Citations de Violette Leduc (500)
Elle est belle. Elle est en Italie. Elle ne pense pas à toi. Le jour de son arrivée, elle ne te verra pas. Tu le sais. Je lui donnerai ma vie. Elle s'en fout. Elle sera dans ta ville mais tu ne le sauras pas. C'est abominable. Je la tuerai. J'embrasserai ses deux mains que je rapprocherai. Elles ne sont pas plus intelligentes que moi, ses mains. Je reviendrai devant son immeuble. Le garçon de café lui parle. Le coiffeur touche ses cheveux. Écrasez-moi, Madame...
Les cimetières avec leurs croix se reposent sous les chauves-souris.
Je serai morte, mais il faudra des siècles au temps qui ne réussira pas avant son travail d’érosion sur le bloc d’amour que j’aurais été pour elle.
Tu m ennuies, miroir. Ta boucherie manque de fantaisie.
Je suis une fontaine publique. Je coule jour et nuit.
Je suis un saule pleureur.
Il ne faut pas regarder ce qu’on aime trop tôt le matin - ce que nous aimons au début de la journée a la fragilité, l’extravagance du fil tendu de l’araignée au bord du bois.
Une vraie femme fait les poches d'un homme, une vraie femme est curieuse. Je manque de curiosité.
Je ne peux pas. Je me veux jeune fille jusqu'à la fin. Je me veux séparée d'eux, je me veux hors d'atteinte. Je ne veux pas qu'ils entrent dans mon trésor. Quand Cécile sera partie je serai seule, j'irai avec ma pieuvre assoupie dans mes entrailles, j'entrerai dans l'eau, je marcherai au-devant des vagues qui me creuseront et me prendront. Je ne veux pas me joindre au troupeau, je ne veux pas m'oublier, je ne veux pas être leur carpette. Je m'aime jeune fille. Je veux être une tombe surplombant la mer. Une vierge d'ébène en moi vieille. Je veux être honnête avec elle.
Mon cœur battait dans du marbre. C'est un châtiment lointain de ne pas aimer qui vous aime. Une loque qui ne me réchauffait pas couvrait mes pieds.
Tu m'ignores ,je t'ignore .Pourquoi veux tu que j'attende ? C'est cela que tu cherches ? Je ne te parlerai pas .Si tu as le temps ,j'ai le temps .
Je me disais qu’il s’était endormi en moi la nuit dernière, je me disais que j’avais eu cette nuque de collégien, cette taille souple et cette ceinture de cuir beige en moi. Je me disais que la nuit dernière un visage d’homme était rentré dans mon ventre, je me disais que la nuit dernière ma tête s’était posée sur un coussin de sperme.
Cécile se jeta dans mes bras.
-Nous n’avons pas eu de chance, dit-elle.
Elle partit de mes bras, elle regarda sans voir ce qu’il y avait sur la table.
-Tu les aimais sucrées…
-Je crois que je n’ai pas très faim, dit Cécile.
Elle voyait la couleur de notre malaise sur le sirop de framboise. Le soleil couchant éclairait les meubles de bois jaune clair, le soleil m’écœurait. Je la forçai à s’asseoir dans le fauteuil, je mis les verres sur les beaux genoux ronds de Cécile, je versai le champagne.
Nous attendions avec la blessure dans notre gorge, après la première gorgée de champagne.
Je donne, je donne encore. Je me lève, je ferme les persiennes, je repousse le spectre de la lumière. Je donne avec l’espoir que je deviendrai folle. C’est le plaisir avec personne, je donne et je récolte la rosée que je n’avais pas souhaitée. Cécile me croit généreuse. Je suis affligée. Il est probable que je l’aime mais je l’aime ailleurs.
Un homme triste est une proie. Je pris sa bouche.
-C’est trop, dit Marc.
Que je serais désespérée si j’aimais cet arbrisseau.
Il avait son visage de martyr.
Mon cœur battait dans le marbre. C’est un châtiment lointain de ne pas aimer qui vous aime.
J'ai vu des abats-jour invendables. On les avait alignés sur un rayon d'une arrière-boutique. On ne les avait pas serrés les uns contre les autres. Leur laideur ne se froissait pas. Mon visage est un abat-jour invendable, mais je n'ai pas d'arrière-boutique pour le dissimuler.
page 133
Je cherchai sa main, je la mis sur mon dos, je la fis descendre plus bas que mes reins, je la laissais sur le bord de mon anus.
Je patientai, je me recueillis.
-c'est nouveau, dit Isabelle.
Le timide entra, Isabelle parla :
-Mon doigt a chaud, mon doigt est heureux.
Si les bâtards sont des monstres, ils sont des gouffres de tendresse.
Je veux guérir ta plaie, maman. Impossible. elle ne se refermera jamais. Ta plaie, c'est lui et je suis son portrait.
Je te raconte ton passé, je voudrais te l’expliquer, je voudrais t’en guérir, je voudrais mettre ton coeur de vingt ans au repos sous un châssis d’horticulteur