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Citations de Valentine Goby (1044)


Marie G. perçoit tout à cette heure qui n'est ni la nuit, ni le jour. Tout, la pousse des racines de l'arbre étique planté dans la cour, les cliquetis de clés aux ceintures des nonnes, les gardiens auront beau se déchausser, marcher pieds nus dans les couloirs au matin de l'exécution, elle percevra, elle en est sûre, le frottement des chaussettes sur la dalle nue, les souffles épaissis par le mauvais sommeil, le rhum, l'odeur du tabac noir, le froissement de leurs vêtements à chaque pas, et bien avant, depuis le milieu de la nuit, l'emboîtement sourd des pièces de la guillotine, la notation des vis dans les perforations du bois, des boulons fixés au couteau, le son de la corde à travers la poulie graissée, chaque glissement de galet dans les rainures des montants jumeaux alors qu'on hisse la lame jusqu'au chapiteau, et maintenant elle compte les silences ; pas de vis ; de boulons ; de galets ; de clés ; de chaussettes sur le sol froid. Le silence goutte.
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Les contes disent nos archaïsmes, la perpétuation de nos questionnements, qui se rejouent depuis la nuit des temps, et finalement renvoient au mythe.

Comme eux , l'oeuvre de Charlotte Delbo dépasse son contexte historique. Auschwitz est moins son sujet que l'endroit depuis lequel elle écrit, un ancrage qui dicte une lecture singulière du monde. (p. 34)
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La maladie les a banni, la misère les ramène. Ils reviennent en perdants. Ils vont d'une solitude à l'autre.
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L'ennui est pire que la douleur, il n'existe pas de remède chimique à l'ennui.
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Quand une détonation résonne, d'avalanche ou de bois éclaté, elle fait le silence plus profond encore. Il imagine la montagne dans la nuit. La lune sur le flanc de l'île haute.
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Il a vu des galeries compactes d'épicéas enserrer le train dans la montée, la rame luttait contre la pente et les branches ployées, lourdes de neige, rayaient la vitre du wagon comme des chevelures trempées.
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C’est l’érotisme de la neige qui excitait Vincent. On dit qu’une fois le tableau achevé, Klimt rhabillait ses personnages de robes et manteaux d’or pour que le spectateur les dénude, imagine les formes et les histoires cachées. La neige était la robe, le manteau de la montagne.
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Alors elle voit les crânes des bébés alignés sur deux étages des lits superposés, serrés les uns contre les autres, immobiles. Et s’approchant davantage, les peaux moitié nues, les langes puants et pleins. Et les visages. Des vieillards miniatures en série, semblables à la créature tenue tout à l’heure, figures plissées et jaunes, ventres gonflés, jambes maigres et bleues. Quinze petits corps en haut, quinze en bas, deux fois, les plus chétifs et ridés réunis sur une même paillasse, collection de monstres minuscules. (pages 124-125)
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- Tu n’y es pas ! Être vivant, elle dit, c’est se lever, se nourrir, se laver, laver sa gamelle, c’est faire les gestes qui préservent, et puis pleurer l’absence, la coudre à sa propre existence. Me parle pas de boulangerie, de robe, de baisers, de musique ! Vivre c’est ne pas devancer la mort, à Ravensbrück comme ailleurs. Ne pas mourir avant la mort, se tenir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou, depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbrück. Il n’y a pas de différence. (pages 86-87)
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Tout le monde a trop ou pas assez de quelque chose, en fait. Y en a, même, ça se voit pas de l'extérieur. Tiens par exemple, Zac, il a pas assez de coeur.
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La plume, Jean Michaud le sait depuis vingt ans qu'il est écrivain public, dit les tremblements intérieurs. Jean Michaud a mille vies, il a dit je tant de fois, il est algérien, marocain, espagnol, touriste de passage, il est endetté, mari de cent épouses, amant de cent maîtresses, père de cent fils, fils de cent pères, il a vingt et cinquante et soixante-dix ans, il est imberbe et barbu, facteur, ouvrier, employé de banque, il est parisien, a l'accent provençal, l'accent alsacien, l'accent auvergnat, il est homme et femme, jeune et vieux, il est analphabète, le cancre en orthographe, le gauche de la langue qui a jeté l'éponge avant le certif, le type en panne d'inspiration,le corbeau anonyme, il est même cet homme sans bras, là, qui fixe sa main de l'autre côté de la table et cherche en vain les mots justes et laisse le silence s'étendre entre eux.
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Il faut que l'après soit l'avant d'autre chose.
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Elle essaie de les voir eux, ceux qui sont là, de ne pas compter les absents.
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Les statistiques surgiront plus tard, dans les livres d’histoire. Toujours, les points de rupture, les charnières sont fixées à rebours, l’histoire est un coup d’œil jeté par-dessus l’épaule.
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128 citations. Pour ne pas les multiplier à l'infini, quelques courtes phrases déposées ici, ensemble :

"Est-ce que l'enfant étouffe sous le béton du ventre ? Est-ce que ça le brise comme ça fracasse les reins ?"

"trois heures ou toute la vie, toute la vie c'est peut être moins que ça."

"Partir. Maintenant. Comme ça. Être libre. Libre de quoi."

"silencieuses et perdues à cause de ce mot, frei, libres, elles en ont rêvé et maintenant qu'en faire ?"
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Pourvu qu'on se souvienne.
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D'un coup la lumière refroidit. Blanche stoppe net, se retourne : regarde ! Le soleil a complètement disparu. La montagne se dresse à contre-jour dans le ciel vert. Ce n'est plus le dôme d'un palais, se dit le garçon, c'est une île. Une île dans la neige. Une île haute. (p.40)
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... ne crois pas au destin, c'est le lot des paresseux. N'abandonne jamais. Lis, et n'oublie pas de vivre.
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Il ne pourra plus se bosser les dents, boutonner une chemise, se raser, cirer-lacer-délacer ses chaussures, enduire un mur, pincer la joue de Sylvia, boire une chope, attraper un ballon, écrire une lettre, sculpter un bâton, glisser la clé dans la serrure, déplier le journal, rouler une cigarette, tirer la luge, décrocher le téléphone, se peigner, changer un pneu de vélo, ceinturer son jean, se torcher, payer à la caisse, couper sa viande, se suspendre aux branches, tendre un ticket de métro, héler le bus, applaudir, mimer Elvis à la guitare, signer, serrer une fille contre lui, danser avec une fille, donner la main à une fille, passer les cheveux d'une fille derrière son oreille, dénouer un ruban, toucher l'oreille d'une fille, la cuisse d'une fille, le ventre d'une fille, le sexe d'une fille, son sexe à lui, se pendre, s'ouvrir les veines, se tirer une balle, même se foutre en l'air il ne peut pas. Chaque jour s'allonge la liste des gestes impossibles...
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Où va le blanc quand la neige fond ? songe Shakespeare, ce blanc indubitable des flocons, de la neige tassée. Si sûr et soudain aboli. Où vont les souvenirs quand l'oubli les dévore, en vide le cerveau sans y laisser la moindre empreinte, pas même l'infime trace calcaire dont la neige signe son passage, elle, après s'être évanouie.
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