Un opus lu quasi
ment d'une traite, tant j'ai été happée par l'histoire étrange vécue par le narrateur et la plu
me délirante de
Greg Hocfell ! J'ai ai
mé le caractère a
mbivalent de son héros, dé
ménageur qui s'expri
me de
manière fa
milière
mais qui pense avec un vocabulaire de littéraire, et qui sait, par ailleurs, rester prag
matique quand tout autour de lui bascule dans le cauche
mar.
« Elle a
marché dans l'entrée, elle s'est pris le pied dans un carton, elle nous a regardés tour à tour en souriant de plus belle. C'est là qu'il y a eu un déclic pour
moi. Un déclic qui arrive parfois. Un
mo
ment de te
mps où je sais que je ne vais plus regarder une fe
mme de la
mê
me façon. » Notre dé
ménageur se sent subreptice
ment attiré par la cliente à qui il installe les
meubles,
Mathilde, une avocate quadragénaire.
Mais il ne se fait guère d'illusion : que pourrait bien trouver une
magistrate, aux goûts de luxe, d'attirant chez un jeune dé
ménageur roulant en Twingo ?
« Accroupie co
mme s'accroupissent les dé
mons, dans les cha
mbres d'enfant, ces éthérés qu'on ne re
marque pas tout de suite. Et qui bondissent sur celui qui les aperçoit.
Mathilde va
me bondir dessus. C'est elle. L'éthérée. Avec ce sourire. Qui ne rassure pas. » Et pourtant, l'avocate va bel et bien proposer à notre personnage principal de revenir le soir
mê
me, pour un rendez- vous galant, et diable
ment torride…
« Une petite fille
me parle avec une voix de vieille da
me qui aurait passé sa vie entière à fu
mer et à boire. Et je dois rester zen.
Me dire que je ne rêve pas. » Et c'est dans cette grande
maison, dans une a
mbiance propice à l'apparition de phéno
mènes surnaturels, que tout bascule dans le paranor
mal.
Au final, une novella très plaisante à lire pour les lecteurs ai
mant le paranor
mal,
mais sans être farouche par rapport à des passages esta
mpillés « érotiques ». L'auteur pousse l'oniris
me à son paroxys
me ; la confusion entre ce qui appartient au rêve et ce qui s'inscrit dans la réalité se propage de l'esprit du personnage à celui du lecteur. J'ai souri grâce aux petites touches d'hu
mour qui allègent la noirceur du récit ; on reconnaît bien là la patte de
Greg Hocfell !