AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Valérie Manteau (114)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Sillon

Non, on ne peut pas parler de la situation politique de la Turquie en touriste ! De quoi le sillon est-il le nom ? D'un essai sur la Turquie contemporaine ? Alors il est inabouti et maladroit, l'oeuvre d'une béotienne qui pense explorer la vérité complexe de ce pays en interrogeant les témoins d'un seul bord. D'une fiction ayant pour décor une ville d'Istanbul en pleine mutation ? Alors, il s'agit d'une occasion manquée. le sujet eut été passionnant si l'auteur l'avait vraiment choisi car toutes les descriptions et les réflexions qui font référence à la transformation de l'ancienne Constantinople sont justes et fort bien amenées. D'une histoire d'amour ? Alors, elle est ratée. Les amants se croisent sans conviction, à commencer par l'auteur qui abandonne la bagatelle aux trois quarts du livre. D'un article trop long pour figurer dans un journal ? C'est probablement la meilleure définition. Autant de questions qui m'amènent à la question ultime : pourquoi lui donner le prix Renaudot ? Qu'ont-ils voulu récompenser ? Ou dénoncer ? Car la meilleure façon de mettre en lumière les travers du régime d'Erdogan, c'est de promouvoir directement les auteurs qui le combattent et notamment Esli, celle qui porte ironiquement le même nom que le dictateur. Et puis je m'interroge. Quand on ne connaît rien de la Turquie, comment peut-on s'intéresser à un tel livre ? J'ai eu la chance d'aller souvent en Turquie, y compris le lendemain de l'attentat de l'aéroport. Dans ma jeunesse, j'ai eu le bonheur d'étudier le destin de la Turquie, des ottomans à Mustafa Kemal Atatürk. Malgré cela, le sillon me laisse pantois. Soyons optimistes, espérons que les lecteurs auront envie d'en savoir plus sur la Turquie en lisant cet ouvrage. Je doute. Quant au prix Renaudot… Une sortie de route.

Commenter  J’apprécie          233
Le Sillon

Que dire sinon une très grande déception pour ce livre ayant raflé le prix Renaudot en 2018.

Un style unique certes mais c’est le seul point positif que je retire de ce récit féministe dans lequel je me suis perdu et où j’ai dû forcer pour arriver au bout.

A part vous dire que cela parle de liberté dans un pays où celle ci est en permanence bafouée, je n’ai rien retenu d’autre malheureusement.

Commenter  J’apprécie          222
Le Sillon

C'est avec un grand enthousiasme que j'ai entamé ce sillon.

Istanbul, la cause arménienne, tout ça, j'adore.

La narratrice arrive à Istanbul , attiré par l'amour et se penche sur le cas de Hrant Dink, journaliste arménien assassiné en 2007.

J'ai du mal à entrer dans l'énigme, je me perds entre les personnages , très succinctement présentés. Les pages s'enchainent et ma motivation tombe.

Où veut on m'emmener, pourquoi une trame si échevelée ?

Fait rare, je plonge dans l'abandon, balançant entre le désintérêt et le constat que mon niveau ne me permet pas de suivre ce livre décousu .

J'ai l'impression de lire un livre qui ne s'adresse pas à moi, mais à un public d'érudits, capables de recoller les morceaux d'un puzzle . Peut être aussi, ai je été fainéant et que tout se mettait en place après la 100 ème page.

Je m'excuse auprès de l'auteur .

Commenter  J’apprécie          224
Le Sillon

Un livre atypique, j'ai eu bien du mal à le cerner. Pour faire simple, hormis les errances dans Istanbul je n'ai pas trouvé beaucoup de plaisir à lire ce roman. Certes, je suis certaine qu'il y a matière à réflexions, mais je pense que le moment ne s'y prêtait pas. J'ai chois ce livre par échos positifs, hélas le mien sera modéré voir palot.

Trop politique, trop de sujets qui nous blessent en permanence, je n'avais pas envie réellement de me plonger dans ce genre de lecture.

Le style est parfois intéressant parfois déroutant. Peut être que l'auteure est encore entrain de se chercher.

J'attendais beaucoup plus avec le sillon, voilà, c'est toujours comme ça, quand on espère, on déchante quand le rendez-vous est manqué.

A une autre fois peut être.
Commenter  J’apprécie          210
Calme et tranquille

Acheté sur un coup de tête, je ne savais rien de ce livre sinon le court résumé en quatrième de couv': "Calme et tranquille décrit l'irruption brutale de la violence dans la vie d'une jeune femme. Du chaos, Valérie Manteau a fait une maison familière, puis ce livre".

Trois auteurs et pas des moindres en font l'éloge, Ernaux, Despentes et Laferrière. Si j'avais connu le thème, je ne l'aurais peut-être pas acheté car ce n'est pas ce que je cherchais alors, mais je ne regrette pas pour autant.

Valérie est au Congo lorsqu'elle voit, délirante de fièvre, une représentation de 4?48 psychose de Sarah Kane; l'acteur, sur scène les mains dégoulinant de sang, rit dans le silence. Une image qui reviendra fréquemment à la jeune femme dans les années éprouvantes qui suivront et lors de ses rendez-vous psy.

Valérie Manteau a été journaliste à Charlie Hebdo. Elle y a connu et fréquenté toute la clique bien sûr, mais en particulier Charb et Pelloux. Elle n'y travaillait plus depuis quelques mois lorsque l'attentat a eu lieu, ce moment où sa vie bascule en un enfer dont elle devra remonter.

Ce roman autobiographique a peut-être été la clé de sa convalescence, on n'en saura rien, mais sans doute son écriture lui aura permis d'enfin vomir en mots ce que son corps vomissait en douleurs et maltraitances.

J'ai lu ce roman avec attention et intérêt, suivant Valérie Manteau dans ses tentatives de surmonter ses souffrances, mais je n'ai pas totalement accrochée ni à toutes ses idées ni au texte tout simplement. L'autofiction est un genre qui peut toucher mais aussi facilement agacer et c'est ce qui m'est arrivée par moments.

Avec ce roman, j'ai replongé dans ce mois de janvier 2015, les marches pour la liberté d'expression, puis ce qu'il s'est ensuivi par la suite, le Bataclan, les faux-procès de plus en plus nombreux voulant censurer des paroles pas politiquement correctes; ce livre a le mérite de remettre tout cela à plat.

Il reste malheureusement quelques coquilles, quelques maladresses syntaxiques sans doute non corrigées qui obligent à relire certaines phrases pour les comprendre.
Commenter  J’apprécie          170
Le Sillon

D'abord un titre, "Le sillon",

Une couverture, un objet-livre plaisant,

Un thème qui m'attirait, qui m'intriguait.



Très belle lecture pour ce qui me concerne, envoûtante, intrigante, parfois déroutante, voir gênante par moment.

Beaucoup a déjà été dit ou écrit, mais la quatrième de couverture à elle seule ne suffit pas. La seule histoire d'une femme rejoignant son amant à Istanbul n'était pas de nature à m'attirer vers l'ouvrage. Mais j'avais entendu, lu, que la narratrice partait aussi sur les traces de Hrant Dink, journaliste turc, d'origine arménienne, assassiné en 2007. Et je voulais saisir l'occasion de ce roman pour découvrir une Turquie, celle d'Erdogan, dont on entend parler dans les médias, plus encore ces derniers jours avec l'offensive sur la frontière syrienne - conflit dont il est question aussi en filigrane dans l'ouvrage -.



Pour être tout à fait sincère, il m'a d'abord fallu un temps "d'acclimatation" pour m'habituer au style de Valérie Manteau. Pas de signes visibles d'un dialogue, et pourtant, dans un même paragraphe, plusieurs personnages peuvent s'exprimer, plusieurs lieux peuvent se succéder. Il n'est pas toujours évident de suivre les pensées de l'auteur-narratrice. Et il n'est pas rare qu'il faille revenir quelques lignes ou pages en arrière pour poser ses repères.

Et puis il m'a fallu comprendre l'intérêt de cette histoire d'amour / désamour entre la narratrice et son amant au coeur d'Istanbul. Pourquoi ce qui s'apparente parfois à une sorte de déballage ? Quel apport au regard des thèmes évoqués par ailleurs, qu'il s'agisse de démocratie, de liberté, de culture, de mémoire ...

Et comme souvent, c'est au fil de la lecture - et aussi, avouons-le, en me demandant ce que je pourrais bien dire de l'ouvrage sur Babelio - que des clés de lecture - mes clés, je n'ai pas la prétention de les croire universelles - me sont apparues.



Je trouve que la narratrice, tout comme l'objet de son livre en cours d'écriture (un ouvrage sur la figure de Hrant Dink) et à l'image de son pays et de sa ville d'accueil (la Turquie et Istanbul), est tout à la fois en ébullition permanente, et en recherche de qui elle est, de son identité.

Elle bouillonne, cette femme qui sillonne la ville, elle ne cesse de découvrir, de se mettre en danger, de se remettre en cause, de sortir de sa zone de confort. Elle donne le sentiment, au travers de ses engagements, de ses relations notamment amoureuses, d'être en quête de son identité. Et c'est aussi ce portrait-là que Valérie Manteau dresse de la Turquie d'aujourd'hui. Un pays, un peuple parfois tiraillé entre des sentiments contradictoires, qui fait face à son passé, avec la question mémorielle et ô combien douloureuse du génocide arménien, qui fait face à son présent avec les atteintes à la démocratie et aux libertés du régime actuel du président Erdogan (évocation du putsch raté des militaires, enfermement et procès de journalistes, événements du parc Gezi et de la place Taksim) et qui s'interroge sur son avenir.



Saisissant parallèle donc durant tout cet ouvrage que je crois avoir au final beaucoup aimé. Et dont l'écriture, d'abord déroutante, colle finalement si bien au propos. Un foisonnement, une explosion de chaque instant.
Commenter  J’apprécie          172
Le Sillon

J'ai lu avec beaucoup d’intérêt ce roman de Valérie Manteau.On y rencontre tellement de personnalités que j'aurais été perdue si je n'avais suivi les événements depuis l'arrestation de Asli Erdogan. Je lisais aussi des articles de Kedistan.

De même, j'ai suivi la procès presque heure par heure grâce à un ami journaliste qui s'était rendu sur place.

J'ai assisté aux réunions de soutien organisées par un libraire finistérien et j'ai conservé la liste des onze écrivains emprisonnés.

En revanche, je ne savais rien de Hrant Dink. Il me reste donc à approfondir le sujet et à lire ses ouvrages ou d'autres le concernant.

Le livre de Valérie est poignant et nécessaire.

La petite inclusion sentimentale avec son amant humanise une recherche qui aurait pu être sèche sans cela.



J'ajoute, en application, la dernière publication que j'ai reçue.

A Bursa, la Turquie célèbre tous les jours ses poètes subversifs disparus

À lire dans Le Monde d’aujourd’hui

« Le régime du président Erdogan emprisonne intellectuels et journalistes ? Dans l’ancienne capitale ottomane, les auteurs incarcérés pour leurs écrits dans les années 1930 et 1940 sont lus chaque jour sur la place de la mairie de Nilufer.

ar n’importe quel temps, le rituel est immuable à Bursa, l’ancienne capitale ottomane, située à deux heures d’Istanbul par ferry. Chaque jour, à 14 heures tapantes, un poème est lu à haute voix sur la place de la mairie de Nilufer, un arrondissement périphérique de la quatrième ville de Turquie, véritable carrefour industriel et commercial aux portes de la mer de Marmara.

Face à la mairie, une estrade métallique sophistiquée a été dressée tout spécialement pour que les vers de Nazim Hikmet, d’Orhan Kemal, de Sabahattin Ali et de bien d’autres poètes turcs soient déclamés avec la plus grande solennité. »....

Commenter  J’apprécie          170
Calme et tranquille

Louise, la grand-mère, est morte, elle s'est suicidée. Pourquoi? Comment? L'auteure tente d'essayer de comprendre et trouve du réconfort au sein de la famille Charlie Hebdo.

Puis l'auteure quitte Charlie pour travailler à Marseille. Elle vit alors entre trois villes Paris, Marseille et surtout Istanbul.

« Vue sur la mer intérieure calme et tranquille » écrit l'auteure. Et puis, tout s'effondre, assassinat à Charlie Hebdo. le chaos.

Ce livre m'a séduite par son ton, par sa sincérité, par son histoire. Comment continuer à vivre, trouver un sens à la vie face à la violence? Comment on vit quand tout bascule. On boit plus qu'il ne faut, on rit, on pleure,... et la vie continue avec tous ses absents.

Ce livre, c'est l'histoire d'une femme qui, face à cette violence à laquelle personne n'est préparé, essaie de trouver des pistes pour continuer à avancer pas à pas. Elle est touchante, bouleversante et incroyablement vraie. J'ai hâte de lire « Le sillon ». Bonne lecture!
Commenter  J’apprécie          164
Le Sillon

Je n'arrive pas encore bien à mettre par écrit les mots pour le dire !

Ecrire comment on est avant, pendant et à la fin de cette lecture !

Comprendre encore mieux à la fin de la lecture pourquoi les éditions Le Tripode ont fait le choix de ne sortir que ce titre pour la rentrée littéraire ; et lorsque l'on reçoit avec le livre la lettre qui l'explique et la liste des livres décallés, paf, la claque est plus grande encore !

Les mots de Valérie Manteau sont sur les tables des libraires, sont sur les tables aussi de la librairie dont je suis une moitié et attendent presque calmes et tranquilles leurs futurs lecteurs ; presque parce que la libraire ne peut en parler calmement, elle cherche encore ses mots donc mais surtout ils lui viennent dans un désordre sincère, et convaincu qu'elle ne pourra pas en parler sans chair de poule !

A très vite promis pour une critique plus structurée...ou peut-être pas mais en tout cas, des mots pour essayer de partager avec vous !
Commenter  J’apprécie          162
Le Sillon



Prix Renaudot 2018, en plus de belle allure esthétique, ce roman est une grande chance (méritée) pour les Edts Tripode qui ne présentaient qu ‘un seul roman pour la « rentrée ».

Bravo.

Le Sillon est au départ de ce roman le nom d’un journal »Agos » , et la narratrice creusera le sien, loin de la France et des attentatsde 2015.

Elle part en Turquie rejoindre son amant qui se fiche d’elle comme de sa première chemise, elle traîne avec elle une sensibilité d’écorchée, (elle a travaillé chez Charlie) , et s’intéresse au destind’un d’Hrant Dink, journaliste d’Argos , militant de la Paix, assassiné en 2007 par un nationaliste.

C’est l’occasion pour V.Manteau, de disséquer les rapports si douloureux Arménie-Turquie, et de voir évoluer la Turquie d’Erdogan. Tout cela avec mélancolie, légéreté et insouciance perdues.

On la voit promener son chagrin dans les rues d’Istambul et sur les rives du Bosphore.J’ai aimé ce style, même si par moments cette écriture post-traumatique comme dans « Le lambeau »pourrait aussi atteindre le lecteur.
Commenter  J’apprécie          150
Le Sillon

J'avais sans doute trop d'attentes. Je m'imaginais, après avoir entendu parler de ce roman, à un témoignage historique aussi frappant que ceux que sait si bien nous faire partager Svetlana Alexievitch. Mais j'ai trouvé là un écrit très proche d'un journal intime, à peine édité: des pensées jetées de façon éparse, une multitude de personnages que j'ai eu a du mal à cerner, une histoire d'amour ou plutôt de rupture.. le tout m'a donné une impression de dispersion, un « all over » où j'ai eu du mal à me retrouver: même la lumière mise sur Hrant Dink n'a pas réussi à me convaincre que c'était là le sujet principal de ce roman qualifié souvent d'autofiction. Je n'ai pas appris non plus grand chose de plus que ce que je savais par les médias de l'ambiance générale qui règne en Turquie.

Vous l'aurez compris: j'ai été déçue…
Commenter  J’apprécie          140
Le Sillon

"J'ai dans les bottes des montagnes de questions, où subsiste encore ton écho". Ces paroles d'une belle chanson* d'Alain Bashung sont l'explicit du dernier roman de Valérie Manteau, le Sillon. Les questions sont en effet nombreuses, qui affluent à la conscience du lecteur, tout au long de ce livre polymorphe et singulier.



Peu après les attentats commis à Paris en novembre 2015 l'auteure décide de quitter le climat oppressant qui règne dans la capitale pour trouver un point d'ancrage, un décentrement d'elle-même face aux événements tragiques encore tout récents. Elle choisit pour cela de partir pour Istanbul. C'est sans savoir parler ni même lire le turc, qu'elle passe le détroit du Bosphore pour s'installer sur la rive asiatique de la mégapole. Elle redécouvre des quartiers anciens de la ville où cohabitent de nombreuses communautés, y retrouve son amant mais aussi des amis, des connaissances, des militants progressistes, représentants de l'intelligentsia locale ou engagés dans l'action humanitaire.



C'est au travers d'une lecture qu'elle découvre la personne de Hrant Dink, célèbre journaliste et écrivain turc d'origine arménienne qui, en janvier 2007, a été abattu froidement en pleine rue par un jeune nationaliste turc. Créateur de l'hebdomadaire Agos (un ancien vocable turco-arménien plus guère usité aujourd'hui, qui signifie le sillon), Hrant Dink a été et reste encore aujourd'hui un grand symbole de courage et de rapprochement entre les peuples turc et arménien.

L'auteure va décider d'écrire sur l'itinéraire, sur la vie de cet homme. Au travers du portrait qui se déploie dans le roman, s'opère une entrée dans les soubassements de la société turque, dans son histoire, son passé (la création de l'état laïc, le génocide arménien,...) et dans son présent (le pouvoir autoritaire du président Recep Tayyip Erdoğan, les attentats perpétrés par le PKK - les nationalistes séparatistes kurdes - ou encore par la mouvance État islamique, les réfugiés venant de la Syrie proche,...). Toute la personne de Hrant Dink, toute son action, révèlent les nombreuses lignes de fracture et de rapprochement d'un pays qui se replie sur lui-même, qui éteint toute velléité contestataire et revendicative et qui règle en coupe sombre le sort des individus et des communautés qui veulent se faire entendre.



Le sillon est à la fois un roman autobiographique mais également un livre politique, engagé.

Si j'ai été quelque peu désarçonné par la partie romancée du livre, par le style indirect qu'utilise Valérie Manteau - on ne sait parfois plus très bien qui s'exprime, qui sont les personnages en présence - j'ai par contre été impressionné par l'approche et la connaissance qu'elle a de la situation politique et des droits de l'homme en Turquie, de l'état de l'opinion publique, consciente mais résignée, et de l'action du milieu culturel et littéraire.



C'est un livre qui, plus largement, interroge sur le sens de la dignité humaine, sur les combats nécessaires à mener, sur la notion de justice et des droits de l'homme dans un pays où sévit un état répressif et autoritaire, qui règle tout le pouvoir des institutions. C'est un livre qui nous questionne aussi sur la manière dont nous nous approprions aujourd'hui la mémoire d'un homme disparu - Hrant Dink - et l'action présente d'une autre - Asli Erdogan -, le combat dont ils sont les grands représentants.

Ce livre est enfin et par ailleurs, il faut le souligner, un bel hommage rendu à la ville d'Istanbul, à ses quartiers, à ses rues pleines et vivantes, à la Turquie et à son peuple, encore assez méconnus du côté de l'Occident, à ses communautés d'origine et à leur mémoire.





(*) "La nuit je mens" - Alain Bashung.

Commenter  J’apprécie          140
Le Sillon

La Turquie, la montée de l'intégrisme et de la dictature d'Erdogan. C'est l'un des sujets de ce beau roman, écrit par Valérie Manteau, ex Charlie-Hebdo, qui sait si bien utiliser les mots pour parler aussi bien de liberté, de démocratie perdue que d'amour(s). C’est l’histoire d’une femme qui rejoint son amant en Turquie et c'est l'histoire d'une ville, Istanbul, qui vit, se bat et s'enivre de mille parfums, mégapole à la fois innovante et mélancolique. Le sillon, ce sont des idées qui émergent au fil des pages, au-delà de la relation amoureuse, un livre à lire et relire pour y trouver de sombres et de joyeux messages.
Commenter  J’apprécie          140
Le Sillon

Voyez-vous, je digère depuis une dizaine de jours les quelques graines semées en moi par Le Sillon, deuxième roman de Valérie Manteau publié au Tripode. C’est un roman sur lequel il est dur d’écrire. Je suis rassuré, d’une certaine manière, à la lecture des articles rédigés par des journalistes : je ne suis pas le seul à qui le livre, dans son originalité, échappe. Indiscutablement, Le Sillon semble se dérober à tout discours.



Rappelons brièvement que Valérie Manteau a notamment fait partie de l’équipe de Charlie Hebdo de 2008 à 2013. Les funestes événements de 2015 servent de point de départ à la réflexion de la narratrice sous la forme de l’interrogation presque provocatrice : « Qu’est-ce qui fait que la France est encore un symbole si important que le monde entier s’est levé pour Charlie » (p.21).

Le ton est donné car la narratrice est à l’instar d’Istanbul qu’elle parcourt : à cheval sur le Bosphore, entre l’Europe et l’Orient.



Tout au long du récit, accompagné de l’écrivaine et de la narratrice, binôme indivisible, j’ai eu l’impression d’être immergé dans la ville, dans ses splendeurs comme dans ses misères. Un sentiment justifié par la nécessité de l’écrivaine à trouver le mot juste afin de peindre le plus explicitement possible l’Istanbul d’aujourd’hui et par là, la Turquie. Nous avons pour la plus part une vision assez floue de ce pays souvent limité dans notre imaginaire à la mosquée Sainte-Sophie, au génocide arménien et au régime de Recep Tayyip Erdoğan qui dérive dans un despotisme de plus en plus marqué. Abreuvés par les nouvelles qu’on nous donne, d’ailleurs souvent imprécises, nous nous construisons une image mentale faussée de l’actuelle Turquie. La force du Sillon, c’est de savoir mettre en exergue, par le prisme d’une histoire d’amour entre la narratrice et son amant turc à Istanbul, l’ambivalence de la Turquie, ses contradictions et l’impuissance de sa jeunesse face au verrouillage politique, notamment depuis le coup d’état de 2016. Cette histoire d’amour va servir d’approche et de confrontation entre deux cultures.



Le discours s’engage très vite sans oublier pour autant la construction autofictionnelle du récit. Cependant, l’ouvrage mêle aux péripéties de la narratrice, les souvenirs d’un personnage aux allures de fantômes : Hrant Dink, un journaliste turco-arménien assassiné en pleine rue par un jeune nationaliste turc en 2007 devant les bureaux de son journal, Agos (vieux mot turc et arménien qui signifie le « sillon ») dans l’indifférence presque générale. Le récit s’applique alors à retracer, sous la forme d’une enquête journalistique, les moments clés de la vie de Dink et d’interroger sa mort. L’homme devient l’un des personnages clés et justifie à la fois les déambulations et les engagements de la narratrice. S’il s’agit d’un ouvrage en grande partie politique n’oublions pas pour autant le regard plein de dérision qui parcourt l’ouvrage. La narratrice relève ses propres failles : son incapacité à prononcer convenablement les mots et noms turcs, l’incongruité de certaines situations plutôt cocasses (je pense notamment à son errance dans le cimetière arménien alors qu’elle cherche la tombe de Dink) et ses mots acérés envers les occidentaux qui viennent en Turquie parce que les implants capillaires sont moins coûteux. N’oublions pas, non plus, les personnages hauts en couleur qui l’accompagnent et participent à son quotidien stambouliote.



C’était en 2007, donc. Dix ans après, Aslı Erdoğan, écrivaine devenue l’une des figures de l’opposition à cet Erdoğan antagoniste et qui était l’un des rares soutiens de Dink alors qu’il était persécuté, subit aujourd’hui l’exil après avoir supporté durant plusieurs mois les prisons et les procès turcs. Aslı Erdoğan, croisée au détour d’une rue, devient personnage de roman : fiction et réalité se mêlent ainsi intrinsèquement et confère de fait au roman la valeur du témoignage.

La narratrice assiste aux procès, se mêle à une jeunesse turque à la fois révoltée et démobilisée. Face à cette réalité, le souvenir de Hrant Dink la hante et la heurte comme pour interroger en écho le silence quasi général de la communauté internationale après le meurtre du journaliste. N’est-ce pas pourtant pour ces mêmes raisons que l’on s’est mobilisé après les attentats de Charlie Hebdo ou que l’on soutient aujourd’hui des écrivains comme Aslı Erdoğan ?



Agos ou Le Sillon, c’est donc cette trace laissée à la surface d’un champ après le labour. Cela implique de remuer. Merci à ce livre d’avoir le courage poétique de remuer son lecteur, de le confronter à la Turquie complexe d’aujourd’hui, d’en rappeler la nature hybride tant orientale qu’occidentale qu’Istanbul plus que tout autre ville au monde représente. D’oser aussi sortir le lecteur de son confort et d’interroger les injustices et les contradictions silencieuses de notre temps.
Lien : https://lisezvoir.wordpress...
Commenter  J’apprécie          140
Le Sillon

Un roman politique qui dénonce, à travers la voix de l'auteur, la dérive du nationalisme turc à l'encontre des Arméniens, des Kurdes mais aussi des Turcs. C'est un récit haché dont nous sortons grandis, mais aussi pessimiste voire triste. Les civilisations se succèdent à coup d'injustices et de massacres et la narratrice ne peut rien y faire sauf à écrire ce roman avec ses multiples personnages qui, tous, se débattent comme ils peuvent. La littérature comme dernier rempart, ou comme une chimère, la dernière avant les ténèbres.
Commenter  J’apprécie          100
Le Sillon

Un gros coup de cœur pour l’excellent roman de Valérie Manteau , le Sillon, un très beau livre émouvant reflet du désespoir humain ...où l’auteure avec une écriture féminine, légère et fluide va nous entrainer dans le tourbillon, de son histoire d’amour autobiographique entremêlée d’une enquête sur le journaliste Hrant Dink assassiné en 2007 pour avoir rêvé la paix, devant les locaux de son hebdo «Agos» (le sillon, en français), par un nationaliste turc de 17 ans .

Un roman brillant, où la fiction s’abreuve de la réalité et où la réalité se nourrit de la fiction... Une auteure impartiale, qui dénonce la situation terrible d'un pays.

Un pays en proie à la dictature et à l’intégrisme, un pays où les droits de l'homme s’étiolent au fil du temps, un pays où la liberté d'expression n’existe quasiment plus

L’héroïne française quitte la France peu après les attentats de Charlie Hebdo et s’installe à Istanbul pour retrouver l’ homme qu’elle pense aimer. Là, elle est envoutée par cette ville qui l’enveloppe , la fascine, l’angoisse, l’avale dans ses entrailles et lui transmet sa peur frénétique et ses folies.... Elle se met à arpenter les parcs, les rues et cumule les rencontres , L’histoire d’amour défile sous nos yeux mais les élans du cœurs et les mouvement des corps font corps avec le cœur de la Turquie, l’ombre de Hrant hante ses nuits prenant la place de son amant , Istanbul , objet de ses fantasmes, Istanbul la fascinante et la romanesque au brassage multiculturel se teinte d’un voile de danger

On ressent les émotions de l’auteure, ses doutes, ses questionnements, ses déchirements intérieurs, on serre les poings avec elle, on vibre, on se révolte et on trace des sillons à l’image de ces hommes et de ces femmes, le roman se fait journal intime, quête personnelle, sentimentale et se double de cette enquête minutieuse socio politico journalistique Humaine

.



A lire absolument ... Et si vous l’avez-vous lu, qu’en avez-vous pensé, j'attends vos avis.

Commenter  J’apprécie          102
Le Sillon

"Le sillon" n'est pas un livre facile à résumer. Se situant à mi-chemin entre le roman et l'essai, on peut le qualifier de "docufiction". L'auteure, ancienne journaliste à Charlie Hebdo, s'est inspirée d'une année passée à Istanbul pour se lancer dans l'écriture de cet ouvrage. Comme la narratrice du roman, la journaliste avait tout à découvrir de cette ville et ses habitants. Dès le début du roman, nous entrons en immersion dans la ville. Au fil des déambulations diurnes et nocturnes de la narratrice, nous découvrons la géographie d'Istambul, son histoire. Assez vite, nous sentons le climat de tension qui y règne et la violence perpétrée par l'état.



La narratrice s'intéresse au journaliste arménien Hrant Dink, qui a été assassiné en 2007 par un jeune adolescent turque, qui n'a sans doute pas agit seul. Le journaliste était menacé, son idéal de paix dérangeait l'état. Sans mener à proprement parler d'enquête, la jeune femme échange avec les turques, se rend sur la tombe du journaliste, lit ses textes. Elle s'intéresse à la cause des arméniens et à celle des opposants du régime en place.



J'ai lu "Le sillon" avec quelques difficultés, manquant de références géo-politiques pour tout comprendre. Je suis toutefois ressortie de ma lecture moins ignorante qu'en y entrant (c'est déjà cela). La narratrice exprime le regret que la France, trop nombriliste, ne s'intéresse pas beaucoup à la Turquie . En ce qui me concerne, il est certain que je serai désormais plus attentive à ce qui s'y passe. Je dois dire par ailleurs que Valérie Manteau m'a donné envie de visiter un jour cette ville, qui me paraît aussi belle qu'attachante.



Une lecture assez exigeante.
Lien : http://www.sylire.com/2018/0..
Commenter  J’apprécie          100
Le Sillon

brouillon ennuyeux où l'on vit de tristes histoires en Turquie où la politique fait peur.

abandonné !
Commenter  J’apprécie          90
Le Sillon

Le sillon, c'est celui qui recueille le "sang impur" évoqué dans "La Marseillaise" (l'auteure vit entre Marseille et Istanbul !), mais c'est aussi la traduction de "Agos", le nom du journal fondé par Hrant Dink, écrivain turc d'origine arménienne aux positions pacifistes assassiné en pleine rue par des nationalistes.

C'est ce destin-là que la narratrice-auteure, Française installée à Istanbul, tente de saisir en déambulant dans une ville coupée en deux par le Bosphore, tiraillée entre ses deux identités, européenne et asiatique, en multipliant les mises en abîme...

De cette Constantinople déchue où plane comme une ombre menaçante le génocide dont on ne doit pas prononcer le nom, où l'on tait ses origines par peur de se retrouver en prison, où la moindre publication peut vous valoir un procès, la narratrice fait le tour, avec un ton ironique et précis, suivant les écrivains au tribunal, portant haut les contradictions d'un pays étouffé par la censure et écartelé par ses minorités opprimées. Elle passe ses journées au café pour écrire, passant d'une rive à l'autre, interrogeant ses connaissances et amis aussi bien que les garçons de café, rendus mutiques par la peur et la paranoïa.

"Le Sillon" c'est le roman vrai des grands auteurs turcs persécutés, tels Elif Shafak (La Bâtarde d'Istanbul), Orhan Pamuk ou encore Asli Erdogan, des objecteurs de conscience, des journalistes et dessinateurs de "Charlie Hebdo" morts pour la liberté, de tous ces héros qui se battent contre la censure et les extrémismes religieux avec leur plume.

Sur ce, je m'en vais de ce pas lire La Bâtarde d'Istanbul !
Commenter  J’apprécie          94
Le Sillon

Le Sillon, c’est le nom du journal, Agos, fondé par le journaliste Turco-Arménien Hrant Dink, assassiné en 2007.



Le sillon, c’est celui que trace Valérie Manteau, celui de la résistance et de la liberté.



Dans Istanbul, où elle rejoint l’homme qu’elle aime, la narratrice, double romanesque de l’auteure, croise les figures de la résistance, ses hommes et ses femmes de culture, opposant(e)s au régime ubuesque d’Erdogan.



C’est touchant et révoltant à la fois. Touchant par la sincérité de la narratrice dans ses relations avec la ville et ses habitants. Révoltant par l’inertie générale qui conduit le pays dans les mains d’un mégalomane fou furieux.



La narratrice s’attache donc à la figure de Hrant Dink dont elle veut raconter l’histoire, celle de son engagement pour la paix.



Nous la suivons et découvrons Istanbul dans une joie chaotique et survoltée, avant que le pays chavire. Cette charnière dramatique accompagne sa relation amoureuse qui se délite au rythme de l’effrayant basculement de la Turquie vers le régime dictatorial qui entend faire taire tous ceux et toutes celles qui voudraient lui résister. Procès, exil, mort.



L’écriture de Valérie Manteau est fluide, nous dit l’urgence et l’engagement.



Elle dit aussi la colère et la révolte.



Profondément touchant, ce livre nous conte notre époque. Il fait écho, en cette rentrée littéraire, au recueil de nouvelles paraissant chez Emmanuelle Collas, écrit par Salahattin Demirtas, opposant à Erdogan, actuellement emprisonné.



Le Sillon est un magnifique hommage aux esprits libres, de Turquie et d’ailleurs, et l’un de mes gros coup de cœur de la rentrée.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
Commenter  J’apprécie          90




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Valérie Manteau (567)Voir plus

Quiz Voir plus

Morts subites

Empédocle, philosophe pré-socratique du Ve siècle, serait mort ...

par la chûte d'une météorite
en tombant dans un volcan
noyé dans un raz-de-marée
emporté par une avalanche

12 questions
3 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}