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Critiques de Véronique Ovaldé (1277)
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Personne n'a peur des gens qui sourient

Je me faisais une joie de poursuivre la découverte de Véronique Ovaldé dont j'avais beaucoup apprécié "Fille en colère sur un banc de pierre".



Je ne sais pas pourquoi j'ai eu des difficultés à entrer dans ce roman, sûrement un problème de disponibilité personnelle car j'ai bien fini par y retrouver la plume talentueuse de l'auteure. J'ai beaucoup aimé sa manière de dévoiler les éléments importants au fil de l'intrigue en s'adressant au lecteur : "Ah, au fait, je ne vous avais pas dit cela, vous verrez c'est important...". le suspense va ainsi grandissant et le récit d'une histoire familiale bascule peu à peu vers le thriller. En même temps que l'ambiance, le sentiment du lecteur évolue. S'il se prend de pitié, au début, pour cette femme qui semble fuir une menace avec ses deux filles, peu à peu le doute le gagne. La chute est inattendue.

Les différents décors sont admirablement plantés. D'abord le midi et ses petits truands, puis la campagne alsacienne pour finir par l'image de cette grand-mère solitaire sur sa montagne corse que j'ai adorée. Un 18/20 pour l'originalité de cette histoire diabolique construite autour de l'amour maternel.



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Fille en colère sur un banc de pierre

Elle n'était pourtant pas désagréable cette lecture mais je m'y suis vaguement ennuyée...j'ai l'impression d'avoir déjà lu et relu cette saga familiale : les non-dit, les rancœurs, les secrets enfouis qui n'attendaient que la mort du patriarche pour resurgir.

Un peu déçue donc du dernier roman de cette auteur.e.trice ( comme cela, je suis sûre de ne pas me tromper !! ) dont j'ai pourtant beaucoup aimé les livres précédents.

Le personnage que j'ai trouvé le plus intéressant est un personnage plutôt secondaire, celui de Leonardo, qui va finalement parvenir à s'extraire de sa vie étriquée de gendre idéal pour retrouver une liberté qu'il pensait à jamais perdue.





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Fille en colère sur un banc de pierre

De ces romans dont l'intensité vous habite longtemps.

Dans un décor insulaire volcanique, chaque pièce de l'ensemble est magistralement exceptionnelle. La plume est sensible et chirurgicale. L'imaginaire valse aux confins du réalisme et de la poésie. Tous les temps (passé-présent-avenir) et tous les âges (enfance-adolescence-adulte-ancien) explorent le labyrinthe de l'écoute. La narration omnisciente est un tour de force orchestral pour aboutir à une apothéose juste. Oui, juste est le mot juste pour décrire cette symphonie de la vie.

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La grâce des brigands

Une petite incursion dans le monde de l'édition, avec l'ascension fulgurante d'une toute jeune fille, Maria-Christina qui, du fin fond de son bled paumé du Manitoba (Canada), bridée par un environnement familial oppressant ( père taiseux, mère bigote jusqu'aux yeux) , n'a qu'un désir, fuir ce milieu, et une secrète ambition: percer dans l'écriture. Direction Los Angeles pour y poursuivre accessoirement ses études. Et là, miracle ! Une rencontre fortuite comme il en existe peu, une main ( mais pas que ! ) tendue par Claramunt, écrivain "sur le retour" mais majestueux à ses yeux, qui lui ouvre les portes du succès, lui fait connaître luxe et volupté jusqu'à ce que...

un événement malencontreux ne vienne perturber le joli conte de fée !

Une histoire qui tient bien la route, nous conduisant sur des terrains très contrastés, prenant sur la fin un tour plus singulier, que j'ai beaucoup aimé, en compagnie de personnages défaillants mais plutôt attachants: Maria-Christina qui, malgré les épreuves accumulées, ne perd pas pied, Joanne l'amie "bancale", marginale mais o combien indispensable, le chauffeur de taxi au nom imprononçable, Claramunt, "brigand" rendu pas trop détestable, et le garçonnet autiste, obnubilé par les chiffres , adorable.

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Fille en colère sur un banc de pierre

Roman lu dans le cadre du Prix RTL-Lire Magazine 2023.



C’était une très chouette lecture ! Aïda qui revient après quinze ans d’absence sur ses terres natales pour... enterrer son père. Que sait-il passer ? Pourquoi cette fuite ? Très vite on comprend que c’est lié à la disparition de la plus jeune des sœurs (elles sont quatre) : Mimi. A-t-elle été enlevée ? Assassinée ? Il y a une forme de suspense tout au long du roman car on se doute que la résolution sera révélée (et c’est le cas !).



Les personnages sont travaillés et ont tous une identité unique.



J’ai bien aimé les chapitres flashback « Contes et légendes de la famille Salvatore » qui décrivent la rencontre des parents des quatre filles, trente ans plus tôt.



Par contre, l’apparition de nombreuses parenthèses (et même parenthèse dans la parenthèse, je l’ai vu une fois) peut rendre la lecture difficile. Il paraîtrait que c’est la patte de l’auteur (je n’avais jamais lu de livre de cette auteure).



Bilan : ce roman reste une très belle lecture.
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La grâce des brigands

(Si quelqu'un comprend vraiment le titre, je veux bien lire l'explication)

Ce roman ne laissera sans doute pas de souvenir impérissable, il est cependant agréable et intéressant.

Je l'ai lu comme une sorte de réflexion sur le concept de biographie.

Le narrateur est probablement l'étudiant qui devait venir faire - début 1994 à Los Angeles - un travail universitaire sur l'écriture des romans de Maria Cristina Väätonen, jeune romancière à succès originaire du fin fond du Canada.



(P.11: " J'ai abandonné le projet d'écrire l'histoire de Maria Cristina Väätonen comme s'il s'était agi d'une biographie, d'une notice, ou d'un document bourré de références impératives et de notes de bas de page. J'ai décidé de faire avec l'approximation. J'ai décidé de faire avec ce que je sais d'elle. Et avec ce qu'on m'a dit d'elle. Je ne suis peut-être pas la personne la plus à même d'aller au bout de cette entreprise. J'ai rencontré Maria Cristina tardivement. Mais je veux essayer d'approcher la vérité de ce qui s'est déroulé jusqu'au 17 janvier 1994, ou du moins donner un sens à ce qui s'est passé ce 17 janvier, traquer les indices tout au long de la vie de Maria Cristina Väätonen. Je me permets des déductions, je me permets de remplir les blancs, je me permets de compléter."



< Angle d'approche intéressant et riche lorsqu'il est réussi, et c'est le cas.



Le point commun à tous les personnages du roman: leur instinct de fuite. (Le pompon va à l'intuition du neveu de 5 ans!)

Le thème principal (après ou avant l'écriture, je ne sais pas): les familles (plus ou moins dysfonctionnelles), et aussi la parentalité (la copine qui n'a que 3 ans de plus est en quelque sorte une seconde maman, qui va ouvrir de nouvelles grilles de lectures du monde ; le vieux poète mentor-abuseur est un presque "père" pour elle", le chauffeur taciturne devient à la fin un père-mère bienveillant, capable de protéger celle qui ne le fut jamais; (mais nous sommes déjà fin 93...)
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La grâce des brigands

Première lecture d'un roman de Véronique Ovaldé. La découverte d'une autrice riche au sens large du terme. Une imagination foisonnante, un style et une plume très originaux et un don incontestable pour raconter des histoires de vie graves avec beaucoup de légèreté allant parfois jusqu'à l'humour. Une lecture très agréable qui donne envie de découvrir très vite ses autres titres.



Maria-Christina réussit à s'échapper d'un giron familial très pesant. Elle quitte les confins de son Canada natal, une maison « rose-cul » triste, un père taciturne, une mère bigote qui n'a de cesse d'opprimer sa famille par des préceptes et des principes d'un autre temps, et une soeur ainée devenue handicapée à la suite d'un accident dont elle endosse la responsabilité.



Heureusement pour elle, elle est intelligente, a soif de vivre et aspire à devenir écrivain. Nantie d'une bourse d'études, elle quitte son environnement restrictif pour rejoindre Los Angeles où elle découvre une vie trépidante, rencontre Joanne qui deviendra sa meilleure amie, et l'écrivain célèbre héroïnomane Rafael Claramunt qui deviendra son mentor/Pygmalion et son premier amant. Il lui permettra, à 17 ans, de publier un premier roman autobiographique dans lequel elle croit se libérer définitivement de son enfance à travers une écriture thérapeutique qui la conduira vers le succès.



Mais, n'est-on pas toujours rattrapé par ses fantômes d'enfance ? 10 ans après cette fuite, elle reçoit une lettre de sa mère qui lui demande de venir chercher Peeleete l'enfant de sa soeur. Que ressortira-t'il de ce voyage ?



Un livre qui mêle amour, amitié, drames et résilience. Maria-Christina aura-t-elle enfin droit au bonheur ?

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Fille en colère sur un banc de pierre

Ce qui m'a séduite avant tout dans ma première lecture de Véronique Ovaldé, c'est son écriture si particulière. Elle met superbement en scène cette île (fictive) au large de la Sicile et l’ambiance à la fois pesante et protectrice qui y règne.

Sa plume se veut à la fois caustique et humoristique et j'ai beaucoup aimé la manière de la narratrice (l'auteure elle-même) de prendre à partie le lecteur, comme pour s'assurer qu'il ait bien saisi tous les tenants et les aboutissants de l'histoire.

Une famille, un drame, un secret qui a divisé... Rapidement, c'est presque un thriller qui se met en place. Que s'est-il passé le soir de ce carnaval où Mimi, la cadette des quatre sœurs Signore a disparu, il y a plus de quinze ans ? Chaque personnage est croqué avec bonheur. Pourtant la tragédie est bien présente et le lecteur a hâte d'en connaître le dénouement.



Un roman magistral à l'écriture hypnotique, qui traite de la complexité des liens familiaux, de la jalousie, de la culpabilité et de la revanche également. Divers prix littéraires bien mérités et un 16/20 pour cette découverte de Véronique Ovaldé que je vais poursuivre.
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Quatre coeurs imparfaits

C’est un roman illustré, très court, moins de 50 pages avec les illustrations mais je ne sais pas trop quoi en penser.



Les illustrations, très belles ont été parfois un peu dérangeante et je pense que c’est le but, certaines heurtent. Quant au texte me direz vous? même si j’ai été sensible au côté poétique de l’écriture, en tournant la dernière page je me suis dit, où est la suite? il n’y a pas de début, pas de fin, ce n’est qu’un passage dans une histoire familiale d’un autre âge, quelque part…




Lien : https://loeildesauron1900819..
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Fille en colère sur un banc de pierre

Drôle d'histoire que ce roman. On suit la vie de la famille de Aïda, Gilda, Violetta, et Mimi, 4 soeurs chacune séparée de 2 ans de l'autre. Au début de l'histoire, Aîda emmène sa petite soeur Mimi au carnaval mais voilà, Mimi va disparaitre. A qui la faute? En tout cas, celle-ci est rejetée sur Aida qui s'éloigne petit à petit de cette famille. A la mort de son père, elle est obligée de revenir sur l'ile de son enfance. Alors les retours se font entre ce qui s'est passé à la mort de la plus jeune, à la jeunesse des parents et à la tension qui se crée aujourd'hui entre les 3 soeurs et la mère. Le dénouement nous donnera le fin mot de l'histoire (mais à demi-mot car beaucoup de non dits resteront en suspens). J'ai reposé le livre un peu dubitative. Tout le long j'attendais de savoir ce qui s'était passé, je m'étais inventé 1000 histoires et j'avoue avoir été un peu désarçonnée. Je trouve que la fin, un peu rapide, nous laisse un peu en suspens même si je pense que c'est voulu par l'auteur. Dans tous les cas, cela m'a changé un peu du reste de mes lectures.
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Fille en colère sur un banc de pierre

Un roman qui se lit comme une fable. Le style est très personnel et j’ai vraiment accroché à cette façon de raconter des choses très profondes avec une apparente légèreté. Cette histoire de famille dont on découvre plusieurs facettes, selon les personnages ou les époques, nous donne à voir avec un certain voyeurisme la réalité de leurs vies, de leurs pensées. Une belle découverte.
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Le sommeil des poissons

Un pays imaginaire: le Mont Tonnerre. au pied du Mont vivent des femmes, beaucoup de femmes (les madous) et leurs enfants ( les niniards). Les hommes sont inconsistants, juste bons à féconder les femmes. Elles rêvent d'hommes virils, puissants.

La " maladie grise" parfois touche l'une d'elle surtout lorsque survient la saison des pluies et alors on peut redouter le pire.

En haut, dans la maison isolée, vit la mano triste, elle attend que la pluie cesse enfin et que viennent à elle les hommes du fleuve.

Alors arrivent Jo géant, dans sa chevrolet jaune et l'affreux Bikiti à lunettes...

La suite, il faut la découvrir dans ce livre étrange de Véronique Ovaldé, son premier roman d'une poésie à couper le souffle. J'ai été un peu surprise et puis je suis entrée dans cette écriture étrange aux mots inventés. C'est un conte sauvage, parfois cruel, parfois tendre.
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Déloger l'animal

Un titre qui claque, j’aime ça. Une autrice connue, déjà lue. Déjà convaincue par son écriture âpre et percutante que j’avais aimée dans « Ce que je sais de Véra Candida » et « Personne n’a peur des gens qui sourient ».

Je chope l’animal par la peau du cou dans cette boite à livres où il est tapi. Impact immédiat dés les premières lignes. J’aime. C’est décalé et intriguant. On construit pas à pas un sens aux désordres de Rose, ceux de sa vie instable entre une mère séductrice et énigmatique au crâne brulée et un Monsieur Loyal habillé plus d’ombres que de lumière puis ceux de sa pensée : des désordres psy, une imagination débordante et envahissante, un retard intellectuel autant que physique mais un esprit foisonnant, en totale ébullition, étriqué dans ce petit corps enfantin alors qu’il aborde l’adolescence.

Rose a 15 ans et en paraît 7. Elle souffre d’un gros retard de pensée et son esprit parfois bat la campagne et laisse le corps en rade sans plus personne aux commandes. Or cet esprit folâtre est aussi un merveilleux compagnon pour Rose qui peut ainsi tout à loisir et avec presque rien se reconstruire un monde aux couleurs plus vives, réécrire ce qui ne lui plaît pas de sa vie, volontairement transformer le sordide en théâtre de marionnettes. Confronter à la disparition subite et sans explication de sa mère qu’elle adule et admire, Rose qui n’admet pas l’immobilisme de Monsieur Loyal prend les choses en mains et décide de traquer les raisons de cette disparition jusqu’à déloger la vérité tapie au fond d’une cave.

Qu’est-il préférable de croire pour une enfant pour qui le monde reste une énigme : la vérité toute crue ou un conte délicieusement trouble et juste un peu effrayant réécrit par son esprit fantasque ? Une fin abrupte et sèche que j’aurais volontiers retardée. J’aime quand un livre me happe dans son ventre et ne se donne pas si facilement. Ai-je tout compris ? Je relis cette phrase énigmatique. Que veut dire Ovaldé ? De quoi Rose est-elle faite ? De chagrins, de culpabilités, de dépression, de narcissisme, de troubles obsessionnels ? « Comment avait-elle osé partir et ne pas m'emmener ? J'ai pris la disparition de maman entre mes mains, j'en ai fait une boule toute serrée, je l'ai avalée pour que l'ennemi ne la trouve pas. » Folle ou géniale créatrice de contes, Rose me mène en bateau comme la romancière qui avance masquée derrière cette Alice dévoreuse de lapins, grandissant et rapetissant tout à la fois, flottant entre les circonvolutions de l’enfance et le monde cruellement réaliste des grands.

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Soyez imprudents les enfants

L’histoire se passe en Espagne, à Bilbao, dans les années 80. La narratrice, Atanasia, a 13 ans. Au cours d’une visite scolaire dans un musée, elle tombe en extase devant le tableau d’une femme nue. C’est une révélation, le remède à son éternel ennui d’adolescente, et elle va nourrir une réelle obsession pour ce tableau et surtout ce peintre. Deux ans plus tard, la passion s’est un peu étiolée. Mais lors des traditionnelles vacances d’été dans la maison familiale à Uburuk, la terre de ses ancêtres, la flamme va être ravivée lorsqu'elle entend le nom de ce fameux peintre à la radio. De là s’ensuit un voyage à Paris pour partir à sa recherche...

Véritable roman d’apprentissage, "Soyez imprudents les enfants" nous entraîne au cœur d’une saga familiale et de ses légendes sur plusieurs siècles. On voyage en Espagne et en France. On rencontre des personnages fantaisistes qui ont une réelle conscience politique, désireux de changer leur destin et de partir à la conquête du monde. Avec une écriture rythmée et travaillée, Véronique Ovaldé confirme son talent de conteuse et nous transporte dans une histoire pleine d’audace et de candeur.
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Fille en colère sur un banc de pierre

La découverte de la plume et l'univers de Véronique Ovaldé fut un choc. Un uppercut littéraire reçu lors de la lecture de « Ce que je sais de Vera Candida ». Lire Ovaldé, c'est avant tout découvrir un imaginaire, des intrigues à la fois oniriques et tragiques situées dans des lieux qui n'existent pas, mais évoquent tantôt l'Amérique latine, tantôt une île italienne située au coeur de la Méditerranée, où se déroule son dernier roman, dont le titre évoque un poème, « Fille en colère sur un banc de pierre ».



Sur une île qui porte le nom de « Iazza », au sud de la Sicile, vit la famille Salvatore, dont le roman nous narre les contes et légendes. Une courte présentation de cette famille qui vit sur une île qui n'existe pas (petit rappel pour les lecteurs distraits) s'impose : le père Salvatore Salvatore (cela ne s'invente pas), « dit plus communément le Vieux et plus clandestinement Sa Seigneurie », la mère Silvia discrète, voire effacée et quatre filles, l'aînée Violetta, suivie de Gilda, Aïda et Mimi.



L'île de « Iazza » évoque un lieu indolent et figé où règne l'entre-soi, la corruption ainsi qu'une mafia qui ne dit pas son nom. Un patriarcat tenace ainsi que des coutumes étranges évoquent un lieu mystérieux qui n'aurait pas quitté le Moyen-Âge. L'une de ces coutumes, qui a failli coûter la vie à Salvatore lors de son arrivée sur l'île, consiste à placer chaque 1er mai des ânes sur les toits des habitations de l'île. Une autre coutume, plus célèbre, est l'organisation annuelle d'un carnaval haut en couleur, une nuit de catharsis où les participants dissimulés sous leur déguisement se laissent gagner par une liesse troublante. Un carnaval que le Vieux a formellement interdit à ses filles de fréquenter.



Le patriarche un peu aigri de s'être retrouvé coincé sur l'île depuis qu'il a épousé Viola et lui a fait quatre filles, voue une affection attendrie à ses deux petites, Aïda qui a huit ans et Mimi âgée de six ans. Cette dernière a attendu ses trois ans pour parler, se casse la figure plus que de raison, et évoque un petit ange déchu qui n'aime rien tant que se promener sur l'île, découper des yeux dans les magazines ou grimper dans les arbres pour y faire un somme.



« Peut-être aussi que le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n'est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. le jeu n'est désirable que parce qu'il est le jeu. »



La nuit du carnaval, Aïda entreprend de faire le mur et de braver l'interdit paternel. Elle se fait surprendre par Mimi qui ne la quitte jamais et accepte d'emmener la petite dans son aventure. Cette nuit la marquera à jamais du sceau de l'infamie. Mimi disparaitra mystérieusement et sa grande soeur sera tenue pour responsable du tragique évènement. Une responsabilité trop lourde à porter pour une adolescente à qui son père ne parle plus. Une responsabilité qui la conduira à quitter Iazza pour rejoindre Palerme à l'âge de quinze ans.



« Était-il possible que sa détestation soit l'exact revers de son amour ? ».



Quinze plus tard. Aïda a totalement rompu avec sa famille, lorsqu'elle reçoit l'appel de Violetta qui lui annonce que Salvatore vient de mourir et la convie à son enterrement. Un enterrement qui sera évidemment suivi d'un passage chez le notaire destiné à partager les biens du défunt. le retour de la fille prodigue sur l'île sera plus mouvementé qu'on ne l'imagine et permettra surtout de comprendre enfin ce qui s'est passé, cette funeste nuit de carnaval, la nuit où Mimi a disparu.



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Nous retrouvons pour notre plus grand plaisir la plume alerte, aiguisée et incisive de l'auteure dans « Fille en colère sur un banc de pierre ». Une plume qui n'hésite pas à interpeller son lecteur, comme pour mieux l'intégrer dans le récit qui lui est destiné.



« Souvenez-vous de cet âge où construire un château de sable vous demandait un tel degré d'implication que vous étiez quasiment désespérée à l'idée de sa nature éphémère. »



Au-delà de ce procédé narratif stimulant, c'est encore une fois l'imaginaire de Véronique Ovaldé qui fait mouche. Si l'île de Iazza n'existe pas, on imagine aisément ce petit bout de terre brûlé par le soleil méditerranéen. Pour se perdre dans les méandres de l'imaginaire de l'auteur, il faut plutôt se tourner vers ses personnages. Aïda l'indocile, qui refuse de se draper dans la dignité, la dignité de celle qui a été injustement désignée coupable d'un crime qu'elle n'a pas commis. Et bien entendu Mimi, ce petit ange disparu trop tôt, une enfant qui évoque tout à la fois Saint François d'Assise et l'un de ses petits oiseaux qui venaient, selon la légende, se poser sur les épaules du saint homme. Mimi, l'enfant éternelle, qui conservera à tout jamais l'âge magique de ses six ans.



« Souvenez-vous de cet âge où jamais vous ne marchiez mais toujours sautilliez. »



Mimi, personnage touché par la grâce et délaissée par la pesanteur. Une enfant pour qui la vie sur l'île n'est qu'un jeu qui n'a pas de fin, un présent éternel, sans angoisse ni remords. Une petite fille qui prononce tantôt des phrases dont la sagesse évoque un philosophe grec aux cheveux blanchis par les ans.



« Mimi, donc, prononça avec sa voix aiguë et son zézaiement caractéristique :

- Mais à quoi bon durer.

(...) Aïda se retrouva le coeur fendu et elle se mit à pleurer comme ça, là, devant Mimi, qui arbora tout à coup un air vaguement surpris puis reprit son découpage comme si elle n'avait fait qu'émettre une réflexion sur la vitesse du vent. »



À travers une intrigue finement menée où se joue la possibilité d'une rédemption pour la farouche Aïda, « Fille en colère sur un banc de pierre » nous parle avec une immense délicatesse de l'enfance, cet âge qui semble éternel, et qui est pourtant si fugace, cet instant où se côtoient une inextinguible soif de jeu et une sagesse infinie.



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13 à table ! 2019

La partie dévolue à Alice Zeniter m'a laissé une impression troublante. La famille joyeuse décrite dans ses lignes est subitement perturbée par le discours d'un garçon, pièce rapportée par la fille aînée, lors d'un des innombrables barbecue organisé par le père.

Subitement, la joie se teinte de propos racistes, antisémites et ouvertement xénophobes sans que quiconque, ne s'offusque de ce monologue nauséabond.

Dans ce chapitre certains verront les discours de plus en plus présents dans notre vie quotidienne. L'air du temps n'est pas aux humanismes, loin s'en faut !

Fallait-il terminer ce livre "humanitaire" sur cette note là ?

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13 à table ! 2021

Ces petits pockets de nouvelles de différents auteurs sont toujours plaisants à lire. Ils peuvent aussi donner envie de découvrir ou de retrouver l'un des participants en se procurant un de leurs livres. C'est que j'ai fait fait avec Philippe Besson et Jean-Paul Dubois, dont "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" vient de me donner beaucoup de plaisir.
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Fille en colère sur un banc de pierre

Véronique Ovaldé nous mène à la rencontre d'une famille avec un secret et ce secret est bien gardé. Révélé au cours du récit et se suit tout comme les épisodes d'une série et cela jusqu'à la fin.

On se laisse guider sur l'île, à Palerme au grès du récit. La lecture est plaisante. L'écriture par petites touches successives comme une peinture qui utiliserait le pointillisme.

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Des vies d'oiseaux

Une perle ! J'ai découvert Véronique Ovaldé avec La grâce des brigands, qui m'avait plus interrogée que totalement séduite, mais avec Des vies d'oiseaux tout y est : une écriture subtile et intimiste, une intrigue, des personnages cabossés par la vie qui vont se croiser...
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Personne n'a peur des gens qui sourient

Je découvre cette autrice et j'aime assez son style direct et vif. Les phrases en paraissent souvent très longues, mais bon... Certes, il faut suivre les élucubrations de l'héroïne, pas toujours facile...

L'histoire, très originale, m'a surprise, car on ne s'attend absolument pas à une telle évolution dans le récit, ni à ce dénouement plutôt désarmant. J'ai tout de même accroché à l'histoire malgré le sentiment de ne pas savoir où elle nous mènera. Surprenant !
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