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EAN : 9782283027219
176 pages
Buchet-Chastel (09/01/2014)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Alors qu’il s’apprête à en finir avec le métier, le narrateur s’interroge sur l’origine de ce double pupitre en bois ciré - un chameau, disent les ébénistes dans leur argot - sur lequel, depuis près de quarante ans, il s’obstine jour après jour à pousser la plume.
L’histoire de cet étrange meuble à écrire, fabriqué à bois perdu, par un artisan de village, se perd en Basse-Normandie, du côté de Falaise. Serait-il, comme l’enquête le donne à penser, celui de Bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre il ya 8 jours et je dois dire que les premiers chapitres m'ont déjà séduite. Une belle écriture pleine de poésie, des métaphores, des symboles, des phrases amples et longues qu'on a envie de garder en mémoire ou simplement de lire et de relire : c'est pourquoi, je lis lentement, je savoure cette belle langue à l'ancienne, plus ou moins perdue et je prends mon temps pour apprécier ce livre... "A bois perdu" aurait pu se nommer "à bois jeté" d'après ce que j'ai compris : ce sont toutes sortes de chutes de bois d'essences différentes qui ont servi à fabriquer ce meuble, "l'établi"comme l'appelle l'écrivain.
Alain Galan , avant de refermer pour toujours ?,son pupitre se met à le questionner, à se questionner, à le caresser , comme un vieil ami que l'on va quitter pour toujours. Il raconte, tout d'abord, la façon dont il en est devenu propriétaire et cette histoire à elle seule est extraordinaire .
Puis il part sur les traces de ce fameux "chameau", pupitre à deux pans pour deux copistes, etnous voici en Basse Normandie, en route pour le Calvados et la ville de Falaise.
Alors, allons-y, je vous raconterai la suite plus tard, je pars en voyage avec lui, pour mon plus grand plaisir et je compte prendre mon temps.
Alors à une prochaine critique...

J'avance dans ma lecture.
En fait, le voyage n'a pas été très long, prenant une tournure plus réflexive et méditative qu'autre. L'auteur va de digression en digression, mais on n'avance pas beaucoup dans l'enquête. Toutes les images de la Normandie apparaissent des plantes aux pommiers aux écrivains
célèbres et tout ce qui se rapporte au chameau (animal) aussi .
L'écriture est toujours aussi belle et fluide , c'est ce qui permet d'avancer dans le livre qui prend l'allure d'un essai philosophique.
L'auteur prend son temps et prend plaisir aux jeux de mots et à transformer son écritoire en animal de compagnie ou tout au moins en confident.

Bon, on va retourner à Falaise où l'histoire prend enfin un tour plus intéressant car il se pourrait que ce fameux chameau ait servi deux copistes imaginaires de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, dont j'ai relu l'histoire par curiosité : au moins un bon point pour Galan ici !
Rappelons que ces deux copistes après bien des mésaventures ont décidé de reprendre leur ancien métier de copistes et d'écrire une encyclopédie de la bêtise humaine.

Nous voici arrivés à la fin de l'enquête d'Alain Galan sur l'origine de son chameau, enquête intimement liée avec sa vocation d'écriture. Cette enquête qui a fait ressurgir des archives le nom de Bartholomée Bouvard et nous a fait glisser de la réalité vers la fiction sans qu'on sache où se trouve réellement la frontière entre les deux.
L'auteur a pris un malin plaisir à brouiller réalité et fiction jusqu'à inventer une hypothétique commande des deux copistes de Flaubert auprès de Gorgu, l'ancien menuisier de Chavignolles, qui utilisa des vieux meubles pour le confectionner : du plateau d'une ancienne table jusqu'à un cercueil refusé par la famille d'un défunt…
Qui pourrait temoigner de la réracité de son récit ?
« En l'absence de Flaubert, de Gorgu, de Bouvard et de Pécuchet, seul le chameau pourrait répondre à de telles interrogations, s'il ne restait obstinément de bois ».
- … « mon chameau qui blatère, qui tourne en dérision toute cette histoire, me traite de fada »… « Cela m'a tout l'air d'un conte de Noël »…

Un très beau texte, plein de poésie, qui se lit très facilement et qui laisse comme un sentiment de grâce .
Témoignage réflexif d'Alain Galan, journaliste et écrivain, sur sa traversée en solitaire de l'écriture, sur la fuite inexorable du temps ? L'écriture n'est-elle pas justement le seul moyen d'éviter le glissement vers le néant et l'oubli ? /Une façon d'éviter l'inévitable disparition des choses ?

Rassurez-vous, le double pupitre finira ses jours chez les conservateurs de la Cité de l'écrit et des métiers du livre de Montmorillon. Un bien joli conte, dans une bien belle langue, un vocabulaire très riche:"un récit à bois perdu"...
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Alain Galan nous propose une promenade, sur le dos d'un drôle de chameau, qui est en fait un pupitre à deux pans et – donc - une bosse.
L'écrivain et sa « monture » nous emmènent dans le bocage normand et remontent 150 ans en arrière, ce qui nous permet de découvrir des mondes à la fois proches et lointains : celui de l'imprimerie et de la presse régionale, celui de la culture des pommiers, celui des grainetiers-oiseliers (quel joli nom de métier !), celui des notaires de province…
Ces petits univers se révèlent exotiques, par la grâce de langages singuliers.
La longueur des noms des villages semble inversement proportionnel à leur étendue : Condé-sur-Noireau, Crèvecoeur-en-Auge, La Roque Baignard, La Lande-Saint-Siméon, Taillebois, La Frenaye-au-Sauvage.
Dans l'atelier d'imprimerie, nous croisons casses, casseaux, précelles, lignomètres, demi-cadratin, prote, lettrines…
Quand aujourd'hui nous utilisons les deux seuls mots bureau ou secrétaire, les ébénistes disent bonheur-du-jour, dos-d'âne, Mazarin, secrétaire à panse, bureau de pente, cabinet des Flandres… Plus évocateur que Borglüll ou Kvarji, non ? (clin d'oeil à l'attention des amateurs de meubles en kit).
Dans un verger, nous apprenons que les pommiers ont tous un nom : Bramtôt, Saint-Martin, Cimetière, Groin d'âne, Peau de Crapaud, Petit Doucet. S'ils sont ainsi baptisés, c'est qu'ils sont des êtres vivants, avec leurs particularités : celui-ci résiste mieux au froid, le jus des pommes de tel autre est particulièrement goûteux…
Quand nous n'avons à notre disposition que les mots perruche ou perroquet, le grainetier-oiselier nous propose amazone de Dufresne, amazone de Bouquet, aourou, Saint-Vincent, amazone de prêtre, amazone de Sainte-Lucie, ara de Buffon, caïque de Bonaparte, conure à cape noire, inséparables d'Abyssinie, lori Arlequin et cacatoès soufré…
La moindre herbe des champs est répertoriée : morgeline, salsifis des prés, épervière piloselle, ficoïde noctiflore, oxalide-oseille… Vous avez dit biodiversité ?

Autant de vocabulaires mystérieux et quasi initiatiques… Mon correcteur d'orthographe est complètement largué, lui qui se contente d'un vocabulaire utilitaire et sans charme !

Au fil de cette déambulation tranquille, on apprend que ce qui garde les objets vivants, ce ne sont pas les musées mais l'usage que l'on continue à avoir d'eux, sans relookage qui les détourne de leur vocation. On comprend que le bel objet n'est pas celui qui est le plus orné ou compliqué, mais celui dont la belle et simple fonctionnalité en fait un compagnon de tous les jours, bien adapté à sa fonction et à son utilisateur, prolongement de nous-même, qui donne à nos gestes leur perfection, à nos postures leur élégance et leur confort. Bien avant l'avènement de l'ergonomie, le modeste ébéniste de village qui a fabriqué le « chameau » à bois perdu (c'est-à-dire à partir de vieux meubles dans diverses essences) l'avait bien compris…

Ce que l'on constate également, c'est qu'à rechercher l'origine d'un objet d'hier, on rencontre des gens d'aujourd'hui : les objets nous relient, grâce à eux on fait des rencontres que l'on aurait jamais faites autrement… Jeunes gens décidant de tourner le dos à une carrière professionnelle toute tracée, pour reprendre la culture des pommiers à cidre. Vieille dame échevelée, fumant la pipe. Autant de surprises au cours de la pérégrination.

Et puis furtivement, avec une grande pudeur, un chapitre sobre rend hommage à un « monde qui s'efface », celui de l'objet livre-papier et des objets d'écriture. Nietzsche disait « nos outils d'écriture participent à l'éclosion de nos pensées ». Nous verrons bien quelles pensées jailliront sans le concours de nos mains pour les tracer sur le papier…
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Une écriture imagée, humoristique, recherchée : cette lecture a été un vrai bonheur. Cet écrivain qui manie la langue avec habileté et nous promène au gré de ses digressions pour un voyage littéraire, fleuri, parfumé, sur les traces d'un monde qui disparaît, m'a enchantée. J'ai beaucoup aimé ces détours dont l'enquête sur les traces du fameux chameau n'est que prétexte pour nous entraîner sur des chemins de traverse, au gré de ses pensées vagabondes et nostalgiques.
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Quarante ans à pousser la plume... Quarante ans à aligner, graver, faire danser les mots. Et pas sur n'importe quelle piste de danse, non monsieur ! Sur un chameau. Un chameau dites-vous ? Quelle drôle d'idée...
Même les esprits les plus retors d'entre vous auront compris que le chameau concerné n'est évidemment pas le vénérable animal à deux bosses, mais un non moins vénérable double pupitre sur lequel, murmure t-on, Bouvard et Pécuchet eux-mêmes copièrent allègrement en leur temps. Il n'en fallait pas plus à Alain Galan, heureux propriétaire du-dit chameau, pour se plonger dans l'histoire de ce dernier, mélange subtil de fiction et de réalité, parfumée aux essences boisées savamment concoctées par le truculent ébéniste Gorgu.
Il est des livres que l'on referme avec soulagement, d'autres qui sommeillent comme pour conjurer l'ennui dont ils sont gorgés sur nos étagères, et il y a également des ouvrages qui nous atteignent au coeur, laissant une trace durable et profonde. Cette bien jolie ballade appartient définitivement à la dernière catégorie.
(Merci aux éditions Buchet-Chastel et à Babelio)
Lien : http://territoirescritiques...
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La lecture de ce roman a été facile et pas prise de tête mais je ne l'ai pas aimé. Ce roman ne fait pas parti de mes genres favoris tels que le policier ou le fantastique.
Pourtant, j'ai apprécié l'intrigue et je pense que j'aurai mieux aimé la fin si je connaissais les références.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il m'a fallu renoncer. Et, pour ne pas avoir à me séparer de ce meuble si parfaitement adapté à la posture et à la main du scribe, me résoudre à lui accoler, appendice ou post-scriptum, l'une de ces petites tables réservées à la frappe que, dans les administrations, on appelait, il n'y avait pas si longtemps, bout de bureau. C'est là, j'en conviens, une faute de goût, un rapprochement maladroit. Non seulement la console et le double pupitre ne sont pas faits du même bois, mais encore ils se regardent en chiens de faïence. Entre eux couve un conflit d'usages et de générations dont je refuse de m'apercevoir. Je fais la sourde oreille, ne veux entendre ni les doléances ni les craquements du bois. Encore moins la perfide allusion: a-t-on besoin de tant d'aises pour couvrir si peu de pages ? je plie l'échine, approuve en silence que les gens de métier, soucieux de le distingeur du précieux dos -d'âne avec tiroirs secrets, et tablettes gainées, aient, dans leur argot, baptisé mon pupitre: "chameau" (p.13)
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Depuis que je me suis mis en quête de son passé, je le sens bien, le chameau, jusque-là si placide, est devenu fébrile. Un rien le fait sursauter. Un livre qui tombe, un dossier qui glisse d'une pile, un crayon dont la mine se brise. Certains soirs, sans que rien ne l'explique, il craque de tout son bois. Je jurerais qu'il me parle, qu'il cherche alors à me dire quelque chose. Veut-il m'encourager à persévérer ou, au contraire, me mettre en garde ? Mon travail s'en ressent. Je piétine, fais et refais mes paragraphes. Il m'arrive de ne plus savoir auquel de ses deux pupitres me vouer ni dans laquelle de ses bosses j'ai rangé la veille une note qui se dissimule et me contraint à rebrousser chemin.
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Il y a, dans cette quête tardive, quelque chose qui m'échappe, me laisse partagé entre le désir d'en savoir plus sur le chameau et l'intuition qu'il vaudrait mieux, à son sujet, m'en tenir à une paisible ignorance. Comment expliquer cet embarras et surtout comment y répondre ? Il me semble, depuis quelque temps, qu'une ombre à laquelle je n'avais jusque-là pas prêté attention, rôde autour du chameau. Est-ce celle que dessinent, selon les heures, la clarté du jour et l'ampoule du plafonnier ? Celle de l'absent devant son écritoire ? ou celle, non moins inquiétante et insaisissable de ma main sur la page ? Et que dire de cette voix à peine audible qui, lorsque je relève l'un ou l'autre des deux abattants, accompagne la plainte des charnières ? Ne me conjure-t-elle pas de le refermer aussitôt et d'épargner au-dedans du meuble à écrire l'éclat du dehors et de l'aveuglante lumière ?
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" Avant un dernier geste pour éteindre la lampe, il a glissé la main sur le flanc du bureau dans une caresse machinale. Pour un peu il croirait, sous sa paume, que le meuble a frémi."

« Cette marge, rainurée pour maintenir en leur berceau porte-plume et porte-mine, accueille également, à chacune de ses extrémités,...deux encriers que l'on imagine en porcelaine, leurs lèvres gercées par le frottement de l'acier se délestant de son trop-plein d'encre» .page 14.
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Et déjà ils n'écoutaient plus Gorgu leur expliquer que le cerisier tardif, contrairement au merisier, avec son duramen brun rougeâtre et cette pâleur qu'il a dans sa jeunesse, donne en vieillissant ce poli étonnant et ces variations de couleurs dans lesquels on croit lire l'histoire légendaire du pays où il a poussé.
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