Citations de Xavier de Moulins (348)
Au garde-à-vous, sur la droite, de grands marronniers contrôlent la plaine. Ils forment un paravent en tenue de camouflage. Parfois, à la belle saison, la lumière swingue à travers un vert épais. A certains endroits, elle troue le feuillage dans un va-et-vient de lasers puissants. Au soleil, les rayons creusent des tunnels jusqu'au sol dans l'échancrure des lourds branchages. Ils transforment les pétioles en gouttières, aveuglent les fleurs blanches, tournent la couleur des feuilles, pour, en transparence, offrir la parfaite symétrie des nervures.
Parfois, il marche seul dans la nuit, promène un chien invisible, fend la foule sans but à la lumière des lampadaires pour reculer toujours le moment où il va regagner sa niche.
Les hommes mariés sont émouvants, parfois.
Ses longs cils sont des lignes de cerfs-volants. Le bleu piscine de son oeil magnétique sur sa crinière noire, son chemisier cobalt transparent. L'étoffe bâille, dénude son épaule, déchire son encolure, casse à la veine du cou, embrasse la pointe de ses seins.
Ciel bleu vantard, mercure déchaîné. Le soleil cogne sur les carreaux de la cuisine, la lumière écrase les yeux, fournaise de mai.
Rien ne pourra jamais nous apaiser. A défaut de s'habituer, on trouve un terrain d'entente avec la douleur. On apprend à cohabiter avec le mal. Et l revient parfois nous brûler. Nous rendre inflammables, c'est le principe des deuils impossibles.
La compagnie d'un chat est mieux qu'un livre de développement personnel écrit par un cynique abruti. Contrairement aux chats, les humains ne font que rarement ce qu'ils disent et, quand ils écrivent, ils mentent ou racontent ce qu'ils ne feront jamais.
Mieux vaut ne pas parler de la mort d'un chat avec tout le monde. On risque une autre blessure et la septicémie du chagrin. Réservons cet échange aux doigts de notre main.
Faisons de ce chemin un parcours silencieux.
Mais n'oublions pas de nous ouvrir si, par chance, on croise sur cette route un homme-chat.
Saisissons l'occasion et partageons.
J'ai passé trop de temps à imaginer ma vie et à faire semblant, j'ai si souvent laissé croire à Florence que je dormais, alors que j'étais ailleurs. Je connais ces fugues immobiles. Je sais aujourd'hui qu'elles ne rendent pas heureux. Ne pas dire les choses, c'est mourir à petit feu en attendant que l'autre vous achève.
Mes paragraphes transpiraient la guimauve d'un romantisme adolescent.
Je suis ailleurs, toujours sur cette plage. Au pied des dunes, la langue de sable s'étend vers l'infini à marée basse quand la mer décide de bouder au loin les estivants, puis, sans rien pardonner, revient de plus belle, monte à la charge, et balance parfois, un peu garce, de sacrés rouleaux sans prévenir.
Depuis presque deux mois, je me rends à cette piscine deux fois par semaine et je m'offre une leçon en bonnet de bain.
Le ridicule ne tue pas et tant pis si j'ai l'air d'une mouche sur le feu d'une ampoule avec ce morceau de caoutchouc sur la tête et ces lunettes qui m'écrasent les yeux.
Attendre à ce que l'autre corresponde à ce que l'on veut au lieu de l'encourager à suivre son cœur, c'est le condamner au malheur. Pousser l'autre à ce qu'il veut, c'est assurer son bonheur et le nôtre par la même occasion.
L'équilibre de la relation amoureuse, c'est la liberté. Plus tu étends la liberté de celui qui tu aimes, plus tu limites les risques de le perdre.
Le seul avec qui tu dois vivre pour avancer (...) c'est toi. Juste toi.
Rien n'est plus merveilleux que la vie à condition de ne pas oublier de la vivre
Ce n'est quand même pas compliqué de ne pas se rate dans la vie. Il suffit de se souvenir de rire ensemble pour s'aimer presque pour toujours. De rire et de parler, parler et rire pour ne pas mourir. Les mille et une nuits.
- Le rire et le dialogue sont les deux piliers de l'espérance, il n'en faut pas beaucoup plus pour traverser la vie à deux.
Je suis arrivé à cette conclusion : on ne refait pas sa vie, on continue son chemin.
On laisse ses empreintes sur de nouveaux territoires, on s'étire sous d'autres soleils ; et les milliers de kilomètres qui vous séparent de votre vie d'avant n'effacent pas tout. La mémoire jour des tours, traite nos souvenirs, en sélectionne certains, en envoie d'autre aux oubliettes. Il convient de se méfier des fantômes d'un bonheur passé, ils sont les mauvais gardes suisses de notre vie d'avant. Les chiens galeux des regrets ne réparent rien, ils nous enfoncent dans les sables mouvants.
Mon fils, ne sois pas un mendiant, sois un prince. Tu n'as besoin de personne pour te sentir enfin complet ; le seul avec qui tu dois vivre pour avancer comme dans le couloir d'un bassin, c'est toi. Juste toi. C'est cet amour de soi qu'il faut respecter pour ne plus jamais se noyer - aimer les autres sans rien en attendre en retour, sans condition.
Un animal qui s’en va, ça parle à l’âme des hommes autant que la mort des hommes