Wilfrid Lupano

En 1832, à Canterbury, petite ville du Connecticut, (donc dans le Nord, ayant déjà aboli l'esclavage), Mlle Prudence Crandall voit son pensionnat se vider lorsqu'elle décide d'accueillir une jeune fille noire parmi ses pensionnaires blanches.

Écœurée par ce racisme, elle décide alors de donner accès à l'instruction aux jeunes filles de couleur.



Dès lors, elle se heurte à l'opposition en bloc de toute la communauté. Encore hantés par la révolte sanglante menée par Nat Turner, un esclave qui savait lire et écrire, les habitants voient l'éducation et les connaissances comme une menace de leur "supériorité " établie.

Brimades, menaces, attaques, l'école et ses membres vont être une cible continue, et le combat est difficile, Mlle Crandall ayant même été arrêtée.



Ce roman graphique historique est très instructif. Selon certains experts du droit et de la Constitution, c'est le plaidoyer de l'avocat de Prudence, Maître Ellsworth qui jeta les bases du 14eme amendement: en 1868, il garantit la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis. C'est donc un élément clé de l'histoire américaine qui est mis ici en images. Pour une première approche des

thématiques de l'esclavage, le racisme, l'importance de l'éducation et l'évolution féminine, ce roman graphique est abordable même pour les jeunes. Et le cahier complémentaire apporte clairement un plus au récit puisque l'on apprend le destin de celles passées par la classe de Prudence, avec une approche plus didactique.

Le graphisme, quant à lui, est très beau, avec une gamme de couleurs douces, le dessin un peu naïf rend bien les sentiments.

Seul bémol, j'ai eu par contre un souci de compréhension avec "la femme-sorcière" qui embrouille un peu le sujet traité.

Album fin de cycle de cette réjouissante série.La colère du Lapin blanc a gelé le monde qui est parcouru d’étranges machines de transport (un pou mécanique ,un traineau à araignées) , de bestioles curieuses (Chronomites , manchots ample-heure,anachronda ) et de nouveaux personnages bénéfiques (l’envoyé de la banque du temps) ou bénéfiques ( le moine zinzen) .Manie et ses copains tentent de se sortir des pièges inextricables du temps et de la vindicte de la reine d’Ether . Alors apocalypse now ou happy end ?

Quatrième album d’Azimut avec ses mondes fous , ses personnages improbables (l’arracheur de temps) sa flore (l’antidattier) et sa faune (les horribles nuées noires) . La délicieuse Manie découvre les charmes du harem du « sublime étalon érotique » , ses amis ,Eugène l’amoureux transi et le major Oreste, tentent de la sauver et son ennemie de mère s’acharne à la trucider. Beaucoup d’action dans cet opus qui va du désert à la banquise car il faut se méfier de la colère du lapin blanc (alias le pôle nord) . C’est toujours aussi fou et agréable à lire et à contempler.

Troisième album qui nous transporte dans le monde azimuthé de Lupano et Andrae. On y retrouve les bestioles étranges , les croisements mécanico-ornithologiques, les ville volantes et les principaux héros :la pulpeuse Manie , son peintre amoureux transi ses poupées animées, mais aussi sa maman ,bimbo létale acharnée à sa perte, le professeur Aristide et ses avatars tous engagés dans des poursuites peu banales du style l’immortalité ou le pole Nord…Toujours autant d’inventivité dans les personnages (la dame de sable, le lapin blanc,Baba Musiir le grand mamamouchi ..) et dans les peuples bizarroïdes (les faux cannibales, les anthropopotames ..). Ce monde n’est pourtant pas si éloigné du nôtre : y passent Chaplin (p.4) , De Gaulle (p.5) des barbus cinglés (ils se fouettent) adorateurs d’un livre (p.10) et des dictateurs friands de guerre .

Une superbe Bd à la fois drôle et triste par moments. Les personnages sont hyper attachants. Cette mule qui refuse d'avancer m'a bien fait rire ! Les planches, très colorées, sont magnifiques ... L'action se situe à Cordoue en 976 sous la dynastie des Omeyyades ... Merci pour les explications du début et de la fin ainsi que pour la carte et l'arbre généalogique, c'est très malin et surtout ça m'a permis de bien comprendre l'Histoire avant de me lancer dans cette petite histoire ! En gros, trois personnages fuient emportant avec eux quelques livres rares afin de les sauver de l'autodafé prévu par Amir, le méchant vizir ! En sauvant ces livres, ce n'est pas simplement sauver des objets, c'est sauver tout un savoir universel ! Magnifique, je recommande vivement.

Deuxième voyage dans les contrées farfelues imaginées par Lupano et dessinées par Andreae .On suit les aventures de la peu vêtue et peu farouche Manie Ganza et de ses amoureux transis. On visite avec elle une étrange cité volante et son souverain le baron Chagrin , sinistre vampire psychique (il a la tête du Casanova de Fellini et se nourrit de cris de douleur) , on rencontre aussi une Antinéa géante et sculpturale faite de sable. La thématique générale reste le temps et ses drôles d’oiseaux ,chronoptères , et l’Arracheur de temps et le Taon funeste et la mythique banque du temps… C’est toujours du délire maîtrisé , plein d’humour et très agréable à lire et à contempler.

Pour se faire une idée de ce que contient cet album il suffit d’observer la page de garde avec son délicieux et humoristique traité de zoologie fantastique . Le lecteur sait qu’il va plonger dans un délire d’imagination souriante avec des savants fous, des rois en bermuda, des créatures improbables , des géographies fabuleuses,des recettes au fenouil . De quoi perdre le nord … c’est d’ailleurs ce qui arrive aux habitants du royaume de Ponduche :on leur a volé ce point cardinal …on soupçonne la pulpeuse fiancée du roi .. On est dans un monde à la Lewis Carroll (il y a même un lapin blanc) plein de poésie et d’invention magnifié par un dessin fourmillant de détails cocasses et tut en couleurs douces. Un régal !

Une Bande dessinée sur la langue française et ses complexités à lire absolument quel que soit votre âge !Drôle et impertinent, cet ouvrage raconte l'histoire de Grumo la mésange, un personnage très colérique, qui s'insurge des absurdités de la langue française.

On aborde ici, l'étymologie, l'orthographe, et les 1000 exceptions qui confirment les règle de la langue de Molière. Ce livre n'a pourtant rien de scolaire, il explique le français aux enfants et aux adolescents avec leurs mots et c'est cela qui fait toute l'originalité et l'impertinence du livre. Rien que le titre "Le mystère du P silencieux" annonce la couleur !

Bref, chez nous, il est validé par toute la famille!

Ce n'est certainement pas un livre que j'aurais choisi moi-même et si on ne l'avait pas prêté, je n'aurais même pas cherché à m'y intéresser. Et pourtant, quelle erreur ça aurait été, car cette BD a été une vraie petite surprise ! Je n'arrivais pas comprendre au fil de ma lecture comment des couleurs assez ternes pouvait raconter une histoire d'amour réelle et touchante, et encore moins comment cette épopée du cœur pouvait aussi dénoncer tant de choses, pour la nature et l'océan. C'est juste superbe et bien pensé, et cette BD devrait passer entre toutes les mains !

Magnifique roman graphique, dont on doit le scénario à Wilfrid Lupano et les dessins à Stéphane Fert, et qui nous fait découvrir le combat de l’institutrice blanche Prudence Crandall dans les années 1830 pour l’accès à une éducation pour les jeunes filles afro-américaines. Risquant sa vie, traînée devant les tribunaux, conduite en prison, elle avait ouvert en 1833 un pensionnat pour jeunes filles noires, malgré les nombreuses menaces et l’hostilité généralisée. Son combat est en fait double : 30 ans avant l’abolition de l’esclavage, il s’agit de permettre l’accès à l’éducation pour les noirs, mais qui plus est des femmes dont la place est, bien évidemment, de rester à la maison.

Stéphane Fert joue habilement sur les couleurs pour rendre ce récit plus vivant. Wilfried Lupano, quant à lui, se réfère à des faits historiques, notamment à des extraits des mémoires de Nat Turner, un esclave révolté, qui savait lire et écrire et avait mené une révolte d’esclaves sanglante.

Un magnifique ouvrage, très intelligent, qui permet de découvrir cette histoire réelle, de comprendre combien l’Amérique blanche a souvent peur de certains de ses enfants, et combien il est de notre devoir à tous de continuer à lutter pour que les enfants du monde entier aient accès à une éducation égalitaire et équitable.

BD sans aucun texte et, pourtant, il nous semble entendre parler ce couple à la Dubout, constitué d’un vieux petit pêcheur et de sa bigourdane de femme au caractère bien trempé, tout au long de leurs rocambolesques aventures croisées sur « Un Océan d’amour », tant les dessins sont expressifs et transpirent de poésie et d’humanité . L’humour bien présent tout au long de l’ouvrage permet au passage de dénoncer le non respect de nos océans et leur destruction.

Un petit bijou.

Prudence Crandall tient une pension pour jeune fille-blanches- dans le Connecticut. Elle accepte dans sa classe une jeune fille - noire - curieuse et présentant un esprit scientifique et critique remarquable.

Devant la réaction outrée des parents des jeune blanches, Prudence décide de ne plus accepter, dorénavant, que des jeune filles noires.

Cet accès à la connaissance par des jeunes curieuses engendre une tension énorme auprès des habitants du coin qui prennent ce fait comme une menace. De jugements en intimidation, de colère en violence, la tension va monter jusqu'à un point de non-retour.

C'est une BD intelligente et esthétiquement très réussie qui nous est proposée ici par deux grands noms de la BD.

Le propos est édifiant et interpellant.

A lire

A l’arrivé d’un nouveau calife, la rumeur se répand qu’il souhaite bruler les livres de la plus grande bibliothèque, afin d’empêcher l’accès à la connaissance et de mieux contrôler le peuple. La rumeur atteint l’oreille d’un eunuque et d’un esclave, tous deux copistes, qui décident de s’enfuir avec les livres les plus importants sur une mule volé. Le propriétaire de l’animal finira par les rejoindre, et apprendra au fur et à mesure l’importance de la transmission des connaissances.



Cette BD parodie des évènements historiques qui ont déjà pu se passer plusieurs fois dans le monde, et ce à différentes époques ou territoires. Les personnages sont attachants et se donnent du mal pour sauver ce qu’ils peuvent, malgré le caractère de la mule, qui n’a pas forcément envie de collaborer et trouve les livres particulièrement appétissant. Je me suis plongée dans l’histoire, aidée par les dessins particulièrement expressifs, rendant le récit drôle du début à la fin.

Pistolin est un jeune berger qui décide de braver les trolls pour faire paturer le peu de troupeau qui lui reste. La magie n a apporté que désolation pour ce berger qui ne peut produire ces pecadous, fromage de brebis ou plutôt ici des cornebiques. Il décide donc de se battre contre les mages

C'est un premier tome plein d humour avec de nombreuses références et un superbe anti héros qui n est accompagné que de Myrtille la seule brebis qui lui reste. La bd est assez dynamique et le dessin assez plaisant et très humoristique. Hâte d en savoir plus.

Espagne 976. Depuis plus de soixante ans, deux califes tentent de faire régner la paix à Al-Andalu, enrichissant en parallèle la bibliothèque de Cordoue, la remplissant de traités scientifiques, les faisant traduire.



Mais à la mort de Al-Hakam II, c’est le vizir qui s’empare du pouvoir. Pour asseoir son autorité, il décidé de brûler tous les textes non religieux. C’est le début d’un énorme autodafé. Tarid, l’eunuque qui gère la bibliothèque, décide de s’enfuir pour sauver quelques œuvres. Il s’embarque pour un drôle de voyage avec Lubna, une jeune esclave copiste, Marwan, son ancien apprenti désormais voleur, et une mule bien têtue…



***



Une fable historique mais dont le message reste d’actualité : comment la censure peut conforter un gouvernement arbitraire. Une suite de péripéties et d’aventures rocambolesques, une course-poursuite folle, servie par un quatuor de choc !



Les personnages sont particulièrement savoureux : l’eunuque qui défend ses livres coûte que coûte, l’esclave cultivée et féministe, le voleur repenti mais toujours un peu filou, et surtout, la grande héroïne de cette histoire : la mule !



C’est bourré d’humour, et en même temps on s’immerge totalement dans l’époque. Moi qui connaissait mal cette période en Espagne, je suis ravie d’avoir appris des choses ! C’est donc à la fois drôle, enrichissant et passionnant ! Pas très réjouissant aussi, quand on voit la censure qui sévit encore dans nombre de pays… La liberté d’expression, la culture et l lecture ne sont pas sorties d’affaire.



En bref : La bibliomule de Cordoue est une histoire pleine de rythme, haute en couleurs, surprenante et en même temps captivante. Un texte d’une grande richesse, sublimé par des illustrations aux couleurs chatoyantes.



Un graphique qui plaira à tous les passionnés de livres… et les autres !

Un petit papi grincheux niché dans le fin fond du Finistère prend la mer pour aller racler le fond des océans à la recherche de pauvres poissons.

Il est semble épuisé de son train train quotidien, par sa femme et ses repas redondant et la vie certainement. Alors que la récolte est bien maigre et la ligne ne mord pas un super chalutier emporte tout sur son passage, son embarcation y compris.



Une quête, en diptyque est lancée.

Lui se battra contre vents et marées pour rentrer à bon port. Quant à sa femme, elle remuera ciel et mer pour retrouver son mari.

Ils feront face à de l’adversité directement liée à l’humain et aux conséquences de son l’activité. Surpêche , super tankers, océans pollués de biens de consommation, corruption, piraterie, tourisme de masse, réseaux sociaux, fast fashion, dictature et j’en passe se mêleront à leur odyssée.

Malgré tout, Lupano rend le cocktail plus absurde que l’absurdité elle même en réussissant à rendre cette fatalité marrante.

Les deux protagonistes réussissent à se retrouver dans leur endroit enclavé, loin de tout, heureux d’être réunis en se partageant une conserve de nourriture. Lupano essaie de nous dire que c’est ça finalement le bonheur être avec la ou les personnes qu’on aime et se contenter des petites choses du quotidien.

Un grand bravo à Panaccione qui rend cette BD muette lisible et immersive et extrêmement rapide à lire. Ses dessins et sa palette de couleur ont rendu la mer dans tous ses états.

Je recommande vivement cette BD qui nous plonge dans l’Amérique des années 1830! Une école pour filles, noires en plein cœur du Connecticut, cela fait jaser dans le village. Mais l’institutrice ne se laisse pas faire pour pouvoir continuer à éduquer ces jeunes filles qui deviendront des femmes fortes et instruites. Les dessins sont magnifiques et poétiques !

Une tres bonne bd pour les jeunes ados, qui permet de prendre conscience que le racisme et present partout mais qu'avec de la volonté et de la conviction, on peut le vaincre. Un livre aussi tres émouvant lors de la disparition de certains personnages.

Je recommande

Cette bande dessinée a été critiquée de nombreuses fois mais permettez moi d'en rajouter une couche.

Je l'avais déjà lu il y a quelques années, mais devant le constat que je n'avais pas fait une lecture attentive, je l'ai reouvert récemment.



Ce livre est excellente.

Le plus marquant est sa qualité graphique. L'esthétique des pages est extraordinaire ! À la fois simple dans les formes et le choix des couleurs mais complexe dans les compositions. On peut facilement deviner le temps, l'énergie et le talent qui ont été déployés pour l'élaboration de cette bande-dessinée.

Quant à l'histoire : elle vaut le détour ! Elle aborde un pan méconnu de la ségrégation américaine. Elle nous fait découvrir des personnages géniaux, mais aussi des mentalités extraordinairement désolantes, aussi bien racistes que sexistes.

Petit détail que j'ai particulièrement aimé fut l'incorporation du débat sur la question de "qu'est-ce qu'une sorcière ?"



Je recommande très vivement cette bande-dessinée et ne regrette pas une seule seconde de mettre replongé dedans. Dès 11 ans.

J'aime que ce soit basé sur une histoire vraie. D'autant plus qu'en fin de livre on trouve un postface avec ce qui s'est passé en vrai à la suite de l'histoire abordée dans cette bande dessinée.



Les illustrations sont plutôt intéressantes, pas communes. J'ai eu parfois un peu de mal à identifier immédiatement qui était qui mais pas au point de gêner ma lecture.



Un livre intéressant pour ce qu'il raconte de l'histoire du peuple noir dans une Amérique du début du 19e siècle.