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EAN : 9782246151036
250 pages
Grasset (05/02/1992)
3.99/5   40 notes
Résumé :
Voici un roman de Vladimir Nabokov inédit en français. Mécontent de la traduction anglaise de {Chambre obscure} qui était la version initiale de {Rire dans la nuit}, Vladimir Nabokov, exilé aux Etats-Unis, décida en 1937 de se traduire lui-même. Ce défi linguistique donna une oeuvre nouvelle et transformée, à "la précision absolue", évidente comme un axiome au pessimisme froid : "Il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s'appelait Albinus. Il était ric... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La traduction de Rire dans la nuit (1992) est basée sur celle de Laughter in the Dark (1937). C'est la version entièrement remaniée de Camera Obscura (1932) qui fut écrite sous le pseudonyme de Vladimir Sirine. Sa traduction anglaise ne plaisait pas mais alors pas du tout à Vladimir Nabokov. En revanche, il n'avait pas retouché à la traduction française (Chambre obscure ,1934) élaborée par son agent Doussia Ergaz. Les deux traductions françaises coexistent toujours dans la collection Cahiers Rouges chez Grasset ou dans la Pléiade. Et si vous les lisez consécutivement vous verrez qu'elles présentent de grandes différences. Dans la première version de 1932 Nabokov écrivait à Berlin sous le pseudonyme de Vladimir Sirine et s'adressait à un public d'expatriés russes nostalgiques. En 1937, il a tiré un trait sur le retour en Russie , il a quitté définitivement Berlin, son animosité contre l'Allemagne est très forte et il veut aller de l'avant. Il s'adressera désormais à un public plus international. Et bientôt il changera complètement de langue et signera ses livres de son vrai nom.

Dès l'incipit du roman (voir citation), ce diable de Nabokov résume l'intrigue mélodramatique, enterre son personnage et oriente la lecture avec un premier grand éclat de rire dans la nuit. Ce sera un mélodrame avec des tours de passe-passe, de la parodie, de l'art vrai ou faux et du cinématographe.

Albert Albinus est un riche critique d'art qui envisage d'adapter des oeuvres classiques au cinéma grâce au dessin animé. Il contacte Alex Rex, un caricaturiste à la mode qui ne donne pas suite car il part tenter sa chance à Hollywood. Albinus est marié à la parfaite et insipide Elizabeth. Il est père de la petite Irma et a pour beau-frère Paul, le modèle du bon gros honnête homme. Albinus aurait tout pour être heureux mais il s'ennuie dans sa life. Un jour, au cinéma Argus, il remarque dans la semi-obscurité la silhouette de la gentille petite ouvreuse. Il y retourne plusieurs fois, la séduit, paye sa logeuse et l'installe dans un appartement . La petite Margot seize ans est la fille d'un couple infernal et la soeur d'Otto qui lui envoient des torgnoles . Un pauvre petit ange qui rêve de devenir une star. Elle avait un amoureux mais il l'a quittée pour partir en Amérique. Mais voilà qu'il revient et tombe sur Albinus. Vous l'aurez reconnu , c'est Axel Rex l'artiste maudit…

Le livre est d'une grande cruauté. Tous les personnages principaux sont très noirs. Les riches comme les pauvres. le bourgeois cocu aveuglé par son désir quasi incestueux est pathétique, les amants sont cupides et sadiques avec des scènes extraordinaires qu'il m'est difficile de vous raconter sans dévoiler l'intrigue. Dans la version russe Magda avait 18 ans, dans la version anglaise Margot en a 16. Nabokov voulait sciemment choquer, rendre Albicinus très antipathique. Albinus croit qu'elle en a 18 et c'est son frère Otto qui lui précise qu'elle en a 16 et laisse entendre, par intérêt, qu'elle se prostitue déjà. Les vrais honnêtes gens sont rares et impuissants. La vraie innocence est sacrifiée. Il est clair que le contexte politique allemand des années 30 influe directement sur le livre comme il influe sur le cinéma allemand. On retrouve au pied de la lettre les personnages du mélodrame :, un homme aveuglé par son désir , une femme fatale, un méchant bien sadique. Et puis on pense beaucoup à l'Ange bleu, à M. le Maudit. Plusieurs scènes sont très cinématographiques, construites en plans séquences et la fin à suspense est très Hitchkokienne mais sans le happy-end.

Rire dans la nuit est un livre sur le Mal dans la grande tradition russe (Tolstoï ) et il est construit diaboliquement à la Nabokov. Beaucoup de petits détails préfigurent les situations futures. Nous avons été prévenus dès le départ et nous partons à la chasse aux petits papillons de nuit et bien sûr beaucoup nous échappent. Si vous relisez le début (citation) l'inspirateur de l'histoire, ce fameux Conrad (pas le Polonais mais Udo ) est l'auteur des Mémoires d'un étourdi. Il est le vrai faux double de l'auteur et sera l'agent bien involontaire de la funeste scène finale du récit à cause d'une énorme gaffe. le film qu'Albinus regarde à l'Argus préfigure également la scène finale. On retrouve aussi dans ce roman les jeux sur le thème du double. Albinus et Alex Rex sont des doubles, ils désirent la même femme, la traitent tous les deux comme un objet, sont bien conscients de sa nullité comme actrice, l'installent dans un logement. Albinus se laisse manipuler aveuglément par Rex qui réalise ses fantasmes en pleine lumière. Il y a aussi les deux anges Irma et Margot, et puis la paire Otto/Paul.

Ce roman sombre et méconnu captive, impressionne et regorge d'idées formelles, de métaphores, de personnages troubles qui trouveront bien des échos plus tard dans un autre contexte.
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"Rire dans la nuit", 2e traduction de "Chambre obscure" par Vladimir Nabokov lui-même.

« Il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s'appelait Albinus. Il était riche, respectable et heureux ; un jour il abandonna sa femme pour une jeune maîtresse ; il aima ; ne fut pas aimé ; et sa vie s'acheva tragiquement. »

Trompeur Nabokov ! L'incipit donne le ton : il racontera l'inceste, mais loin d'être une histoire d'amour commune, il remonte la pellicule et filme l'adultère sous une forme nouvelle (même soixante-dix ans après sa première publication), puissante, cruelle et tragique.

Albinus, critique d'art, rencontre une chienne. Il est pourtant marié à Élisabeth, une femme trop douce et parfaite pour ne pas être insipide, et père d'une petite fille née de cette union fortuite.

Guidé par les hasards et les fantasmes informulés, Albinus suit donc la chienne. Margot, dix-huit ans, espiègle, désinvolte et déjà vénale, veut devenir une star du cinéma allemand, avoir un luxueux appartement à Berlin et s'habiller de fourrures et d'escarpins...

La suite sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/rire-dans-la-nuit-vladimir-nabokov-a80136616
Lien : http://www.bibliolingus.fr/r..
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Albinus, un bourgeois "riche, respectable et heureux" (ainsi que le présente l'auteur), est piégé par la jolie Margot, une gamine de seize ans, rouée et bien décidée à le plumer jusqu'à l'os, en compagnie de son alter ego, Axel Rex. Tel est le thème de ce court roman, qui vaut son pesant de lolitas. La morale en prend un coup, c'est sûr, et les "bons" sont méchamment punis, mais dans l'histoire (comme dans la vie ?) qui est vraiment bon, qui est vraiment méchant ? Vladimir Nabokov nous donne sacrément à réfléchir dans ce court roman "berlinois", écrit en russe dans les années 30 et réécrit quelques années plus tard en anglais, donc bien avant le fameux "Lolita" qui fit sa réputation après-guerre, pour le meilleur et pour le pire. Un thriller psychologique décapant, par un maître du genre...
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Rire dans la nuit fait un magnifique scénario, l'histoire est parfaitement ficelée, les personnages riches, cohérents, assez vils pour être fascinants.... Pour ceux qui cherchent de la belle littérature, passez votre chemin, il n'y a pas vraiment de phrases auxquelles s'accrocher, pas de verbe à admirer contrairement à bien d'autres oeuvres de Nabokov !
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Rire dans la nuitVladimir Nabokov

Un mélodrame à oeillère.

L'incipit résume le livre : il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s'appelait Albinus. Il était riche, respectable et heureux ; un jour il abandonna sa femme pour une jeune maîtresse ; il aimait ; n'était pas aimé ; et sa vie s'acheva en catastrophe.

L'amour est-il aveugle ? Incontestablement oui, et la variation de l'adultère ici décrite avec non sans une certaine comédie forcée dans l'aveuglement d'Albinus démontre à quel point la cécité doit nous ouvrir les yeux.

Son premier titre « Chambre obscure » a été modifié par le titre de « Rire dans la nuit » pour démontrer que la lecture après coup est plus risible dans la complexité de la situation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s'appelait Albinus. Il était riche, respectable et heureux. Un jour il abandonna sa femme pour une jeune maîtresse ; il aimait ; n'était pas aimé ; et sa vie s'acheva tragiquement.
Voilà toute l’histoire et nous aurions pu la laisser là n’eussent été l’intérêt et le plaisir de la raconter ; et même si la surface d’une pierre tombale suffit à contenir, liserée de mousse, la version abrégée de la vie d’un homme, les détails sont toujours les bienvenus.
C’est ainsi qu’une nuit Albinus eut une mauvaise idée. Il est vrai qu’elle ne venait pas tout à fait de lui, car elle lui avait été suggérée par une expression de Conrad (pas le célèbre Polonais, mais Udo Conrad, auteur des "Mémoires d’un étourdi" et de cet autre ouvrage, l’histoire de ce vieux magicien qui se fait disparaître par un tour de passe-passe, au cours de sa séance d’adieux). En tout cas il se l’appropria en l’aimant, en jouant avec, en la laissant s’imposer à lui, et cela suffit à légitimer un bien dans la cité libre de l’esprit. Critique d’art et expert en peinture, il s’était souvent amusé à attribuer la signature de tel ou tel grand-maître à un paysage ou un visage que, lui Albinus, rencontrait dans la vie : son existence devenait ainsi une superbe galerie de tableaux_de superbes faux, tous autant qu’ils étaient. Puis une nuit, alors qu’il offrait à son esprit cultivé quelque repos et écrivait un petit essai(rien de brillant ce n’était pas un homme très doué) sur l’art du cinéma, l’idée merveilleuse lui vint.
(Incipit)
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Il faut que tu lui fasses vendre ces terres qu'il a en Poméranie et ses tableaux, continua Rex, ou alors une de ses maisons berlinoises. Avec un peu de ruse nous devrions y arriver. Pour l'heure, le carnet de chèques fait parfaitement l'affaire. Il signe tout comme un automate, mais son compte en banque ne va pas tarder à se tarir. En plus, il faut nous dépêcher. Ce serait bien de le laisser tomber à l'hiver, disons, et avant de partir nous lui achèterons un chien, petite attention pour exprimer notre gratitude.
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Il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s’appelait Albinus. Il était riche, respectable et heureux ; un jour il abandonna sa femme pour une jeune maîtresse ; il aima ; ne fut pas aimé ; et sa vie s’acheva tragiquement.
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