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Citations de Umberto Eco (1510)


Admirable forteresse, dit-il, qui résume dans ses proportions la règle de trois qui présida à la construction de l'arche. Bâtie sur trois étages car trois est le nombre de la trinité, trois furent les anges qui visitèrent Abraham, les jours que Jonas passa dans le ventre du grand poisson, ceux que Jésus et Lazare passèrent dans leur sépulcre; trois fois Christ demanda au Père que le calice d'amertume s'éloignât de lui, à trois reprises il s'isola pour prier avec ses apôtres. Trois fois Pierre le renia, et par trois fois il se manifesta aux siens après la Résurrection. Trois sont les vertus théologales, trois les langues sacrées, trois les parties de l'âme, trois les classes de créatures intellectuelles, anges, hommes et démons, trois les sortes de sons, vox, flatus, pulsus, trois les époques de l'histoire humaine, avant, pendant et après la Loi.
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Plus je deviens vieux et plus je m'abandonne à la volonté de Dieu, et de moins en moins j'apprécie l'intelligence qui veut savoir et la volonté qui veut faire : et je reconnais comme unique élément de salut la foi, qui sait attendre patiemment sans trop interroger.
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Je n'hésiterais pas à appeler bienheureux celui à qui serait permis d'éprouver quelque chose de semblable (murmurais-je comme dans le sommeil), fût-ce rarement, dans cette vie (et de fait, je ne l'éprouvai que cette fois-là), et à vive allure seulement, et pendant un court laps de temps. Comme si on n'existait plus, ne se sentir en rien soi-même, être ravalé, presque anéanti, et si quelque mortel (me disais-je) pouvait un seul instant et vivement goûter ce que j'ai goûté, aussitôt il regarderait d'un mauvais oeil ce monde pervers, serait troublé par la malice du vivre quotidien, sentirait le poids de son corps de mort...
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Je restai allongé, je ne sais combien de temps, la jeune fille auprès de moi. D'un mouvement léger, seule sa main continuait de toucher mon corps, maintenant moite de sueur. J'éprouvais une exultation intérieure, qui n'était point la paix, mais comme la dernière ardeur étouffée d'un feu qui tardait à s'éteindre sous la cendre lorsque la flamme est morte désormais.
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Tandis que, presque évanoui, je tombais sur le corps auquel je m'étais uni, je compris dans un ultime souffle de vitalité que la flamme consiste en une splendide clarté, en une vigueur innée et en une ardeur ignée, mais la splendide clarté elle la possède pour briller l'ardeur ignée pour brûler.
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Fontaine de jardin, nard et safran, cannelle et cinnamome, myrrhe et aloès, je mangeais ma gaufre et mon miel, je buvais mon vin et mon lait, qui était, qui était donc celle-ci qui surgissait comme l'aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons?
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Et tandis que je ne savais pas si la fuir ou m'approcher davantage encore, tandis que ma tête palpitait comme si les trompettes de Josué allaient faire crouler les murs de Jéricho, et qu'en même temps je désirais et tremblais de la toucher, elle eut un sourire de grande joie, émit un gémissement étouffé de chèvre attendrie, et défit les lacets qui retenaient encore sa robe sur sa poitrine, qu'elle fit glisser de son corps comme une tunique, et elle resta devant moi comme Eve devait être apparue à Adam au jardin de l'Eden.
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Elle portait une pauvre robe élimée de toile écrue qui s'ouvrait, assez impudique, sur sa poitrine, et au cou un collier de menues pierres colorées et, je crois, sans valeur aucune. Mais sa tête se dressait fièrement sur un cou blanc comme une tour d'ivoire, ses yeux étaient clairs comme les piscines de Heshbôn, son nez était une tour du Liban, les nattes de son chef comme la pourpre.
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Ainsi Dieu connaît le monde, parce qu'il l'a conçu dans son esprit, comme de l'extérieur, avant qu'il fût créé, alors que nous, nous n'en connaissons pas la règle, car nous vivons à l'intérieur du monde, l'ayant trouvé déjà fait.
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Arrivé au terme de ma vie de pécheur, tandis que chenu, vieilli comme le monde, dans l'attente de me perdre dans l'abîme sans fond de la divinité silencieuse et déserte, participant de la lumière immuable des intelligences angéliques, désormais retenu par mon corps lourd et malade dans cette cellule de mon cher monastère de Melk, je m’apprête à laisser sur ce vélin témoignage des événements admirables et terribles auxquels dans ma jeunesse il me fut donné d'assister, en répétant verbatim tout ce que je vis et entendis, sans me hasarder à en tirer un dessein, comme pour laisser à ceux qui viendront ( si l'Antéchrist ne les devance ) des signes de signes, afin que sur eux s'exerce la prière du déchiffrement.
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ayant découvert que je n’ai pas l’étoffe du protagoniste, je serai un spectateur intelligent
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« Je crois qu’il n’y a plus de différence, à un moment donné, entre s’habituer à faire semblant de croire et s’habituer à croire »
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L’abbaye brûla pendant trois jours et pendant trois nuits, et les derniers efforts ne servirent de rien. Déjà dans la matinée du septième jour de notre demeure en ce lieu, quand désormais les rescapés se rendirent compte qu’aucun bâtiment ne pouvait plus être sauvé, quand des constructions les plus belles s’effondrèrent les murs extérieurs, et que l’église, s’enroulant presque sur elle-même, engloutit sa tour, à ce point-là faillit à chacun la volonté de lutter contre le châtiment divin. Toujours plus lasses furent les courses aux quelques seaux d’eau restés, tandis qu’encore brûlait paisiblement la salle capitulaire avec la superbe résidence de l’Abbé.
Lorsque le feu atteignit les extrémités des différents ateliers, les servants avaient depuis longtemps sauvé le plus de matériel possible, et ils préféraient battre la colline pour récupérer au moins une partie des animaux, qui s’étaient enfuis au-delà de l’enceinte dans la confusion de la nuit.

« Dernier feuillet »
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le bavardage est la manière quotidienne avec laquelle nous entretenons des contacts. Il nous permet de maintenir une interconnexion entre les différents sujets parlant. Mais si le bavardage est hypertrophié, nous avons un contact continuel sans aucun message. Le bavardage devient alors une barrière à des possibilités de communication plus substantielles.
le bavardage est la possibilité de tout comprendre sans aucune appréhension préliminaire de la chose. Il est une garantie face au danger d'échouer, il nous soulage dans la tâche d'une compréhension authentique, il produit une compréhensibilité indifférente pour qui plus rien d'incertain n'existe.
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Sur le bûcher, il s'était comporté comment ? Avec le fermeté des martyrs ou avec l'opiniâtreté des damnés ? (p.252)
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[…] il n'est rien de plus merveilleux que l'énumération, instrument d'admirables hypotyposes. (p.84)
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"Pénitenziagité ! Voye quand dracon venturus est pour la ronger ton âme ! La mortz est super nos ! Prie que vient le pape saint pour libérer nos a malo de todas les péchés ! Ah ! Ah ! vous plaît ista nécromancie de Domini Nostri Iesu Christi ! Et même jois m'es dols et plazer m'es dolors... Cave el diabolo ! Semper il me guette en quelquecoin pour me planter les dents dans les talons. Mais Salvatore non est insipiens ! Bonum monasterium, et aqui on baffre et on prie dominum nostrum. Et el reste valet une queue de cerise. Et amen. No ?" (p.55)
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C'était un vieillard, au visage glâbre, au crâne sans cheveux, avec de grands yeux bleus, une bouche fine et rouge, la peau blanche ; à son crâne osseux la peau adhérait comme il en serait d'une momie conservée dans du lait. Ses mains étaient blanches, aux doigts longs et fins. On eût dit une fillette fanée par une mort précoce." (p.57)
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Voilà, peut-être est-ce l'unique vraie preuve de la présence du diable, que l'intensité avec laquelle tous en ce moment aspirent à le savoir à l'oeuvre..." (p.39)
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Benar el-Falouz (Bora Bora 1818-Baden Baden 1919) est le fondateur de l'école tautologique dont les principes fondamentaux sont définis dans l'oeuvre "Je dis ce que je dis" : L'Être est l'Être, la Vie est la Vie, l'Amour est l'Amour, Ce qui plaît plaît, Qui peut peut et le Néant Anéantit. Le Maître se montrait notoirement inflexible et sévère (d'aucuns disent dogmatique) envers ses disciples déviationnistes. Benar el-Falouz soutenait une version rigidement substantialiste de sa pensée, selon laquelle dire « la femme et la femme » représente une vérité totalement incontestable, tandis qu'affirmer, à l'instar de certains, « la femme est femme » impliquait une dangereuse dégénérescence accidentelle (avec des nuances de relativisme sceptique). On se souvient en effet du cas du fidèle disciple Gourou Gourou qui, après avoir soutenu que « les affaires sont les affaires », s'était enfui avec la caisse de la communauté.
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