Citations de Willa Marsh (119)
Ces excursions vers le passé me font sombrer dans la détresse. Combien de vies sont-elles ruinées par l'ignorance ou la peur ? Est-il pardonnable de faire porter aux autres nos erreurs et nos défaillances ? (p 72)
En songeant à ma vie, je me demande souvent comment j'ai pu faire pour être aussi imbécilement aveugle, si balourde, si naïve. Et malgré la possibilité de plaider l'innocence et la jeunesse, je n'arrive pas à me pardonner tout à fait certaines erreurs, par action ou par omission. (p38)
Il est terrifiant de constater à quel point les plus petites actions peuvent altérer radicalement la vie de quelqu'un ou l'existence de ceux qui l'entourent. Un manque de tact, un geste inconsidéré peuvent changer la direction dans laquelle nous cheminons et, en évoquant le passé, il nous est parfois bien difficile de nous souvenir des incidents qui ont déterminé nos vies. (p 206)
La danse, bien sûr, n'est pas réservée aux couples mariés ou aux partenaires du même type. Nos propres enfants s'y joignent. Au début, nous les berçons doucement dans nos bras, ils sautent sur nos épaules jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de faire leurs premiers pas. Ils glissent et se mettent à faire des petits bonds; nous ralentissons le rythme tout en leur tenant la main pour les empêcher de tomber. Bientôt leurs pas s'allongent pour rejoindre les nôtres, mais, beaucoup trop vite, ils nous dépassent et virevoltent vers d'autres parages, dansant sur leur propre musique, claquant des doigts, inventant de nouveaux pas, trouvant de nouveaux partenaires. (p 51)
Je leur rends souvent visite, et elle et moi dissimulons nos antagonismes derrière des sourires charmants. C'est une autre sorte de danse. Nous avançons et reculons en préservant un certain formalisme et en évitant soigneusement de nous marcher sur les orteils. (p 51)
e songe à ma relation avec James comme à une longue danse complexe. Parfois la rythmique devient presque tribale, agressive, les talons piétinent, les poings sifflent dans l'air, les bouches grimacent. D'autres fois, chacun s'appuiera sur l'autre, affichant un sourire rêveur, le rythme ralentit doucement, les bras s'enlacent et se nouent autour des corps, s'attirent, les cœurs s'harmonisent, les paupières se ferment. La plupart du temps, cependant les pas s'entrelacent, habiles, avancent, reculent, encerclent, hésitent, marquent une pause. Nous épions les mouvements de notre partenaire, nous étudions son langage corporel, l'énergie ou la lassitude que traduisent ses gestes, nous calculons, nous nous donnons, puis c'est à notre tour de rejeter l'autre. (p 38-39)
Rob savait que le chagrin avait le pouvoir de vous exiler, de vous exclure des plaisanteries, des petites colères et du mouvement de l'existence quotidienne. Qu'ils vous évitent par simple gêne ou qu'ils en fassent trop, les gens vous traitent alors avec circonspection et vous condamnent à rester toujours sur le qui-vive, sans que vous puissiez vous évader par la pensée. Vous faites parmi eux figure de paria, car votre douleur et votre détresse leur sont un rappel désagréable et constant de leur propre fragilité. D'une grimace angoissée, ils signalent votre présence aux imprudents qui risqueraient de commettre un impair et respirent plus à leur aise dès que vous avez disparu." (p 463)
- Arrête, avait-il coupé avec un sourire affectueux. Tu manques d'assurance au point de te soucier de l'opinion des imbéciles ? Personne n'est parfait, tout le monde sait ça. Je ne vais pas changer de sentiments envers toi sous prétexte que tu connais quelqu'un qui a des petits défauts. C'est ça l'amour, il me semble. Tu vois ? Aimer les gens pour ce qu'ils sont, et pas malgré ce qu'ils sont. (p 329-330)
- Les jeunes sont toujours scandalisés par le manque de dignité chez les gens plus âgés, commenta Maudie. C'est leur privilège à eux de choquer, de provoquer ou simplement de séduire. On a tous ressenti cela. Et bien entendu, c'est la raison pour laquelle ta mère me déteste. (p 179)
C'est inouï comme les gens ont la faculté d'oublier et comme tout est très différent dans leur mémoire. (p 365)
Elle était parvenue à tisser les évènements du passé pour en faire une vaste tapisserie, cousant soigneusement chaque partie de manière à ce que les personnages se dégagent, hauts en couleur, passionnants, devant le décor lumineux et familier de la baie et de la mer, ou en mouvement dans la vieille maison, comme si c'était hier. (p 353-354)
J'ai toujours eu cette passion pour les livres, pour leurs histoires. Je vis à travers elles, vois-tu, et les personnages sont très réels pour moi. Ils sont mes amis et j'ai toujours trouvé leurs mondes bien plus satisfaisants que la réalité extérieure. (p 338)
Pourtant, alors qu'elle est assise sur "son" rocher à lui, au bord de la plage, qu'elle regarde le soleil qui se couche dans l'ouest rutilant, les grandes falaises sculptées de noir qui se dressent contre les bannières enflammées du vent, la mer plaquée d'or liquide, elle ne parvient pas à regretter. Comment se peut-il qu'une telle magie fasse partie de ce monde si ordinaire ? De ce matériau dont sont faits les contes de fées, l'existence quotidienne ne peut s'accommoder. (p 218-219)
Oh, comme les cachotteries et notre volonté de préserver l'image que nous avons de nous-mêmes peuvent faire de nous des prisonniers !
Cette fieffée Pamela parle aux deux filles de la chance qui leur est offerte et elles sont tout excitées. N'ont-elles pas dévoré toutes les histoires de pensionnat d'Enid Blyton ? N'ont-elles pas rêvé de festins nocturnes, de jouer au hockey ? Elles ont hérité des gènes de l'actrice et du pilote de chasse. Elles meurent d'envie d'expérimenter, d'explorer, de tester leurs limites. Elles meurent d'envie de s'éloigner de Mo et Pa et par-dessus tout, de Rosie. Elles supplient qu'on les envoie en pension.
Peut-être devrions-nous toujours, en nous remémorant nos pires erreurs, nous rappeler les principaux faits qui ont entouré ces actions regrettables. Il est si facile de se labourer les tripes en se disant qu’on aurait dû mieux agir, se montrer plus forts, plus tolérants, tout en oubliant le contexte exact de nos actions passées.
Il est terrifiant de constater à quel point les plus petites actions peuvent altérer radicalement la vie de quelqu’un ou l’existence de ceux qui l’entourent. Un manque de tact, un geste inconsidéré peuvent changer la direction dans laquelle nous cheminons et, en évoquant le passé, il nous est parfois bien difficile de nous souvenir des incidents qui ont déterminé nos vies.
Depuis que j’avais rencontré James, j’étais absolument immunisée contre les charmes de Geoff. Qu’il y a-t-il de plus mort qu’un amour défunt ? Ce n’était pas que j’aie jamais – selon ce que me disait alors ma sagesse nouvellement acquise – vraiment aimé Geoff. Ça avait été une sorte d’ensorcellement désespéré, une expérience dans les allées de la tendresse, je suppose, alors que j’attendais l’arrivée du véritable amour. Maintenant que c’était chose faite, Geoff ne parvenait plus à m’émouvoir, malgré le regain de son intérêt pour moi et ses tentatives pour me faire croire à la résurgence de son affection. Je ne m’en souciais guère.
Se rend-il compte, se demande-t-elle, ce qu'il peut avoir l'air niais quand il lève un sourcil affecté après avoir fait une plaisanterie particulièrement inepte ?
Serait-il temps de lui signaler qu'il a le crâne dégarni ?
Le mot « drogue » est lâché dans un souffle d’anxiété horrifiée.