en suis plus très sûr.
J'ai une compréhension presque catholique, c'est-à-dire universelle, envers la bêtise du monde. Mais je répète à chaque fois : si tout le monde était intelligent, chacun serait professeur de sémiotique à l'université de Bologne ! Il faut être très indulgent envers la bêtise, énorme, colossale, partout diffusée et qui explique parfois tant de choses.
Telle est la magie des langues humaines, que par un humain accord elles signifient souvent, avec des sons identiques, des choses différentes.
Autrefois, j'étais indécis, mais, à présent, je n'en suis plus très sûr.
Jusqu'alors j'avais pensé que chaque livre parlait des choses, humaines ou divines, qui se trouvent hors des livres. Or je m'apercevais qu'il n'est pas rare que les livres parlent des livres, autrement dit qu'ils parlent entre eux.
La notion de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu'on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. C'est vrai que cela arrive souvent mais la fonction essentielle de la bibliothèque , de la mienne et de celle de mes amis à qui je rends visite, c'est de découvrir des livres dont on ne soupçonnait pas l'existence et dont on découvre qu'ils sont pour nous de la plus grande importance.
Je considère de mon devoir politique d'inviter mes lecteurs à adopter face aux discours quotidiens un soupçon permanent dont certainement les sémioticiens professionnels sauraient très bien parler, mais qui n'a pas besoin de compétences scientifiques pour être exercé.
On ne doit pas transformer l'ordre des choses, même si l'on doit espérer avec ferveur sa transformation.
Dumas m'a accueilli avec grande cordialité. Il portait une veste de tissu léger, couleur marron pâle et il apparaissait sans nul doute comme le sang-mêlé qu'il est. La peau olivâtre, les lèvres prononcées, épaisses, sensuelles, un casque de cheveux crépus comme un sauvage africain. Pour le reste, le regard vif et ironique, le sourire cordial, la ronde obésité du bon vivant... Je me suis rappelé une des si nombreuses légendes qui le concernaient : un muscadin à Paris, en sa présence, avait fait malignement mention de ces théories de la dernière actualité, qui voyaient un lien entre l'homme primitif et les espèces inférieures. Et lui, il avait répondu : "Oui, monsieur, moi je descends du singe. Mais vous, vous y remontez !" (p.148)
- Adso, dit Guillaume, résoudre un mystère n'est pas la même chose qu'une déduction à partir de principes premiers. Et ça n'équivaut pas non plus à recueillir une bonne quantité de données particulières pour inférer ensuite une loi générale. Cela signifie plutôt se trouver en face d'une, ou deux, ou trois données particulières qui apparemment n'ont rien en commun, et chercher à imaginer si elles peuvent être autant de cas d'une loi générale que tu ne connais pas encore, et qui n'a peut-être jamais été énoncée.
Le sommeil diurne est comme le péché de la chair : plus on en a eu, plus on en voudrait, cependant qu'on se sent malheureux, rassasié et insatiable en même temps.
Deuxième Jour, Après Vêpres.
L'Allemand vit dans un état de perpétuel embarras intestinal dû à l'excès de bière, et de ces saucisses de porc dont il se gave. Je les ai vus un soir, lors de mon unique voyage à Munich, dans ces espèces de cathédrales déconsacrées, enfumées comme un port anglais, puantes de saindoux et de lard, deux par deux même, lui et elle, les mains serrées autour des bocaux de bière qui désaltéreraient à eux seuls un troupeau de pachydermes, nez à nez dans un bestial dialogue amoureux, comme deux chiens qui se reniflent, avec leurs éclats de rire bruyants et disgracieux, leur trouble hilarité gutturale, translucides d'un gras pérenne qui en oint les visages et les membres comme l'huile sur la peau des athlètes de cirque antique. (p.18)
Car c'est chose suprême
D'aimer sans qu'on vous aime,
D'aimer toujours, quand même,
Sans cesse,
D'une amour incertaine,
Plus noble d'être vaine...
Et j'aime la lointaine
Princesse !
Car c'est chose divine
D'aimer lorsqu'on devine,
Rêve, invente, imagine
A peine...
Le seul rêve intéresse,
Vivre sans rêve, qu'est-ce?
Et j'aime la Princesse
Lointaine !
Edmond Rostand
La mort et la beauté sont deux choses profondes
Qui contiennent tant d'ombre et d'azur qu'on dirait
Deux soeurs également terribles et fécondes
Ayant la même énigme et le même secret.
Victor Hugo
Une empreinte n'a pas toujours la forme même du corps qui l'a imprimée et elle ne naît pas toujours de la pression d'un corps. Elle reproduit parfois l'impression qu'un corps a laissée dans notre esprit, elle est empreinte d'une idée. L'idée est signe des choses, et l'image est signe de l'idée, signe d'un signe. Mais à partir de l'image je reconstruis, sinon le corps, l'idée que d'autres en avaient. [...] La vraie science ne doit pas se contenter des idées, qui sont précisément des signes, mais elle doit retrouver les choses dans leur vérité singulière.
Quatrième Jour, Après Complies.
Écrire c'est construire, à travers le texte, son propre modèle de lecteur.
Ne bâtis pas un château de soupçons sur un mot.