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Critiques de Yasmine Ghata (80)
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Le calame noir

Ce roman nous introduit au cœur de la vie de Siyah Qalam, peintre énigmatique de la fin du XVe siècle.

Il décrit le parcours de ce peintre au travers du regard de sa fille.

Ce roman comporte peu de rebondissements mais il m’a donné envie de découvir l’œuvre du « calame noir ».

Au travers des yeux d’Aygül, la fille de Siyah Calame, Suzanne fait aussi le deuil de son père.

Ecriture sensible où s’entrecroisent deux histoires celle d’Aygül et celle de Suzanne et où l’on perçoit ce lien indéfectible qui lit une fille à son père.

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Le târ de mon père

Barbe Blanche "prince des cordes est mort", mais son instrument de musique, son "târ"semble bien vivant.

"Le târ de mon père renfermait ses péchés" relate Nur, persuadé que le "târ renferme l'âme des ancêtres", dans ce conte initiatique à plusieurs voix. Dotées d'une vie propre, les cordes vibrent seules et Hossein, le fils ainé de Barbe Blanche, jadis enfant battu, en ressent les "sifflements dans les oreilles". C'est lui que son père a choisi pour lui succéder, c'est lui qui a reçu l'apprentissage du maître qui lui a appris qu'un "bon joueur de târ subtilise au vent son souffle".

Les deux frères vont partir après avoir commis un acte sacrilège, il vont rencontrer Paris (fils de Moshen, l'aveugle musicien guérisseur assassiné) animé par l'esprit de vengeance, ils apprendront le secret nimbé d'amour de leurs naissances respectives et comprendront les musiques du mécréant Barbe Blanche et du vertueux Moshem pour trouver leur propre vérité.

Le târ de mon père (chez Fayard), conte de Yasmine Ghata (qui a connu un grand succés avec La nuit des calligraphes plusieurs fois primé) est écrit de façon poétique et imagée (ex:"les paupières de Barbe Blanche s'étaient fermées ce jour-là comme deux barques attirées par l'écume brillante du large").

Ce livre parlant de musique et évoquant le sacré (ex: "ses notes avaient le pouvoir d'atteindre les oreilles de Dieu") m'a évoqué Musique de Michel Serres, un essai philosophique où l'auteur répond aux questions: "comment aimer en musique?", "Peut-on penser en musique?" et ""Doit-on louer en musique?" car nous retrouvons ici ces notions d'amour (Forough et Moshem), de pensée et d'inspiration (choix du bien et du mal et de spiritualité ("le divin se trouve en tout et converge vers le tout").

Le târ de mon père est un très beau conte qui vibre de mots aussi légers qu'une envolée de notes, pour transmettre au lecteur son message: la musique élève et sauve du mal, elle est universelle et grandit l' âme, elle est mystère, elle est divine et se partage.

Très beau !
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Yasmine Ghata confirme son grand talent dans ce cinquième roman qu'elle mène avec beaucoup d'originalité, un style qui touche beaucoup son lecteur tout en évitant longueurs et surcharges. J'ai longtemps eu peur de la nuit permet de comprendre au plus près ce que vivent les déracinés ayant vécu au plus près les violences les plus extrêmes.



Suzanne mène un atelier d'écriture dans le collège où elle a été elle-même élève. Elle demande aux élèves de 3ème qui sont en face d'elle, de parler d'un objet familier présent depuis longtemps dans la famille. Un adolescent noir a fini le premier et fixe Suzanne.

C'est Arsène et le récit va alterner entre récit classique et texte écrit à la deuxième personne du singulier. L'objet qu'il a choisi est une valise, cette valise qui l'a accompagné et sauvé durant sa fuite du génocide rwandais : « Tu te rappelles la faim, la soif, les nuages au loin qui barraient la route à tout espoir… Pour toi, elle loge un cadavre ; celui de ton enfance pillée, en lambeaux. »

Grâce à la confiance de Suzanne qui retrouve aussi des souvenirs douloureux, Arsène parle de Willy, Flora et Trésor, ses frères et soeurs. Il avait 8 ans et, grâce à sa grand-mère, il a pu fuir à temps, avec cette valise : « vous étiez deux sur ce chemin. Seul, tu n'aurais pas survécu. » Encore près de chez lui, il a entendu les rafales, les cris, les hurlements et vu « des silhouettes familières traînant les corps, récupérant le bétail. »

Suzanne est patiente mais se comporte avec rigueur, bienveillance, exigence et familiarité. Arsène continue : « Inséparable de ta valise, tu as dormi sept nuits dedans, le lit neuf te terrorisait. Une parcelle du Rwanda respirait encore à travers les lambeaux de cuir. » le rapport de l'enfant avec sa valise est étonnant mais se comprend très bien : « Ta survie ne dépendait plus que d'elle, elle était ton toit, tes murs et ton plancher. »



Si Yasmine Ghata a choisi cette façon de raconter à la seconde personne du singulier, c'est parce qu'Arsène n'arrive pas à écrire son histoire. Il raconte à Suzanne qui rencontre le couple d'enseignants qui l'a adopté après beaucoup de temps et de précautions. Il le fallait car Arsène, dans le camp de réfugiés où il a enfin pu être recueilli, n'arrive pas à dormir : « Leurs cris, leurs pleurs, hantaient la nuit. » C'est pourquoi, il a longtemps eu peur de la nuit. Heureusement, dormir dans sa valise tenait les morts à distance…




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

3.5/5 : J'ai longtemps eu peur de la nuit est un titre des plus intrigants qui laisse déjà paraître toute l'émotion qui va se dégager de ce récit. C'est ainsi que je découvre la plume et l'univers de Yasmine Ghata...



L'auteure nous livre un roman court et poignant, un roman qui va à l'essentiel et nous décrit la rencontre entre une écrivaine -Suzanne- animant un atelier d'écriture et un jeune rescapé tutsi -Arsène- qui vit à présent dans une famille d'accueil en France. J'ai trouvé l'idée vraiment intéressante : celle de permettre à cet être de s'exprimer, d'exprimer son histoire par les mots au travers d'un objet qui l'aura accompagné durant son périple : une valise en cuir.



Son histoire est très touchante, émouvante, déchirante. Personne ne pourrait sortir indemne d'un tel drame, d'un massacre, de la perte de tous les membres de sa famille et la fuite en avant pour survivre. Sur une route remplie de dangers, jonchée de cadavres, Arsène continue à avancer. Il est à la fois dans cette salle de classe et encore dans son pays d'origine. J'ai trouvé l'écriture de Yasmine Ghata absolument magnifique : elle est d'une poésie sublime, d'une douceur infinie, d'une fluidité parfaite. A mes yeux le couple formé par le récit d'Arsène et le style de l'auteure est le gros point fort de l'histoire.



Après le livre étant assez court il y a un point qui m'a légèrement déstabilisée. En effet, à mes yeux Suzanne est celle qui aide, qui soigne par la catharsis mais le fait que Yasmine Ghata amène une mise en parallèle -voulue ou non- entre la perte d'un père qui hante toujours l'héroïne et un génocide national semble inopportun. Les passages qui se voulaient tristes sur ce père disparu perdent délibérément de la profondeur car il y a une comparaison avec le sort d'Arsène. Ce personnage féminin aurait pu être approfondi via son passé mais pour moi ce livre est l'histoire d'Arsène et non celle de Suzanne.



En définitive, une lecture poignante dans l'émotion et magnifique dans le style avec un petit bémol pour le mélange de deux drames qui n'avait pas lieu d'être.


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Le calame noir

Le lecteur suit Suzanne qui visite une exposition sur l'art turc, au cœur de la Royal Academy de Londres (une exposition qui a réellement eu lieu en 2005). Alors qu'elle déambule dans une des salles, au milieu des œuvres de l'énigmatique Siyah Qalam, un peintre du XVe siècle, dont la vie est entourée de mystères et dont l'oeuvre ne cesse d'interroger tant elle diffère des diktats de l'époque, elle ressent une forte impression et entend une voix...c'est la voix d'Aygül, la fille du peintre.



Suzanne qui cherche à trouver un sens à sa vie depuis qu'elle a perdu son père, décide de se laisser porter par le récit d'Aygül pour découvrir qui était réellement Siyah Qalam, ce peintre mal aimé et incompris, qui vouait une véritable fascination aux nomades de la steppe...On le surnommait, le calame noir.

Le lecteur découvre la vie imaginée du peintre et de sa fille dans la dynastie des Moutons Blancs. Le père appartient à l'Atelier des peintres miniaturistes du palais de la ville de Tabriz, une ville riche située sur la Route de la Soie.

Chaque printemps, le sultan l'autorise à se rendre durant quelques mois dans le campement d'été des nomades des steppes d'Asie Centrale.

Il est le seul à savoir particulièrement bien les représenter de manière très réaliste et vivante et ces représentations plaisent au souverain.

Alors qu'Aygül a 13 ans, son père accepte de l'emmener avec lui dans la steppe, sa mère était elle-même une nomade, après tout. Il parle peu et celle-ci va le découvrir sous un autre jour, à travers ses dessins dans lesquels il exprime toute sa créativité.

Là-bas, elle va découvrir une autre vie, loin des mesquineries du palais et quitter à jamais son enfance.

Le lecteur découvre plus en détails la vie quotidienne de ces nomades, leurs fêtes et cérémonies traditionnelles et en même temps, il entre dans les pensées de ce peintre au style si éloigné des clichés de l'époque.

Mais à la fin de l'été, il leur faut rentrer à Tabriz... Ils découvrent que tout a changé durant leur absence ! Le sultan est mort et son fils, son successeur qui n'a que 9 ans, sera très vite lui-même remplacé.

L'art est relégué au second plan : magouilles et luttes de pouvoir seront à présent les seuls objectifs du sultan...



J'ai aimé découvrir cette histoire qui se lit comme un conte.

J'ai aimé lire la vie de ce peintre qui était totalement inconnu pour moi et d'apprendre que quelques-unes de ces œuvres ont pu être sauvées de l'usure du temps, et conservées au musée de Topkapi, grâce à Selim le Terrible. Elles font toujours aujourd'hui, l'objet d'études approfondies par les historiens d'art islamique.

La passion de l'auteur pour les mondes anciens est palpable et son univers très particulier, empreint de poésie, nous permet d'entrer facilement dans la vie de ses personnages.

L'intervention de Suzanne dans l'histoire qui apparaît presque marginale, devient en fait au fil du récit, essentielle...

Tout d'abord elle permet de faire le lien entre les deux jeunes femmes qui sont toutes deux, à la recherche de leur père disparu, incapable de vivre seules, sans cette relation fusionnelle qu'elles partageaient avec lui. Ensuite, la relation particulièrement pleine de tendresse et de compréhension mutuelle, qu'Aygül entretient avec son père, va aider Suzanne a accepter de vivre enfin, sans le sien.

C'est un pur plaisir que de lire ces passages où, tantôt l'une tantôt l'autre, nous parle de leur père...



Ce récit est donc à la fois un hommage au père mais aussi une plongée dans l'histoire des peuples et des souverains et dans l'histoire de l'art au XVe en Asie Centrale.

Au cœur du livre, quatre pages montrent quelques-unes des œuvres du peintre.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Le Testament du prophète

Un livre court qui se lit dans un souffle.

Le livre se passe au Liban près de Bcharré.

En toile de fond, la sépulture de Khalid Gibran dans la vieille chapelle du monastère de Mar Sarkis.

Un roman pour un retour les lieux de sa jeunesse , une remontée des souvenirs intimes d’un secret de famille.

Le style de l’écriture est doux et poétique.

Un roman fort à découvrir.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Rescapé du génocide.





Arsène est aujourd’hui au collège, en France.

Il est timide et plutôt retrancher sur lui-même.

Suzanne arrive un beau jour dans sa classe et annonce aux élèves qu’elle est là pour animer un atelier d’écriture. Le sujet de cet atelier sera d’apporter à l’école un objet qui est depuis longuement dans leur famille puis de raconté l’histoire de cet objet.

Arsène qui a été adopté n’a qu’un seul objet, sa valise. Celle qu’il a transportée durant tout son périple depuis le Rwanda.

Yasmine Ghata compte dans son roman, J’ai longtemps eu peur de la nuit, le récit de ce petit garçon qui se livre à Suzanne et raconte pour la première foi de quelle manière il a pu échapper au génocide de son pays natale.

Le récit de l’histoire d’Arsène est entrecoupé avec l’histoire de Suzanne qui a perdu son père lorsqu’elle était jeune.

Un roman très touchant et bien écrit, mais dont l’histoire de Suzanne n’apporte pas vraiment un plus au lecteur. Pour moi elle est de trop. L’histoire du petit garçon aura suffi à elle-même à faire une de ce roman une pépite.

L’ajout du récit de Suzanne à la recherche d’un objet de son passer encombre légèrement le lecteur.

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La nuit des calligraphes

Inspiré de la vie de Rikkat Kunt (1903-1986) qui fut la première femme enseignante en calligraphie de son pays, ce livre de Yasmine Ghata nous fait découvrir le monde merveilleux de la calligraphie en Turquie.



Racontée par une vieille dame qui vient de quitter la vie, se déroule alors l'existence d'un être sensible et amoureux de la calligraphie dans un monde où cet art va devenir indésirable. Ataturk veut en effet laïciser le pays et tout ce qui touche à la religion est donc relégué dans le passé.

Mariée par usage à un dentiste, Rikkat souffre en silence devant le matérialisme de son époux, elle ne trouve de joie que dans ses essais de calligraphie. Elle va alors rejoindre une école où de vieux maîtres dispensent chichement leur art surtout à une femme et peu à peu, gagner leur confiance et leur estime. Nous allons ainsi suivre à la fois l'affinement d'un art et celui d'une âme.



L'ouvrage est emprunt de ce merveilleux oriental, les morts y enseignent aux vivants capables d'entendre leurs signes, Dieu parle aux calligraphes qui deviennent ses médiums. le calame est signe de vie, sa course est amoureuse sur le papier alors qu'autour de Rikkat vont se précipiter des événements douloureux.

Un très beau livre, au style emprunt de légèreté et de nostalgie à l'écriture sensible et toute féminine.Traduit en 13 langues, l'ouvrage a reçu de nombreux prix, mérités je crois.
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La nuit des calligraphes

Une calligraphe raconte sa vie , au temps où les calligraphes disparaissent de par la modernisation de la Turquie avec Ataturk, et ce avant même que les femmes puissent avoir une place vraiment reconnue en la profession.

Elle raconte sa vie , depuis l'au-delà, avec un naturel doux et discret quant à l'existence de la vie après la mort, postulat qui ne varie pas comme ses convictions religieuses qui, elles , ondulent de la foi à l'athéisme au gré des vagues de sa vie. Postulat aussi des esprits de calligraphes décédés avec qui elle entretient tout aussi naturellement des relations. Ceci ne constitue pas l'essentiel des évènements du livre, mais en crée l'atmosphère originale, casi onirique, induisant une distance que la narratrice entretient envers sa propre vie que j'ai beaucoup appréciée.

Étrange femme, moderne d'une certaine manière et un peu en avance sur son époque, qui a pour vocation un métier jusque-là réservé aux hommes, qui divorce dans une société encore très vouée à la famille indissoluble, qui doit renoncer à éduquer un fils adoré d'une part, et d'autre part cette nostalgie constante d'un passé détruit par les réformes modernes, engloutissant sur leurs passages cette tradition de l'écriture qui est plus qu'une simple transcription de savoirs, mais poésie et communication avec l'invisible et recueillement.

J'ai beaucoup aimé découvrir cet art, que l'auteur présente de façon très intime et délicate, ainsi que apprendre sur certains aspects de l'islam, trop souvent démonisé de nos jours par nos médias

Je suis surprise par cette nostalgie du passé qui se retrouve, probablement par pur hasard, dans les 2 seuls livres que j'ai lu sur la Turquie (l'autre étant de Oran Pamuk )

J'ai par contre eu du mal à m'habituer au rythme de ce roman, des pans entiers ne m'ont parus n'être qu'une ébauche de ce qu'il aurait pu être, une esquisse laissant un peu sur sa faim...
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Et si vous me racontiez une histoire en vous basant sur un objet qui vous tient à coeur

Votre histoire ou celle de quelqu un d autre

C est l histoire d Arsene qui quitte son pays pour être adopté en France où il va aller à l école

Cette histoire est très touchante.

Comment faire pour s integrer tout en n oubliant pas ses racines?
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La nuit des calligraphes

Dans la Turquie du début du XXème siècle, Rikkat Kunt, femme ottomane, sut dès son adolescence qu'elle serait calligraphe.

Quelques années après, elle devint l'une des plus grandes, bien que ce fut un métier exclusivement réservé aux hommes.

Au même moment, le chef de l'Etat Atatürk, amoureux de l'occident, décida de supprimer l'alphabet arabe au profit d'un alphabet latin modifié.

Ce fut alors toute une génération de calligraphes émérites qui sombra dans l'oubli, tout comme leur art.

Selim, son maître, lui lègua avant de mourir son écritoire et son encre d'or et la chargea de perpétuer l'art de la calligraphie.



Dans son roman, l'auteur nous dresse un portrait de femme tourmentée par un mariage forcé, la fuite de son mari et de son fils, la perte de son maître mais aussi un portrait de femme dévouée toute entière à la calligraphie.

Elle nous explique avec poésie et délicatesse cet art sensé exprimer la parole de Dieu.

Elle y mêle le monde des pratiques scripturales, avec son côté étrange et mystique, et la Turquie contemporaine.





 
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Voici deux récits en parallèle, celui de Suzanne qui propose un atelier d'écriture portant sur un objet et celui d'Arsène qui a choisi la valise de son grand-père, une valise pleine d'histoire.



L'enfance des deux personnages est présente comme une plaie ouverte et l'on comprend vite que c'est à cela qu'ils doivent leur complicité. Arsène est tutsi et c'est sa grand-maman qui le sauvera du massacre rwandais. S'ensuit une longue fuite vers une vie plus heureuse. Suzanne, pour sa part, apprend à dire adieu à des moments heureux. On ne peut qu'être touché par le courage de l'enfant de huit ans et par l'intimité que Suzanne a créée avec la maison de sa jeunesse.



L'oeuvre est brève, le style haletant, retenu, poétique parfois, même dans l'horreur. La valise, objet-fétiche, renferme à elle seule beaucoup de l'émotion qu'engendre le roman. J'ai beaucoup aimé accompagner ces deux personnages dans leur histoire.
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La nuit des calligraphes

Au début du vingtième siècle Kemal Ataturk décide que la Turquie doit devenir un pays laïc. Cette décision est lourde de conséquences pour les calligraphes qui travaillent la calligraphie arabe, car non seulement la Turquie est devenue laïque, mais son président a décidé d'adopter l'alphabeth latin pour tous les documents officiels. Les vieux calligraphes sont relégués dans une pièce isolée de l'université. Parmi eux, Rikkat, se démène pour les servir, s'occuper de leur matériel ...jusqu'au jour où elle hérite des outils de Selim qui s'est suicidé. Elle devint donc calligraphe. Nous suivons sa vie et celles de ses fils nés de deux mariages ce qui n'était pas courant à l'époque de la deuxième guerre mondiale. L'histoire de la Turquie et de ses lieux connus se trouvent en filigrane tout au long du récit qui fait des aller-retours entre le passé et le présent. Ce récit est peuplé de fantômes et de non- dits. Il faut attendre sa toute fin pour tout mettre en place.
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Le Testament du prophète

Ce livre est une merveille. Je l'ai lu dans la nuit, d'une traite (il fait 180 pages) et je suis ressortie de ma lecture bouleversée.



La narratrice, une romancière de renom, revient dans son village natal. Dès son arrivée, elle est en butte à l'hostilité des villageois qui l'accusent d'avoir sali dans ses livres leur réputation.



Petit à petit, phrase après phrase, mot après mot, la narratrice va nous dévoiler son histoire et la raison de la haine des villageois.



Les chapitres vont et viennent entre passé et présent et le décor s'affine jusqu'à devenir d'une netteté parfaite et monstrueuse.



C'est un récit qui parle des femmes, de la violence, du déni, c'est troublant cruel, terrible, mais d'une pudeur absolue. Tout nous est dévoilé avec beaucoup d'humilité, de sagesse, la plume de l'autrice est merveilleuse.



Ce roman, je l'avais choisi un peu au hasard lors de la masse critique de Babelio, je ne connaissais pas l'autrice, je voulais juste découvrir ce court texte. Et c'est un énorme coup de cœur ❤



Si vous cherchez des idées de romans pour #marsaufeminin n'hésitez pas, tentez cette lecture bouleversante. Cette histoire, vous ne serez pas prête de l'oublier.



Roman reçu dans le cadre de la Masse critique.
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La nuit des calligraphes

Un livre magnifique et qui se lit très vite, malheureusement.

Une histoire de famille, de transmission, de traditions ancestrales, de séparations et de liens.

Un livre d'une poésie immense que je ne peux que conseiller, Yasmine Ghata arrive à véhiculer une belle sensibilité dans son texte d'où l'on ne ressort pas indemne.



Très beau livre.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Il y a des livres dont on attend rien ou pas grand chose parce qu'ils se retrouvent entre vos mains un peu par hasard et qui finissent par vous hanter. Qui vous font du mal, qui vous mettent un coup de poing dans le ventre.

"J'ai longtemps eu peur de la nuit", c'est Suzanne, blessée par l'absence et le deuil qui anime des ateliers d'écriture avec des adolescents. Et c'est Arsène, un orphelin rwandais. Il est le seul de sa famille à avoir survécu aux massacres qui ont détruit son pays et son enfance. Réfugié en France, il est adopté par un couple de parents aimants. Il a amené avec lui une vieille valise, tout ce qui lui reste de sa vie d'avant. Souvent, la nuit, l'enfant se réfugie à l'intérieur pour dormir, attendre le jour surtout.

C'est à partir de cette valise que Suzanne va pousser puis aider Arsène à raconter son histoire et à s'en guérir.

Ce roman trop peu connu est une oeuvre bouleversante et d'une grande sensibilité sur l'exil, les racines, la résilience. L'amour aussi.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

L’évocation des génocides, leur restitution littérale, leur appropriation par les victimes elles-mêmes, sont délicates, parsemées d’obstacles et d’embûches les plus diverses. Yasmine Ghata, auteure d’origine libanaise, fille de Vénus Khoury-Ghata, parvient, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs, à surmonter ces pièges .Elle y arrive en croisant les récits de deux personnages essentiels :Suzanne, qui anime à l'occasion des ateliers d'écriture avec des collégiens, et Arsène, jeune réfugié, membre d’un groupe de ces ateliers .L’atelier commence par une demande de Suzanne aux participants d’apporter un objet de famille qui puisse illustrer pour eux leur vie personnelle et intime .Arsène avoue, difficilement car il ne maîtrise pas , loin s’en faut, toutes les subtilités du langage parlé qu'il ne possède pas ce genre d’objet, à part une valise, qui semble avoir joué un rôle décisif dans son départ du Rwanda.



Le roman est magnifiquement structuré : deux récits y alternent, se superposent, se recoupent : celui d’Arsène, écrit à la deuxième personne du singulier, ce qui accentue son côté solennel et le désigne comme un être capable de volonté, malgré son jeune âge ; et celui de Suzanne, qui nous plonge dans ses interrogations et recherches les plus intimes, celles conduites au sujet d’Arsène, mais aussi de son propre passé. La mort de son père est évoquée, par le souvenir de la configuration de l’appartement de son enfance, des odeurs du tabac que fumait son père, du café, des bruits faits par ce dernier en tournant la serrure de la porte d’entrée.



Pour Arsène, c’est cette valise qui est la pierre angulaire de toute son odyssée : « Vous regardiez tous deux cette valise sans rien dire (…) Ta main restée au contact de la valise signifiait toutefois que tu n’oublierais jamais ce qui s’est passé dans ta vie d’avant. »

Suzanne, pour sa part, parvient à trouver une issue à la lancinante question : laisser une trace de son passé dans l'appartement familial sur le point d'être vendu : « L’appartement n’est plus qu'une boîte prête à abriter de nouvelles existences .Les empreintes paternelles vont disparaître sou une nouvelle couche de peinture (…) Suzanne le sait, elle ne peut emporter l'immatériel .C’est pour cette raison qu’elle laisse un bout de papier dans l a cheminée .Cet acte dérisoire es une revanche sur l'oubli, ou plutôt sa peur d’oublier . »

Concernant Arsène, le roman suggère, par touches successives parfaitement calibrées, le chemin de croix qu’est un exil, après avoir échappé à l’un des génocides qui ont marqué l'histoire contemporaine, celui du Rwanda : « La nuit, la mort rôde et visite les vivants. On peut se lever et suivre les morts sur un simple malentendu (…) J’ai longtemps eu peur de la nuit .Dormir dans ma valise les tenait à distance. »



Ancré dans l’actualité récente de la crise des réfugiés, ce roman contribue à mettre en évidence la nature du déracinement et de la reconstruction d’une vie : dramatique, empreinte de souffrances, génératrice de traumatismes. C’est tout cela que l’exil entraîne. A nous, lecteurs, de garder cette donnée présente à nos esprits.

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J'ai longtemps eu peur de la nuit

En italique, nous suivons le récit d’une narratrice qui, à l’aide de la deuxième personne du singulier raconte une histoire en prenant à témoin un petit garçon à qui le "tu" s’adresse.

Puis, en alternance nous découvrons ; sous la plume d’un narrateur extérieur, Suzanne animatrice d’atelier d’écriture au collège. Autour d’elle, une trentaine d’adolescents, à qui elle consacre une heure hebdomadaire. Par le biais d’un banal premier exercice, Suzanne découvre un adolescent noir, Arsène qui au fil de l’année va lui faire des confidences intimes et bouleversantes. Suzanne recueille et reformule le passé d’Arsène.



J’ai longtemps eu peu de la nuit, traite d’une façon originale et très sensible de la douleur de l’exil et du déracinement d’un enfant victime de la folie et de la cruauté des adultes. Mais parce que chacun se nourrit de l’autre, et se répare avec l’autre, Suzanne se confronte) son propre passé, et à ses propres douleurs d’enfance qui lui reviennent à mesure qu’Arsène accepte le travail d’écriture pour surmonter ses peurs d’enfant meurtri.



Ce court et riche roman se lit en apnée, la gorge et le ventre serrés tant il nous étreint, bouleverse, et nous illumine.



Je retrouve dans la plume de Yasmine Ghata la sensibilité littéraire de celle de sa mère Vénus Khoury-Ghata.



J’ai le souvenir, il a quelques années, d’avoir éprouvé un grand plaisir à lire Le târ de mon père, une histoire pleine de sensibilité, servie par une écriture sensuelle et élégante. Le hasard m’a remis sur le chemin de Yasmine Ghata, histoire de me rappeler qu’elle avait écrit d’autres ouvrages….
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Le Testament du prophète

Tout d'abord, je souhaite vous remercier pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique de Babelio.



La narratrice, qui est également le personnage principal du livre nous emmène dans son pays natal ; là où elle ne s'est pas rendue depuis des décennies. Accompagnée d'une équipe de tournage chargée de réaliser un reportage sur son retour au village ; celui où elle a tant de souvenirs.



Dans un récit très poétique, la narratrice nous propose d'arpenter avec elle les ruelles de son village natal. Et sa présence ici, dans ces ruelles, n'est pas vraiment vue d'un bon œil. Beaucoup d'années sont passées mais de terribles évènements refont surface dans l'esprit de tous les habitants restés ici.



A travers l'accueil hostile réservée à la narratrice par les villageois, nous découvrons petit à petit la tragédie à laquelle cette dernière et sa famille ont du faire face, il y a si longtemps maintenant ; et surtout pour quelle raison elle a décidée de partir loin de cet endroit.

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La dernière ligne

J’ai aimé l’écriture de ce livre, décrire avec tant de poésie c’est tout simplement magnifique et je ne manquerais pas de relayer différentes citations du livre qui m’ont profondément touchés.

C’est d’ailleurs le type d’écriture que j’adopte moi même mais que je peine à coucher, chapeau bas !

Un grand cœur sur ce livre, peut-être juste un peu répétitif si je dois émettre une critique

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