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Critiques de Young-Ha Kim (146)
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J'entends ta voix

Durant leur enfance, Jei est le soutien indéfectible de Dong-Kyu, un jeune garçon solitaire et sensible. Ils grandissent ensemble dans un environnement difficile et abandonnés par leurs parents. Pourtant, ils s'éloignent peu à peu et Jei devient un marginal. Capable de ressentir la souffrance des animaux et des personnes, il erre dans un Séoul où la cruauté cotoît la misère. Son parcours lui permettra de retrouver Dong-kyu, mais leur amitié résistera-t-elle à la personnalité hors norme de Jei.

J'avoue que mon avis est mitigé. Malgré une très belle plume, originale et pleine d’émotion, la construction du roman m'a paru chaotique. J'ai eu du mal à suivre la narration qui change très souvent de personnage. Le mélange des genres entre fantastique et roman dramatique fonctionne bien, mais là aussi j'ai trouvé que c'était brouillon. Ma lecture a donc été ponctuée de périodes très intéressantes et des décrochages car je n'arrivais plus à m'y retrouver dans l'intrigue. Par contre, j'ai trouvé les personnages charismatiques avec une personnalité fouillée. L’émotion est présente tout au long du récit et la période de marginalité est décrite avec beaucoup d'intensité. Ce roman a un certain nombre d'éléments positifs, mais j'ai été lassée par cette impression de confusion.
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Ma mémoire assassine

J’ai la mémoire qui flanche j’me souviens plus très bien… aurait pu chanter Kim Byeongsu. Ce brave pépé de 72 balais amoureux de poésie et de philosophie écrit des poèmes à ses heures perdues et surtout, il perd la mémoire à cause du célèbre et pénible mister Alzheimer. Vu comme ça je vous entends d’ici : booouuuuuu il est nul ton bouquin des histoires comme celles ci il y en a plein les EHPAD.



Et bien je n’espère pas ! Parce que notre pépé Kim a une petite particularité, même s’il a pris sa retraite il a longtemps été (peut-on cesser de l’être) un tueur en série. Pendant des années il a tué pour le plaisir et sans aucun remord des dizaines de personnes sans jamais s’être fait prendre. Mais voilà qu’aujourd’hui il semble victime de la farce de l’arroseur arrosé ! Sa fille adoptive qu’il chéri plus que tout semble être la prochaine proie d’un tueur en série. C’est quand même pas de bol vu les statistiques de la profession, ils ne sont pourtant pas si nombreux.



Toujours est-il que pépé Kim qui en a encore sous le pied n’a aucune envie de laisser sa fille adorée subir le sort qu’ils réservait lui même à ses victimes. Bon il l’aime bien et puis surtout il a sa fierté on mais oh ! Eh oui on peut être un tueur sanguinaire et avoir des principes tout de même. Il décide donc que le chasseur va devenir sa proie mais il y a un hic : mister Alzheimer est un tueur en série bien plus redoutable que les autres, et lui, rien ne l’arrête !



Une course contre la montre s’engage alors entre Kim et sa mémoire. Plongé dans l’esprit tortueux de Kim et perdu dans les limbes ce passé qui se défile, le lecteur peine à assembler les pièces du puzzle de cette histoire. Plongé dans la mémoire défaillante de Kim qui se dérobe, se réinvente, se souvient de travers, se souvient parfaitement, mais de choses qui ne font pas avancer la traque qui nous occupe, le lecteur est aussi déstabilisé que Pépé Kim.



Et si au final… ? A moins que… ? Non !!!? Si ? Ah oui mais non ! Rhoooo.
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L'Empire des lumières

Quand le réveil sonne ce matin-là, Ki-Yeong démarre la journée avec une atroce migraine. Un mal de tête inhabituel comme un mauvais présage qui ne tardera pas à se confirmer.

De fait, la vie de ce quadragénaire, en apparence mari et père de famille rangé, est sur le point de basculer. Agent nord-coréen infiltré à Séoul depuis une vingtaine d'années, il est sous le choc quand l'ordre tombe : il doit rentrer à Pyongyang toutes affaires cessantes.

Que faire ? Tout abandonner de sa nouvelle vie et rentrer ? Pour retrouver quoi, pour retrouver qui ?



Heure par heure, le roman déroule le décompte de cette journée fatidique. On suit Ki-Yeong dans ses réflexions, ses angoisses, ses interrogations mais aussi la vie de Mari, sa femme, et de Hyeon-mi, sa fille, brillante lycéenne, au cours de ces 24h décisives.



Un roman rythmé, où les retours sur les trajectoires de vie offrent un éclairage très intéressant sur les Corées des années 80 et sur la société coréenne.



Lu d'une traite!

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L'Empire des lumières

Une lecture déroutante car c’était l’un des premiers romans coréens que nous lisions à l’époque. Un style assez épuré, centré autour de son personnage principal : un espion nord-coréen parfaitement intégré dans la société sud-coréenne depuis vingt ans.



A bas les clichés : pas de jeune homme musclé à l’arme qui s’auto-recharge à l’infini et qui se lance dans des courses poursuites effrénées toutes les 5 minutes ! Simplement un père de famille plan-plan qui essaie tant bien que mal de gérer son couple installé dans la routine et la crise d’adolescence de sa fille. Et qui finalement avait presque oublié qu’il était en mission pour un pays qui lui semble de plus en plus lointain… Que faire quand on vous demande de tout quitter du jour au lendemain ? Les fidélités d’hier sont-elles toujours celles d’aujourd’hui ? C’est le dilemme que doit gérer Kiyeong qui sait que c’est sa vie et celle de ses proches qui sont désormais en jeu…



Je ne vous en dévoile pas plus !
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Ma mémoire assassine

Dans cette histoire peu vraisemblable, un ex-tueur en série âgé de 72 ans et atteint de la maladie d’Alzheimer, veut reprendre du service pour tuer le prétendant de sa fille qu’il présume être, tout comme lui, un tueur en série.

Il souhaite le tuer avant d’oublier. Une course contre la montre est engagée.

Cet homme qui était froid et insensible nous touche. Il est aujourd’hui fragilisé par la maladie ce qui le rend humain.

Ce roman, à la fois drôle, tragique, semble parfois sombre. J’ai adoré ce livre à l’écriture fluide empreint de poésie dont le suspens nous tient en haleine et qui se lit d’une traite. L’humour noir et glacial de cette nouvelle peut surprendre mais c’est vraiment original !

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L'Empire des lumières

[Cet avis contient des spoilers]



Un livre intéressant qui nous en apprend plus sur la Corée du Sud et la Corée du Nord sur une bonne trentaine d'années.



Et si j'ai bien aimé le personnage principal j'ai en revanche moins apprécié la fin. Retourne-t-il donc vivre avec Mari après ce qu'il s'est passé ??? Si oui je trouve cela très étrange et peu croyable et, si non, pourra-t-il tout de même voir Hyeon-mi ? Parce qu'on peut aussi supposé que maintenant qu'il est protégé par les services de renseignement du sud il va peut être devoir changer d'identité, ou aller vivre autre-part pour ne pas être retrouver par le nord.



De plus, on nous lance sur certains sujets mais on ne nous en dit pas le fin mot : Hyeon-mi qui lance carrément une rumeur sur sa meilleure amie alors que celle-ci à déjà eu des problèmes et surtout Heyon-mi qui dit vouloir « tué » Cheori pour prendre sa place dans le coeur de Jin-guk (si tant est qu'on puisse tuer un ami imaginaire). Parce que, oui, le gosse à 14 ans, a toujours un ami imaginaire avec qui il passe des heures à papoter et tout le monde trouve ça normal ?
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L'Empire des lumières

Avis mitigé pour ma part sur ce roman.



Déjà, la temporalité est surprenante et agréable, puisqu'on ne parle ici que de 24 heures décisives. Aussi, l'écriture est facile et agréable à lire.



Seulement, j'avoue que je m'attendais à une lecture un peu plus recherchée disons. L'histoire est intéressante, surtout à partir du milieu du livre. Mais pour moi, il ne s'agit pas non plus de la "grande littérature". C'est sympathique mais sans plus. Je pense que je ne m'attendais surtout pas à ça !

Aussi, l'écriture est un peu étonnante au début, et je pense que cela tient à la traduction depuis le coréen, qui donne des phrases courtes.
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La mort à demi-mots

Le roman de Kim Young-ha s’ouvre sur un bref cours d’Histoire de France, subtilement analysé par un coréen, dont la principale vocation est celle de proposer aux jeunes sud-coréen.nes blasé.es, le meilleur moyen pour les accompagner jusqu’au suicide.



Le narrateur omniscient - puisqu’il arrive à décrire des scènes dont il est absent - s’apparente à Dieu et nous livre une sorte de confession, un futur roman qu’il décide de publier racontant le pourquoi et le comment de la disparition de deux femmes, Seyoun et Mimi.



Le roman noir coréen est à lui seul un genre particulier. Mais celui-ci l’est d’autant plus : très dérangeant par moments, artistiquement poussé, où la Mort et le sexe font partie intégrante de l’intrigue.



Les références qui ont permis l’élaboration du récit sont incrustées dans le texte et servent ainsi de repères, et tant mieux bicause on se retrouve - un peu trop de fois à mon goût, paumé dans l’univers glacial et sans joie de l’auteur (mention spéciale à Sylvia Plath TMTC).



Bizarrement La mort à demi-mots ne plombe absolument pas le moral, et c’est ce que je trouve dingo dans cet exercice ; comment peut-on ressentir cette sorte d’apaisement après avoir exploré ce qui se passe dans la tête d’un tueur méticuleux, sociopathe alors qu’il est dénué de toute méchanceté ?



Le vrai titre coréen de ce roman est une référence directe à une phrase de Sagan qui scandait « j’ai le droit de me détruire », et les oeuvres citées de Delacroix et de Klimt sont pour beaucoup dans l’appréciation du roman, l’auteur est à l’image de son narrateur ; minutieux et organisé.



(et ça a le mérite de me mettre le cul entre deux chaises alors…)



Booyah !


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Ma mémoire assassine

Alzheimer.



Ce vieil homme est inquiet. Un individu suspect rode autour de sa fille adoptive. C'est l'occasion pour notre "héros" de reprendre du service, il a de nombreux meurtres à son actif. Toutefois, on vient de lui diagnostiquer Alzheimer.



C'est un roman atypique que j'ai apprécié lire. Nous y suivons un vieil homme qui sous un aspect ordinaire s'avère être un froid tueur en série. De plus, la maladie d'Alzheimer commence à lui ronger la mémoire. Ces divers éléments rendent la lecture intéressante. Le personnage principal est le narrateur. Ses réflexions sur la vie, la poésie et la philosophie sont teintées d'humour noir.



Lorsqu'un homme suspect commence à tourner autour de sa fille, le narrateur le soupçonne de vouloir la tuer. Nous allons le suivre dans ses préparatifs pour le tuer et combattre sa maladie. C'est également l'occasion d'avoir un petit aperçu de la société sud-coréenne. J'ai également bien aimé cet aspect du roman. Ce fût l'occasion de découvrir un peu une société qui m'est inconnue.



Au final, un petit roman bien sympathique à la construction atypique.
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Ma mémoire assassine

Quel étrange thriller. Enfin pas tout-à-fait un thriller car il n’y a aucune scène de violence. Pourtant celui qui s’adresse à nous à la première personne aurait matière à raconter. Car derrière ce vieux monsieur de 70 ans, amateur de poésie et qui aime se promener dans la forêt de bambou au fond de son jardin, se cache un tueur en série sur le retour. Alors que la maladie d’Alzheimer se fait de plus en plus présente, gommant petit à petit des pans entiers de sa mémoire, notre héros se trouve lancé dans une course contre la montre : un nouveau tueur en série sévit dans la ville et menace la fille de notre narrateur. Une dernière mission s’impose à celui qui a arrêté de tuer depuis plusieurs décennies : trouver et tuer le nouvel assassin avant que la maladie n’assassine sa mémoire et que sa fille ne soit la prochaine victime.



Young-Ha Kim réussit presque à nous faire éprouver de la sympathie pour ce monstre. Nous sommes dans la tête du vieil homme, vivant comme lui au rythme de cette mémoire qui le fuit. Comme dans un journal intime nous suivons la progression de la maladie, le trouble qu’elle introduit dans l’esprit du malade, semant doute, inquiétude, incompréhension, paranoïa, déstabilisant totalement cet homme qui se veut si rationnel. Jusqu’au dénouement final (qui, contrairement à beaucoup de lecteurs, ne m’a pas surprise tant que cela).



J’ai retrouvé dans ce roman coréen l’humour noir que j’apprécie chez le réalisateur Bong Joon-ho (dont le magnifique « Memories of murder » fait partie des nombreuses références qui s’égrènent au fil du récit).



L’écriture très aérée et la taille du roman (160 petites pages) en font un livre qui se lit très vite et très facilement. La mauvaise foi de notre tueur en série prête à sourire, il est parfois touchant dans son désarroi et son désir de sauver sa fille et le déroulé du récit est amené avec habileté.



Une belle découverte

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La mort à demi-mots

Livre dont la lecture ne vous laissera certainement pas indemne. On en ressort dérangé, un peu choqué, plus trop en phase avec le monde du dehors... Bien sûr seulement pour quelques heures, mais c'est un des rares romans mettant si puissamment dans un tel état. Livre déroutant au récit déphasé et complètement hors normes, je le recommande très chaudement. C'était une découverte de cet auteur pour moi et je trouve que son talent est indéniable et divergeant des normes actuelles. Je n'attends que ma prochaine lecture de lui.
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Ma mémoire assassine

Écrit à la façon d’un journal intime, ce court roman nous fait explorer les méandres de la pensée d’un personnage principal sans nom, poète à ses heures et amateur de philosophie et de tragédies grecques au sens propre du terme, mais aussi ancien tueur en série désormais à la retraite atteint de la maladie d’Alzheimer. Ses mémoires s’effritent, même les plus « plaisantes » à son goût, et la distinction entre fantasme et réalité devient difficile. Un roman fascinant que j’ai adoré, original et bien pensé.
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Ma mémoire assassine

Ce roman raconte l’histoire d’un ancien tueur en série qui est atteint d’Alzheimer. Rédigé à la première personne, dans un format qui rappelle un journal intime ou un journal de bord, il montre les étapes de la maladie et la façon dont elle impacte la vie du malade.



Pour qui aime l’humour noir, le récit est parfois assez amusant. Mais il est également très triste, car peu importe les efforts du malade, la maladie gagne inexorablement du terrain. Et dans le cas de notre ex-tueur en série, c’est une véritable course contre la montre : des jeunes femmes ont été tuées récemment dans la région, et sa fille de 27 ans pourrait bien être la prochaine victime…



J’ai apprécié cette lecture, même si le livre est très court. Le récit suit le point de vue du vieil homme, c’est donc parfois un peu confus, au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans la sénilité et la démence. Mais il a un côté attachant, et c’est appréciable de voir ce genre de sujets abordé dans la littérature !
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Ma mémoire assassine

Un petit roman coréen bien étonnant et percutant. L'histoire d'un tueur vieillissant trahi par sa mémoire de plus en plus défaillante. Un personnage cruel que l'on pourrait presque plaindre tant il est désorienté par ce qui lui arrive.

À cette trouvaille littéraire vient s'ajouter une construction narrative en petits paragraphes, procédant par touches. Une approche presque pointilliste traitée à la première personne visant à mieux rendre compte ainsi des troubles mémoriels du protagoniste.

C'est plutôt réussi et efficace. Un roman agréable à lire malgré le sujet plutôt noir, avec une postface qui apporte un éclairage tout à fait intéressant sur la démarche et les intentions de l'auteur.
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Deux personnes seules au monde

J’ai découvert cet auteur avec l’excellent "Ma mémoire assassine", roman riche malgré sa brièveté, et c’est encore dans un format court que j’ai continué sa découverte, puisque "Deux personnes seules au monde" est un recueil de trois nouvelles.

Celle qui donne son titre au recueil est une longue lettre, que la narratrice adresse suite à la mort de son père à celle qu’elle désigne comme "ma très chère amie" (et dont nous ignorerons l’identité).



Elle revient à cette occasion sur sa relation à ce père, qui a vampirisé sa vie. Dès sa jeunesse, elle a été sa préférée, celle en qui il plaçait de grandes ambitions, justifiées par ses excellents résultats scolaires. Son frère, sa sœur, et même sa mère, conçurent de la rancune de cette injustice, et finirent par s’éloigner du duo formé par le père et la fille, l’épouse ayant demandé le divorce une fois les enfants devenus adultes.



Car c’est bien comme un couple que vivaient père et fille -sans la dimension incestueuse toutefois-, avec l’instauration de rituels qui leur étaient propres, allant au cinéma tous les week-end, parlant philosophie autour de diners dans des restaurants chics, faisant les magasins…



La narratrice n’a finalement jamais vécu pour elle-même. Les quelques relations qu’elle eut avec d’autres hommes se sont soldés par des échecs, ses petits amis trouvant son père trop présent dans sa vie. Ce dernier à l’inverse a fini par se mettre en couple avec une nouvelle compagne, et sa fille a alors réalisé que son sacrifice était unilatéral, et pire, que son père était déçu qu’elle n’ait finalement pas répondu à ses attentes, puisqu’elle est devenue enseignante d’histoire sociale dans un institut privé quand lui la rêvait professeure d’Histoire de l’art à l’université.



C’est une double perte qu’elle évoque ainsi dans sa lettre à son amie. Celle d’un père qui fut la personne la plus importante de sa vie, celui avec qui elle avait l’impression de partager une langue commune, que personne ne parlait plus, mais c’est aussi celle de la femme qu’elle aurait pu être -même si ce sentiment de perte est inconscient, la narratrice refusant d’admettre l’ampleur de l’emprise paternelle- sans cet

attachement aliénant, qui l’a isolée du reste du monde.



Dans "Je ne suis pas un épi de maïs", on change de ton et de genre. Park Mansu, écrivain, traverse une mauvaise passe. Son ex-femme travaille dans sa maison d’édition, qui vient de changer de patron, le nouvel arrivant -un ancien de Wall Street- fonctionnant à l’ultimatum. Le narrateur, qui a perçu un à-valoir sur son prochain roman, se voit ainsi contraint de rendre son manuscrit au plus vite. Son ex lui fait alors une proposition : puisqu’il a besoin de se rendre aux Etats-Unis afin de collecter de la documentation, et que son nouveau patron est un grand admirateur de son travail, il acceptera sans doute den lui prêter son appartement new-yorkais… Et de fait, Park Mansu se retrouve à New-York. L’apparition dans l’appartement de l’ex de son éditeur, une superbe créature, fait prendre un tournant inattendu à son séjour.

Cette nouvelle à l’ambiance étrange est celle que j’ai le moins appréciée, en raison de sa chute complètement loufoque…



"Je cherche mon enfant" clôt le recueil sur une note bien sombre. L’enlèvement de son fils de deux ans détruit la vie d’un couple, qui passe les années suivant ce drame à le rechercher. Les conditions de vie des parents sont devenues précaires, car ils ont dû démissionner pour se consacrer à cette quête. La mère tombe peu à peu dans la démence, se coupant du monde réel, parcourant la ville à la recherche d’un fils qui aura éternellement deux ans…

Or, l’enfant est retrouvé plus de dix ans après sa disparition : la femme qui l’avait kidnappé, et s’en est occupé comme de son propre fils, s’est suicidée en laissant une lettre avouant son crime.



Mais les retrouvailles n’ont pas vraiment le goût du bonheur. Le pré-adolescent au ventre gras et à la physionomie "rapace et colérique" ne colle pas à l’image que ses parents avaient gardé de leur fils. Alors que le père espérait que cette issue allait tout résoudre -la folie de sa femme, leur précarité-, leur nouvelle vie à trois est à peine supportable, pesant d’incommunicabilité, chacun s’enfermant dans ses propres souvenirs, ses attentes déçues, ses manques.



Un texte fort, troublant, et très triste…



J’ai dans l’ensemble beaucoup apprécié ce recueil -malgré le bémol à propos de la deuxième nouvelle- pour sa diversité, et l’écriture aussi efficace qu’éloquente de Young-ha Kim.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ma mémoire assassine



Pourquoi Œdipe assassine-t-il son père biologique, qui l’avait abandonné ? Parce qu’à un carrefour, le vieux lui avait coupé le passage.

Pourquoi épouse-t-il sa mère ? parce qu’il est devenu un mythe, et qu’elle a besoin de lui, peu importe l’âge .

A-t-il tué par plaisir ? par nécessité ? par haine ? non, rien de tout ça, les circonstances, le destin.

Car, dit Kim Young Ha, « il arrive souvent que le malheur soit le fait du hasard ».

Serait-ce le cas de Kim Byeong-su, son personnage , cherchant un plaisir éphémère dans le fait de tuer, ayant commencé par le père, comme Œdipe, ne trouvant pas la satiété, et continuant…. Jusqu’à ce qu’une opération du cerveau l’en empêche. Il retrouve alors le train-train de la vie, pas folichon, et cet enfoiré de chirurgien lui a sûrement greffé une pilule pour qu’il oublie.

Tiens, comme Œdipe, qui s’est aveuglé lui-même et qui a préféré tout oublier : Œdipe atteint par Alzheimer ?

En ce cas, comme Kim, voilà.

Qui a le temps de réfléchir sur le temps : si la mémoire doit programmer « mémoire du futur »= il ne pas oublier de prendre mes médicaments, elle est aussi mémoire du passé ( les différents meurtres que le narrateur a commis, dont il essaie de se souvenir, et en a par prudence écrit les épisodes).

Par prudence, parce qu’il risque d’oublier.

Sans danger, il y a prescription.

Notre narrateur est donc condamné au présent. Il ne peut anticiper, il ne peut se souvenir, le présent est pire qu’une prison de métal, qu’il souhaiterait presque.

Parce qu’Alzheimer, c’est pire qu’une prison.

A-t-il un chien ? Comme sa fille adoptive semble le dire ?et parfois aussi, le nier ? Comme Ulysse, qui lui aussi avait sans doute été atteint durant dix ans de cette maladie de l’oubli et avait été reconnu par son chien?

Ecrit à la première personne, sur un ton enlevé, supérieur, se moquant de beaucoup de locutions comme « attention, vous pouvez risquer de vivre trop longtemps »(de la part d’une démarcheuse en assurance –vie, !) il rumine aussi, oublie que contre son alz( oups, j’ai oublié le nom exact de cette maladie) il doit prendre des médicaments, mais justement, il oublie, au lieu de ne pas oublier.



Comme si le Dieu qui pilote avait lâché la manette de contrôle, et ça, de plus en plus.



Pour Kim Young Ha, l’auteur, non pas des meurtres mais du livre, rester emmuré dans le présent revient à réduire son existence à celle d’un animal .Il est prisonnier d’un temps erroné.

Son mot de la fin, où il revendique être l’auteur du livre, où il montre la difficulté du fait d’écrire, où il le dédie à son père luttant contre la maladie, donne un singulier relief d’après la jubilation, car « Ma mémoire assassine » est drôle, la réflexion philosophique sur le présent, l’interrogation sur le mal et nous submerge d’émotion : un fils qui rend hommage à son père.

Après quadruple incitations, dans le désordre : Sandrine, mh17, Gaëlle, Sandrine57, bonheur de cette lecture

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Ma mémoire assassine



En littérature on retrouve habituellement deux sortes de tueurs : d'un côté les psychopathes dont les crimes se nourrissent le plus souvent d'évènements traumatiques liés à l'enfance, pénalement responsables ils sont conscients de leurs actes, organisent méticuleusement leurs crimes, infligent sévices et tortures, enterrent leurs victimes ; de l'autre les psychotiques, qui à l'inverse ne préméditent pas leurs crimes, n'ont pas conscience de leurs actes puisqu'ils répondent à une pulsion violente et désorganisée. Mais alors à quelle catégorie appartient Kim Byeong le narrateur de ce récit ? Je vous avoue qu'au commencement de ma lecture j'avais opté pour la première catégorie, me disant, oui, Kim Byeong est un tueur psychopathe, du moins il l'était, comme on peut l'être quand on découpe en petits morceaux l'amant de sa femme et qu'on le balance dans une porcherie ou que l'on tue froidement la mère de sa fille adoptive mais à l'issue de ma lecture je ne sais plus, je suis pleine de compassion et d'indulgence envers le personnage.



Dans ce récit qui fait moins de 200 pages Kim Young-ha nous livre les confessions d'un tueur pas comme les autres, il donne la parole à un homme vieillissant et fragilisé par la maladie qui pourrait être votre voisin, votre père, votre grand-père si ce n'est qu'il a commis son premier crime à l'âge de 15 ans en étouffant son géniteur avec un oreiller pour protéger sa mère et sa soeur, prémices d'une pulsion meurtrière qui ne le quittera plus durant près de trente ans.



Mais aujourd'hui Kim Byeong a 70 ans, il aspire à une retraite paisible, l'art de la poésie a remplacé l'art du meurtre depuis près de deux décennies, il ne tue plus, il compose des poèmes, nous cite le Sûtra du Coeur, nous conte Ulysse. Une retraite bien méritée, pourrait-on dire cyniquement, pour celui qui était pris des années durant d'une frénésie de nettoyage et faisait disparaître les cadavres de ses victimes en les enterrant dans le petit bois dont il a la propriété situé juste derrière sa maison en contrebas de la montagne, les cadavres de tous les malheureux qui ont eu la malchance de croiser son chemin, devenus désormais le terreau fertile dont se nourrissent les hauts bambous dont les tiges trônent fièrement vers le ciel comme dans une dernière prière à la mémoire des trépassés dont les meurtres sont restés non élucidés à ce jour, certains ayant même été attribués aux espions nord-coréens dans les années 80.



De ses motivations à tuer nous saurons peu finalement si ce n'est une certaine foi et une certaine recherche du bonheur dans l'acte meurtrier car l'ancien tueur froid et insensible, peu enclin aux remords, perd ses mots, perd peu à peu sa raison d'être et d'exister, il est atteint de la maladie d'Alzheimer qui ronge sournoisement sa mémoire, faisant de lui un être sans passé et sans futur et ce qu'il redoute le plus encore : un être dépendant, un poids pour sa fille adoptive Eun-hee qui ne le reconnait plus et envisage de le placer dans une structure adaptée. Alors pour la première fois de sa vie Kim Byeong doute. Il doute quand il se réveille le matin en un lieu inconnu, il doute quand il cherche le chien de la maison qui n'existe pas, il doute car sa fille fréquente depuis peu un individu louche répondant au nom de Pak Ju-tae qui pourrait bien être le tueur en série qui sévit depuis peu dans la région. évènement qui va le pousser à se battre contre un ennemi silencieux et redoutable qui n'est autre que lui même avec un seul but, chaque jour, celui de parvenir à recoller les morceaux de sa mémoire défaillante qui filent pareils à des petits bouts de papier dans un tourbillon de vent, le laissant sans cesse essoufflé de sa course effrénée à les rattraper.



Un récit sombre empreint d'une belle poésie, duquel parviennent à s'échapper quelques rais de lumière, qui nous est narré sous la forme d'une confession et dont la force réside dans la dualité et le caractère ambigu de son personnage principal qui dès les premières pages nous entraîne avec lui dans un jeu de piste troublant dont les indices et l'itinéraire se brouillent au fur et à mesure que nous progressons dans la lecture. Un juste retour des choses, une punition divine nous dit-il, résigné à accepter son sort. Peut-être bien car semble venu le temps des aveux et de la rédemption.



Bien évidemment le personnage qui m'a touchée dans ce récit n'est pas le tueur impassible qui ne connaît pas le remord mais l'homme fragilisé par la maladie, emmuré dans son présent, peinant à discerner la réalité, semant le trouble et la confusion chez le lecteur qui, arrivé en fin de lecture, n'aspire plus qu'à une seule chose : sortir du brouillard dans lequel il s'est empêtré et voir enfin apparaître la vérité. Mais quelle vérité ? Celle d'un tueur indifférent au sort de ses victimes ou celle d'un homme confus qui n'a plus toute sa raison ?



Un excellent polar noir dont le dénouement est particulièrement réussi, adapté sur grand écran par Won Shin-yeon en 2017 (je visionne le film ce soir) mais surtout une belle réflexion sur la maladie d'Alzheimer que je vous invite vraiment à découvrir.







* Merci à Sandrine (HundredDreams) et à la dame Michka (Mh17) dont les critiques ont motivé ma lecture.

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Ma mémoire assassine

Ma mémoire assassine

Je ressors extrêmement troublé de cet étonnant roman. C’est d’ailleurs plutôt une longue nouvelle, dérangeante et corrosive, qui bouscule les codes classiques du thriller contemporain.

Imaginez Patrick Bateman ( le psychopathe d’American Psycho) atteint d’un Alzheimer galopant livrant ses confessions avec une sincérité désarmante et glaciale.

Kim Young-ha , l’auteur coréen, nous dévoile dans une étrange post-face le secret de ce livre fascinant :

« Ce roman est le mien…..mais un romancier a très peu d’autonomie, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Une fois la première phrase écrite c’est elle qui mène le jeu et une fois le personnage créé l’auteur est contraint de le suivre. »

Et réciproquement !!! On pourrait le supposer car qui est vraiment Kim-Byeong notre serial-killer devenu gentiment vétérinaire Au crépuscule de sa pensée, tout se mélange : philosophie, haïkus, peur de tuer à nouveau.

Tout écrire, tout enregistrer. Se faire aider par sa gentille fille.

Petit à petit tout va s’éteindre doucement, se rallumer dans d’étincelantes évidences.

Le vieillard et l’auteur nous baladent méchamment à l’orée de la question du Mal et des identités multiples. Tout se brouille dans la tête du pauvre lecteur que je suis et qui, à son tour, sombre dans la démence.

Un immense merci à Sandrine @HundredDreams pour cette incroyable expérience littéraire !
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Deux personnes seules au monde

Ce recueil de nouvelles en comporte 3 dont la première donne le titre du livre.

Deux personnes seules au monde raconte la relation presque fusionnelle entre un père et une fille au détriment du reste de la famille. Cette dernière essaye d'analyser sa relation de l'extérieur, avec sa mère et sa soeur après les avoir rejoint aux Etats-Unis. Une relation très difficile, on sent la jeune femme très solitaire...

Je suis un épi de maïs, une nouvelle assez burlesque sur un écrivain qui cherche de l'inspiration pour un prochain roman suite à une rupture sentimentale. J'ai du mal à comprendre la direction de cette nouvelle et même la fin est assez étrange mais pourtant, j'ai bien aimé.

Je cherche mon enfant, la dernière nouvelle du recueil raconte les déboires d'un couple qui perd leur jeune enfant de presque 2 ans dans un centre commercial et à qui on annonce onze ans plus tard, avoir retrouvé celui-ci. Très déstabilisante cette nouvelle. Comment retrouver ces années perdues, cet enfant qu'ils avaient ? Les retrouvailles ne se passent pas exactement comme prévu... Malgré la tristesse d'une telle situation, l'auteur arrive à le rendre risible.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles qui parlent de la solitude au milieu des autres, d'amours finissants, de situations étonnantes et déstabilisantes.

Un recueil un peu étrange, j'ai regretté les fins un peu abruptes, j'aurais aimé en savais plus sur eux.

J'essayerai de lire un de ses romans prochainement...
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Ma mémoire assassine

Voici les premières lignes de ce roman singulier :



« Mon dernier meurtre date d'il y a vingt-cinq ans. Ou vingt-six ? En tout cas c'est à peu près ça. Je n'ai pas tué mes proies sous le coup d'une pulsion ou à cause d'une quelconque perversion sexuelle, contrairement à ce que les gens croient en général. J'étais plutôt mû par un sentiment de regret, ou par l'espoir d'éprouver un plaisir toujours plus entier. Chaque fois que j'enterrais une nouvelle victime, je me disais : « Je ferai mieux à la prochaine. » Si j'ai cessé de tuer, c'est parce que cet espoir a disparu. »



L'histoire est particulièrement originale car nous entrons dans la tête de Kim Byeong-su, un ancien tueur en série, amateur de poésie et de philosophie, souffrant de la maladie d'Alzheimer.



« Les mots disparaissent. Mon cerveau me fait de plus en plus penser à un concombre de mer, gluant et percé de petits trous. Tout s'en échappe. le matin, je parcours le journal de la première à la dernière page, mais une fois que j'ai terminé, j'ai l'impression d'avoir oublié plus de choses que je n'en ai lu. Malgré tout, je lis, même si déchiffrer une phrase est pour moi aussi ardu que d'essayer de monter un meuble dont il manque les principales pièces. »



Son dernier meurtre remonte à 25 ans, mais lorsque plusieurs femmes sont assassinées près de chez lui, il est persuadé qu'un nouveau tueur en série sévit dans la région. Convaincu d'avoir identifié l'homme comme étant le petit ami de sa fille, il décide de reprendre du service et de l'éliminer avant que la maladie ne l'en empêche.



« Il rôde autour de moi comme un loup autour de sa proie et surveille tous mes faits et gestes. Quand j'essaie de m'approcher de lui pour lui adresser la parole, il disparaît en un clin d'oeil. »



*

Raconté sous la forme d'un journal intime relatant ses crimes, ses sentiments, ses craintes, nous sommes pris dans l'engrenage de sa mémoire défaillante. Au fur et à mesure, le récit se fragmente, se désagrège, la réalité, les souvenirs anciens et fabriqués se mélangent et il est de plus en plus difficile de faire le tri entre le réel et l'illusion.



L'écriture très immersive permet de se glisser aisément dans la peau de cet homme atteint de démence. On perçoit l'altération graduelle de sa mémoire défaillante et la confusion de sa pensée. C'est intelligent et très bien amené.



« Les hommes sont tous prisonniers du temps. Et ceux qui sont atteints d'Alzheimer sont enfermés dans une prison dont les cellules rétrécissent de plus en plus vite. J'étouffe. »



*

Kim Byeong-su n'a rien de particulièrement sympathique, mais, étrangement, on s'attache à ce vieil homme malade et diminué. On ressent de l'empathie envers lui alors qu'il n'en a aucune envers ses nombreuses victimes. Est-ce parce que l'histoire est racontée à la première personne du singulier ? Toujours est-il que son récit est froid, sobre, dépourvu de chaleur humaine.



« Au fait, c'est quoi le bonheur ? Se sentir vivant, c'est ça ? Dans ce cas, mes moments les plus heureux ont été ceux où, chaque jour, j'envisageais et planifiais un meurtre. En ce temps-là, j'étais tendu comme les cordes d'un instrument de musique. Tout comme aujourd'hui, seul existait le présent. Il n'y avait ni passé ni futur. »



Mais l'auteur arrive tout de même à nous transmettre des émotions par sa relation avec sa fille qu'il veut protéger de ce prédateur. C'est un combat à mort que se livrent ces deux hommes, l'enjeu étant la jeune femme.



Le dénouement, très surprenant et totalement inattendue, nous laisse nous interroger sur ce qui s'est réellement passé. C'est assez troublant, je dois dire.



*

Sombre, macabre, intense, cette petite nouvelle offre une réflexion intéressante sur la mémoire, la maladie, la nature humaine dans son aspect le plus méprisable et la jouissance dans le meurtre.
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