AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Vladimir Nabokov (858)


Ce que je vois ! Comment lui faire comprendre que je viens de voir les souvenirs futurs de quelqu'un ?
Commenter  J’apprécie          363
Ce fut alors que commença notre grand voyage à travers tous les Etats-Unis. Très vite, parmi toutes les autres formes d'hébergement touristique, j'en vins à accorder la préférence au Motel Fonctionnel - refuges propres, nets et sûrs, endroits rêvés pour dormir, se disputer, se réconcilier, et aussi s'adonner à des amours illicites et insatiables.
Commenter  J’apprécie          340
Un instant plus tard mon premier poème fusa. Qu'est-ce qui le déclencha ? Je crois le savoir. En l'absence de tout vent, du fait simplement de son poids, une goutte de pluie, brillant comme un luxe parasite sur une feuille en forme de coeur, en fit plonger la pointe, et ce qui avait l'aspect d'une gouttelette de mercure exécuta un brusque glissando en suivant la nervure centrale, et alors, ayant perdu son lumineux fardeau, la feuille soulagée se redressa. "Lisse, diamant, glisse, soulagement" - l'instant qui suffit à tout cela pour se produire me sembla être non tant une fraction du temps qu'une fissure dans le temps, un battement de coeur manquant, aussitôt remboursé par un crépitement de rimes. Je dis bien : "crépitement", car lorsqu'on souffla une rafale, les arbres se mirent à dégoutter tous à la fois, imitant la récente pluie torrentielle aussi grossièrement que la strophe que déjà je murmurais ressemblait au spasme d'émerveillement auquel j'avais été en proie quand, l'espace d'un instant, coeur et feuille n'avaient plus fait qu'un.
Commenter  J’apprécie          323
"Tu sais ce qu'il y a de si affreux quand on meurt, c'est que l'on est complétement seul" et tandis que mes genoux d'automates allaient et venaient je pris soudain conscience que je ne savais absolument rien des pensées de ma doucette et que derrière ses affreux clichés juvéniles, il y avait peut-être en elle un jardin et un crépuscule, et la porte d'un palais - des régions sombres et adorables dont l'accès m'était totalement et lucidement interdit, avec mes haillons souillés et mes misérables convulsions (...).
Commenter  J’apprécie          320
Vous pouvez me couvrir d’injures, menacer de faire évacuer la salle –tant que je ne serai pas étranglé par vos baillons, je crierai ma pauvre vérité. L’univers saura combien j’aimais Lolita, cette Lolita, blême et polluée, et grosse de l’enfant d’un autre, mais toujours la même- avec les mêmes yeux gris, les mêmes cils fuligineux, les mêmes harmonies châtain et amande amère –oui, la même carmencita, mienne, mienne à jamais ! Changeons de vie, Carmen, allons vivre quelque part où nous ne serons jamais séparés ; l’Ohio ? Les déserts du Massachusetts ?... Peu me chaut que ses yeux s’éteignent en une myopie de poisson, qu’enflent et se craquellent les aréoles de ses seins, que se déchire et s’étiole son adorable delta, si jeune et délicat et velouté- même alors, je défaillerais de tendresse à la seule vue de ton visage aimé et pâle, au seul chant de ta jeune voix rauque, oh, ma Lolita !
Commenter  J’apprécie          311
C'est que nous sommes ton inspiration, Russie, ta beauté énigmatique, ton charme séculaire... Et nous sommes tous partis, partis et chassés par un arpenteur insensé.
Mon ami, je vais bientôt mourir : dis-moi quelque chose, dis-moi que tu m'aimes, moi qui suis un esprit sans feu ni lieu, assieds-toi là, tout près, donne-moi ta main...
Commenter  J’apprécie          290
Tout ce que l'esprit perçoit, il le fait avec l'aide de l'imagination créatrice, cette goutte d'eau sur la lame de verre qui donne netteté et relief à l'organisme observé.
Commenter  J’apprécie          290
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita.
Commenter  J’apprécie          290
Et je me retrouvai seul, roulant sous la pluie du jour agonisant, et les essuie-glace étaient en pleine action, mais que pouvaient-ils contre mes larmes ?
Commenter  J’apprécie          290
Comment expliquer qu'il voulait être seul à posséder tout son chagrin, qu'il refusait de le souiller par une substance étrangère, de le partager avec quiconque ? Cette mort lui apparaissait comme un événement tout à fait exceptionnel, inouï ; rien, selon lui, ne pouvait être plus pur qu'une telle mort provoquée par l'impact du flot électrique, ce même flot qui, une fois déversé dans des réceptacles de verre, émet la lumière la plus pure et la plus éclatante.
Depuis ce jour de printemps où, sur la grande route blanche, à une douzaine de kilomètres de Nice elle avait touché, en riant,le câble vivant d'un poteau abattu par un orage, tout l'univers de Tchorb se tut et se retira soudain, et même le corps inerte qu'il porta dans ses bras jusqu'au village le plus proche lui apparut comme quelque chose d'étranger et d'inutile. ( Titre de la nouvelle : le retour de Tchorb)
Commenter  J’apprécie          280
La spirale est un cercle spiritualisé. Dans la forme hélicoïdale, le cercle, délové, déroulé, a cessé d'être vicieux; il a été rendu libre.
Plus loin :
Une spirale colorée dans une petite boule de verre, voilà comment je me représente ma propre vie.
Commenter  J’apprécie          280
Plus loin, dans le petit atelier, ça sentait bon la colle à bois, les copeaux de pin. Pal Palytch, en bras de chemise, grassouillet, en sueur, la jambe gauche en avant, rabotait avec gourmandise le bois blanc qui gémissait. Dans un rai de poussière, sa calvitie moite oscillait d’avant en arrière. Par terre, sous l’établi, telles des boucles légères, des copeaux se tortillaient.
Commenter  J’apprécie          274
Vladimir Nabokov
La vie est une grande surprise. Pourquoi la mort n'en serait-elle pas une plus grande ?
Commenter  J’apprécie          270
Vers le début des années trente, Pnine, alors marié lui aussi, avait accompagné sa femme à Berlin, où elle souhaitait participer à un congrès de psychiatrie, et, un soir, dans un restaurant russe du Kurfürstendamm, il avait revu Mira. Ils avaient échangé quelques paroles, elle lui avait souri, de la façon dont il se souvenait, sous son sourcil noir, avec cette timide malice qui était la sienne ; et le contour de ses pommettes saillantes, et son oeil allongé, et la minceur de son bras et sa cheville étaient inchangés, immortels, et puis elle rejoignit son mari qui était allé chercher son pardessus au vestiaire, et c'est tout, mais les affres de la tendresse n'avait pas disparu, semblables aux contours vibrants d'un poème dont vous savez que vous le savez, mais dont vous ne parvenez pas à vous rappeler les mots.
Commenter  J’apprécie          264
Dans la pureté et la vacuité de cette heure moins familière, les ombres étaient du mauvais côté de la rue, lui prêtant la parure non sans élégance d'un renversement, comme lorsqu'on voit reflétée dans le miroir d'un salon de coiffure la vitrine vers laquelle le coiffeur mélancolique, tout en repassant sur le cuir son rasoir, tourne son regard (comme ils font tous en pareil moment), et, encadrée dans cette vitrine reflétée, une section de trottoir qui aiguille un défilé de piétons imperturbables dans la mauvaise direction, vers un monde abstrait qui, subitement, cessant d'être drôle, déchaîne un torrent d'effroi.
Commenter  J’apprécie          260
La littérature n’est pas née le jour où un jeune garçon criant “au loup, au loup !’’ a jailli d’une vallée néandertalienne, un grand loup gris sur ses talons : la littérature est née le jour où un jeune garçon a crié “au loup, au loup !’’ alors qu’il n’y avait aucun loup derrière lui.
Commenter  J’apprécie          252
Je recommande vivement de lire aussi souvent que possible les livres de Tchekhov (même dans les traductions qu'ils ont subies) et de rêver au fil de leurs pages, car c'est pour cela qu'ils ont été écrits.
Commenter  J’apprécie          250
Un frisson d'alfear (peur incontrôlable causée par les elfes) courut entre ses omoplates.
Commenter  J’apprécie          252
[...] ... Je redescendis, me raclant le gosier et contenant mon coeur. Lo était maintenant au salon, et se prélassait dans le capitonnage hypertrophique de son fauteuil préféré. La voyant ainsi affalée, se mordillant une envie, me bafouant de son regard brumeux et insensible, une jambe étirée de tout son long pour atteindre un petit tabouret qu'elle faisait osciller sans trêve du bout de son talon - je discernai soudain, avec un frisson fulgurant, combien elle avait changé depuis ma première vision d'elle, deux ans auparavant. Ou bien était-ce arrivé au cours des deux dernières semaines ? Sa tendresse ? Allons donc, cette chimère avait fait long feu ! Je la contemplai, figée à l'épicentre du brasier de ma rage. Le voile de ma concupiscence avait été arraché, ne laissant à nu que cette horrible lucidité. Oh ! oui, comme elle était changée ! Elle avait à présent le teint de ces écolières négligées et vulgaires qui, avec des doigts poisseux, badigeonnent leurs visages mal lavés de cosmétiques achetés en commun, et qui ne s'inquiètent pas de savoir quelle texture souillée, quel épiderme pustuleux, entrent en contact avec leur peau. Où était-elle, cette douceur d'antan, cette soyeuse douceur de pétale avivée par les larmes, quand je faisais rouler, par jeu, sa tête sur mes genoux ? Une rougeur grossière s'était substituée à cette fluorescence candide. L'inflammation que l'on nomme ici "le rhume des lapins" avait peint de rose vif le bord de ses narines dédaigneuses. Eperdu, j'abaissais la tête, et mon regard glissa machinalement sous le versant interne de sa cuisse nue - comme ses jambes étaient devenues lisses et musculeuses ! Elle me guignait toujours de ses yeux un peu trop écartés, d'un gris de verre fumé, légèrement injectés de sang, et je crus voir glisser secrètement en eux la pensée qu'après tout Mona [= camarade de classe de Dolorès] avait peut-être raison et qu'elle - Lo l'orpheline - pouvait fort bien me dénoncer sans aucun danger pour elle-même. Comme je m'étais trompé ! Quelle folie que la mienne ! Tout en elle était de la même essence exaspérante et impénétrable - la robustesse sinueuse de ses jambes, le talon sale de sa socquette blanche, le chandail épais qu'elle portait en dépit de la chaleur de la pièce, cette odeur de fille - et surtout l'impasse aveugle de ce visage insolite à l'éclat insolite et aux lèvres fardées de frais. Le rouge avait laissé des traces sur ses incisives et je fus assailli par un souvenir abject : ce n'était pas Monique [= une prostituée parisienne] qu'elle évoquait - mais l'image d'une autre jeune prostituée, rencontrée dans une maison close bien des années auparavant, qui m'avait été soufflée par un autre avant que j'eusse eu le temps de décider si sa jeunesse extrême suffisait à compenser le risque de quelque mal honteux, et qui avait ces mêmes pommettes proéminentes et enluminés, une maman au ciel, de grandes dents de devant et un méchant bout de ruban rouge dans ses cheveux d'un brun rustique. ... [...]
Commenter  J’apprécie          250
Les trois arches d'un pont à l'italienne, franchissant le cours d'eau étroit contribuaient à former, avec l'aide de leurs répliques dans l'eau presque parfaite et presque sans rides, trois ovales exquis. À son tour, l'eau jetait une tache de lumière fine comme de la dentelle sur la pierre des intrados, sous lesquels notre petite embarcation passait en glissant. Çà et là, perdu par un arbre en fleur, un pétale lentement descendait en tournoyant, tournoyant, tournoyant, et, en ayant l'étrange sentiment de voir quelque chose que ni un fidèle, ni un spectateur fortuit ne devrait voir, on surprenait son reflet qui rapidement -plus rapidement que le pétale ne tombait- s'élevait à sa rencontre ; et pendant une fraction de seconde, on avait peur que le tour ne ratât, que l’huile bénite ne s'enflammât pas, que le reflet fit défaut et que le pétale ne s'éloignât en flottant, tout seul ; mais chaque fois la délicate union avait lieu, avec la magique précision d'un mot de poète rencontrant à mi-chemin son souvenir à lui, ou celui du lecteur.

...
Commenter  J’apprécie          242



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vladimir Nabokov Voir plus

Quiz Voir plus

Lolita

Qui est l'auteur de ce roman ?

Boris Pasternak
Vladimir Nabokov
Nicolas Gogol

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Lolita de Vladimir NabokovCréer un quiz sur cet auteur

{* *}