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Critiques de Vincent Bailly (179)
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Lorraine Coeur d'Acier

La Lorraine et son bassin mineur ou métallurgique composé d'honnêtes travailleurs est au cœur de cette BD. On sait que c'est une région qui a beaucoup souffert des licenciements de masse par rapport à ces usines qui ont fermées les unes après les autres, laissant des familles entières dans le désespoir et la misère.



C'est dans ce contexte qu'à la fin des années 70 alors que le mouvement social était assez répandu, qu'il y a eu la naissance d'une radio pirate qui avait pour mission d'informer les habitants de Longwy et ses alentours. C'était sans compter sur les méthodes des autorités qui brouillaient la radio avec des hélicoptères afin d'empêcher la circulation de l'information.



Cela paraît tellement dérisoire de nos jours où cette liberté est inscrite dans nos mœurs. C'est toujours bon de nous rappeler que ce n'était pas ainsi avant l'élection de François Mitterrand en 1981 qui a marqué la libéralisation des radios.



Cela sera pour certains lecteurs nostalgiques un retour sur le passé où se dégagera beaucoup d'émotion. On se rend également compte que les mouvements sociaux étaient également très difficiles avec beaucoup de violence et déjà de manipulation de la part du gouvernement et des médias. Je retiens l'épisode où le casseur en marge de la manifestation est un policier déguisé sans que cela ne puisse émouvoir les médias et le pays. C'est quand même assez instructif.



C'est une BD qui ne se prend pas la tête, qui reste humble à travers la vision de l'histoire de cette radio par un adolescent vivant avec un père syndiqué et une mère engagée. C'est toute une époque de solidarité pour des milliers de travailleurs lorrains.



Une fois coutume, je me risque à une réflexion toute personnelle suite à cette lecture. On s'est débarrassé de la sidérurgie et maintenant , on achète à prix d'or du fer aux chinois. La désindustrialisation était-elle vraiment une bonne chose pour une société de loisirs et de service ?



C'est vraiment passionnant et les quelques pages documentaires en fin d’album achèvent de nous imprégner de cette histoire assez peu connue.



Une belle BD sur une partie de l'histoire de la Lorraine et de notre pays la France. C'est surtout un récit sur les modestes travailleurs qui méritent tout notre respect. Et puis, c'est bien une radio qui donnait la parole à tout ceux qui ne l'avaient pas !

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Un sac de billes - Intégrale (BD)

J'ai lu "Un sac de billes" de Joseph Joffo quand j'étais ado, je l'ai relu il doit y avoir trois ans quand je l'ai retrouvé dans une boîte à livres. La même lecture avec environ vingt ans d'intervalle, avec un regard différent, mais qui n'a rien perdu de sa poigne. Alors quand je suis tombée sur l'adaptation graphique, je n'ai pas hésité longtemps.



Kris et Vincent Bailly reprennent là l'histoire de Joseph et de son frère Maurice, deux jeunes garçons parisiens et juifs qui ont passé les années de guerre à fuir et à se cacher des Allemands. Jo raconte les trajets d'un endroit à un autre, la peur de se faire prendre, la façon dont ils ont dû renier leur véritable identité, leur enfance volée. Mais il raconte aussi leurs débrouillardises, les retrouvailles, les histoires que leur père leur racontait le soir, des petites anecdotes qui mettent le sourire aux lèvres, les petits boulots et trafics, les personnes qui les ont aidés en pleine connaissance de cause ou à leur insu.



Kris et Vincent Bailly nous offrent ici une très chouette adaptation. Je n'étais pourtant pas fan des dessins au début, que je trouvais un peu trop surchargés, avec des coups de crayons un peu brusques, qui manquent parfois un peu de précision et qui débordent. Mais finalement, j'ai appris à les apprécier au fil des pages : la colorisation (faite à l'aquarelle je suppose), les jeux d'ombre et de lumière, les contrastes, les nombreux traits apparents dénotent bien un travail fait main, et illustrent de manière réaliste l'ensemble des événements.



Quant à l'histoire, je l'ai trouvée extrêmement fidèle à l'originale. Il y manque tout de même la plupart des ressentis de Joseph, mais en ce qui concerne les événements, tout est là (on s'y attarde moins évidemment). Un peu moins émouvante donc, mais qui n'en reste pas moins percutante, pertinente. Et je suis toujours époustouflée de constater à quel point ces deux gamins sont débrouillards. Je suis bien consciente que les circonstances ne leur ont pas laissé le choix, ils sont également souvent tombés sur les bonnes personnes, mais quand même ils m'épatent... Honnêtement, je ne vois pas mon fils de bientôt 12 ans à leur place...



Le petit plus de cette adaptation, c'est que je la trouve accessible à de plus jeunes lecteurs que le livre d'origine, à partir de 11-12 ans peut-être, à peu près l'âge de Joseph quand il débute son histoire finalement. Les événements racontés sont terribles, mais pas racontés de manière violente ou choquante.



Cette adaptation graphique pourrait être une manière pour nos jeunes de comprendre un peu la France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale. Une manière également de se rendre compte du destin des "Youpins" que les nazis leur réservaient, de la persécution des Juifs à cette époque. Une manière peut-être aussi de voir, qu'à leur âge, on peut accomplir de grandes choses indépendamment des adultes.

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Coupures irlandaises

1987. Christophe, tout content, court dans les rues de sa petite ville bretonne. Il se rend chez son ami, Vincent, à qui il annonce, d'emblée, la bonne nouvelle. Ses parents ont dit oui pour le séjour linguistique en Irlande, à Belfast. À eux les petites irlandaises, les baignades dans le lac du Connemara !

Trois mois plus tard, après des heures de voyage en train puis en bateau, les deux amis débarquent dans une ville grise et pluvieuse où l'armée rode à chaque coin de rue. Ils attendent longtemps sous un arrêt de bus avant qu'une vieille femme ne vienne les chercher et les conduise à pied vers leur maison d'accueil. Là encore, ils sont surpris par la présence des soldats armés et des blindés. Chaleureusement reçus par la famille Devlin, ils vont malheureusement déchanter lorsque Christophe apprend qu'il va habiter dans une autre famille, protestante celle-ci.



Ce roman graphique, quasi-autobiographique, narre le périple de deux bretons en terre irlandaise. Une terre qui porte encore les stigmates du conflit irlandais, des soulèvements et des luttes politiques. Les deux adolescents ne se doutaient pas, en mettant les pieds à Belfast, du climat délétère qui régnait alors. Ce qui devait être un voyage linguistique enrichissant et instructif allait prendre une tournure inattendue car les deux adolescents de l'époque allaient découvrir le rai visage de l'Ulster, les blindés, les patrouilles, le chômage, la haine, la peur, la pauvreté mais aussi le courage et la solidarité. Un séjour qui marquera à jamais Kris et Vincent Bailly. À travers ce récit, l'auteur ne cherche pas à prendre position mais tente de dépeindre les conditions de vie à cette époque, les relations humaines si particulières. L'auteur excelle dans l'art de nous plonger dans ce Belfast des années 80. Graphiquement, Vincent Bailly nous offre de très belles planches au trait nerveux et aux visages expressifs, servies par des couleurs directes du plus bel effet.

Aujourd'hui encore, Kris se demande comment ses parents ont pu le laisser partir là-bas.

À noter en fin d'album, une dizaine de pages de témoignages, dont celui de Sorj Chalandon, et un dossier très instructif sur le conflit nord-irlandais.
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Un sac de billes, tome 1 (BD)

Paris, rue Marcadet, 1941. Deux frères, Maurice et Joseph dit Jo Joffo, jouent aux billes en pleine rue. N'ayant pas vu le temps passer, ils se pressent de rentrer chez eux avant de se faire enguirlander. Dans son salon de coiffure, leur père les accueille gentiment en les conseillant d'aller faire leurs devoirs avant que leur mère fulmine. Ils ressortent peu de temps après, se débarrassant assez vite de leurs devoirs et espérant reprendre leur jeu. Ils croisent en pleine rue deux soldats allemands qui se dirigent vers le salon de coiffure. Les deux gamins ayant volontairement caché la pancarte "Yiddisch Gescheft". Accueillis comme tout autre client, chacun s'attelle à les coiffer correctement tout en discutant. Très contents de la prestation et de l'accueil chaleureux, ils sont alors très surpris dès lors que le père Joffo leur révèle que tous les gens ici sont juifs. Les soldats n'osent rien dire et repartent. Une belle revanche pour le coiffeur qui s'est construit tout seul. Malheureusement, quelque temps plus tard, l'étoile jaune devient obligatoire. Les deux gamins rechignent à la porter. Plus grave encore, Paris commence à être occupée...  



Kris s'est emparé de l'oeuvre de Joseph Joffo et nous la propose en bandes dessinées. Un choix évidemment judicieux pour les plus jeunes qui veulent se l'approprier et pour les plus âgés qui veulent en avoir un tout autre aperçu. Le résultat, pour ce premier tome, est réussi. L'on retrouve l'innocence, l'insouciance et la débrouillardise de ces deux frères contraints de quitter Paris occupée et de rejoindre seuls leurs frères aînés à Menton. L'on ressent, malgré tout, une certaine tension pendant ce périple. Les aquarelles de Vincent Bailly et son trait réaliste nous plongent de suite dans cette période. 

Un premier volet convaincant, tant sur le fond que sur la forme. 



Plongez dans Un sac de billes...
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Un sac de billes, tome 2 (BD)

Les deux frères, Maurice et Jo, obligés de quitter Paris, sont enfin passés en zone libre et ont réussi à rejoindre leurs deux frères aînés à Menton, petite ville dans laquelle ils se sont trouvé un appartement et travaillent en tant que coiffeur. Pour les deux plus jeunes, la ville ressemble au paradis et il y flotte un vent de liberté. Repas gargantuesque, parties de football et vagabondages dans les rues rythment leurs journées. Les soldats allemands ont été remplacés par des italiens avec qui ils se lient d'amitié et trafiquent. Chacun trouve un boulot, Maurice en tant que boulanger et Jo gardien de vaches. Malheureusement, ce petit bonheur sera entaché par une bien mauvaise nouvelle: leurs parents ont été arrêtés par les autorités de Vichy et enfermés dans un camp. Henri décide d'aller les libérer tandis que les enfants s'inscrivent à l'école...



Nous suivons cette fois les deux enfants dans les rues de Menton, petite ville au charme désuet, avec ses arcades et ses vieilles églises. Toujours aussi débrouillards, ils ne manquent jamais d'idées. De quoi vous faire oublier pour un temps l'étoile jaune et la guerre. Malheureusement, celle-ci va très vite les rattraper notamment avec la traque des juifs, le STO et de nouvelles fuites. Kris adapte brillamment dans ce second volet le roman de Joseph Joffo. Mêlant habilement les drames qui se jouent et parfois l'insouciance des gamins, il nous livre une histoire touchante. Cette guerre vue et vécue par des enfants prend un tout autre aspect. Les aquarelles de Vincent Bailly sont de toute beauté et son trait nerveux donne du rythme à ce récit. 



Plongez dans Un sac de billes...
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Partitions irlandaises, tome 1

J'adore ces histoires à la Kris avec des dialogues qui détonnent pour marquer une belle histoire d'amour sur fond de guerre de religion en Irlande. Cela donne un véritable goût d'authenticité.



Par ailleurs, on aime tout de suite les deux principaux personnages qui ont une véritable consistance. D'autres auteurs devraient sans aucun doute s'inspirer de ce style. C'est réellement dans la mouvance de l'humain avant tout.



Le Brexit a entraîné le retour de valeurs identitaires en Irlande ce qui n'est pas une bonne chose pour la paix des peuples. Voici la guerre irlandaise ravivée sur fond de tension entre deux communautés que tout oppose.



J'aime beaucoup ce graphisme qui est sublimé par l'aquarelle. Cela rend les décors réellement magnifiques avec toute cette palette de couleurs. Les personnages prennent véritablement vie. J'ai pu également remarquer des efforts réalisés quant à la netteté du trait.



Les deux auteurs semblent très attaché à la cause irlandaises. Ils avaient déjà produit ensemble « Coupures irlandaises » sur cette guerre civile qui n'en finissait pas. J'ai toujours pensé que les différences peuvent constituer une source de richesse pour peu que l'ouverture d'esprit existe. Mais bon, c'est un autre débat.



Le thème est celui de l'amour qui peut être plus fort que la guerre. Il faut aller au-delà des préjugés et des différences, voir des douleurs du passé afin de pouvoir construire un avenir radieux. Cette ballade irlandaise m'a pris en plein cœur.



Ce premier couplet est un sans faute. Il y aura une suite à découvrir. Je peux allègrement conseiller la lecture de cette BD, qui sous le couvert de l'amour entre deux êtres que tout sépare, nous offre un regard sur une période toute récente de l'Irlande.
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Un sac de billes - Intégrale (BD)

Cette BD est fidèle au roman de Joseph Joffo.

Maurice et Joseph réussissent avec courage à traverser la France pour échapper aux soldats allemands. Leur aventure est incroyable de débrouillardise, de solidarité et de chance. Les dessins et les couleurs apportent merveilleusement bien l'ambiance de ce passé où les enfants grandissaient si vite, trop vite. Où la vie basculait pour une étoile épinglée sur le cœur. Plus le temps de jouer aux billes.





Par contre je n'ai pas ressenti autant d'émotion qu'à la lecture du roman. On ressent moins le danger, la violence, les sentiments. Et forcément, avec moins de détails, on survole un peu l'histoire sans s'en imprégner vraiment, pour ma part en tout cas.

Mais l'essentiel est là avec cette aventure autobiographique en couleurs, finement dessinée. Elle pourra donner envie de découvrir le roman de Joseph Joffo.
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Coupures irlandaises

Cet ouvrage est bien plus qu'une simple bande-dessinée...c'est surtout un témoignage, des souvenirs d'enfance racontés (et modifiés pour la raison de l'intrigue), et qui plus est un documentaire sur les troubles qui se sont déroulés en Irlande du Nord et qui impliquent de plus en plus le lecteur dans cette intrigue à côté de laquelle il ne peut pas rester indifférent car il se dit "Mince, tout, ce que je viens de lire s'est réellement passé !".



Ici, pour ce qui concerne l'histoire principale (celle de la bande-dessinée don), Christophe Nicolas sont deux adolescents qui rêvent de pouvoir réaliser leur projet :celui d'aller deux mois en Irlande du Nord, à Belfast plus exactement. Vous réalisez ce qu'il se passe alors dans leur tête : deux mois sans les parents, seuls dans un pays étranger et surtout...ce qui les fait saliver d'avance : les jeunes irlandaises ! Eh oui, sauf que nous sommes à la fin des années 1980 et qu"'il ne fait pas bon de se retrouver à Belfast dans ces années-là..Non seulement nos deux amis vont se retrouver dans deux familles d'accueil différentes (ce qui n'était pas du tout prévu dans leur plan) mais en plus, ils vont se retrouver confronter à de terribles événements...Une Guerre dans laquelle ils ne sont pas impliquée et qui pourtant, les marquera bien plus que ces deux ados qui se veulent, "durs" n'auraient pu imaginer.

La preuve est est cet ouvrage que l'un des deux s'était fait la promesse de pubier un jour afin de "témoigner" et de ne jamais oublier.



Le graphisme est assez particulier puisque les dessins tirent plus vers l'art expressionniste que réaliste (mais cela étant voulu, j'adore), avec des couleurs pastels mais aussi ternes par moments (eh oui, autant l'Irlande peut être verte, autant elle peut être grise et terne...surtout en cette période de troubles). Livre lu dans le cadre du prochain-club lecture organisé par ma ville et qui a pour thème de se pencher sur les derniers ouvrages sélectionnées pour le Prix littéraires des apprentis et lycéens de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur au cours de ces dix dernières années, je pense que celui-ci se placera sûrement parmi mes "coups de coeur". Aussi, je ne peux que vous inviter à venir le découvrir car il m'a également incité à me re-pencher sur des souvenirs d'Histoire" trop souvent oubliés...
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Mon père était boxeur

Championnats de France Poids lourds. Une troisième finale se joue sur le ring pour Hubert Pellerin. Et ce sera une troisième défaite pour cet homme. Assis sur le banc des vestiaires, seul et un peu penaud, il est bientôt rejoint par sa fille, Barbara. Une fille qui ne l'aura jamais vu porter les gants puisque peu de temps après, il raccroche pour devenir représentant en spiritueux. Une fille qui, aujourd'hui, a décidé d'écrire sur ce père. Que sait-elle réellement de lui? À part qu'il était boxeur. Ne lui revient alors en mémoire que ce papa violent. Parfois incontrôlable. Souvent absent. Mais à 30 ans passés, celle qui l'a toujours fui depuis sa majorité, a décidé de faire un reportage sur le monde de la boxe... Avant tout sur son père, sans doute...



Barbara Pellerin, à travers cet album, nous raconte avec sensibilité, une certaine pudeur et beaucoup d'émotions, l'histoire d'amour entre son père et elle. Aujourd'hui décédé, ce père qu'elle a tant fui se rappelle à elle. Des souvenirs fugaces qui reviennent, quelques photos et une vidéo super 8. Et ce reportage qu'elle tournera peu avant sa mort en 2012. De son amitié avec Kris naîtra cet album poignant, gracile et empli de tendresse. Une déclaration d'amour forte pour celui qui l'a tant chérie. Graphiquement, Vincent Bailly frappe juste avec ce crayonné énergique et expressif, ses visages taillés au couteau, ses choix de couleurs judicieux (rouge pour les gants, gris pour les flashbacks...).

Un récit magnifique sur deux êtres qui se sont perdus en chemin.
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Coupures irlandaises

Deux jeunes Bretons de 14 ans partent en Irlande à Belfast pour peaufiner leur langue anglaise. Ce voyage va être on ne peut plus instructif et ancré dans leur vie.

Pendant quelques jours, l'un va se trouver dans une famille protestante dans un quartier huppé et l'autre dans une famille chaleureuse catholique dans le quartier de Market, populaire, quartier surveillé par les militaires britanniques.



Pour des raisons qui échappent à ces deux jeunes garçons, mais pour leur plus grand bonheur, ils vont bientôt se retrouver dans la même famille celle qui est catholique.

Cette bande dessinée, suivie par une annexe extrêmement intéressante nous fait voir le conflit Nord irlandais. Certes il y a un peu de fiction à la fin mais cela ne gâche en rien les propos. C'est un beau témoignage qui mêle l'insouciance, la légèreté de l'adolescence avec la gravité et la violence des combats.

Les dessins de Vincent Bailly ont un style que je ne saurais décrire, porté t il un nom ? Je ne sais pas, mais le style me plaît beaucoup, c'est un peu flou les traits ne sont pas bien marqués et cela donne à charme bien particulier qui colle tout à fait à l'histoire.

Je sors donc conquise par ma lecture.





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Un sac de billes, tome 3 (BD) : Baby-Foot

Il me restait ce troisième tome à lire, adapté de « Baby-foot » de Joseph Joffo, que j'ai lu en novembre dernier. J'ai laissé passer un peu de temps avant d'ouvrir cette adaptation graphique, comme ça m'arrive souvent, pour m'éviter de trop comparer.



Pour rappel, dans « Un sac de billes », Joseph, dit Jo, est un petit "youpin" qui nous raconte comment il a dû sillonner les routes de France et se cacher pendant l'Occupation allemande, seul avec son frère Maurice, alors âgés tous deux de dix et douze ans. « Baby-foot » en est directement la suite : Après quatre années d'exil, Jo est de retour à Paris. Il vit avec sa mère et son frère aîné Henri, au-dessus du salon de coiffure qu'Henri a repris, leur père n'étant jamais revenu des camps...



Une place au salon lui est automatiquement réservé sitôt que Jo obtiendra son certificat d'études. Mais pour ce dernier, il n'en est pas question : Couper des tifs toute la journée, ça le débecte ! Quant au certif', ils peuvent bien tous se le mettre là où il pense, Jo a bien d'autres choses en tête.



À commencer par vivre et par réaliser ses rêves, dont celui de devenir champion du monde de boxe et connaître la célébrité en Amérique. Jo a donc d'autres chats à fouetter que de faire de l'école une priorité. Il faut bien que jeunesse se passe, comme diraient certains, d'autant qu'on sait que Joseph sera plus tard écrivain et non boxeur, mais aussi et avant tout coiffeur... Mais avant de redescendre sur terre, il profite de la vie et des opportunités qui lui sont offertes : les copains, les filles, le cinéma américain, le baby-foot avec les potes, la boxe, les petits trafics de chewing-gum et de farine avec les soldats américains.



Jo incarne à lui seul la jeunesse de l'après-guerre, en cette année 1946, celle qui peut désormais voir devant soi, et donc avoir des rêves à réaliser et des perspectives d'avenir. Jo a pris comme idéal le modèle américain et voit très loin. Il finira bien par ouvrir les yeux, mais en attendant, il croque la vie à pleines dents et sait nous en faire profiter, à nous lecteurs.



J'ai retrouvé le petit Jo très débrouillard qui m'avait tant touchée dans cet adolescent plein d'entrain, expansif et toujours plein de réparties. Toujours aussi dégourdi et malin, qui sait ce qu'il veut (et ne veut surtout pas), il m'a souvent fait sourire. C'était un réel plaisir que de le rencontrer à nouveau.



Un petit mot sur les dessins, quelque peu "imparfaits" (au sens non péjoratif du terme), avec des décors en fond plutôt approximatifs mais qui recèlent pourtant de menus détails, aux couleurs sobres et aux traits vifs et tout en mouvement qui s'accordent parfaitement avec le tempérament de Jo.



En résumé, j'ai passé un très bon moment grâce à cette BD qui donne libre cours à la jeunesse insouciante et au besoin de vivre à fond.

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Coupures irlandaises

Deux copains bretons vont séjourner à Belfast pour améliorer leur anglais. Seulement nous sommes en 1987, en plein conflit. Ils vont loger dans deux familles extrêmes. D'un côté l'insouciance de la jeunesse, de l'autre la triste réalité.

Une postface instructive où, bien sûr, on retrouve Sorj Chalendon, grand connaisseur de l'Irlande.

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Lorraine Coeur d'Acier

Un récit de Tristan Thil

Dessin de Vincent Bailly

Postface de Baru



Nous avons vécu à Longwy-Haut alors que la sidérurgie n'était pas encore à l'agonie. Les hauts-fourneaux crachaient le feu et la "féerie nocturne", vantée par les cartes postales, ravissaient petits et grands.

Les aléas de la vie ont fait que nous avons quitté la région avant qu'elle ne s'embrase, avant que ne débute cette lutte perdue d'avance pour sauver les emplois.

Hommes et femmes, quelles que soient leurs professions, soutenaient courageusement les sidérurgistes.

Ils ont déployé toute leur énergie pour sauver ce qui faisait leur vie, avec le résultat que l'on sait : une région sinistrée, exsangue.

Mais qu'en ont à f****e les grands patrons ! Leur vie à eux ne sera pas impactée.

Que leur importe les vies massacrées, ce ne sont que des ouvriers.

Qu'ils créent leur propre entreprise !

Qu'ils traversent la rue pour trouver du travail !

Bien sûr !!

Les manifestations, les défilés, ils ont tout tenté. Ils ont même enlevé Johnny, oui, celui qui chantait « quoi ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule ». Et bien leur gueule, à ces prolétaires, ils voudraient qu'elle reste marquée par un travail éreintant qui leur permettait de vivre dignement.

Le 17 mars 1979 à 16 heures la radio pirate "Lorraine coeur d'acier" est lancée par Jacques Dupont et Marcel Trillat.

Cette radio se veut une radio libre, à la parole libre, ouverte à tous même aux patrons, même aux travailleurs immigrés et même aux femmes, « sauf l'extrême droite, parce que le FN, ce n'est pas une opinion, c'est un délit ! le discours raciste on n'en veut pas » Page 17.

Ce choix ne fait bien sûr pas l'unanimité.

Et les autorités feront tout pour empêcher sa diffusion sur les ondes, allant même jusqu'à utiliser le brouillage via des hélicoptères.

Une bande dessinée utile, indispensable pour connaître la lutte farouche d'une région oubliée.

Pardon d'avoir été si longue, ce n'est pas dans mes habitudes.



« Salut et fraternité »

Tristan Thil

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Coupures irlandaises

L'Irlande, Christophe et Nicolas en rêvent. Et malgré leur jeune âge - quatorze ans - leurs parents les laissent partir pour l'été dans une famille d'accueil (autres temps, autres moeurs, les années 80). Les deux adolescents sont vite mis au parfum en arrivant à Belfast. Il pleut. Mais surtout, ils débarquent au milieu de cette guerre civile assez peu médiatisée en France. Soldats et chars dans les rues, patrouilles d'hélicos, attentats, restriction des allées et venues de la population.



Vingt ans plus tard, Kris raconte ce séjour irlandais qui a marqué son adolescence : l'accueil chaleureux des hôtes, le dépaysement, la découverte du flirt avec les "petites Irlandaises". Mais aussi l'immersion brutale dans une guerre, pour des 'enfants' qui ne connaissaient que celle de leurs grands-pères (très vaguement).

Kris s'est inspiré de cette expérience marquante pour écrire et mettre en images une fiction dramatique.



Le contexte géopolitique est rappelé dans une excellente postface détaillée. Et si l'on a lu 'Mon traître' et 'Retour à Killybegs', on ne peut qu'y penser tout au long de la lecture de l'album. C'est donc avec plaisir qu'on trouve dans cette dernière partie le témoignage de Sorj Chalandon - témoin très impliqué affectivement dans le conflit.



--- A noter : Kris a également co-signé avec Etienne Davodeau l'émouvant album 'Un homme est mort' (manifestations des ouvriers des chantiers navals à Brest dans les années 50).
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Coupures irlandaises

En 1987, l'Irlande n'était pas encore une destination prisée comme aujourd'hui, alors ne parlons pas de l'Irlande du Nord! Pourtant, Nicolas et Christophe, deux ados, décident, grâce aux relations de leur enseignant, d'y passer un séjour linguistique de deux mois. Eux et leurs familles ont bien entendu parler de conflits entre catholiques et protestants mais ne s'inquiètent pas outre mesure: en 1987, l'Europe en a fini avec la guerre depuis déjà belle lurette.

Après un long et compliqué voyage qui les fait passer par la Belgique et l'Ecosse, les deux garçons arrivent dans la famille des Devlin: bonne ambiance assurée grâce à Martha, chaleureuse et drôle, et Henry, très populaire dans ce quartier catholique. Malheureusement, Christophe - Chris en Irlande, va devoir s'installer dans le quartier protestant auprès de la famille Nicholl dont le père est bien moins sympa, tout ça parce que leur prof préférait séparer les deux garçons afin qu'ils progressent plus vite.

Peu de temps leur sera nécessaire pour qu'ils aient une idée de ce qui se passe réellement à Belfast à cette époque: des camions blindés stationnent autour du quartier catholique encerclé comme un ghetto, surveillé par des soldats britanniques s'amusant à faire peur aux enfants avec leurs armes. Enfin, des miradors surplombent le tout. Les habitants du quartier, les jeunes surtout, quotidiennement humiliés, sont révoltés et dangereusement remontés contre l'armée britannique et les protestants en général. le fils de la famille Devlin, 12 ans, n'hésite pas à les insulter et à leur lancer des pierres, tout comme ses copains.

Du côté protestant, l'ambiance est plus calme et les jeunes semblent plus distanciés quant à cette situation intenable, c'est du moins ce que les garçons peuvent témoigner de leurs rencontres, de jolies irlandaises entreprenantes, pour leur plus grand plaisir.

Les trois quarts du récit sont grandement autobiographiques: Kris se remémore son propre voyage à Belfast avec un copain, et il écrit le scénario, dans lequel j'inclus dialogues, attitudes et anecdotes, avec une grande justesse. On y croit, tout simplement. Là où ça se complique un peu, c'est dans la partie imaginée pour étoffer l'intrigue: je n'ai pas eu besoin de savoir à quel moment le récit changeait pour le comprendre, car je n'y ai pas cru.

Cette bande dessinée m'a ramené aux années 80-90 où l'on commençait à voir les images de cette violence urbaine en pleine Europe, de cette injustice profonde et intolérable.

Depuis, j'y suis allée - après le cessez-le-feu-, et j'y ai retrouvé cette violence encore inflammable et ces camions blindés impressionnants. Dans certains quartiers, on retient sa respiration tant la haine est encore présente.

Bref, c'est une bonne BD, à la fois juste et témoignant d'une histoire contemporaine proche de chez nous. le livre se termine par quelques pages de différents témoignages sur la situation nord-irlandaise, notamment par Sorj Chalandon, auteur de Retour à Killibegs et Mon traitre.

Un petit plus pour les illustrations de Vincent Bailly, très agréables et expressives.
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Coupures irlandaises

" I can't believe the news today,

oh I can't close my eyes

and make it go awaaaaaaaaayyyyyyy"



Tout commence sous le signe de l'euphorie pour Christophe et Nicolas, deux jeunes ados bretons qui apprennent que leurs parents les autorisent à partir un mois dans une famille anglophone. Seulement, ce voyage, ils n'en ont pas encore conscience va les marquer à vie et à vif. Car ce voyage, c'est à Belfast en Irlande du Nord, en 1987 : c'est-à-dire en plein milieu des Troubles (qui se traduisent par des affrontements entre la minorité catholique et l'armée britannique venue prêtée main forte aux protestants). Ils vont donc découvrir ce que signifie être adolescent dans un pays plein de check-points avec une armée étrangère sur son sol sans égard pour la population - qui résiste malgré tout !



J'avais déjà lu les 4 excellents tomes de Notre-Mère la Guerre, alors c'est très confiante que je me suis dirigée vers cet album (qui parle de l'Irlande en plus!). Et comme les deux jeunes, moi non plus je n'ai pas été déçue du voyage.

Certes les graphismes semblent parfois un peu brouillon, mais l'histoire est tellement forte qu'on oublie cet aspect.



Pour ceux qui connaissent mal ce passage de l'Histoire, des pages documentées à la fin de l'album aideront à palier ce manque.

Dommage que les éditeurs n'aient pas ajouté quelques références de chansons (mais bon, c'est un détail...).
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Coupures irlandaises

Coupures irlandaises n'est pas seulement le témoignage sur une guerre civile pour mieux comprendre le conflit nord-irlandais, il parle aussi de l'importance de l'engagement politique et du sens des responsabilités à assumer.

Un très bon souvenir de lecture.
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Coupures irlandaises

Deux ado français partis en en goguette, accueillis dans une famille dans le Nord de L'Irlande en 1987 pensant juste aller draguer les filles!.. ..et qui ne s'attendaient pas à vivre des événements politiques, qui vont s'avérer tragiques et marqueront à jamais l'histoire de ce pays.

Bande dessinée aux dessins très agréables, l'ambiance est rehaussée par les teintes de couleur pertinentes, la trame de l'histoire est inspirée de faits réels, le contexte historique est repris en fin d'ouvrage de manière détaillé et intéressante par le témoignage de l'auteur.

Très bon support documentaire en littérature jeunesse.
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Coupures irlandaises

j'ai choisi cette BD par hasard à la bibliothèque et je ne le regrette vraiment pas. elle est très belles tant au niveau des textes qu'au niveau des dessins.

2 jeunes garçons Bretons partent en Irlande sur les conseils de leur professeur d'anglais pour perfectionner la langue. le voyage se fait dans des conditions rudimentaires et vont de surprises en surprises : ils sont dans des familles différentes alors qu'ils espéraient rester ensemble, l'un dans une famille catholique sympathique l'autre chez une famille protestante beaucoup plus rigides. ils découvrent avec stupeur que c'est la guerre avec les chars dans Belfast les armes...

ils demandent à se voir tous les jours car le contexte leur pèse. et un jour celui qui habite dans la famille catholique s'enfuit pour rejoindre son ami, par ses propres moyens et là les violences s'enchaînent physiques et morales, avec contrôles d'identité, menaces, marquant ces 2 adolescents profondément avec un dénouement tragique.

c'est une histoire vraie racontée par l'un des 2 ado qui s'est beaucoup investi dans l'histoire de l'Irlande dans son travail à l'âge adulte.

à la fin, il y a des textes parlant de personnalités qui se sont engagées dans le soutien notamment aux élus grévistes de la faim: on se souvient de Bobby Sands que Mme Thatcher à laissé mourir dans une grève de la faim pour la liberté de penser en fait ainsi que 8 autres députés.

belle histoire et qui fait réfléchir à cette période de l'histoire qu'on a un peu oubliée car d'autres conflits sont survenus sur la planète mais il est important de se souvenir...

merci Kris...
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Lorraine Coeur d'Acier

Radio pirate fondée en mars 1979 par la CGT à Longwy pour lutter contre les fermetures d'usines sidérurgiques, Lorraine Cœur d'acier fut une véritable expérience sociale, marquée par son ouverture.



C'était une radio véritablement libre, qui prônait la solidarité et qui aura notamment accueilli des personnalités politiques comme Georges Marchais, Daniel Cohn-Bendit, Alain Krivine, Françoise Giroud, Jean-Jacques Servan-Schreiber.



Mais tout le monde pouvait y intervenir, et elle diffusait aussi de la poésie, de la musique et des récits de vies.



Ce roman graphique d'envergure assez exceptionnelle est avant tout une belle ode à la liberté d'expression, et dévoile avec un peu de nostalgie mais sans s'appitoyer non plus un pan de l'ancien monde quand on parlait encore de politique sur de nouvelles radios dont l'adverbe libre n'était pas galvaudé .



Le scénariste Vincent Bailly et l'illustrateur Tristan Thil restituent avec pas mal d'élégance et de soin le climat un peu fin de régne et crépusculaire de ce monde révolu tout en insistant sur l'humanité et la solidarité qui se dégagent des personnages.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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