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Critiques de Young-Ha Kim (146)
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Deux personnes seules au monde

«  L'ignorance enferme l'homme dans les ténèbres » ..



«Hum…   Un roman de mille pages…..désordonné , expérimental, obscène et en même temps déconstructif,,…. » .



Deux extraits de ces nouvelles , oui, l'auteur renoue avec ce genre si particulier, il nous en offre trois: la deuxième , la plus piquante , burlesque présente un écrivain en mal d'inspiration, enclin à la paresse , dépressif et morose.

Il finit par trouver son pied dans le sexe débridé, exacerbé, quelque peu délirant un remède miracle …..



La première met en scène une «  fille » à son papa , relation plus ou moins malsaine mais sans connotation sexuelle «  Rien de tel avec mon père. Il est ma langue maternelle . Nous nous comprenons sans même nous parler . Il n'est question ni de bien ni de mal. C'est juste un destin partagé » , des rapports bizarres destructeurs —- abusifs ——entre un père et sa fille .

C'est celle que j'ai le moins aimée .



La troisième , un véritable cauchemar, met en scène un couple de jeunes parents qui vivent avec stupeur et douleur —— une vraie descente aux enfers —— l'enlèvement de leur fils , âgé de deux ans lors de leurs courses dans un supermarché. .



Suivront des événements dramatiques, recherche à l'aide de centaines de flyers par le père, folie de la mère , abandon progressif de leurs repères.



Pire : lors des retrouvailles , dix ans après , leur fils est si différent de l'image qu'ils avaient gardée de lui précieusement que les angoisses augmenteront jusqu'au final éprouvant, triste, fort, surprenant .



Ces trois nouvelles sont bien ficelées , les portraits incisifs, les dialogues amusants ,mordants , les situations cocasses , drôles , burlesques entre la morosité de l'écrivain dépressif au remède miracle qu'est pour lui le sexe, rencontres embarrassantes entre lecteurs et auteurs en panne, et le tourbillon de folie à travers rires et larmes ,tromperies , cocasseries et fantasmes .



Le style est habile, alerte , la solitude omniprésente:: des affres et des déboires de la vie jusqu'aux failles béantes et aux angoisses profondes .que génère l'absence de l'être aimé .



On oscille entre désastre et burlesque , on y reconnaît nos failles , nos amours bancals , défaillances, consolations , pertes , arrangements avec nous- mêmes , désillusions …..déconvenues …



«  Oui, on se sent seul au monde comme si on avait perdu quelqu'un que l'on aimait plus que tout , comme un père, pour sa fille préférée » …



«  Tu penses que Papa m'a abandonnée.

Comment te dire?

C'est moi qui suis partie . Tu penses que je souffre d'un manque d'amour paternel .

Celui qui a besoin d'être pardonné , c'est lui, pas moi » …



Un livre court, dense , magnifiquement écrit dont les images chocs resteront longtemps dans mon esprit.

Pas facile à décrypter .

Un grand plaisir de lecture !

Nouvelles traduites du coréen par Choi kyungran et Pierre Bisiou .
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Deux personnes seules au monde

" Dans ces trois nouvelles bien ficelées, l’auteur coréen Kim Young-ha, la plume toujours aussi alerte, poursuit son étude des failles, renoncements et petits arrangements divers qui sont le lot des sapiens d’aujourd’hui malades de solitude."

Pierre-Romain Valère in DM
Lien : https://doublemarge.com/page..
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Deux personnes seules au monde

Young-ha Kim est un talentueux écrivain coréen né en 1968. Les trois nouvelles ont en commun la thématique de la perte et ses conséquences. Elles sont aussi magistralement construites avec des méandres surprenants et des fins toujours imprévisibles. Mais le ton des trois récits est très différent.



1) Deux personnes seules au monde

C'est une lettre que Hyeonju entame quand elle est au chevet de son père mourant. Elle fait le récit de leur relation fusionnelle de plus en plus addictive qui l'a séparée des siens et l'a empêchée de vivre sa vie. La mort du père va-t-elle la délivrer ?



2) Je ne suis pas un épi de maïs

Cela commence par une bonne blague sur un fou qui se prend pour un épi de maïs poursuivi par des gallinacés (voir citation). Et puis on comprend bien vite que l'épi de maïs c'est le narrateur, un écrivain coréen en panne d'inspiration poursuivi par son ex, son boss (un agent qui a fait fortune en Amérique) et plus...La nouvelle est bien barrée, pleine d'humour et comme ce brave écrivain nous sommes menés en bateau de A à Z.



3) Je cherche mon enfant

Yunseok et Mira perdent leur petit Seongmin âgé de deux ans au supermarché. Il a été enlevé. Les dégâts sont immenses, Mira est brisée et Yunseok déclassé dans son travail et seul. Dix ans plus tard, le gamin réapparaît. Ils ne se reconnaissent pas. Une nouvelle poignante avec une fin pleine d'espoir toutefois.
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Deux personnes seules au monde

J’ai découvert cet auteur avec l’excellent "Ma mémoire assassine", roman riche malgré sa brièveté, et c’est encore dans un format court que j’ai continué sa découverte, puisque "Deux personnes seules au monde" est un recueil de trois nouvelles.

Celle qui donne son titre au recueil est une longue lettre, que la narratrice adresse suite à la mort de son père à celle qu’elle désigne comme "ma très chère amie" (et dont nous ignorerons l’identité).



Elle revient à cette occasion sur sa relation à ce père, qui a vampirisé sa vie. Dès sa jeunesse, elle a été sa préférée, celle en qui il plaçait de grandes ambitions, justifiées par ses excellents résultats scolaires. Son frère, sa sœur, et même sa mère, conçurent de la rancune de cette injustice, et finirent par s’éloigner du duo formé par le père et la fille, l’épouse ayant demandé le divorce une fois les enfants devenus adultes.



Car c’est bien comme un couple que vivaient père et fille -sans la dimension incestueuse toutefois-, avec l’instauration de rituels qui leur étaient propres, allant au cinéma tous les week-end, parlant philosophie autour de diners dans des restaurants chics, faisant les magasins…



La narratrice n’a finalement jamais vécu pour elle-même. Les quelques relations qu’elle eut avec d’autres hommes se sont soldés par des échecs, ses petits amis trouvant son père trop présent dans sa vie. Ce dernier à l’inverse a fini par se mettre en couple avec une nouvelle compagne, et sa fille a alors réalisé que son sacrifice était unilatéral, et pire, que son père était déçu qu’elle n’ait finalement pas répondu à ses attentes, puisqu’elle est devenue enseignante d’histoire sociale dans un institut privé quand lui la rêvait professeure d’Histoire de l’art à l’université.



C’est une double perte qu’elle évoque ainsi dans sa lettre à son amie. Celle d’un père qui fut la personne la plus importante de sa vie, celui avec qui elle avait l’impression de partager une langue commune, que personne ne parlait plus, mais c’est aussi celle de la femme qu’elle aurait pu être -même si ce sentiment de perte est inconscient, la narratrice refusant d’admettre l’ampleur de l’emprise paternelle- sans cet

attachement aliénant, qui l’a isolée du reste du monde.



Dans "Je ne suis pas un épi de maïs", on change de ton et de genre. Park Mansu, écrivain, traverse une mauvaise passe. Son ex-femme travaille dans sa maison d’édition, qui vient de changer de patron, le nouvel arrivant -un ancien de Wall Street- fonctionnant à l’ultimatum. Le narrateur, qui a perçu un à-valoir sur son prochain roman, se voit ainsi contraint de rendre son manuscrit au plus vite. Son ex lui fait alors une proposition : puisqu’il a besoin de se rendre aux Etats-Unis afin de collecter de la documentation, et que son nouveau patron est un grand admirateur de son travail, il acceptera sans doute den lui prêter son appartement new-yorkais… Et de fait, Park Mansu se retrouve à New-York. L’apparition dans l’appartement de l’ex de son éditeur, une superbe créature, fait prendre un tournant inattendu à son séjour.

Cette nouvelle à l’ambiance étrange est celle que j’ai le moins appréciée, en raison de sa chute complètement loufoque…



"Je cherche mon enfant" clôt le recueil sur une note bien sombre. L’enlèvement de son fils de deux ans détruit la vie d’un couple, qui passe les années suivant ce drame à le rechercher. Les conditions de vie des parents sont devenues précaires, car ils ont dû démissionner pour se consacrer à cette quête. La mère tombe peu à peu dans la démence, se coupant du monde réel, parcourant la ville à la recherche d’un fils qui aura éternellement deux ans…

Or, l’enfant est retrouvé plus de dix ans après sa disparition : la femme qui l’avait kidnappé, et s’en est occupé comme de son propre fils, s’est suicidée en laissant une lettre avouant son crime.



Mais les retrouvailles n’ont pas vraiment le goût du bonheur. Le pré-adolescent au ventre gras et à la physionomie "rapace et colérique" ne colle pas à l’image que ses parents avaient gardé de leur fils. Alors que le père espérait que cette issue allait tout résoudre -la folie de sa femme, leur précarité-, leur nouvelle vie à trois est à peine supportable, pesant d’incommunicabilité, chacun s’enfermant dans ses propres souvenirs, ses attentes déçues, ses manques.



Un texte fort, troublant, et très triste…



J’ai dans l’ensemble beaucoup apprécié ce recueil -malgré le bémol à propos de la deuxième nouvelle- pour sa diversité, et l’écriture aussi efficace qu’éloquente de Young-ha Kim.
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Deux personnes seules au monde

Le dernier Kim Young-ha tant attendu depuis Ma mémoire assassine.



C'est avec "Deux personnes seules au monde" que nous retrouvons l'univers si particulier de Kim Young-Ha. Il renoue avec le genre de la nouvelle et nous en offre trois au calibrage puissant et riches en émotions. La solitude est omniprésente, le drame et les affres de la vie aussi. le talent de cet auteur réside dans sa manière d'aborder les angoisses, la perte d'un être cher avec une bonne dose d'humour noir et de burlesque.



Dans sa première nouvelle, "Deux personnes seules au monde", l'auteur nous plonge au coeur d'une relation père-fille très fusionnelle au point d'en devenir toxique. Dans la deuxième nouvelle, "Je ne suis pas un épi de maïs", l'auteur prend sa plume la plus mordante pour nous décrire le mal être d'un écrivain en panne d'inspiration. Enfin, dans la dernière nouvelle, "Je cherche mon enfant", un couple dont l'enfant a été enlevé le voit réapparaître quelques années plus tard, il n'est plus l'enfant qu'ils avaient connu, ni celui qu'ils avaient imaginé et ils ne sont plus non plus les mêmes êtres humains qu'à cette époque.



Ce recueil est un livre dont la narration oscille entre le burlesque et la tragédie, où les émotions sont décuplées, où l'on lit des passages entiers avec l'irrépressible envie de les noter dans un carnet pour les relire à notre guise.
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Deux personnes seules au monde

Ce livre est un recueil de 3 nouvelles provenant de la littérature coréenne contemporaine. 



La première, DEUX PERSONNES SEULES AU MONDE, Hyeonju revient sur la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec son père. Elle réalise que pour briller à ses yeux, elle est passée à côté de sa vie, de ses propres attentes, ne les laissant jamais poindre, les étouffant afin d'être là pour lui seul. Ils ont une langue bien à eux. Une langue que personne ne comprend. 



La seconde, JE NE SUIS PAS UN ÉPI DE MAÏS.

Dans un hôpital psychiatrique, un patient se prend pour un épi de maïs… Pas besoin de vous en dire plus. C'est une nouvelle burlesque, étonnante !



La dernière, JE CHERCHE MON ENFANT.

Un petit garçon est kidnappé. Onze années plus tard, l'enfant est restitué à ses parents. Retour sur la vie du couple pendant ces longues années. Se sont-ils habitués à leur malheur ? Leur vie de famille va-t-elle reprendre naturellement son cours ? Ou alors… sont-ils devenus étrangers les uns pour les autres ?



Ces nouvelles traitent de la solitude, de la détresse, de la folie, du deuil, sur un ton parfois burlesque, ironique ou tendre. Avec énormément de profondeur. Une plume fluide. 

Je vous conseille ce petit livre que j'ai apprécié.
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Deux personnes seules au monde

Des 3 nouvelles qui composent ce recueil, la troisième est ma préférée, même si on en ressort avec un fort sentiment de malaise... qui perdure d'ailleurs plusieurs moi après avoir refermé le livre.

L'enfant d'un couple est kidnappé alors qu'ils font leurs courses. Toute leur vie s'organise désormais autour de la recherche de leur fils. Si la quête est déjà éprouvante, la suite des retrouvailles l'est bien plus encore ; et je vous laisse le découvrir.

Comme dans Ma mémoire assassine, l'écriture est habile, et la perte de repères assurée!
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Deux personnes seules au monde

Ce recueil de nouvelles en comporte 3 dont la première donne le titre du livre.

Deux personnes seules au monde raconte la relation presque fusionnelle entre un père et une fille au détriment du reste de la famille. Cette dernière essaye d'analyser sa relation de l'extérieur, avec sa mère et sa soeur après les avoir rejoint aux Etats-Unis. Une relation très difficile, on sent la jeune femme très solitaire...

Je suis un épi de maïs, une nouvelle assez burlesque sur un écrivain qui cherche de l'inspiration pour un prochain roman suite à une rupture sentimentale. J'ai du mal à comprendre la direction de cette nouvelle et même la fin est assez étrange mais pourtant, j'ai bien aimé.

Je cherche mon enfant, la dernière nouvelle du recueil raconte les déboires d'un couple qui perd leur jeune enfant de presque 2 ans dans un centre commercial et à qui on annonce onze ans plus tard, avoir retrouvé celui-ci. Très déstabilisante cette nouvelle. Comment retrouver ces années perdues, cet enfant qu'ils avaient ? Les retrouvailles ne se passent pas exactement comme prévu... Malgré la tristesse d'une telle situation, l'auteur arrive à le rendre risible.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles qui parlent de la solitude au milieu des autres, d'amours finissants, de situations étonnantes et déstabilisantes.

Un recueil un peu étrange, j'ai regretté les fins un peu abruptes, j'aurais aimé en savais plus sur eux.

J'essayerai de lire un de ses romans prochainement...
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Fleur noire

Roman décrivant l'épopée de coréens venus au Mexique au début du XXe siècle, pour échapper à la déliquescence de leur pays sous l'invasion japonaise. Embauchés sous contrat dans des plantations de henequen du Yucatan, ils connaitront des destins différents, mais souvent tragiques, profondément liés aux vicissitudes de leur époque.


Un bel ouvrage épique.
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Fleur noire

Le titre énigmatique de ce roman fait référence à la floraison, très rare, du sisal, une plante dont l'exploitation a fait la fortune des propriétaires terriens du Mexique au début du siècle dernier. Le livre retrace de manière romancée une histoire vraie qui a laissé peu de traces matérielles, et donc fort méconnue. Nous sommes en 1905, au départ d'une Corée envahie par les japonais et qui s'apprête, pour un temps, à disparaître. 1 033 coréens vont fuir le pays, pour une destination ultramarine lointaine, le Mexique, où ils pensent, mais sans trop savoir finalement, travailler dans des plantations contre une rémunération décente. Tout une société est reconstituée, il y a beaucoup de paysans, des militaires, des religieux, des nobles, des colporteurs et des voleurs ! Mais le voyage en bateau dure des semaines, dans des conditions d'hygiène déplorables, et dans la promiscuité. La hiérarchie sociale est abolie, au grand dam d'un membre de la famille impériale coréenne, dont justement la fille, Yeon-su, d'une grande beauté, va croiser le regard d'un jeune homme de rien, I-Jeon. C'est le coup de foudre et ils deviennent vite amants clandestins. Arrivés à destination, tous ces expatriés ne vont pas tarder à déchanter. Ils ont en fait été vendus pour travailler pendant quatre ans dans des haciendas à couper du sisal. La chaleur est étouffante, les feuilles de sisal sont coupantes, la rémunération est très maigre, ils sont battus. Répartis entre différentes haciendas, certains opportunistes cherchent à tirer leur épingle du jeu pour bénéficier de conditions avantageuses comme Kwon qui se fait interprète, Choi qui continue à voler ses compatriotes, pendant que le paksu, ce chamane bien dans la tradition ancestrale coréenne continuera à produire ses impressionnantes cérémonies. Les Mexicains catholiques n'apprécient pas, et ne croient même pas en la foi du prêtre catholique coréen Pak, trop proche du paksu pour ne pas être possédé par le démon. Mais les Coréens ont la peau dure, ils s'adaptent tant bien que mal, et mieux finalement que les Mayas eux aussi exploités. Des rébellions éclatent, matées dans la violence et plus rarement des négociations aboutissent avec des propriétaires qui sentent que les temps changent…C'est que la Révolution mexicaine zapatiste s'annonce…Au terme des quatre ans de contrat, les destins individuels sont très divers. Yeon-su a eu un enfant de I-Jeon, mais les deux amants ont été vite séparés. Pour tenter de s'en sortir dignement et protéger son fils, elle finira un temps par céder aux avances de Kwon, le roulera dans la farine, échouera à Véracruz, achetée par le tenancier d'un restaurant chinois, pendant qu'I-Jeon s'engage avec exaltation dans la fièvre révolutionnaire. Un autre coréen plus âgé, plus sage et plus aisé financièrement se rendra à Véracruz, et permettra à Yeon-su de récupérer son fils…

Au terme d'une sorte de rendez-vous manqué avec la femme qu'il n'a pas oublié, I-Jeon se lancera avec une poignée des coréens du début, dans une folle aventure jusqu'au boutiste, face à l'armée gouvernementale mexicaine, cherchant à créer un micro-état à Tikal, sur le site de la fameuse cité Maya.



Ce livre est un grand livre d'aventure, et comporte plusieurs personnages intéressants. Il y a du rythme, et beaucoup d'ingrédients de l'épopée historique sont là, on a l'histoire d'amour (avec interdits, séparations, rivaux…), dans un contexte de mutations économiques et sociales, puis de guerre. L'histoire, fondée sur des faits réels est passionnante, d'autant qu'elle m'était absolument inconnue. L'écriture est vive, et incontestablement de qualité, les dialogues sont réussis, il y a des retournements de situation et des surprises. L'auteur a procédé à un remarquable travail de recherches historiques, son érudition est impressionnante sur l'histoire du Mexique à cette époque, sur la compréhension des influences extérieures, anglaises, françaises, notamment. Il prend soin très régulièrement tout au long du roman de rappeler ce contexte historique. Peut-être trop. Car si c'est globalement précieux et salutaire, j'ai parfois trouvé quelques longueurs qui cassent un peu le rythme. Je me suis surpris à sauter quelques pages exposant les luttes entre les figures légitimistes et révolutionnaires du Mexique d'alors, qui auraient peut-être été mieux employées à nous dépeindre davantage les pensées et caractères de nos héros, très peu traités. D'un côté, cela aurait ralentit le rythme et cassé ce souffle épique.



C'est pour moi un très bon livre de cet auteur majeur de la littérature coréenne.

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Fleur noire

Début 1900. 1033 coréens partent émigrer au Mexique pour fuir leur pays envahit par le Japon. Nous les accompagnons durant leur traversée de trois mois en bateau en faisant leur connaissance. A leur débarquement leurs rêves deviendront vite un cauchemar, puisqu'ils devront travailler quatre ans dans les plantations selon le contrat. Nous suivons le destin de personnages attachants divers : nobles, paysans, voleurs. Il faut aimer le côté historique et ne pas se perdre dans tous ces noms qui nous résonnent pareil aux oreilles. Rien à voir avec Ma mémoire assassine qui m'avait subjugué par son originalité. Intéressant.
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Fleur noire

L’histoire vraie des 1033 Coréens qui sont partis cultiver le sisal au Mexique en 1904. Croyant faire fortune, ils sont réduits en esclavage.

[...] Fleur noire, roman polyphonique, historique et passionnant, raconte l’émigration de 1033 Coréens au Mexique, et plus précisément au Yucatan, le pays des mayas. Dans les exploitations de sisal où les conditions de vie sont pénibles, les Coréens réduits en esclavage s’adaptent au climat et mêlent leurs coutumes à celles des mayas. Les classes sociales coréennes et les valeurs confucéennes sont balayées ; les fanatiques propriétaires des haciendas forcent les émigrés à renoncer à leurs rites et à se convertir au christianisme.

[...] À travers un orphelin autodidacte, une jeune noble, un voleur cupide, d’anciens militaires de carrière et quelques autres personnages inspirés, Kim Young-ha montre la diversité des réactions face au changement, aux souffrances, au climat, aux coutumes, à la destinée. Il souligne combien l’être humain s’adapte à toutes les situations, et prend parti de son environnement. Voilà comment 1000 Coréens ont été pris dans l’histoire du Mexique et ont fait naître une diaspora pour le moins insolite. Et c’est passionnant !



L'article entier sur Bibliolingus.fr :

http://www.bibliolingus.fr/fleur-noire-kim-young-ha-a126448594
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Fleur noire

Début XXè: la Corée étouffe sous le poids d'un Japon ambitieux et conquérant. Alors que le pouvoir s'étiole, la société semble se figer, laissant peu d'espoir quant à l'avancement économique et social auquel chacun aspire. Heureusement, la toute naissante mondialisation à besoin de bras! Les comptoirs promettent fortune et gloire aux volontaires pour un contrat de quatre ans au Mexique.

Ils sont 1033 à s'embarquer pour l'inconnu. Avec famille ou sans attache, par goût où par fuite... chacun à ses secrets, chacun porte le poids de sa culture et de son éducation.

Mais voilà, le pays de Cocagne est un enfer, entre la chaleur, le travail harassant et les privations, les émigrés coréens comprennent vite le jeu de dupes: jamais ils ne s'enrichiront, jamais ils ne rentreront chez eux.

Richement documenté, le texte de Kim Youn- Ha est une mine d'information. Le thème choisi, l'émigration massive des populations asiatiques en tant que main d’œuvre bon marché, lui permet d'aborder à la fois la culture coréenne (religion, hiérarchie, histoire...) et sa place dans l'échiquier mondial. Le choc des cultures, les manœuvres politiques, l'histoire du Mexique, ce roman brasse large mais jamais on ne s'y perd. Les personnages sont attachants. Ils sont le fil conducteur qui vous tient jusqu'à la dernière page. Kim Young-Ha réussit à faire d'un roman fleuve très riche, une promenade de santé entre Histoire et histoires.

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J'entends ta voix

Jeï n'est pas né sous la bonne étoile mais dans des toilettes d'une gare routière de Séoul. Tour à tour enfant non désiré, bébé volé, enfant abandonné, enfant orphelin pour enfin arriver sur la case enfant des rues à seulement quinze ans.

Dans la rue, il a rejoint d'autres adolescents qui eux ont fui leur famille et leur vie confortable pour s'exercer à des expériences de tous les excès et de tous les dangers dans des logements miteux et avec différents partenaires. Jeï ayant le pouvoir de ressentir profondément les choses - personnes, animaux, objets - même les plus horribles des souffrances préférera mettre fin à cette vie de débauche.

Il s'adonnera alors à une vie simple, presque comme un saddhu, à se nourrir de riz cru, méditer et lire des livres trouvés dans les poubelles. Excellent orateur, il attirera même des foules autour de lui qui se délecteront de ses paroles. Mais là, où Jeï deviendra enfin un leader mais surtout une légende sera lors des rassemblements de motards qui ont lieu en milieu de nuit et qui donnent lieu à des courses folles à travers Séoul.



Un roman au cœur de la jeunesse coréenne, une génération à la recherche d'expériences où n'existe aucune frontière. Un roman intéressant entre mythe et réalité.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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J'entends ta voix

Avec ce roman, plongée dans l’univers d’une jeunesse coréenne livrée à elle-même, violente et désabusée, évoluant dans les tréfonds des villes coréennes. Le ton est donné dès les premières pages : abandons, délinquance, la prostitution, viols, le décor est planté. Et pourtant, plus qu’un roman social, J’entends ta voix est le récit d’une véritable quête spirituelle. Jeï, bien qu’évoluant dans la misère et à la marge de la société, se distingue par son mode de vie, sa culture atypique, et surtout ses capacités extra-sensorielles qui apportent une touche fantastique à ce roman. Jeï est capable de percevoir la souffrance des hommes et des objets. Charismatique, hyper-empathique il devient le chef d’un mouvement de révolte contre l’ordre établi. Original, l’histoire est racontée par le biais de nombreux personnages ayant croisé sa route : Dong-Kyu, avec qui Jeï a été élevé, sa petite amie Mokran, et bien d’autres. Passé les quelques longueurs du début, j’ai trouvé ce roman passionnant, avec l’impression que le charisme du héros et ses pouvoirs quasi-magiques agissaient aussi sur moi. La fin, très inattendue (et déroutante), fait de Jeï est une sorte de prophète des temps modernes.



Florence (Le Vésinet)
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J'entends ta voix

Auparavant, j’avais déjà repéré cet auteur avec un roman précédent.

L’univers d’ Young-Ha Kim m’intriguait. Aussi, lorsque le titre « J’entends ta voix » fut proposé parmi la liste de l’opération masse critique. J’ai sauté sur l’occasion …Pour revenir au roman proprement dit, « J’entends ta voix » s’adresse à un public averti ou adulte car les thèmes abordés sont tabous et difficiles : délinquance juvénile, la prostitution et viol, etc. Une jeunesse désœuvrée, livrée à elle-même où le héros n’est autre que Jeï. Né dans un endroit insolite (une gare routière), Jeï est un héros vraiment atypique …D’abord, rejeté et ensuite adulé par les foules, Jeï sera le fil conducteur de cette histoire et sera le chef d’un mouvement de révolte contre l’ordre établi. Tour à tour, d’autres personnages parleront de lui en termes élogieux ou le contraire. Jeï ne laisse pas les gens indifférents. J’ai apprécié ma lecture sauf l’avant dernière partie (le policier), le passage des courses poursuites avec les motards traînait en longueur. Contrairement à la fin, je l’ai trouvée trop rapide. Cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de cet auteur car je sais à quoi m’attendre. Pour ceux qui aiment Ryû Murakami, il est fort probable que vous aimeriez les romans d' Young-Ha Kim.

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J'entends ta voix

Je ne saurais dire si j’ai aimé ce livre. o.o Il est très particulier mais percutant. La lecture a été très prenante. Jeï est le héros de cette histoire, il peut capter la souffrance des autres, humains, animaux, objets. L’histoire de Jeï est racontée en plusieurs parties mais il n’a quasiment jamais le droit à la parole. Dans la première partie, son portrait est dressé par son ami d’enfance avec qui il a grandi, Dong-Kyu. Ce dernier fait un récit à la première personne en racontant leur amitié et les circonstances de la naissance et de l’enfance de Jeï. Dans la deuxième partie, la narration externe se concentre sur la vie de Jeï à quinze ans, dans un orphelinat puis dans un groupe de jeunes. Dans la troisième partie, Dong-Kyu est de retour. Cette fois-ci, tous les deux sont quasiment majeurs. Jeï prend la tête d’un groupe de motards avec Dong-Kyu comme bras-droit et ils font entendre leur colère. La quatrième partie est la continuité de la troisième et se termine par une course ultime contre la police. Une introduction brève et une conclusion beaucoup plus longue apportent des éclaircissements sur la finalité de l’histoire. Les personnages sont difficilement appréciables, ils vivent dans une société violente. Abandons, délinquance, viols, prostitution, violences, etc. sont le quotidien de Jeï puis des nombreuses personnes qui le suivent. Kim Young Ha dresse simplement un portrait de cette jeunesse désabusée. Il l’écoute et lui donne une voix. L’auteur prend la parole dans la dernière partie du livre (est-ce vraiment lui ?) et semble inscrire ce récit dans une écriture biographique.
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J'entends ta voix

L'arrivée au monde de Jeï, le héros de J'entends ta voix, n'est pas banal. A sa naissance, sa mère tente de se débarrasser de lui. Sauvé de justesse, une femme le recueille puis l'abandonne. Il vit un temps dans un foyer avant de s'enfuir, de devenir un gamin des rues se mêlant à des bandes qui pratiquent des jeux pervers. Mais, de plus en plus sensible au monde qui l'entoure, véritable capteur humain de la souffrance et même des objets, il poursuit son existence, avant même d'être adulte, à la tête de gangs de motards qui trouent la nuit de Séoul de leurs pétarades, dans un "excitant" jeu de course-poursuite avec la police ... Kim Young-ha n'est pas non plus un écrivain banal. Reconnaissable à son style froid et fluide, il s'est imposé en Corée par ses histoires singulières où il donne la parole aux marginaux, se refusant à distinguer le bien du mal dans des livres habilement construits qui flirtent avec l'onirisme et le fantastique ou, ici, le mysticisme avec la figure de Jeï, sorte de gourou à moto, qui dicte ses propres règles à ses disciples. Plusieurs narrateurs se succèdent dans J'entends ta voix, déroulant une intrigue faussement linéaire, violente et apaisée à la fois. Déroutante parfois mais captivante comme un thriller. L'auteur, lui-même, vient mettre son grain de sel, laissant entendre que le roman n'est pas qu'une fiction. Au lecteur de se faire sa propre religion. Ce que l'on retient avant tout du livre est la description sans concession et souvent crue d'un pan de la jeunesse coréenne qui se sent exclue d'une société policée en surface mais extrêmement agressive pour ceux qui ne suivent pas les règles. En ce sens, le livre rejoint certains films coréens qui, dans leurs excès mêmes, pointent du doigt le dysfonctionnement social d'un pays qui ne laisse d'autre choix que celui d'une normalité aliénante.



Un grand merci à la Masse critique de Babelio et aux Editions Picquier pour l'envoi de cet excellent roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'entends ta voix

Durant leur enfance, Jei est le soutien indéfectible de Dong-Kyu, un jeune garçon solitaire et sensible. Ils grandissent ensemble dans un environnement difficile et abandonnés par leurs parents. Pourtant, ils s'éloignent peu à peu et Jei devient un marginal. Capable de ressentir la souffrance des animaux et des personnes, il erre dans un Séoul où la cruauté cotoît la misère. Son parcours lui permettra de retrouver Dong-kyu, mais leur amitié résistera-t-elle à la personnalité hors norme de Jei.

J'avoue que mon avis est mitigé. Malgré une très belle plume, originale et pleine d’émotion, la construction du roman m'a paru chaotique. J'ai eu du mal à suivre la narration qui change très souvent de personnage. Le mélange des genres entre fantastique et roman dramatique fonctionne bien, mais là aussi j'ai trouvé que c'était brouillon. Ma lecture a donc été ponctuée de périodes très intéressantes et des décrochages car je n'arrivais plus à m'y retrouver dans l'intrigue. Par contre, j'ai trouvé les personnages charismatiques avec une personnalité fouillée. L’émotion est présente tout au long du récit et la période de marginalité est décrite avec beaucoup d'intensité. Ce roman a un certain nombre d'éléments positifs, mais j'ai été lassée par cette impression de confusion.
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J'entends ta voix

J'entends ta voix, sorte de roman biographique, raconte l'histoire de Jeï, un jeune homme de Séoul qui a été le leader, ou le gourou, d'une bande de jeunes vagabonds sud-coréens. Jeï a vraiment existé, et si le roman de Kim Young-ha a pu naître, c'est parce qu'il a rencontré Dongkyu, son ami d'enfance, qui lui a confié tous ses souvenirs et ses journaux intimes.

Bien documenté, Kim Young-ha donne à voir un monde souterrain violent, précaire, dégradant, ignoré ou nié par l'État et la majorité de la population. Cette jeunesse muette, qui occupe la couche sociale la plus basse avec des jobs de merde ou humiliants, ne parvient pas à crier sa colère à la face du monde.

Kim Young-ha, auteur résolument engagé et sensible, nous livre un texte fort, porté par la légende de Jeï, et publié par les éditions Philippe Picquier. Encore une belle découverte coréenne !

(...)

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