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Critiques de Will Eisner (196)
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Mon dernier jour au Vietnam

Ce recueil est paru pour la première fois en 2000, après Affaires de famille (1998) et avant Fajin le juif (2003). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 70 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005). Le tome commence avec une introduction de 3 pages rédigée par Matt Fraction en 2013, expliquant que Will Eisner continuait à se lancer des défis narratifs à 83 ans, âge auquel il a réalisé ces 6 histoires courtes. Suit une introduction de 2 pages rédigée par Wil Eisner en 2000, évoquant ses bandes dessinées pédagogiques sur la maintenance du matériel militaire réalisées pour l'armée (PS Magazine: The Best of the Preventive Maintenance Monthly), ainsi que son séjour en Corée puis au Vietnam pour réaliser ces bandes dessinées.



(1) Last day in Vietnam (28 pages) - Un dessinateur arrive au Vietnam : il est accueilli par un soldat qui va être son guide pour son séjour. Ils commencent par monter dans une Jeep pour emprunter une route défoncée qui va les mener jusqu'au camp où ils prendront un hélicoptère. Monté à l'arrière, le dessinateur est ballotté dans tous les sens. Ils arrivent enfin en vue de l'hélicoptère et le soldat continue de papoter en lui indiquant qu'il s'agit de son dernier jour de service et qu'après il rentre chez lui. C'est en partie la raison pour laquelle il a été affecté à cette mission de guide. Ils montent à bord de l'hélicoptère et s'attachent et c'est parti pour la visite. (2) The Periphery (4 pages) - Un guide vietnamien s'adresse directement au lecteur. Il attire son attention sur un groupe de journalistes en train de prendre le soleil à la terrasse d'un hôtel. Il s'excuse car en fait, ils ne se font pas dorer la pilule, mais ils évoquent les dernières rumeurs sur la guerre : un bombardement d'Hanoï, l'utilisation d'une bombe atomique. Ils s'interrompent en voyant arriver un autre groupe de reporters en provenance du front, certainement porteurs d'informations plus récentes. (3) The Casualty (6 pages, dépourvu de texte et de mots) - Un soldat est attablé seul à la terrasse d'un café. Il fume sa clope, avec un verre et une bouteille posés devant lui. Il a le bras gauche dans le plâtre, plusieurs pansements au visage, et une attelle à la jambe droite. Il repense à la jolie vietnamienne qu'il avait abordée au bar, et au fait qu'ils étaient repartis bras dessus, bras dessous pour se rendre dans sa chambre d'hôtel.



(4) A dull day in Korea (6 pages) - Un jeune soldat monte la garde, fusil à la main, jumelles autour du cou. Il est originaire de la Virginie Occidentale et il s'ennuie. Il trouve qu'il ne se passe rien. Il estime que la guerre touche à sa fin et qu'il n'y a rien à faire. L'armée occupe les positions fortes et il ne reste plus qu'à patrouiller alors que les affrontements sont maintenant plus au Nord. (5) Hard duty (4 pages) - Ce soldat est une véritable armoire à glace, un colosse. Il déplace les barils à main nue, plutôt que d'utiliser un chariot élévateur. De la même manière, il déplace les essieux de poids lourds à main nue. Il peste parce qu'il a été affecté à un poste de magasinier, alors qu'il estime être fait pour l'action, né pour le combat. (6) A Purple Heart for George (10 pages) - Comme tous les week-ends, George est bourré comme un coin. Tout en continuant à picoler à même le goulot, il braille à tue-tête dans le camp et les baraquements qu'ils sont tous des planqués, mais pas lui, que lui n'est pas un lâche. Lui il va faire sa demande de transfert pour rejoindre une affectation de combat.



Chaque récit s'ouvre avec 2 photographies d'époque, permettant au lecteur d'en avoir un aperçu : des hélicoptères s'élevant au-dessus de la jungle, des soldats avançant vers un baraquement, une vue d'une place de Saïgon prise depuis un étage élevé, 2 soldats aidant un troisième, blessé, à avancer, la circulation de vélos et de pousse-pousse à Hanoï, des soldats en train de charger un canon, une classe d'orphelinat, un peloton de soldats en train de courir à l'entraînement dans la cour de la caserne. Le premier récit est raconté en vue subjective et le personnage principal devient ce soldat qui guide le narrateur. Le lecteur est frappé par son sourire et sa jovialité, et sa perte de confiance progressive arrivé aux deux tiers de l'histoire. Alors qu'il est casqué tout du long, il dégage une vraie personnalité grâce à l'expressivité de ses postures et de son visage, sans que l'artiste ne les exagère. À ce moment de sa carrière, Will Eisner est un maître sans égal du langage corporel, ayant trouvé l'équilibre parfait entre naturalisme et pantomime. Rapidement, le lecteur ressent l'état d'esprit du guide, et il sait qu'une telle justesse est le reflet d'années passées à observer les autres, avec une forte empathie, et à les représenter. Passée la deuxième histoire où le personnage principal est plus convenu, le lecteur découvre le soldat blessé. Il se souvient de ce qui s'est passé et son maintien se modifie en fonction de ce à quoi il pense, à la fois de ce qu'il ressentait à ce moment-là, à la fois conscience après de savoir ce qui se passait vraiment. L'intensité de l'empathie est extraordinaire. Puis le lecteur découvre le soldat du quatrième récit dans un dessin en pleine page, en plan poitrine et il sourit tellement ce visage exprime la condescendance et l'ennui de ce jeune homme. Les soldats des 2 dernières histoires sont à l'opposé : un fort des halles à la forte carrure, avec une musculature assortie, prenant plaisir à l'exercer pour faire rayonner sa virilité, à comparer avec un gringalet éméché, avançant d'un pas mal assuré tout en déclamant bien fort sa décision.



Il suffit donc de quelques cases à l'auteur pour donner vie à des êtres humains tous différents et uniques. La qualité de la reconstitution historique est tout aussi impressionnante. Bien sûr, le lecteur regarde donc les uniformes militaires, le modèle de Jeep, les hélicoptères, les baraquements, les rues de Saïgon, les locaux administratifs de la base, mais aussi les rizières vues depuis l'hélicoptère, ou une terrasse de café, un hôtel de passe. Il peut se projeter dans chaque endroit, sans s'y sentir à l'étroit. Très tôt dans sa carrière, Will Eisner a réfléchi à comment donner la sensation au lecteur de lieux plus grands que la vision que n'en donne une case : il utilise des cases sans bordure ce qui évite l'effet de cadrage limitatif, et produit également une lecture plus fluide. Ce procédé produit des sensations remarquables, par exemple lorsque le jeune soldat de Virginie Occidentale regarde au loin : le lecteur se rend qu'il éprouve la sensation d'horizon lointain et qu'il projette même ce qu'il peut y a avoir au-delà de ce que montre la case. La narration visuelle est remarquable en tout point et suffit à elle seule à happer le lecteur quelles que soient les réticences qu'il puisse éprouver au départ envers les idiosyncrasies graphiques de Will Eisner.



Chaque histoire exsude un humanisme chaleureux à toutes les planches : Will Eisner porte un regard sympathique sur chaque individu, même ceux au comportement moralement discutable. Cela ne veut pas dire qu'il cautionne tout, ou qu'il gomme les aspects moins reluisants. Le guide perd toute contenance quand la base militaire subit une attaque ennemie et qu'il devient claire qu'il peut y laisser sa peau. Dans la deuxième histoire, le militaire est accablé de chagrin et de culpabilité. Dans la troisième, le soldat se paye une prostituée. Dans la quatrième, le lecteur voit un individu particulièrement obtus, aux valeurs étriquées. Dans la cinquième, il comprend que le malabar est un tueur des plus efficaces sur le champ de bataille, dépourvu de toute arrière-pensée pour les êtres humains qu'il tue. Le dernier est plus pathétique, trouvant son courage dans l'alcool, pour tout oublier une fois sobre. Mais aucun d'eux n'est un artifice narratif ou un méchant. Ils sont tous humain, un individu avec ses motivations, une histoire personnelle qui permet de comprendre le comportement décrit, de pouvoir se mettre à sa place. Il devient impossible de les juger. Il est normal de vouloir pouvoir rentrer chez soi quand on est à la veille de la quille. Il est impossible de ne pas compatir au traumatisme dramatique qui accable le militaire affalé à la terrasse. Le comportement borné du jeune de Virginie Occidentale ne fait que montrer en quoi son point de vue et sa façon de réagir sont façonnés par son milieu socio-culturel, et également imputables à sa jeunesse. Même le soldat doué pour tuer révèle une habitude qui empêche le lecteur de le condamner. En faisant le rapprochement avec celui du récit précédent, il se dit que celui-ci aussi a développé ses capacités meurtrières du fait de son environnement.



Encore un recueil d'histoires courtes de Will Eisner, encore des histoires sur la guerre. Oui c'est vrai. Mais aussi à nouveau une narration visuelle hors pair, dont l'expressivité est au service de l'humanisme, révélant la complexité de l'individu, son ambivalence, tout en conservant son capital sympathie. À nouveau, un regard pénétrant porté avec douceur et affection sur des êtres humains uniques dans des circonstances dramatiques qu'ils n'ont pas choisies. À nouveau un très grand cru de bande dessinée et un très grand millésime de Will Eisner.
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Mon dernier jour au Vietnam

Ce court album souple a tout du carnet de voyage; l'art du portrait en témoignage, en six chapitres pour six chroniques.



Il ne faut pas se fier à l'illustration de couverture, pas de scènes de combats sur ces pages, pas de tableaux de tueries mais un regard sur les hommes. D'ailleurs, on ne meurt pas dans ces récits, on " se fait avoir ".



Dans l'introduction, Will Eisner explique son rôle durant les conflits : rédacteur et dessinateur pour des journaux techniques de l'armée américaine, l'usage de la BD permettant de transmettre de façon efficace les informations et de pallier la barrière de la langue.



A la façon d'un reportage, il raconte, focalisé sur un personnage narrateur qui s'adresse à l'auteur, au lecteur. La première histoire, la plus longue, celle qui donne son titre au recueil, est magistrale, tant pour la palette de sentiments que pour tous ces clichés tellement humains énoncés par ce major sur le retour récemment promu.



L'aspect reportage est accentué par les cadrages sur ce personnage, expressions du visage, attitudes. Peu de description en images ou en mots. C'est la parole du soldat. Cet effet " caméra " se retrouve à chaque ouverture de chapitre présentant des photographies d'époque de militaires américains ou de la population vietnamienne s'accordant parfaitement avec le crayon gris, le relief des ombres et des fonds hachurés. Avec ce sous-titre Mémoires.






Lien : http://www.lire-et-merveille..
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Mon dernier jour au Vietnam

Ici, le sous-titre est important : "Mémoires".

Toute la présentation suggère une prise de notes rapides : des dessins crayonnés sur un coin de nappe ou mouchoir papier dont on aperçoit la trame en fond ; la police, est celle des vieilles machines à écrire. Et le trait est puissant, élégant et quel coup d'oeil et coup de patte pour saisir le bonhomme, l'ambiance. Des photos prises sur les lieux de combat, couleur sépia, sont intercalées entre chaque histoire, renforçant cette sensation de feuilleter un carnet de guerre.



Dans l'introduction Will Eisner explique qu'il s'agit ici de rassembler des rencontres, qui l'ont à jamais marqué au cours de son travail au sein de l'armée américaine. Toutes et chacune entre esprit blagueur et tragédies humaines. Juste esquissées, comme une parenthèse de vie, qui ne peut se refermer.
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New York - Intégrale

Adossé à un réverbère au coeur de la ville, un vieil homme semble être absorbé par son carnet à dessin.

Will Eisner, lui-même, se met fugitivement en scène dans ce carnet de notes sur les gens de la ville.

New-York !

Will Eisner ressent la ville, à un point tel, qu'il parvient à redonner vie au plus invisible de son peuple.

Et, même si ce superbe roman graphique, par son universalité, pourrait se situer dans n'importe quelle autre grande cité ; l'âme de New-York porte en elle un relief et un pittoresque que seul le crayon d'Eisner a su saisir.

C'est bien de New-York dont il s'agit là !

Les portraits des personnages se mêlent aux décors.

Le gris est de mise, judicieux et indispensable.

Will Eisner raconte ici des histoires, des histoires qui s'attardent ou pas sur des destins croisés.

C'est parfois très courts, une planche ou deux.

C'est quelquefois plus long.

Le dessin est splendide.

Il est plein d'humanité, de mouvement.

Le tout est un petit chef d'oeuvre de croquis pris sur le vif, volés à l'imagination vagabonde de leur auteur.

Des mouvements de vie, des sensations, Will Eisner est un fin observateur, un poète apitoyé.

Mais pour autant la sensiblerie n'a pas ici sa place.

Et, même lorsqu'il use d'une touche de fantastique, en faisant par exemple resurgir dans son récit quelques fantômes du passé, c'est pour mieux saisir la réalité.

Eisner est un conteur. le dessin n'empêche pas les mots.

Les mots semblent ici même provenir du dessin.

Et du titre aussi, car Will Einer possède l'art du titre.

Déjà dans le Spirit, il s'en amusait.

Dans l'oeuvre d'Eisner, le terme de roman graphique prend tout son sens.

Le récit est est servi par un magnifique trait de crayon qui insuffle le mouvement, qui déchire l'invisibilité et l'anonymat dans lequel, avant lui, étaient plongés ses personnages.

Pincus Pleatnik en est le symbole même, lui qui croyait se protéger en n'étant personne.

Mais, malheureusement pour lui, un 4 novembre au matin, le journal, en annonçant son décès, fit prendre à son existence un tournant tragique.

Les personnages de Will Eisner sont attachants.

Cet album, paru chez Delcourt en 2018 est une réédition intégrale des trois albums : "la ville", "les gens" et "l'immeuble".

Elle est additionnée d'un carnet de notes sur les gens de la ville, d'une postface de Neil Gaiman, de quelques notes de l'éditeur et de deux histoires : "le pouvoir" et "combat mortel".

C'est une belle réédition, la mise en valeur réussie d'un petit chef d'oeuvre puissant et intemporel ...

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New York - Intégrale

Pour Will Eisner, New York a été une source d’inspiration inépuisable. Sa ville de naissance a notamment été le théâtre de son recueil de nouvelles Un pacte avec Dieu, publié en 1978 et considéré par beaucoup comme un des albums de BD qui ont marqué le 20ème siècle. Entre 1981 et 1992, l’auteur du Spirit remet le couvert. Avec La Ville, L’immeuble et Les gens, il créé une trilogie New-Yorkaise qui fera date.



Le premier titre, La Ville, n’est pas à proprement parler un roman graphique. Il s’agit plutôt d’une série de « photographies » bâties autour d’éléments clé qui constituent sa vision d’une grande ville : les grilles d’aération, les perrons, le métro, les déchets, le bruit, les bouches d’incendie, les égouts, les murs, les fenêtres... Eisner y décline en une succession de saynètes brèves, souvent sans texte, des petites fictions censées selon lui représenter l’essence même de la grande ville telle qu’elle est vue par ses propres habitants.



Avec L’immeuble, l’auteur convoque les esprits de quatre personnes ayant vécu dans un immeuble aujourd’hui détruit. Il raconte ces vies « fantomatiques » dont le destin est resté intimement lié au lieu qu’elles ont habité.



Les trois nouvelles qui composent Les gens, dernier tome de la trilogie, sonnent comme un constat sombre et désespéré : aujourd’hui plus que jamais, la ville est peuplée de gens invisibles. Un univers kafkaien où le rythme de vie frénétique des citoyens ne laisse aucune place aux existences individuelles.



Si vous ne connaissez pas Will Eisner, un des plus grands maîtres de la BD mondiale, c’est l’occasion rêvée de le découvrir. En regroupant pour la 1ère fois cette trilogie dans une intégrale, les éditions Delcourt offrent à leurs lecteurs un magnifique cadeau. L’auteur propose une vraie leçon de BD. Un trait souple et doux d’une grande expressivité, un noir et blanc maîtrisé avec pour seule couleur une encre diluée qui offre différents ton de gris du plus bel effet. Et puis que dire de ce découpage ? Eisner possède un art consommé de l’ellipse, cet espace invisible entre deux cases permettant au lecteur de construire mentalement une réalité globale et continue qui constitue l’essence même de la bande dessinée. Mais au-delà des qualités purement techniques de cette trilogie, il y a dans les différentes nouvelles une force narrative absolument remarquable.



Ce pavé de 400 pages est plus qu’une simple intégrale regroupant trois titres distincts. C’est une œuvre cohérente offrant le regard porté par un artiste sur sa ville. Pour moi, une lecture indispensable si l’on souhaite parfaire sa culture bédéistique.
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New York - Intégrale

Je passerai des heures à vous raconter tout ce qu'il y a dans ce bouquin tant il est riche...

Un chef d'oeuvre qu'il faut lire et à avoir dans toutes bonnes bibliothèques.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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New York - Intégrale

Beau graphisme, un sujet que j'aime, mais un dernier tome vraiment sordide consacré plus aux humains qu'à la ville géante.
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New York - Intégrale

Big City, ou New York Trilogie, est peut-être le chef d’œuvre, représente en tout cas la quintessence du travail de Will Eisner. En effet, si son œuvre est grandiose, ce n’est pas parce qu’elle évoque les célèbre gratte-ciels ou la hauteur de la Big Apple, mais bien parce qu’elle a su trouver la beauté, le rire et la peine, à vrai dire l’humain, dans les rues, souterrains et caniveaux de cette gigantesque métropole.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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New York - Intégrale

Relativement partagé sur ce livre, qui raconte différents récits et saynètes en lien avec la vie dans une grande ville. D'ailleurs, comme l'auteur le dit lui-même dans l'introduction, son ouvrage ne parle pas tellement de New-York que de toutes les métropoles du monde.



J'ai beaucoup apprécié le style d'Eisner et ses dessins, que j'ai trouvé très bien réalisés. Plusieurs histoires sont plutôt drôles et illustrent bien la réalité de la vie urbaine (le métro, le rapport avec les gens, l'urbanisme, etc.).



Par contre, certains récits m'ont déplu. Eisner alterne parfois entre un ton "tarte à la crème" et une tonalité franchement glauque, surtout à la fin du livre. On peut y suivre une descente aux enfers d'un personnage, des morts horribles, etc. J'ai refermé le livre avec un drôle de goût pour cette raison.



Je pense qu'il faut garder de côté les histoires plutôt amusantes et mettre à part le reste. Dans ce cas, le livre est appréciable.
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New York - Intégrale

Superbe découverte d'un pionnier de la bande dessinée qui a développé cet art comme un mode d'écriture en soi et a été le premier à créer le "roman graphique".

Superbe album, plein de petites histoires sur la ville et les gens. Toutes les scènes, les croquis, les histoires se déroulent à New-York, mais sont universelles lorsque Will Eisner parle de la solitude, de l'indifférence, des phénomènes de foule mais également lorsqu'il décrit les rues comme un petit village, les relations de voisinage. Certaines histoires sont très pessimistes, d'autres avec plein d'humour. C'est un album à déguster petit à petit, à petite dose. Encore un grand nom et un grand dessinateur qu'il faut découvrir et qui nous amène à une saine réflexion sur notre relation aux autres en tendant un miroir sur nos vies de citadins.
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New York - Intégrale

Plusieurs personnes dans mon entourage sont fascinées par les Etats-Unis et notamment par la ville de New York… ce qui n’est absolument pas mon cas. Trop de monde, trop de bruit, trop de pollution, trop de stress, trop de trop. Alors pourquoi avoir emprunté cette trilogie ? Ce sont les illustrations des trois couvertures qui m’ont intriguée et séduite. Et j’ai bien fait de sauter le pas car j’envisage maintenant d’acquérir l’intégrale pour l’ajouter à ma propre collection.

Will Eisner revient sur le quotidien de cette grande ville, véritable fourmilière sans cesse en activité. Il choisit quelques personnages et dépeint tantôt rapidement un mini-épisode du quotidien, tantôt l’aventure d’une vie résumée sur une poignée de planches. Qu’elles m’aient fait sourire ou m’aient émue, chacune de ces – plus ou moins longues – aventures a su me toucher. Pendant quelques (dizaines) de minutes, chaque individu sort de la masse pour devenir un personnage unique. J’ai franchement ri aux mésaventures subies dans le métro bondé (même si Lyon ne peut être comparé à New York, les métros bondés et toute la faune qui y évolue, on connait !), j’ai aimé découvrir les quatre vies qui ont gravité autour d’un vieil immeuble avant (et après) sa démolition, j’ai été touchée par le devenir de ces deux jeunes couturières prisonnières du feu… Autant d’histoires, de peintures, de souvenirs… que de personnages.

J’ai cru lire à plusieurs reprises que les critiques reprochaient à Will Eisner un aspect trop larmoyant. Ce n’est évidemment pas joyeux mais plus que larmoyant, j’ai trouvé l’ensemble très juste, authentique. Et particulièrement marquant. Je serais vraiment très heureuse de pouvoir relire l’intégrale, à l’occasion (d’où mon envie de la faire entrer dans ma bibliothèque).

Encore une fois, l’auteur-illustrateur fait le choix du noir et blanc. Et vraiment, j’adhère. J’ai trouvé les illustrations magnifiques, qu’elles soient de taille réduite dans les vignettes ou que l’on puisse en profiter en pleine page. Les jeux d’ombre et les détails sont sublimes. Un trait de génie, à mon humble avis !
Lien : http://bazardelalitterature...
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New York - Intégrale

Will Eisner, un des pionniers du comic book américain, continue d'inspirer et d'émerveiller les lecteurs. Son talent narratif incomparable, son souci de porter un message éducatif pertinent, persiste au fil des rééditions. C'est le propre des chefs d'oeuvre.
Lien : https://www.actuabd.com/Une-..
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New York - Intégrale

Un récit graphique raconté via le regard aiguisé d'un réel observateur. Belle fresque anthropologique. Superbe.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

C'est un bel ouvrage que voilà. Plutôt atypique, et très agréable à lire.

Will Einser nous dépeint la ville (New York en l’occurrence mais ce pourrait etre n'importe quelle autre grande ville).

Des petites histoires de ce qui se passe tous les jours dans les rues, avec différents thèmes.

Nous profitons de l’œil vigilant de l'auteur pour nous faire partager tous ces bons moments.

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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Par sa façon de capturer de drôles de moments de vie, par l'hyper-expressivité de ses personnages, Will Eisner rappelle un peu Sempé.

Quelques unes des histoires proposées sont des petits bijoux dignes des plus belles fables de Dickens, la surenchère misérabiliste en moins. On retiendra ainsi les quatre fantômes de l'immeuble ou encore l'histoire de l'homme qui apprit sa mort dans le journal...

Mais ce qu'il faudra surtout retenir c'est la puissance du trait d'un des plus grands génies graphiques que l'histoire ait comptés !

À mettre entre toutes les mains d'amateurs d'art, quelque soit son âge. Un tel génie est intemporel.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Bienvenue au coeur du New-York de Will Eisner, une ville qu'il a toujours aimé profondément et qui lui rend bien sous son crayon. Ce premier tome, La Ville de la trilogie New-York, le dessinateur nous emmène dans la grosse pomme de sa jeunesse.



Maniant avec talent son crayon, il dessine d'un trait certain et souple le quotidien de ces quartiers surpeuplés où règnent le bruits et les odeurs. L'amour d'un quartier ne veut pas dire que l'histoire sera remplie de bons et gentils sentiments. Car ici, il dépeint avec réalisme tout en noir et blanc que cela soit le viol, le vol, la solitude ou le malêtre. Mais bien entendu, il croque également l'amour, la tendresse et l'amitié. Un ensemble qui me berce dans une douce mélancolie.



Une surprenante première lecture de Will Eisner qui m'a donné envie de continuer de découvrir plus qu'un dessinateur mais un passionnée d'images et de sentiments à transmettre.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

C'est absolument génial !

Je ne connaissais pas du Will Eisner et j'ai été plus que surprise en découvrant que cet auteur était né en 1917.

Précurseur du roman graphique, en réalité, il est l'un des piliers du comics. Pour mon premier du genre, je ne pouvais donc pas tomber mieux !



Ici, l'auteur nous présente sa ville natale : New York. Mais ce qu'il nous montre, ce sont les petits travers de la ville, ceux qui la font vivre. Ces moments sont en réalité propres à toute grande ville. Aussi, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire les scènes du métro, m'y trouvant également lors de ma lecture. Que du bonheur ! Paris, New York... ces moments de vies peuvent être partout !



La magie de la ville est magnifiée sous les illustrations d'Eisner. C'est captivant, c'est vivant et surtout, cela n'a pas pris une ride !



En conclusion, que du plaisir, je recommande fortement !
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Je n'arrête pas de découvrir un peu plus l'oeuvre de Will Eisner. C'est fascinant tout ce qu'il a pu faire dans sa vie cet auteur prolifique!



Ici, je découvre de petites histoires urbaines sur le quotidien des habitants de New-York City particulièrement de la population juive. On pénètre dans un microcosme particulier illustré de manière si singulière. La morale est toujours là pour illustrer le propos.



C'est toujours aussi bien dessiné mais je dois avouer que je préfère légèrement La Valse des Alliances ou encore Fagin le Juif.



Le dessin d'Eisner est dynamique et bavard, volontiers caricatural, théâtral, chorégraphique, plus que chez aucun autre. On peut parler de mise-en-scène et non de « plans » et autres « cadrages ».



Cette série vaut quand même la peine d'être découverte. Mais attention : ce sont des histoires bien tristes...



Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Dans la carrière de l'auteur, ce tome est paru entre Le rêveur (1985) et Le Building (1987). La première édition date de 1995. L'histoire comprend 170 pages de bandes dessinées en noir & blanc. Le tome s'ouvre avec une courte introduction rédigée par Will Eisner. Il évoque l'objectif qu'il s'était fixé : construire des vignettes bâties autour de 9 éléments qui pris ensemble brossent le portrait de n'importe quelle grande cité.



Chapitre 1 - Le trésor de l'Avenue C - L'Avenue C : un canal dans une mer de béton, avec son asphalte routier, son métro souterrain et ses crevasses. Mary retrouve Henry sur une grille de ventilation du trottoir. Elle lui rend sa bague excédée par l'insistance de ses avances, par sa demande en mariage pour retourner à la campagne. Dans un faux mouvement, l'alliance tombe et passe à travers les barreaux de la grille. Lâchés par d'autres personnes, d'autres objets tombent entre les barreaux. Chapitre 2 - L'escalier de perron - Ces marches qui mènent à la porte d'entrée de l'immeuble au-dessus de l'entresol sont comme des gradins dans un stade. 4 hommes affalés sur les marches d'un perron voient un type arracher le sac d'une ménagère revenant de faire les courses, et le vider pour piquer l'argent. Ils ne bougent pas et se font ensuite conspuer par la ménagère. Plus tard, ils répondent par contre rapidement quand leur épouse respective leur indique que le dîner est servi. Chapitre 3 - Métros - Les rames de métro progressent depuis les dépôts isolés et désertés, jusqu'à passer au milieu des immeubles à hauteur d'appartement où ils font trembler la vaisselle. Dans le métro, la promiscuité est dense, mais chacun pense à ses petites affaires, oublieux des individus collés contre lui. Chapitre 4 - Déchets - Chaque jour, les poubelles récoltent des milliers de tonnes correspondant aux rebuts de produits consommés, digérés et excrétés par les habitants. La benne à ordure ménagère passe faisant toujours autant de bruit, réveillant les dormeurs.



Chapitre 5 - Musique de rue - Les sons générés par la ville sont innombrables et diversifiés, participant de son identité. Les sons qui sortent par une bouche d'égout, le bruit ambiant permanent qui mange la moitié des conversations y compris entre amoureux, les musiques des musiciens de rue, s'échappant des fenêtres, des systèmes portatifs, des klaxons, etc. Chapitre 6 - Sentinelles - Dans chaque rue, il y a du mobilier urbain qui constitue autant de jalons, de sentinelles : les bornes à incendie, les boîtes à lettre, les signaux tricolores, les lampadaires, les bouches d'égouts. Chapitre 7 - Fenêtres - Chaque façade comporte des fenêtres, autant d'ouvertures entre 2 mondes. Il y a le monsieur dans son fauteuil roulant qui passe sa journée à observer ses voisins de l’autre côté de la rue, la voisine qui passe sa journée à la fenêtre à faire la commère commentant tout, la fenêtre par laquelle passe le cambrioleur, la fenêtre fermée qui sépare le riche dans son appartement de luxe du miséreux sans domicile qui le regarde de l'autre côté sur le trottoir. Chapitre 8 -Murs - Les murs de la ville peuvent être des surfaces pour peindre, des murs qui emprisonnent les individus dans des appartements minuscules, des murs qui forment un labyrinthe dans lequel court le cambrioleur pour échapper à la police, des murs qui tombent et laissent la place à un jardin partagé. Chapitre 9 - Le quartier - Un homme qui a réussi fait visiter le quartier populaire où il a grandi à sa femme. Un couple à la retraite décide de quitter le quartier où il a vécu toute sa vie pour aller à la campagne. Un jeune homme plein d'espoir raccompagne une jeune femme dans un beau quartier.



Pour une autre bande dessinée, Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Bronx (1995), Will Eisner expliquait qu'il se lançait parfois dans la création d'un ouvrage sur la base d'un concept innovateur, comme un défi lancé à lui-même. Effectivement, sans l'introduction, cette bande dessinée ne ressemblerait à rien, si ce n'est une collection de saynètes très courtes (de 1 à 3 pages) mettant en scène des habitants d'une grande ville dans des situations diverses. Dans le premier chapitre, la première histoire tient en 2 pages, et le lecteur n'est pas tout à fait convaincu par ce monsieur éconduit par une femme qui souhaite vivre sa vie à la ville et cette alliance qui tombe bien évidemment à travers la grille. Dans la page suivante, il assiste à la pantomime d'un monsieur en costume et cravate, qui lance une pièce en l'air pour décider sur quel canasson parier, et la pièce passe par la grille. Les mouvements et le langage corporel sont épatants comme toujours avec ce bédéaste, mais il est difficile de parler d'histoire. Arrivé à la fin du premier chapitre (page 10), le lecteur se dit qu'il va passer un agréable moment, tout en ayant oublié ce qu'il a lu dès qu'il attaque le chapitre suivant.



Le ressenti du lecteur change avec le chapitre suivant. Il est placé en position d'observateur, regardant des individus en train de regarder une agression se dérouler sous leurs yeux. Le talent graphique de Wil Eisner épate toujours autant : des cases dépourvues de bordures, une capacité incroyable à reproduire une rue de New York, en donnant l'impression d'un croquis, mais qui s'avère très détaillé et construit quand le lecteur prend le temps de le regarder. Il a l'impression de pouvoir s'asseoir sur les marches de cet escalier, de profiter de la chaleur et du calme relatif, de devenir alangui, sans s'inquiéter de la scène qui se déroule sous ses yeux. Dans les chapitres suivants, le même phénomène de projection se reproduit. Le lecteur éprouve la sensation d'être dans le wagon du métro, d'abord debout et tassé, puis seul avec un autre voyageur dans une autre rame. Il entend littéralement les bruits de la rue, en marchant aux côtés du couple : ronronnement du moteur d'une voiture sur laquelle bosse un mécanicien, pétarade d'un deux roues, métro aérien, marteau piqueur, mélopée sortant d'un magasin d'instruments de musique, marteau piqueur, sirènes, etc. Il ressent le plaisir de la fraîcheur à se mouiller à l'eau de la bouche incendie sur un trottoir rendu brûlant par le soleil. Il jette des regards inquiets tout autour de lui alors que l'éclairage public fait défaut dans le quartier qu'il traverse. Il pénètre dans l'intérieur de plusieurs newyorkais : un appartement si minuscule qu'il pourrait s'agir d'une cellule de prison, un appartement si luxueux qu'il pourrait s'y perdre. Dans l'introduction, Will Eisner attire l'attention du lecteur sur le fait qu'il s'agit de sa vision personnelle de New York, mais s'il y a déjà séjourné, le lecteur ressent les sensations qu'il a découvertes en s'y promenant la première fois.



Le ressenti du lecteur change également avec les autres êtres humains qui vivent sous yeux. Autant dans le premier chapitre, ils semblaient n'être que des clichés sans grande personnalité, autant ils sont totalement incarnés par la suite. En tant que directeur d'acteur, Will Eisner met en scène des personnages dont le comportement oscille entre le naturalisme et l'exagération théâtrale en fonction des moments de la scène. Lorsque que le voyou arrache le sac de la dame, le mouvement et les postures appartiennent au registre naturaliste. Quand la ménagère se met à hurler, son comportement glisse vers le théâtre. Ces fluctuations de registre combinent réalisme et expressivité avec un art consommé de la narration dramatique, un souffle de vie incroyable animant ces 2 pages dépourvues de phylactère et de cellule de texte. au fil de ces nombreuses saynètes, le lecteur observe des individus de tous horizons : jeunes adolescents en train de jouer à la balle dans la rue, jeune secrétaire assise dans le métro avec un charmant jeune homme debout à côté, gugusse aviné en train de chanter à tue-tête dans une rame quasiment vide, père en pyjama tenant son nouveau-né dans les bras pour l'endormir, éboueurs blasés, dame sans domicile fixe en train de fouiller dans une poubelle, trio de musiciens de rue débordés par le nombre de concerts de rue à donner, policiers, employés de bureau, cadres supérieurs, etc. Saynète après saynète, le lecteur côtoie des individus issus de différentes classes sociales, se rendant à leur boulot ou vacant à leurs occupations domestiques : il voit l'infini diversité de l'humanité peuplant la ville, lui insufflant sa vie.



Il se produit un effet cumulatif des saynètes qui donnent à voir la comédie humaine dans toute sa profusion, dans l'environnement très particulier d'une grande ville. L'humanisme de Will Eisner transparaît dans chaque séquence : son amour pour l'être humain, mais aussi sa capacité à observer les comportements, à rendre compte des comportements admirables comme blâmables. Comme à son habitude, il utilise de nombreuses techniques narratives, allant de la bande dessinée traditionnelle avec ses cases alignées en bande et ses phylactères, à des images juxtaposées, en passant par des dessins avec un texte en dessus. Il suffit de regarder les passagers d'une rame de métro perdre une part de leur contenance alors qu'il n'y a plus de courant et que la pénombre règne dans le wagon. L'auteur dessine six cases de la largeur de la page, 3 par page, et un texte d'une phrase court au-dessus de 5 des 6 cases. Le lecteur a face à lui 5 personnages debout qui se tiennent à une poignée accrochée au plafond. Il voit leur visage changer progressivement d'expression, et leur posture évoluer de concert. C'est une leçon de narration tout en nuance et en justesse.



Ce tome est à nouveau une réussite complète, incroyable de sensibilité, brossant le portrait d'une grande métropole, par petites touches (des scènes d'une, deux ou trois pages), en observant les individus évoluant dans différents endroits de la ville, avec à chaque fois un thème, celui du chapitre. Le lecteur regarde un organisme complexe, expliqué par l'auteur qui met en lumière des flux, des comportements, des sons, des interactions.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

L'un de ces livres qu'il faut avoir lu pour connaître la BD. On comprend certes la portée de l'œuvre quand on a une certaine culture BD, mais l'ouvrage restera un peu hermétique pour le lecteur lambda. Très ancré dans une époque et une culture, probablement pas très parlant pour les lecteurs français. Mais une œuvre forte néanmoins.
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