L'Ogre des cabanes, c'est un voyage initiatique et allégorique d'un enfant qui expérimente la traversée de l'enfance et l'âge adulte. Souhaitant échapper à ce monde peuplé de "gros mots", où l'angoisse sourde et les préoccupations des adultes augurent d'un avenir sans joie ni espoir, notre Ogre décide de se réfugier dans sa cabane dans les bois. Un couteau, une gourde, un paquet de biscuit; c'est bon, il est paré !
Douce illusion... Mais nécessaire au processus. On suit la progression de la réflexion de ce jeune garçon à travers les heures qui s'égrènent sous les frondaisons de son abri, le bois à côté de sa maison dans laquelle il a dressé sa cabane. Cette escapade au goût d'interdit lui fera réaliser petit à petit qu'on ne peut échapper au destin. On est obligé de grandir. Mais, parce-que tout n'est pas sombre, on peut réserver une petite place à l'innocence et à l'enfance au fond de son coeur et de son esprit. C'est cela grandir.
L'Ogre des cabanes, c'est un peu le Peter Pan que chacun garde soigneusement caché à l'abri dans les replis de son âme.
Texte résolument poétique l'Ogre des cabanes invite le lecteur à arpenter le chemin de la vie au travers des expériences et des découvertes d'un petit garçon. On perd parfois un peu le fil du récit mais cela n'enlève rien au charme des couleurs et des sensations transmises par la plume de l'auteur.
Concernant Les Fleurs en papier crépon, le style employé est plus direct. Nous retrouvons la mère de l'Ogre sur la plage. Un souvenir que l'on découvre rapidement lors de notre lecture de l'Ogre des cabanes. A la différence de ce premier texte, celui-ci est beaucoup plus léger et représentatif. Bien que toujours poétique, il est beaucoup plus simple de se projeter dans ce souvenir, de s'imaginer la scène et de la ressentir. La fin me laisse toutefois perplexe, mais aussi rêveuse. En y repensant quelques jours après, ce sont mes souvenirs que j'agrège et ma vision de cette traversée dont je me rappelle de manière plus ou moins fictive, un léger sourire aux lèvres.
L'Ogre des cabanes réveille un léger goût de nostalgie et d'enfance lovés au creux de notre coeur.
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Il partira donc et quittera sa maison. Il prendra un sac avec quelques affaires et marchera vers la forêt. C'est dans la forêt que les monstres trouvent aussi leur place et il avait appris à les dompter. Il ne lui restait que ce refuge pour supporter la vie qui allait être la sienne : un enfant trop grand dans un monde trop petit. Il avait découvert le minuscule et le médiocre dans les parades des adultes, dans les façons de ne pas être présents et toujours ailleurs à faire des choses qu'ils n'aimaient pas faire. Il allait devenir un faiseur, comme les grands, une sorte de pantin maladroit avec sa déjà grosse voix et son corps encombrant.
Il plaçait ses personnages, construits à partir d'un mot, d'une lumière, d'une couleur entrevue la veille. Un chien aboyait, des enfants jouaient dans la rue plus loin et il en faisait matière, tout s'imbriquait, il laissait faire, ça s'associait librement devant ses yeux et il n'en dormait pas souvent. Le matin, tout était prêt, il écrivait dans son cahier bleu ses histoires et ses questions sans réponses.
Il aimerait que tout soit facile mais il sent qu'il y a trop de chose en lui pour que ce le soit, des histoires, encore et encore, des flots d'histoires coulent dans son cœur mais pour le laver de quoi ? De quoi le cœur de l'Ogre souffre-t-il donc alors qu'il est si jeune ?
Il aimait entrer dans cette bulle comme dans une caverne où il faisait apparaître de formidables monstres qu'il maîtrisait pas à pas. La ménagerie s'est agrandie au fil du temps et la caverne a rétréci.
L'Ogre regarde sa cabane au loin et se dit que le bonheur d'être un ogre ne peut être comparé à rien quand il y a une cabane pour se réfugier les soirs de grande solitude. C'est là qu'on peut parfois pleurer sans que personne n'entende ni ne voie rien du chagrin d'être au monde.