AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Expert mythologie

Cet insigne distingue les lecteurs ayant atteint l’Olympe, le Valhalla ou encore le Nirvana en matières mythologiques. Des lecteurs devenus eux-mêmes légendaires par leur pratique des panthéons dédiés aux dieux et autres demi-dieux des cultures antiques.
Non classéDécouvrez tous les insignes
Les meilleurs   Dernières critiques
Le Royaume céleste, tome 1 : La fille de la D..

Une lecture lue d'une traite! C'est dire mon engouement pour ce titre que j'abordais avec prudence. Young adult, je pensais y trouver les travers du genre.



Et je les ai trouvées. On a des relations qui se nouent très vite sans que ce soit crédible. Des personnalités flamboyantes, parfaites. Une idylle qui suscite des passages très mièvres. Une rapidité d'action.



Malgré cela, l'engouement est là. Pour le folklore mis en place et la fluidité du récit.

J'ai beaucoup aimé découvrir le personnage de Xingyin. Son destin. Sa personnalité. Les épreuves qu'elle traverse. Les amitiés qu'elle noue. On a une jeune fille esseulée, coupée de sa famille et qui tente de lever la punition qui pèse sur sa mère. On a une jeune fille fière, attachée à l'honneur, brave et au caractère flamboyant.



On sent de surcroît l'atmosphère très asiatique dans ce récit, pour mon plus grand plaisir. Cela nous transporte dans un univers plaisant, un peu lyrique et surtout original à sa manière, tout en gardant les éléments qui le rattachent à des allures de contes asiatiques. L'autrice emprunte au folklore asiatique et nous les incorpore dans un récit où évoluent des Immortels. On est dans un monde de nuages et de mers suspendues, de dragons et de phénix, de thé et de flûte de jade, de magie basée sur les éléments.



L'action est omniprésente mais sans que cela fasse surjouée. On a une intrigue palpitante sans aucun moment d'ennui. Divisée en trois parties, les rebondissements sont intéressants et bien menés. Les coups de théâtre également bien amenés. L'autrice est même parvenue à ce que je supporte sans trop de difficultés le triangle amoureux qu'elle met en place.



Pour moi, ce tome pourrait être un titre unique et se passerait presque de suite. A voir ce que me réserve ladite suite lorsqu'elle sortira en poche.
Commenter  J’apprécie          130
Percy Jackson et les Olympiens, tome 6 : Le..

J'étais tellement heureuse par l'annonce de cette sortie inattendue de la suite de 𝙋𝙚𝙧𝙘𝙮 𝙅𝙖𝙘𝙠𝙨𝙤𝙣 ! C'était tellement bien 🥰

Ce tome possède plus de maturité et de profondeur mais on garde l'essence même de la saga pour mon grand plaisir 😄 Le récit est touchant, addictif et humoristique. L'atmosphère est agréable et mignonne. La lecture est facile et drôle. La fin est géniale. La vie de notre héros va radicalement changé 🙂

Le trio a bien grandi et fonctionne toujours aussi bien. Étant des demi-dieux, ils ne sont jamais en paix, en particulier Percy 😅 Pour aller à l'université avec Annabeth, il doit réaliser 3 quêtes pour 3 dieux et ainsi obtenir une lettre de recommandation. Le pauvre. Il en subit des choses de nouveau. Mais cette première aventure est captivante et incroyable. En plus, on découvre de nouveaux dieux, c'est chouette ! J'ai vraiment hâte de découvrir les prochaines quêtes du trio 😊
Commenter  J’apprécie          30
Les Invaincues : Une autre histoire de la g..

Après une brève pause dans mon envie de croisades antiques, j’ai enfin pu me plonger dans le premier roman traduit de Natalie Haynes, prometteur d’aventures et passion en pleine guerre de Troie. Bien que déjà revisité plusieurs fois maintenant par d’autres de ses consœurs, le développement en récit choral me donnait plus qu’envie et je dois bien admettre que le résultat se veut des plus rythmé et abordable.



Cependant et il est vrai que lorsque que je me lance dans une telle structure, je cherche une narration singulière mettant en lumière les différents points de vues dévoilés. Est-ce le cas cette fois-ci ? Malheureusement non et je regrette ce constat qui m’a empêché de vivre une aventure avec un grand A. L’auteure et bien que celle-ci maîtrise fortement son sujet, se contente dévoiler différentes voix et toutes m’ont semblé des plus communes et identiques. J’espérais que certaines sortent du lot mais ce ne fut pas le cas si ce n’est les quelques parties épistolaires ponctuant Les Invaincues. Néanmoins et malgré cette constance bien trop monotone, j’ai trouvé des plus judicieux et ambitieux la prise de parole de certaines femmes, m’étant d’ailleurs méconnues jusqu’à cette incursion et j’ai apprécié ce louable geste. En effet et sans se révéler une œuvre féministe, l’auteure donne la part belle et donne vie et voix à bon nombre de destinées féminines.



Ce contraste dans la sélection réalisée par Natalie Haynes lui permet de conférer une nouvelle vision de la guerre de Troie. Peu importe le camp, c’est une ensemble détaillé qui m’a été dépeint et j’ai apprécié revivre cet épisode majeur de la mythologie ainsi que son postulat. D’autant plus que de grandes figures seront également présents tels Achille et Patrocle et malgré un manque de sensibilité assez certain, je n’ai nullement exécré ma lecture. Le résultat se veut des plus rythmé et dynamique et se lit avec facilité. En ce sens, ce roman choral, semblant à un recueil dans son élaboration est une accessible porte d’entrée pour celles et ceux souhaitant en découvrir assez pour donner envie d’approfondir leurs connaissances en la matière. C’est pourquoi et ayant déjà rencontrer d’autres œuvres dans le genre, il est certain que je n’aurais été guère contre davantage de profondeur et ce, notamment dans le dévoilement des sentiments de nos héroïnes en ces sombres temps qui m’ont semblé assez superficiels par moments.



En somme, aussi dynamique que rythmé, Les Invaincues m’a offert l’opportunité de repartir en guerre en compagnie d’une galerie d’esquisses multiples et variées dont je regrette une certaine constance dans leurs présentations ainsi que leurs développements. Pour le reste, l’odyssée de Natalie Haynes se dévoile d des plus accessible et m’aura permis de passer un agréable moment livresque malgré un maque de sensibilité.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          30
La Saga d'Auren, tome 2 : Glint

Un tome deux très axé sur Auren et qui se lit d’une traite.



Auren est faite prisonnière par les Red Raids puis par l’armée du Quatrième Royaume, dont RIP est le commandant et sa réputation pour sa brutalité n’est plus à faire. Il est sous les ordres du Roi Putride et il va garder Auren comme monnaie d’échange afin d’obtenir une faveur du Roi Midas.

Chaque roi avance ses pions et il va falloir faire les bons choix. Auren va elle aussi devoir faire des choix si elle veut retrouver sa liberté.



L’auteure fait évoluer le personnage d’Auren et revient aussi sur son passé par moment afin de mieux nous faire comprendre certaines choses et notamment l’emprise que Midas a sur elle.

Même si le récit n’avance pas à proprement parler puisque nous restons sur un tome dédié à son enlèvement par le Quatrième Royaume, elle prend conscience de la liberté qui lui a été volée.

Elle souhaite rester fidèle à Midas mais se rend compte que le commandant RIP lui fait voir autre chose de la vie et la fait réfléchir sur la notion de liberté.

De nouveaux personnages relativement intéressants font leur apparition comme Lu, la guerrière qui a su faire sa place dans une armée essentiellement composée d’hommes, Hojat, le médecin qui dit toujours la vérité et qui est d’une gentillesse incroyable ou Judd et Osrik.

C’est un mélange de personnages très charismatique qui apporte une tournure addictive.



D’un autre côté les pouliches restent toujours autant exécrables et pourtant certains événements vont peut-être changer le cours de l’histoire.

Nous avons aussi la Reine Malina, épouse de Midas, qui abat ses propres cartes de son côté. Même si elle paraît horrible, on peut comprendre un peu son comportement par rapport à son passé et ce qu’elle a perdu de sa vie et de son royaume. Elle est bien décidée à reprendre les reines et elle n’hésite pas à se trouver des alliés.

Enfin, les dernières pages sont magistrales. De nouveaux éléments sont dévoilés qui donnent envie de vite poursuivre sur le tome suivant.



En conclusion j’ai beaucoup aimé le fait qu’Auren veuille se débarrasser de ses chaînes et penser à elle plutôt qu’aux autres. La liberté vaut de l’or et elle a tout ce dont elle a besoin. J’espère que par la suite elle fera les bons choix.

L’auteure a une écriture fluide et captivante et elle sait parfaitement nous emmener dans son monde grâce au vocabulaire très adapté aux différentes circonstances.



J’ai adoré !
Lien : https://fantasydaniella.word..
Commenter  J’apprécie          200
Les seigneurs de l'ombre, tome 1 : La citad..

Bizarrement, j'ai eu une sorte de mauvais présentiment en tirant au sort La Citadelle des Ombres de ma Red Book Jar pour cette session rouge du Challenge Bookineurs en Couleurs. Même si, sur le coup, je ne l'avais pas associé à ces titres, j'avais pourtant plutôt apprécié sa saga Chroniques de Zombieland. Mais là, je ne sais pas, ça sentait la bit-lit à plein nez et j'avais peur que ce soit à la fois dégoulinant de sentimentalité et vulgaire. Bingo, c'est exactement ce qui ressort de ma lecture !



Au fond, le sujet est plutôt sympa' : j'ai bien aimé l'idée de ces guerriers qui se retrouvent à héberger dans leur corps des démons en punition de la mauvaise blague qu'ils ont voulu jouer à Pandore. J'ai trouvé intéressant la manière dont chaque "maux" se personnifie au contact de son hôte. De même, j'ai bien aimé ce côté plus mythologique, d'autant plus que je ne l'avais pas encore rencontré en bit-lit mais j'ai tout autant  trouvé assez agréable de renouer avec la notion de chasseurs : certes, c'est du déjà-vu mais ça fait aussi du bien de retrouver des éléments familiers. J'ai également apprécié le côté surnaturel du don d'Ashlyn même si son exploitation m'a laissée un peu de marbre : je ne l'ai pas toujours trouvé très crédible, notamment dans les réactions de la jeune femme suite à leur "retour" après plusieurs jours de silence.

Vraiment, c'est la romance qui m'a agacée tant elle est cliché. L'amour au premier regard, c'est beau, mais quand c'est possessif, ce n'est pas romantique, c'est malsain. De même, cette sacralisation de la virginité d'Ashlyn m'a saoulée : certes, il ne faut pas coucher avec le premier venu, mais ce n'est pas parce que l'on a déjà eu des amants que l'on est "impure". Ça m'a d'autant plus fait râler que, pour autant, ça ne les empêche pas de se sauter dessus dès que possible. J'ai trouvé les échanges entre Ashlyn et Maddox, particulièrement cul-cul et mielleux : clairement, ce n'est pas ce genre de relation qui me fait rêver. Alors, quand Maddox l'appelle sa "femelle", ça me dépasse complètement : oui, bien sûr,  c'est un vieux monsieur qui a vu défiler les siècles et qui est retiré de la civilisation depuis quasiment autant de temps, mais bon... ses compagnons pourraient lui dire qu'on ne parle plus des femmes comme ça aujourd'hui. Bref, tout ça pour dire que cette vision d'une romance sous le signe de la pureté et de l'appartenance m'a fait l'effet d'une douche froide tant c'est daté.

De même, j'ai été assez insensible aux différents rebondissements que je n'ai pas toujours trouvés très crédibles. En soit, ils ne sont pas inintéressants, tant ils donnent un peu de relief à cette romance mais j'ai eu du mal à y croire, notamment en ce qui concerne les évasions d'Ashlyn (alors qu'elle est malade) ou encore la levée de la malédiction. C'est clairement trop gros pour être vrai.



Ashlyn m'a prodigieusement agacée par sa naïveté utilisée sans complexe pour cacher certains traits un peu sexy de sa personnalité, ayant l'effet inverse de la rendre assez vulgaire (je pense notamment à son innocence face à l'utilisation des "panoplies" qu'elle achète en douce). C'est d'autant plus dommage que son don pourrait faire d'elle une héroïne un peu badass et indépendante, sans oublier qu'elle est plutôt touchante par son empathie et son sens du sacrifice.

Maddox ne m'a pas vraiment fait plus d'effet : certes, il a tout du bel homme mais ses manières de macho d'un autre âge m'ont pas mal refroidie tout comme son côté possessif. Alors, c'est sûr que ça peut aller avec l'image des dieux de l'Antiquité qu'il à pu côtoyer mais clairement, ce n'est pas ce dont j'ai envie aujourd'hui. 

En soit, j'ai plutôt bien aimé les liens existants entre les guerriers forcés à s'entraider pour cohabiter avec leurs démons. J'ai trouvé leurs relations intéressantes, entre l'amitié et la fraternité. Pour le coup, je serai plutôt curieuse d'en apprendre davantage sur eux.



Franchement, même si cela fait plusieurs années maintenant que j'ai lu Chroniques de Zombieland, je ne pense pas que les éléments qui m'avaient fait apprécier cette série soit présents dans La Citadelle des Ténèbres. J'ai trouvé que l'histoire avançait trop vite, plus par manque de consistance que par dynamisme effréné, et que la narration manquait profondément de modernité pour un livre des années 2000. J'ai le tome 3 dans la bibliothèque familiale et, si je décide un jour de le lire, j'espère que la lecture en sera plus agréable.

Une romance qui manque de modernité.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          30
Ajax

Furieux que les armes de son ami défunt Achille soient données par Agamemnon à Ulysse, et aveuglé par Athéna, Ajax, croyant tuer ses ennemis a massacré le bétail de l'armée grecque. Revenu à lui, c'est trop la gêne et malgré le désespoir de son esclave-épouse Tecmesse il se jettera sur le glaive reçu de son ennemi Hector, glaive qu'il avait enterré à l'envers. Agamemnon refuse à Teucros le droit d'ensevelir son frère mais Ulysse, bien qu'ennemi, prendra la défense de Teucros.



La pièce ne m'a que modérément intéressé mais m'a permis (avec l'aide de Wikipedia) de resituer mes classiques. Paris (roi de Troie en Asie Mineure) enlève l'épouse de Ménélas (roi de Sparte en Péloponèse) et pour venger son frère, Agamemnon (roi de Mycène en Péloponèse) lève une armée (Atrides) et y confédère les grecs (Achéens ou Argiens ou Danéens).



Achille (roi de Phthie près de Thèbes au nord-ouest d'Athène) y combat à la loyale tandis que Ulysse (roi de l'île d'Ithaque au nord du Péloponèse) est moins fort mais plus rusé. Ajax, guerrier presqu'aussi grand qu'Achille, est roi de l'île de Salamine en face d'Athène).

Commenter  J’apprécie          210
Medusa

Une magnifique histoire, réécrite avec brio par une plume exquise et touchante, qui nous dépeint ce célèbre mythe d'une façon différente. D'une grande sensibilité, bouleversant d'émotions, ce récit offre une place bien plus humaine à Méduse, nous plongeant dans ses souffrances, ses espoirs et ses désillusions. Un roman admirable !
Commenter  J’apprécie          50
Les Bacchantes

"Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ? En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient." (1 Corinthiens, 1-20).



Quatre siècles avant la rédaction de ces lignes par Saint Paul, Euripide raconte dans les Bacchantes l'avènement du dieu Dionysos dans la ville natale de Sémélé, sa mère humaine, à Thèbes. Dionysos venu d'Asie vient se faire reconnaître de ses compatriotes, et comme il est le dieu de la folie, de l'ivresse, des apparences et des tromperies, il rend fous ceux qui s'opposent à lui : d'abord les femmes thébaines, devenues bacchantes et errant, en proie au délire, dans les montagnes environnantes ; puis Penthée, le souverain, qui lui fait physiquement obstacle, l'emprisonne, sans comprendre qu'un mortel comme lui ne peut l'emporter sur un dieu. Penthée paiera au prix fort sa lutte contre Dionysos, qu'il voit à juste titre comme un danger pour l'ordre politique et social qu'il veut défendre. Cette pièce montre en somme qu'il est fou de s'opposer à la folie, qu'il est finalement plus sage de se laisser aller à être fou, car les conséquences de la sagesse selon les hommes sont pires que celles de la folie.



Euripide consacre donc une pièce à l'avènement d'un dieu nouveau dans une cité grecque, au lieu de mettre en scène, comme nous en avons l'habitude, des héros de la fable et de l'épopée. Dionysos n'est pas n'importe quel dieu : il est celui qui brouille les limites, qui confond les certitudes, qui introduit le doute, le désordre et l'imprévu dans le cosmos. Il est, faut-il le rappeler, le dieu du théâtre, où le public vient voir un spectacle (théama), une vision (théa) où ce qui est représenté n'est pas ce qui est, mais ce qu'on fait semblant de croire par la vertu du verbe et de la mise en scène (et de la musique). Il faut donc prolonger la lecture des Bacchantes, si on en a le temps et l'envie, par des analyses approfondies, dont l'avant-goût déjà prononcé se trouve dans la préface remarquable rédigée par Jackie Pigeaud (pour cette édition de poche des Belles-Lettres). Pour aller plus loin, on lira les études que le jeune Nietzsche, alors professeur à Bâle, consacra à la mort de la tragédie dionysiaque, dont le responsable à ses yeux est Socrate et le fossoyeur, Euripide ("La vision dionysiaque du monde et autres écrits sur la tragédie", GF, 2023).
Commenter  J’apprécie          202
La pensée chatoyante : Ulysse et l'Odyssée

Le voyage est la vraie passion : irrépressible et labyrinthique comme le récit...

Le récit est la vraie passion : irrépressible et labyrinthique comme le voyage...



Il est des auteurs dont vous faites la rencontre de manière fortuite, en feuilletant les pages d'un de ses livres, en laissant vos yeux errer sur le papier et marquer votre inconscient...

il est des auteurs dont vous faites la rencontre de manière indirecte car une personne vous y a amené, et dans la confiance aveugle vous vous dites : j'y vais !!!



Et une fois le premier livre en mains et les premières lignes lues, c'est une révélation, une explosion de mots, un tsunami de sensations. Et une fois que vous vous êtes délecté de ces premières pages, c'est votre esprit cartésien qui reprend le dessus et vous vous dites : j'ai rarement lu une écriture aussi riche, à bien des égards, une culture aussi abyssale, mais jamais ennuyeuse, une érudition monumentale, mais jamais pédante,

Et ensuite viennent les émotions, ce merci que vous pourriez écrire en lettres majuscules, à qui vous a parlé de cet auteur (Enjie77), cette sensation inouïe d'un bonheur de lecture, comme rarement il a était donné d'en rencontrer, cette envie irrésistible et irrépressible de vouloir continuer encore et encore à vous abreuver de ces connaissances, ou plutôt de ses connaissances car Pietro Citati, car c'est de lui qu'il s'agit est impressionnant de connaissances et de de plaisir de transmission.



Deux mots quand même sur cet auteur, critique littéraire et historien de la littérature transalpin, décédé à 92 ans en 2022.

Caractère premier et fondateur de son travail, Pietro Citati est d'abord un très grand lecteur qui fait magistralement part, ensuite, de ses découvertes. Il explique lui-même, en mots très simples, ce qui fait la nature et la singularité de son travail: «Quand j'ai fini d'analyser les œuvres, j'éprouve le besoin de raconter.»

La plupart de ses livres – Brève Vie de Katherine Mansfield, Tolstoï, Kafka, Alexandre le Grand, Goethe, La Colombe poignardée (sur Proust), Portraits de femmes (de sainte Thérèse d'Avila à Lou Andréas Salomé) – sont des biographies merveilleusement relatées, rédigées après des investigations approfondies et subtiles.

Il a obtenu parmi de nombreuses récompenses le Prix de la latinité de l'Académie française et voici ce que disait sur lui, lors de la remise de son prix, Hector Bianciotti le jeudi 29 juin 2000 :

"Pietro Citati sait — le moindre de ses textes suffit à en témoigner — que les vrais livres, ceux qui passent à la postérité, vont au-delà de l’intention de l’auteur. Et c’est ce qui l’intéresse, ainsi que les échos et les affinités qu’entretiennent les œuvres éloignées par des années, des siècles, au sein d’une culture ; et davantage quand des grandes cultures qui se sont développées en s’ignorant, découvrent les liens qui les unissent.[...] En fait, lorsqu’on lit Citati, on comprend que ce qui en lui dépasse de loin l’esprit purement critique, c’est le désir impossible de lire tous les livres, d’épuiser toutes les bibliothèques — et peut-être même de cueillir leur substance, déposée, endormie dans une vague mémoire collective, pour les condenser dans un ouvrage qui serait l’inconcevable « livre des livres »."



Mais revenons à " La pensée chatoyante - Ulysse et l'Odyssée (La mente colorata - Ulisse e l’Odissea) ", Pietro Citati nous emmène à la découverte d'Ulysse.



Quel dieu, quel héros, quel animal divin, quel homme se cache sous le nom encore mystérieux d'Ulysse ? A peine s'approche-t-on de lui, pour le suivre d'un chant à l'autre de l'Odyssée, comme le suit aussi son destin aventureux, qu'Ulysse vacille, pivote sur lui-même et révèle un visage baigné dans une lumière toujours changeante. Tantôt il apparaît devant nous comme un noble héros, resplendissant de grâce et de beauté, enveloppé dans un moelleux manteau de pourpre ; et tantôt, au contraire, comme un vieux mendiant aux yeux chassieux, à la peau flétrie, affublé de haillons noircis par la fumée et d'une besace repoussante.

Tantôt l'on dirait un lion, traversant le vent et la pluie avec des yeux de braise, et tantôt une pieuvre, avec sa tête visqueuse et ses tentacules insidieux, agrippés au rocher ; parfois c'est un grand aigle à la parole humaine, et parfois un vautour, circonspect et rapace...

Nous ne savons quel visage choisir, quel animal préférer ; et à la fin il nous semble entrevoir, dans les lumières et les brumes de la Méditerranée, une sorte de griffon marin, qui a la tête du lion et les tentacules de la pieuvre, les ailes de l'aigle et le bec du vautour.

L'auteur et sa plume alerte nous invite à nous approcher cette figure extraordinaire, Ulysse ressemblait aux deux divinités qui le protégeaient: Hermès, dont il descendait, et Athéna, qui le suivit avec l'amour exclusif d'une complice. Sa nature était multiple et versatile, comme la leur : il savait revêtir toutes les formes, il s'engageait dans toutes les voies et tendait, toujours sinueux et ondoyant, vers toutes les directions à la fois. Son esprit, coloré et bariolé comme celui d'Hermès, ressemblait lui aussi à un tableau ou un tapis ; mais il était également artificieux comme un discours ; énigmatique et compliqué comme les labyrinthes et les constellations célestes, et secret comme l'esprit des voleurs, des marchands et des amants clandestins de la nuit.



Le destin le fit errer, dix ans durant, loin de chez lui ; il lui révéla les violences des Cyclopes, la tristesse désolée de l'Hadès, les tempêtes et les naufragés ; un long emprisonnement, baigné de larmes, au cœur de la Méditerranée ; et il le poussa jusqu'au point où les directions se perdent, où l'orient se confond avec l'occident.



Comme pour tous les hommes, c'était là sans doute Son destin : le seul qu'il pût connaitre, car les vagabondages, les retards et les labyrinthes dans lesquels il faillit se perdre incarnaient l'impulsion à la fuite qu'il portait en lui. Mais, par ailleurs, quelqu'un lui avait imposé ce destin. Alors qu'il errait de rivage en rivage, son seul désir était de retourner dans l'ile où il avait laissé sa maison, ses richesses, son lit patriarcal, et son épouse qui lui ressemblait comme une sœur. Nulle flatterie ne put le fléchir: il triompha, lune après l'autre, des forces qui pouvaient l'inciter à l'oubli et pré serva, intacte, sa mémoire, traversant sans céder au sommeil les flots et les mystères de la Méditerranée.

En même temps, il souffrait de cruelles douleurs. Il connut toutes les inquiétudes, les angoisses, les tourments de l'esprit et du corps, les terreurs les plus nobles et les plus viles ; il but le calice de son existence jusqu'à la dernière, la plus atroce humiliation, mendiant dans sa propre demeure. Ce flot de souffrances, qui se répandit en lui comme en un vase toujours prêt à le recevoir, constitua la réalité essentielle de sa vie. A travers dix années de guerre, puis dix autres années de vagabondage, il apprit l'art de supporter, d'un cœur patient et tenace, toutes les souffrances du monde; et aussi le plus grand et le plus difficile de tous les arts : celui de respecter pieusement, quoi qu'il arrive, la volonté des dieux.



Mais Pietro Citati nous rappelle finalement que le royaume sur lequel Ulysse régnait en souverain tout-puissant était celui du récit, aussi compliqué et infini que le tracé de ses voyages sur la carte de la Méditerranée.

Dans I'Odyssée, où tous feignent, mentent et racontent, nul ne possède ses incomparables talents de narrateur. Nul ne connaît, comme lui, l'art de s'approprier et d'adapter les expériences les plus diverses ; personne n'a une mémoire aussi constante ni un esprit aussi ambigu que le sien, inextricable comme les nœuds de Circé, coloré comme ses tapisseries, aussi changeant que Protée, aussi mensonger que celui des charlatans de foire. C'est ainsi qu'Ulysse devint le symbole même de l'art de raconter. Tous les grands auteurs de romans allèrent à son école et s'efforcèrent de posséder cet extraordinaire faisceau de dons.



Comme il le souligne dans un autre ouvrage "Lorsqu'il écrivait le Second Faust, Goethe aimait plus que tout les lieux secrets des Mille et une nuits les tombes, les puits, les escaliers qui s'enfoncent à l'infini. les cavernes habitées, les pièces cachées, les palais souterrains où règnent les princesses des djinns. Là, dans les profondeurs où vivent aussi les Mères, gisent les mystères et les trésors.[...] Les continuateurs de Shéhérazade nous répètent que la tâche du narrateur est double. D'un côté, il sait bien que descendre dans les cavernes habitées par les mystères est d'une immense difficulté : pas de route, pas de guide, pas de maitre. Rien n'est plus dangereux que de chercher à connaitre les secrets: une loi l'interdit, et il ne peut l'enfreindre qu'au prix de sa vie. Mais de l'autre, il ne manquer d'affronter ce risque. Avec toute sa ruse et sa force, il doit descendre dans les tombes, les

puits, les cavernes, les palais souterrains ; interroger les énigmes, les porter à la lumière et les raconter à ses lecteurs, de cette parole joyeuse et voilée qui les cache et les révèle à la fois."



Et c'est ce pari lumineux qu'accomplit Pietro Citati, et son livre est comme celui sur lequel il se plonge, dans lequel il nous emmène et nous guide :



" Les poèmes homériques n’ont pas de véritable conclusion. La fin reste au-dehors du texte : en un point, ou plusieurs points, auxquels font allusion événements, paroles, sentiments, sensations des deux livres. La fin de l’Iliade n’est pas « la sépulture d’Hector dompteur de cavales », comme le dit le dernier vers, mais la mort d’Achille, annoncée de plus en plus douloureusement par les paroles d’Hector, de Thétis, des chevaux d’Achille ; et puis la destruction de Troie, dont parlent, dans les mêmes termes (merveilleuse coïncidence), aussi bien Agamemnon qu’Hector. La fin de l’Odyssée est elle aussi hors du texte : dans la prophétie que Tirésias fait à Ulysse au livre XI, et qu’Ulysse répète à Pénélope au livre XXIII. Selon une loi de la pensée épique, la conclusion peut être annoncée, mais non représentée. Au début de l’Occident, quand rien n’avait été écrit, le « premier Homère » et le « second Homère » avaient prévu une forme de littérature moderne : le roman sans fin. Les deux plus grands romans du XIXE et du XXe n’ont pas non plus de conclusion. Guerre et Paix semble exalter le principe de la vie familiale, limitée et concentrée dans le présent ; et pourtant, son dernier héros est Nicolenka, le fils du prince André, qui rêve de marcher plus tard à la tête d’une immense armée – lignes obliques, blanchissantes, qui emplissent l’air comme des toiles d’araignées – et de retrouver son père. La Recherche elle aussi semble culminer avec la matinée chez la princesse de Guermantes, où Marcel a la révélation de la mémoire : mais il y a des événements postérieurs, que nous ne parvenons pas à dater ; et le livre, qui devrait représenter le passé, pénètre rapidement dans le futur, au-delà de la mort de celui qui l’a écrit."



Une fois le livre refermé de l'homme aux mille ruses, et finalement aux milles couleurs, il n'en reste qu'une : l'or et le sentiment d'avoir lu une pépite...

Pépite que j'emmène sur mon île déserte, qu'elle soit Ithaque, à moins que je choisisse Kato ou Kéros qui, elles, ne sont pas habitées....
Commenter  J’apprécie          2613
Trois Oboles pour Charon

Le pitch m'annonçait un coup de coeur et finalement, cela aura été une grosse déception.



Le thème est prometteur, les personnages aussi d'ailleurs. Et le fait de traverser l'histoire me plaisait énormément.



Sauf que tout se passe sur des champs de batailles. Moi qui ne supporte pas la guerre ! Et les descriptions sont longues et détaillées. L'écriture est d'une lourdeur incroyable, on n'avance pas et on reste au milieu des cadavres démembrés et sanguinolents.



Bref, je me dépêche de refermer ce livre qui me laissera une impression amère.
Commenter  J’apprécie          100
Comment obtenir cet insigne?
    Les insignes experts sont attribués aux spécialistes ou amoureux d'une thématique littéraire, en fonction de la qualité et de la diversité de leurs critiques sur cette thématique

{* *}