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Critiques de Viola Ardone (380)
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Le train des enfants

Naples, 1946, fin de la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste veut offrir aux enfants du Sud de l'Italie une vie meilleure, loin de la pauvreté, de la misère, de la saleté. C'est à ce moment que le train des enfants est créé. Des milliers d'enfants du Sud vous convoyaient vers le Nord du pays...



Amerigo quitte Naples, sa ville natale, sa mère qui l'élève seul, son quartier, pour une autre vie au terminus de la voie ferrée. Avec lui, ses amis, Tommasino et Mariuccia embarquent dans ce train qui mène à l'inconnu.



Les enfants découvrent une nouvelle vie, une nouvelle famille, un nouveau paysage, rempli de richesse, où l'on ne manque de rien. Amerigo se découvre des frères, des amis, des passions, et peut-être un avenir. Mais le temps est compté car le train l'attend de nouveau après plusieurs mois pour un retour à Naples...



Déchiré entre un amour maternel et sa famille d'adoption, quel chemin Amerigo va-t-il choisir ? Car le parti communiste ne sait pas demandé ce qui se passait par la suite, une fois les mois écoulés dans ce Nord de l'Italie.



Sublime roman s'inspirant de faits historiques où Viola Ardone raconte l'histoire d'un amour manqué entre un fils et sa mère.



Une plume exceptionnelle, envoutante de réalisme car ce roman est raconté à la manière d'un enfant de 8ans. L'auteure nous fait traverser une vie, celle d'Amerigo à travers les yeux et le langage d'un enfant mais aussi par la suite d'un adulte perdu.



Totalement conquis par ce beau roman qui a tous les ingrédients pour un coup de coeur : l'histoire, l'écriture, l'émotion, les mots d'enfants et l'Italie. Comme un gout de voyage mais sans retour, Viola Ardone livre un roman sur le déracinement et ses conséquences, écrit avec style et passion.
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Le choix

Difficile de ne pas voir à travers l'histoire d'Oliva Denaro - l'héroïne du nouveau livre de l'auteure - celle de Franca Viola, la figure emblématique du féminisme en Italie. Comme Oliva, elle est connue pour avoir été la première à avoir le courage de dire non à l'homme qui voulait l'épouser contre sa volonté, en Sicile, dans les années 60.



Même recette que pour le précédent livre de l'auteure : elle réhabilite un pan de l'histoire de l'Italie trop vite oublié, elle adopte le point de vue d'un(e) enfant pour traiter de la perte de l'innocence, et découpe consciencieusement son récit en 4 parties différentes - la dernière partie étant celle des bilans, qui projette le lecteur quelques décennies plus tard dans la vie des différents personnages, via des raccourcis parfois frustrants.



A sa décharge, ce n'est pas chose facile que de tenter de romancer une histoire vraie, du vivant des protagonistes qui plus est. Elle prend des risques en travaillant dans son roman à combler les trous d'une histoire passée à la postérité. Mais elle veille néanmoins à nous livrer un récit exempt de tout jugement et porté par une écriture plaisante (à quelques tics de langage près). Et nous laisse le soin de décider si les femmes s'avèrent ici victimes de leur genre, des hommes, d'une époque, d'une classe sociale ou d'une éducation.
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Le train des enfants

1946. Amerigo, âgé de huit ans, vit avec sa maman, Antonietta, dans un quartier pauvre de Naples. Il ramasse les chiffons, dans les rues, pour les revendre. Avec son ami Tomasselli, ils sont très imaginatifs pour élaborer des plans, afin de rapporter plus d’argent à leur famille. Mais le rêve du petit garçon est d’avoir des chaussures neuves. Il n’en a jamais possédé et il observe les pieds de tous les passants.





Lorsque sa mère rencontre Maddalena Crisculo, il ne saisit pas l’enjeu. Lorsqu’il comprend que cette inconnue veut l’emmener, avec des milliers d’autres enfants, dans un train, il ne veut pas que sa mère le « vende ». C’est la promesse d’une nouvelle paire de chaussures qui arrache son accord. En réalité, il s’agit d’envoyer les enfants les plus jeunes, dans le Nord de l’Italie. Pendant quelques mois, ils vont vivre dans des familles qui ont moins souffert de la guerre que celles du quartier d’Amerigo. Cette initiative du Parti communiste a pour objectif de leur donner un nouveau départ.





Le voyage est source d’angoisse. De nombreuses rumeurs ont circulé dans les ruelles de Naples : les mains et les pieds des petits seront coupés, ils sont envoyés en Russie où ils vont être brûlés dans des fours, etc. Le traumatisme de la guerre alimente les fantasmes. Les enfants doivent aussi surmonter le chagrin de quitter leurs parents. Antonietta n’est pas démonstrative, mais sur le quai, ce sont des petits gestes précieux qui montrent son attachement à son fils. Il est trop jeune pour en saisir la substance, mais il les garde précieusement dans son cœur.





« Il dit aux autres que je suis un des enfants du train, qu’ils doivent m’accueillir et me faire me sentir comme chez moi. Chez moi, je n’avais rien, je me dis. Alors ce serait mieux qu’ils me fassent me sentir comme chez eux. » Pour les Napolitains, le contraste entre leur nouvel environnement et la misère de chez eux est saisissant. Ils sont déchirés entre l’amour qu’ils portent à leur famille et l’attachement qu’ils ont pour ceux qui les ont recueillis. Certains souhaiteraient ne plus repartir. Quand on a goûté au confort, il est difficile de retrouver une vie pauvre. Amerigo a, toujours, vécu seul avec sa maman et il découvre les joies d’une famille nombreuse, dans laquelle les émotions sont exprimées. Alors que sa maman l’a laissé partir…





Un fils, peut-il entendre que « Parfois ceux qui te laissent partir t’aiment plus que ceux qui te retiennent » ? L’histoire est racontée par la voix d’Amerigo, avec ses sentiments d’enfant. Cependant, il est impossible de ne pas penser au déchirement de ces parents qui ont accepté de laisser partir leurs enfants, chez des inconnus. Par ce sacrifice, ils espèrent qu’ils reprennent des forces. Mais le petit garçon n’a que huit ans…





A travers ce fait historique de ces enfants éloignés de leurs parents, c’est la relation entre Amerigo et Antonietta, qui est décrite[…]





La suite sur mon blog...




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Le choix

Années 1960, Martonara, Sicile. Oliva Denaro a 15 ans et est une bonne élève. Elle rêve d'amour et de liberté. En devenant femme, elle doit selon la tradition prendre un mari mais refuse d'épouser Paterno qui, furieux de son rejet, fomente un enlèvement et la viole. Pour sauver son honneur, la loi exige qu'elle se marie avec son agresseur mais, aidée par son père, elle se révolte.



La vie de la jeune Oliva est faite de règles, dès lors où elle a son « cardinal », comprendre, ses règles. Ne plus courir, ne pas regarder les hommes, porter telle tenue, ne jamais être seule dans la rue. Ce qui contraste beaucoup avec sa vie de petite fille, passée à ramasser les escargots avec son père et à battre la campagne avec les camarades du village.



Heureusement, son amie Liliana, fille de communistes et photographe, lui montre une autre voie à suivre, loin des sentiers battus et de la vie coercitive imposée par sa mère et la société patriarcale dans laquelle elle évolue.



Contrairement à beaucoup d'entre vous, je n'ai pas vraiment accroché à ce roman, que j'ai découvert dans sa version audio. La narration est bien menée, l'alternance des points de vue pertinente et l'évocation de l'enfance en milieu rural m'ont convaincue.



Mais j'ai attendu longtemps que l'histoire décolle et le moment clé qui déclenche «le choix» d'Oliva arrive très tard dans ce petit pavé de 500 pages. de même, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de personnages et malgré le drame qui frappe Oliva, je n'ai pas senti d'empathie particulière.



Je fais exception, j'en ai conscience ! Et je comprends sans problème que ce texte ait pu plaire. Historiquement, je n'avais pas connaissance de ce procédé juridique, donnant au violeur le droit d'épouser sa victime. Edifiant. le courage de Oliva et de son père est exemplaire et c'est un bien beau personnage féminin que nous offre Viola Ardone, dont le prénom est l'anagramme de son héroïne.



Excellente lecture de Marie du Bled, qui incarne toutes les voix à merveille, comme d’habitude !

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Le choix

Ecoute très émouvante de ce roman, qui nous en apprend très long sur la condition des femmes en Sicile dans les années 60. Ce n'est pas si vieux, pourtant les traditions décrites sont tellement ancestrales.

La jeune narratrice, Olivia, 16 à peine, devient une belle jeune femme. Un jeune homme de son village tombe amoureux d'elle, mais comme elle ne veut pas de lui, il va s'en prendre à elle pour lui imposer un mariage pour qu'elle évite la honte. Car oui, même si elle est sa victime, il la sauverait des commerages. Mais pour que les choses bougent, il faut des femmes fortes qui font bouger les lignes. Et Olivia est de celle ci.

Le personnage d'Olivia est beau et fort, mais celui de son père est encore plus touchant. Tout comme celui de sa mère. C'est très bien écrit, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur.

Vraiment une très très belle écoute. Les narrateurs sont très agréables à écouter.

Merci à Netgalley et Audiolib pour cette écoute.
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Le train des enfants

Quel joli petit bijou ! Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu un roman ainsi, d'une traite, tournant une page après l'autre, suspendue aux mots de Viola Ardone, ceux qu'elle prête à Amerigo, petit Napolitain à la sensibilité touchante, au regard naïf mais acéré, que la vie bouscule et rudoie, l'entraînant avec elle dans une valse effrénée.

Le parti pris de l'auteure de raconter l'histoire du point de vue de l'enfant m'a d'abord un peu décontenancée. Je me suis dit que j'allais m'ennuyer, dans la tête de cet enfant de 8 ans, à compter les chaussures, tout le temps, et que tout cela était bien gentil, plein de bons sentiments, mais manquait terriblement de profondeur. Au bout de quarante pages, cette idée m'est complètement sortie de la tête : je n'ai pu que faire corps et esprit avec Amerigo.

Quelle judicieuse idée d'avoir choisi de livrer cette histoire méconnue sous l'angle d'un regard d'enfant ! Dans ce train qui l'emporte, il happe tout ce qu'il peut au passage : les mots nouveaux, qu'il explique si joliment, les visages des adultes, leurs soumissions, leurs révoltes silencieuses, les peurs des enfants, leurs bravades héroïques, parfois, les sons, les odeurs ...Et les chaussures.

A Naples, les chaussures neuves ne traînent pas sur les quais de gare. En apercevoir vaut une étoile bonus. A Modène, dans le Nord, elles sont tellement nombreuses qu'il ne vaut plus la peine de les compter. Entre les deux, un gouffre.

Voilà Amerigo tiraillé entre deux mondes : celui de sa maman Antonietta, qui ne s'encombre pas de caresses, mais qui lui réchauffe les pieds, dans ses mains fatiguées, quand il a froid au fond du basso sombre et humide, et celui de Derna, des communistes et de la fraternité, de l'affection, de la tendresse, du saucisson et de la mortadelle. Celui des Speranza et celui des Benvenuti.

Dès lors, comment supporter de revenir à un quotidien étriqué, à un avenir sans perspective, quand on a connu l'ivresse de l'espoir et les ailes que peuvent donner la tendresse et l'affection ? Comment choisir sans trahir? Comment se libérer sans se renier totalement ?

La déchirure est immense, irréparable, et résonne en quiconque a dû, même sans prendre un train comme celui des enfants, faire le choix de s'émanciper pour se sauver...

Beaucoup d'humanité donc, dans ce roman remarquablement écrit. Le regard de l'enfant enveloppe d'une légèreté délicieuse une vérité profonde, douloureuse, palpable. A savourer urgemment ...
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Le train des enfants

Je suis restée à quai en lisant Le train des enfants…

En premier lieu, le fait que ce livre soit inspiré d’un fait réel n’apporte pas grand-chose, car l’auteure ne nous explique pas réellement les enjeux politiques de ce train des enfants. Un premier rendez-vous raté de mon point de vue … et de ce fait, la vision de la période et du contexte reste très superficielle.

Ensuite, le style m’a énormément agacée, car l’auteure voulant faire « vrai » en s’exprimant comme un enfant de 8 ans, va truffer son récit de nombreuses erreurs de syntaxe, qui m’ont horripilée et m’ont rendu la lecture assez pénible. L’expression « Je me sens triste dans mon ventre » qui revient toutes les 5 pages dans les premiers chapitres m’a particulièrement hérissée. Ainsi, c’était une bonne surprise de découvrir dans le dernier quart du livre (mais cela arrive beaucoup trop tard), que Viola Ardone pouvait s’exprimer sans ces figures de style ampoulées, ce qui rendait le récit beaucoup plus agréable à lire et lui permettait de gagner en profondeur.



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Le choix

Sicile, années 60. Il n'est pas facile d'être une femme, dès que "le cardinal" arrive, la fille devient femme, et il en est fini de jouer ,d'être habillée trop court. "Une fille, c'est comme une carafe: qui la casse la ramasse". Soit le mariage est arrangé et si la jeune fille est violée , elle doit se marier avec son violeur. Il n'y a pas de procès contre le viol. L'homme a tous les droits. Une fois marier, la femme ne doit pas sortir, ne doit pas travailler. Elle reste s'occuper de la maison, des enfants.

La loi a seulement changé en 1981 car certaines femmes et hommes se sont battus.

Un roman très intéressant qui nous montre la violence et l'absurdité d'une époque qui n'est pas si lointaine: 42 ans, comme les traditions sont difficiles à disparaitre et à faire évoluer.

Un roman fort, très bien écrit, une héroïne incroyable, qui ne lâchera rien.

Il était plus simple de naitre garçon.
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Le choix

Un roman féministe réussi, se déroulant en Sicile entre 1960 et 1981 et s'attaquant aux articles de loi concernant le crime d'honneur et le mariage réparateur à travers l'histoire d'une jeune fille de cette époque. Le mariage réparateur, c'est ce qui permet à la famille d'une jeune fille abusée d'exiger le mariage pour sauver l'honneur de tous. Mais la jeune fille du roman va faire un autre choix.



J'ai beaucoup aimé ce roman engagé. Un petit bémol pour le début du livre qui est raconté à travers une enfant, d'où une écriture simpliste dont je me suis vite lassée mais qui heureusement évolue avec l'âge de la jeune fille. J'ai aimé les personnages, l'histoire d'amour et le fait qu'il n'y ait aucune vulgarité ou scènes sexuelles "accrocheuses", ce qui est à souligner pour un roman contemporain.



Les personnages principaux, la famille de l'héroïne, en particulier les parents, sont très bien décrits. Ils sont attachants et évoluent au cours du roman. Nous les voyons passer de certitudes rétrogrades à plus d'ouverture, de courage et de bienveillance, suite à ce que leurs enfants vont vivre et affronter.



Le contexte historique, la vie dans ce petit village sicilien, les médisances, les premiers combats féministes "en ville" sont également bien rendus dans le récit.



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Le choix

cinq étoiles pour moi c'est vraiment exceptionnel. un énorme coup de coeur tout est excellent, l'écriture, l'histoire, les personnages, les sentiments, la description de l'époque etc. une intrigue que va devenir l'héroïne ? très actuel sur le thème du consentement. .lisez ce livre sinon vous passerez à côté de quelquechose d'exceptionnel.
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Le train des enfants

un très beau roman, basé sur une histoire réelle, que je ne vais pas re-raconter ici.

J'ai aimé à la fois que l'auteure mette le focus sur un enfant, avec sa trajectoire, sa mère aimante et désaimante, peu tendre, plutôt antipathique, sa misère n'explique pas sa brutalité et son absence d'affection vis-à- vis de son fils, et les autres garçons et filles sont tour à tour charmants, énervants, touchants, désopilants, adorables.

L'auteure n'a pas son pareil pour exprimer par petites touches comme un peintre impressionniste ou mieux pointilliste, pour décrire, nous faire partager, les émotions.

Parents qui abandonnent, déchirés, leur enfant, parents qui s'en débarrassent.

Elle décrit de manière très sensible et légère les vies de ces enfants partagés entre leur famille du sud et du nord.

Elle a choisi, en tant que romancière, des situations différenciées et échappe ainsi à tout manichéisme. Alors que la situation devenait manichéenne. Entre communistes qui avaient échafaudé ce projet et les autres. Mais les autres, que faisaient-ils, face à cette immense misère ?

J'ai aussi apprécié, aimé, ri, même, quant aux stéréotypes anticommunistes, qu'elle nous rappelle gentiment.

J'ai aimé son personnage principal, et toute sa nostalgie.

J'en ai été bouleversée.

Une vraie oeuvre de romancière, noble, partie d'un fait historique, elle a mis en écriture des personnages touchant, tous, jamais il n'y a de caricatures, tout en en notes demi-tons. Je la remercie de m'avoir permis de découvrir cette histoire avec le plaisir de lire un roman joliment écrit.

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Le train des enfants

C’est les yeux remplis de larmes que j’ai lu quasiment 1/3 de ce merveilleux roman. Ce sont donc essentiellement les émotions qui vont guider ma critique.



Nous montons dans un train en partance de Naples en 1946, dans la misère du sud de l’Italie, avec Amerigo Speranza petit gamin de 7 ans. C’est lui qui va nous raconter son histoire, d’une écriture un peu enfantine qui m’a d’abord légèrement agacée puis très vite complètement emportée.



Sa mère ainsi que d’autres parents, décident d’envoyer un ou plusieurs de leurs enfants dans le Nord, un voyage organisé par le Parti communiste, afin qu’ils soient accueillis par des familles plus aisées.



Nous partageons sa tristesse de petit garçon, contraint de quitter sa mère (pas très chaleureuse) pour l’inconnu. Il va atterrir dans une famille aimante, dans laquelle il va apprendre à réparer des instruments de musique et à jouer du violon. Il la quittera néanmoins comme prévu quelques mois plus tard pour retrouver Antonietta sa maman.



Il vit alors une deuxième déchirure de quitter cette nouvelle famille et se retrouve à nouveau face à une mère froide et une vie de pauvre, qui ne lui convient plus puisqu’il a pu côtoyer son rêve : le violon.



Je n’ai pu qu’imaginer la douleur que ce doit être pour une mère, de laisser partir son enfant, même pour son bien. Pourtant j’ai éprouvé de la colère envers Antonietta, qui paraît tellement distante envers son fils. Mais peut on donner ce que l’on n’a pas reçu ?



Et la douleur de la séparation d’un enfant de 7 ans avec son parent, la peur qu’il a ressenti face à l’inconnu et au doute.

Peut on lui reprocher de n’être pas vraiment heureux de revenir, de vouloir vivre son rêve ? De vouloir quitter la misère et la froideur d’une mère qui doit pourtant l’aimer plus que tout ?



A travers une histoire vraie dont je n’avais absolument pas connaissance, Viola Ardone parvient à imaginer et à transmettre avec brio toute la force des sentiments des personnages. Un véritable coup de cœur.
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Le choix

« Une fille, c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère. »





1960, Martorana, un petit village de la Sicile. Oliva a quinze ans et regrette de ne pas être un garçon. Elle aimerait avoir la même liberté que Cosiminio, son jumeau. Elle profite de l’autonomie dont elle dispose, tant qu’elle n’est pas réglée. Le jour où le cardinal investira son corps, ses jupes se rallongeront et elle devra rester à la maison. Elle se cache des garçons, car elle ne veut pas du destin de sa sœur : Fortunata s’est mariée, parce qu’elle était une carafe cassée et vit enfermée. Oliva aime étudier et découvrir de nouveaux mots ; elle répète les déclinaisons latines pour conjurer le sort et elle s’étonne que le mot « femme » puisse être féminin – singulier. Elle n’a jamais vu de femme au singulier : elle ne peut être qu’accompagnée. « La femme au singulier n’existe pas. Si elle est à la maison, elle est avec ses enfants, si elle sort c’est pour aller à l’église, au marché, ou aux enterrements, où il y a toujours d’autres femmes. Et s’il n’y a pas d’autres femmes pour la tenir à l’oeil, il faut qu’elle soit accompagnée par un homme ». (p. 49)





La mère d’Oliva veille à sa réputation. Elle est stricte au sujet des convenances. L’adolescente est partagée entre la nécessité d’écouter les recommandations maternelles et les promesses d’émancipation de son amie Liliana. Fille d’un communiste, cette dernière reçoit une éducation libre. Sous le manteau, elle transmet des revues à Oliva, qui reproduit des portraits de stars. Partagée entre les injonctions de la bienséance et l’envie d’avoir les mêmes droits que les hommes, Oliva cherche des réponses auprès de son père. Elle ne sait pas comment interpréter les silences de ce dernier. Ce manque de mots est, pourtant, la plus belle des déclarations d’amour.





« Une fille, c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère. » Oliva n’a pas choisi d’être cassée, mais sa volonté n’a pas été respectée. Elle ne veut pas être ramassée et elle refuse d’être réparée pour répondre à une loi ancestrale. Courageuse, elle défend son choix. Avec peur, elle affirme sa décision. Avec honneur, malgré l’humiliation de la justice, elle dit « non ». Elle n’est pas seule, même s’ils sont presque tous contre elle. Non, non et non. C’est son choix. Sans les mots touchants mais rares de son père, sans le choix de sa mère, sans l’appui de ses amis et de ceux qui ont voulu changer la société, peut-être n’aurait-elle pas eu la force.





L’Italie n’a abrogé l’article 544 du Code Pénal qu’en 1981. Il y a seulement quarante ans… Viola Ardone rend hommage à Franca Viola, la première Sicilienne à s’être opposée à ce texte révoltant, qui est, hélas, encore appliqué dans certains pays. Cet appel aux femmes à faire du bruit, à ne plus se taire, à s’unir pour que le féminin puisse être singulier et libre m’a énormément émue. J’ai aimé la fougue d’Oliva, ses rébellions secrètes, j’ai été bouleversée par son combat public et forcé, j’ai été admirative de son courage né de sa détresse. J’ai été touchée par les mots choisis de son père, par sa présence discrète et essentielle, par le renversement de sa mère et par l’amitié de ses soutiens. J’ai adoré Le choix.




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Le train des enfants

L'enfer est pavé de bonnes intentions, fussent-elles communistes.



Une généreuse initiative portée par le PC italien, va conduire à séparer des centaines d'enfants de leur milieu familial pour les transplanter dans des familles plus favorisées. Des petits Napolitains en guenilles sont douchés et rhabillés de neuf, et embarqués dans un train, direction Bologne.

Le choc est rude: le climat, la nourriture, les habitudes, la langue, le mode de vie, rien ne ressemble à leur vie d'avant pour ces gosses qui ont connu la faim et le manque de tendresse.

La plupart finissent par s'adapter, voire même se font adopter par leur famille d'accueil. Le sort des enfants est la preuve que la solidarité humaine peut se matérialiser. Les camarades du Parti peuvent se réjouir de la bonne santé et des progrès des enfants.



Mais le Diable attend son heure. Un conflit de loyauté terrible va venir troubler les âmes enfantines. Entre nostalgie et sentiment de trahison envers les parents, liens d'attachement qui se créent avec la famille d'accueil, le petit héros de l'histoire a du mal à démêler s'il souhaite rester ou retrouver sa mère à Naples.

Il faut dire que pour la mère en question, l'éducation bienveillante, "c'est pas sa spécialité ". Quand Amerigo, 8 ans, rentre au foyer, après 6 mois de séparation, il est accuelli assez froidement. Pas question d'aller à l'école ou de jouer du violon, il doit gagner son pain.



Tous ces bambins ont subi une double séparation. Expédiés sans explication en terre inconnue, ils ne savent ce qui les attend. La rupture est brutale.

Et lorsqu'ils doivent repartir, c'est un nouvel arrachement, qui fait disparaître l'espoir d'une vie meilleure.



De très nombreux enfants subissent des situations de séparation "pour leur bien". Surtout en temps de guerre. Ce roman nous aide à comprendre ce qui traverse l'esprit et le coeur des enfants, qui voient le monde à leur façon.

Le style du récit évolue à mesure que l'enfant grandit, devient capable de faire des choix. Sera t'il savetier ou violoniste? Vendeur de pizza ou magistrat?

Saura t'il pardonner- et se faire pardonner- ses choix ?

Dans une langue simple et juste, Viola Ardone nous fait partager les sentiments complexes de son petit héros.

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Le train des enfants

Un récit très sensible pour dire la complexité de la filiation , plus particulièrement celle de ceux qui se sentent «  coupés en deux ».De très beaux portraits de femmes .

L'histoire se déroule en 1946 , l'Italie du sud est plongée dans une grande misère et des mouvements communistes font partir des milliers d'enfants pour quelques mois dans le nord, ils y sont nourris et instruits dans une grande solidarité militante,

Ainsi Amerigo , enfant unique.de 7 ans se retrouve-t-il à bord du train des enfants. Une nouvelle vie chaleureuse commence pour lui à Modene chez Derna et sa cousine Rosa.

Alcide époux de Rosa, lui offre un violon pour son anniversaire.

Mais c'est l'heure du retour à la case départ.ISa mère est exclusivement préoccupée de gagner son pain et le trahira deux fois . de rage, Amerigo monte dans un train pour Bologne.

Longue ellipse. Nous retrouvons Amerigo âgé de plus de 50 ans de retour pour les obsèques de sa mère.De quoi leur temps à l'un et à l'autre a-t-il été fait durant cette longue séparation ?
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Le choix

Titre italien : Oliva Denaro. (anagramme de Viola Ardone)



En Sicile, en 1960, Oliva, la narratrice a quinze ans. Maigre, brune de peau et de cheveux, elle se croit laide.

Elle découvrir des mots dans le dictionnaire et réussit très bien sa scolarité.

Elle dit de sa mère calabraise :" Elle parle et elle passe son temps à me lister les règles à suivre". Règles qui deviendront draconiennes à la puberté. Alors, bien sûr, "nous finissons par devenir telles que nos mères nous voient ".



Le roman se divise en quatre chapitres qui retracent les diverses périodes de la vie d'Oliva, cette fille qui représente la condition des filles et des femmes dans une Sicile arriérée qui perpétue la tradition.

Le manque d'éducation conduit les femmes à être dépendantes et à épouser l'homme choisi par leurs parents.

Leur destin est déjà tout écrit, immuable et inévitable parce que déterminé par leur genre : être femme.



C'est un beau roman au style fluide qui traite des sujets brûlants de l'époque : les inégalités hommes femmes, le rôle négatif des mères, le rôle négatif des mères, le crime d'honneur, le mariage réparateur.



La conclusion est proclamée par Liliana, l'amie du lycée, "Un non isolé peut changer une vie, un grand nombre de non rassemblés peut changer le monde".

Et je n'oublie pas d'ajouter que j'ai aimé le personnage du père. Un sage.
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Le train des enfants

1946 : la fin de la seconde guerre mondiale a laissé l’Italie exsangue, en particulier le Sud de la péninsule, le Mezzogiorno. À Naples dans les quartiers populaires on ne connaît que la misère comme Amerigo, 7 ans, et sa mère célibataire qui vit d’expédients. Mais le parti communiste italien lance l’initiative du « train des enfants » qui permettra aux gamins démunis d’être accueillis pour quelques mois dans des familles du Nord (ici l’Émilie Romagne) pour y manger à leur faim dans ces foyers qui s’ouvrent à eux avec simplicité et générosité.

Viola Ardone se met dans la tête d’Amerigo, le narrateur, et ne tombe jamais dans le travers de la mièvrerie ou de la compassion. La psychologie du garçon, élevé à la dure entre taloches et privations, partagé entre craintes et amertume désabusée, est dépeinte avec une parfaite et émouvante justesse de ton. Son obsession des chaussures trouées qui blessent les pieds, son appréhension des communistes qui mettent les gens dans des fours, comme le colportent les commères, sa surprise devant la relative abondance et l’affection qu’il rencontre chez Derna et Rosa, ses marraines du nord, et qui font fondre sa méfiance, tout sonne merveilleusement juste, de même que le retour douloureux aux dures conditions de vie à Naples.

Un roman difficile à conclure, car la troisième partie où se soldent les comptes de la relation malheureuse entre mère et fils, touche moins que les émotions naïves du gamin de 7 ans.

Une merveille de délicatesse et de sensibilité dans la peinture de ces enfants ballotés entre deux mondes parmi lesquels il leur est si difficile de choisir, et de ces femmes et hommes de bonne volonté qui ouvrent leurs foyers et leurs cœurs au nom d’une fondamentale solidarité. Un hommage est ainsi rendu à une utopie sociale qui n’eut pas de lendemain mais en sauva quelques-uns de la misère et de la délinquance auxquelles la vie les destinait.

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Le choix

Rien d'abstrait dans cette peinture où tout rêve ne peut se concrétiser. Les gestes quotidiens tissés dans la trame des événements et des pensées intimes immergent dans la vie du village sicilien sans impression de fiction. de suite on fait partie de ce village et avec la grâce de Viola Ardone on ressent ce que connaissent les différents personnages. La forme d'écriture évitant le pathos, il se fait que, même si on vibre au fur et à mesure de ce que produit la société de cette époque, on comprend et on espère, s'attachant à respecter le caractère réaliste de ces tableaux vivants.

Le chassé croisé entre les silences et la grande palette de flux verbaux donne une vivacité piquante pour les goûts et dégoûts. le père à l'attitude du Bartleby d'Herman Melville promet des surprises. le jeu des relations à tous les niveaux d'âges et de conditions sera aussi être bien décrit une fois les années passées, récompensant notre patience si jamais il en avait été besoin. Et sans être donneuse de leçon, si ce n'est peut-être de qualité d'écriture sensible et fluide,Viola Ardone sait rappeler que dans la vie on a toujours le choix, quelle que soir l'époque et quel que soit le lieu, sachant que les plus grandes décisions ne sont jamais totalement limpides, et ont des conséquences étrangères aux rêves mais pas toujours à certains progrès.
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Le train des enfants

Une fois de plus, la littérature italienne vient de montrer qu'elle méritait ses lettres de noblesse. Le train des enfants, c'est monter dans le train de l'histoire, de partir d'un point à un autre. Il y a dans ce roman un maniement de la plume des plus habile qui emporte le lecteur avec lui. L'autrice joue avec brio sur l'innocence, l'espoir de lendemains meilleurs et oscille avec brio avec des éléments historiques liés à l'après-guerre.



J'ai été sensible à la manière dont l'histoire fût tournée. A ces enfants du sud de l'Italie qui, une année après la guerre, sont envoyés à l'autre bout du pays afin de jouir d'une vie meilleure. Du sacrifice des mères pour le bonheur de leurs enfants. Même si cela reste en Italie, il n'y a pas loin à aller pour se sentir si loin de chez soi. Le personnage principal est particulièrement attachant et j'ai aimé le voir grandir. Il y dans ce roman cette même finesse que j'ai pu retrouver dans le livre : Celle qui est revenue.



Bref, un très bon moment de lecture.
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Le train des enfants

Un très joli livre, plein d'humanité et de tendresse malgré la dureté du fond. Pour ma part la dernière partie m'a un peu moins séduit. Mais les trois premières dans lesquelles nous suivons le petit Amerigo Sperenza dans le Sud de l'Italie pauvre de l'après-guerre, m'ont complètement happé.



Nous suivons cet enfant, qui vit seul avec sa mère, une femme rude mais attentive. Il a une vie qui semble toute tracée, une vie dure et sans avenir. Et puis le parti communiste décide de se saisir de la problématique de cette misère du Sud notamment pour les enfants. Ils organisent donc un transfère d'enfants du Sud de l'Italie dans des familles communistes plus aisées du Nord pour quelques mois. Ces enfants purent alors manger à leur faim, être vêtus, chaussés et reprendre une scolarité. De ces échanges, beaucoup de liens vont subsister et certains enfants resteront dans le Nord. Nous voyons aussi le poids de la rumeur et des croyances dans cette société d'après-guerre, les communistes vont emmener les enfants en Sibérie, les manger, leur couper des membres...



En lisant ce livre et en entendant la voix d'Amerigo, impossible pour moi de ne pas penser au film de Giuseppe Tornatore "Cinéma Paradiso" et du petit Salvadore. Il y a cette vie modeste, l'importance de la ville et des copains, cet exil sans retour et enfin l'enfant qui a bien vieillit et revient suite à un décès.



Visiblement, l'histoire de ce livre serait tirée de faits réels. Cela rend le livre encore plus intéressant et donne très envie de se documenter sur le sujet.
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