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EAN : 9782864329176
114 pages
Verdier (02/02/2017)
4.38/5   17 notes
Résumé :
Un matin, sous une froide lumière d'hiver : un homme pénètre dans la chambre à coucher de son fils de dix-sept ans et le découvre mort dans son lit. À partir de cet instant, l'équilibre qui gouvernait son existence vacille. Il tente tant bien que mal de surmonter l'impuissance, la douleur et la mort. Dans ce bref livre de deuil, l'auteur nous dit toute la profondeur de la souffrance et de la mélancolie, et s'efforce de reconquérir par la grâce de l'écriture et du so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Difficile d'évoquer la beauté d'un livre qui traite d'un sujet aussi grave : la perte d'un enfant; voilà une douleur que personne ne devrait connaître. C'est pourtant ce qui arrive au narrateur qui découvre son petit garçon de 17 ans (parce qu'on est toujours un petit garçon ou une petite fille aux yeux de papa ) mort durant son sommeil... commence alors pour le père un adieu sans fin depuis la colère, le désespoir vers l'acceptation. Et c'est beau comme un Avé Maria à capella dans une église, comme un arbre dépouillé de ses feuilles et pris par les glaces de l'hiver... Un hiver qui est un peu le troisième personnage de ce court récit entre le père éploré et le fantôme du fils parti trop vite. Un livre que vous refermez avec un grand soupir de compassion et les yeux mouillés et pourtant enchanté par cette écriture étrangement légère et poétique malgré un chagrin si lourd et si réel.
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L'indicible à pas feutrés.
Le lecteur entre par effraction dans ce livre pour ceux qui n'ont pas vécu cette perte, cet état d'être un parent orphelin de son enfant.
Pour ceux qui connaissent ce drame je pense que le texte doit résonner et les délivrer, car la justesse des différentes phases, les mots employés, les images suscitées sont d'une justesse lumineuse.
Le narrateur est le papa de Fabius 17 ans, la veille au soir il avait de la fièvre due à la grippe.
Au matin, le père ouvre les yeux sur un jour nouveau, et immédiatement l'anormalité du silence de la maison ressentie au plus profond de sa chair lui fait pressentir le drame.
En entrant dans la chambre de son fiston, il sait, de façon irrémédiable qu'il ne respire plus.
Il appelle les secours et pour ce père il y a dissociation, son corps lâche, l'esprit se vide et est englouti dans une lumière noire et son coeur tambourine à contre-temps, à contre-coeur.
Il est entouré par Christian, puis Anna la maman de Fabius dont il est séparé depuis 16 ans.
Mais il est seul, comme jamais et pour toujours.
« C'est impossible, ce n'est pas vrai, ma vie gisait là devant moi, les yeux éteints, ma vie, mon fils. »
La météo est de la partie, la neige recouvre tout de sa lumière blanche et étouffe toutes velléités de vie sans le sortir de cette enveloppe noire.
Ce papa-narrateur n'a pas d'autre nom que ce statut, cela renforce à la fois cette descente aux enfers et permet à chaque lecteur de ressentir au plus profond de lui-même ces émotions dévastatrices, ce vide abyssal.
Il y a une telle précision dans la description de ce séisme de souffrance que tout affleure dans la chair du lecteur. Qui y a-t-il de plus horrible que la perte d'un enfant ?
Sur le chemin du calvaire il y a le refus, puis les mots qui disent par fragments l'incompréhension, la colère, la révolte et surtout l'impuissance.
Les phrases sont fortes et nous transpercent jusqu'au vertige.
Il y a dans ce texte une réelle poésie, une lumière : celle de ceux qui savent.
Je ne sais comment dire que cette douleur est aussi très lumineuse, comme le soleil se reflétant sur la neige.
La beauté du style m'a fait penser à la tâche du lissier qui met en laine une oeuvre en alliant plusieurs techniques de combinaisons de fibres et de couleurs. le résultat offrant une tapisserie de Bayeux ou d'Aubusson.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Lorsque j'ai fermé ce court roman, il m'a fallu de longues minutes pour rassembler mes émotions, me rassembler moi même.
Ce livre ne se lit pas. Il s'éprouve, se ressent.
On pose nos pas dans ceux de ce père endeuillé.
On palpe la douleur, la colère et ce cri sans fond.
Les souvenirs s'égrènent, avec amour.
Les mains s'étreignent et nous avec.
Le cheminement est long, la vie reprend lentement ses droits.
Il n'y a pas encore de sourires. Juste ce regard qui se pose un peu au delà de la forêt. Au delà d'une chambre à jamais vide.
Un petit bijou !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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Le portrait lumineux d'un fils décédé, par-delà le naufrage du deuil.

Comment dire l'obscurité, la pétrification du réel que représente la perte d'un fils ?

Simplement fiévreux, Fabius, le fils du narrateur d'«Adieu sans fin» est décédé pendant son sommeil à l'âge de seize ans, au début d'un hiver rigoureux, un hiver saturé de neige et de nuit pour son père.

«Ce furent des jours sans lumière. La maison sombre était tout ce qui restait au monde. Dans cette demeure évoluaient des êtres que je connaissais de longue date, des proches, des amis, et pourtant j'étais seul avec le gouffre noir au fond de moi. le pire, c'était quand il me fallait dormir. le sommeil est un assassin. le sommeil m'a volé mon fils. le sommeil est un poison qui s'instille sans un bruit dans mes veines. Je me cabrais contre lui, mais j'étais à bout de forces, l'épuisement avait raison de moi et m'entraînait dans les chambres obscures. Je plongeais dans les eaux d'effroi, je me réveillais en sursaut, je criais. Il n'y avait pas de refuge, il n'y avait pas d'issue. L'épouvante était partout, elle s'insinuait dans mes veines, elle attendait patiemment que la fatigue me terrasse. Alors je lui étais livré tout entier.»

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ecrire sur la perte d'un être cher, a fortiori celle d'un enfant, est une démarche risquée... c'est avec beaucoup de talent et de sensibilité que Wolfgang Hermann s'y est attelé.

Atteint d'une simple grippe, le fils du narrateur -Fabius, dix-sept ans-, décède brusquement. Il venait d'emménager chez son père, ses deux parents étant séparés depuis sa petite enfance.

C'est tout le processus du travail de deuil que dépeint Wolfgang Hermann.

D'abord, le vide. La vie devenue en l'espace d'un instant dépourvue de sens, et l'impression de ne plus faire partie d'un monde que l'on habitait jusque-là avec une évidence naturelle.

Ensuite, la survenance d'une douleur insondable qui s'exprime par un assombrissement général de l'environnement, comme si la lumière et le temps eux-mêmes étaient morts. le corps qui lâche, en écho au brouillard qui anesthésie toute énergie vitale.

Puis l'amorce progressive d'une sorte de cicatrisation. La souffrance, devenant plus palpable, plus dicible, peut être affrontée. L'égrènement du temps, exprimé par le passage des saisons qui mine de rien pénètre l'inconscient de ses manifestations (l'arrivée de la première neige, la floraison du printemps), réinsère dans l'existence. le soutien des autres -l'ex-femme avec qui l'on renoue, alors que l'on se tient tous deux "au bord de la fosse", la petite amie du fils dont on se rapproche-, les souvenirs évoqués ensemble apaisent en faisant surgir par-dessus le drame les bonheurs définitivement acquis.

Émerge alors, au bout du tunnel d'images angoissantes où l'on se sentait enfermé, non pas le salut ou une franche délivrance, mais un faible rai de lumière auquel on se raccroche instinctivement, vers lequel on avance, comme poussé par un flux imperceptible mais puissant : c'est la vie qui attend.

Quel beau roman que cet "Adieu sans fin". Loin de tout auto apitoiement, de toute ostentation dans la détresse, Wolfgang Hermann suscite pourtant à la fois plaisir et empathie, grâce à une osmose réussie entre élégance et sincérité.

L'écriture est travaillée, sans que transparaisse l'effort qu'a dû nécessiter le souci de justesse a priori primordial pour l'auteur. Comme si écrire la douleur, en un réflexe de survie peut-être inconscient, était un moyen de la dépasser, l'effort réclamé par le style et la structure permettant la prise de distance.

Le résultat, c'est un texte à la fois simple et beau, poétique et bouleversant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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critiques presse (1)
LeMonde
03 mars 2017
L’Allemand Wolfgang Hermann raconte le vertige du deuil et la lente reconquête de la vie. Bref et percutant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce couple, c’était Fabius et moi. Quand le monde était encore debout. Combien de nuits n’aurons-nous pas passées là-haut. La forêt tournoyait en nous. Le clair de lune scintillait sur la neige. A la lune nouvelle, au-dessus de nos têtes, le dôme de la voie lactée. Je lui décrivais les quelques constellations que je connaissais. Nous restions là bouche bée, la tête redressée. Nous gravissions le sentier de montagne, j’entends encore le crissement de nos pas sur la neige tôlée.
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J'ai emprunté le mauvais chemin au carrefour le plus important. Je ne savais pas que la femme met l'homme à l'épreuve. Elle l'observe attentivement, et quand une fois de plus il n'a pas la force d'agir comme il faudrait, elle prend une décision. Elle le quitte un matin sans qu'il ait rien vu venir. Il croira jusqu'au bout que tout allait bien. Il ne comprend pas.
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Ce furent des jours sans lumière. L’air n’était pas de l’air, il n’y avait pas un souffle qui put remuer la pierre gelée en moi. La lumière était un simple voile jeté sur les choses et qui étouffait tout ce qui se mouvait encore. Un silence qui étouffait au plus profond le moindre mouvement, le plus petit pas dans le vestibule.
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