Aux Frontières de l'Union française : Indochine-Tunisie

LA FRANCE ET L'ISLAM
(7 novembre 1951)

La France est, après le Pakistan, la première nation musulmane du monde, et donc elle est, en Afrique, comme dans le Moyen-Orient, intéressée avant toute autre par l'éveil de l'Islam.
Rien de ce qui se passe à Suez, à Damas, à Amman ou au Caire, ne peut lui être indifférent. Une longue frontière commune - qui va de la Tunisie à l'Oubanghi à travers les immenses étendues du désert et du Sahel - laisse en constant contact les Musulmans français et ceux de l'Egypte, de Libye et du Soudan.
Chaque année, des milliers de croyants venus de Fez, de Tlemcen, de Saint-Louis, d'Atar, de Fort-Lamy, d'Abéché parent sur des navire frétés par l'Etat français pour rejoindre la ville sainte entre toutes; La Mecque. Et dès qu'ils touchent Djedda, les voilà dans cette Arabie Séoudite où les guerriers nomades, fiers, courageux, fanatiques montent la garde autour de traditions quinze fois séculaires, tandis que les sabots de leurs chevaux frappent le sol mouvant qui contient le pétrole. Là, sans doute, ils remplissent un devoir sacré, mais, en même temps, ils rencontrent les pèlerins du Croissant fertile ou des rivages du Nil.
Des prédicateurs passionnés leur apprennent que l'Islam va secouer ses chaînes, chasser l'infidèle et partir vers de nouvelles conquêtes. Et ceux qui entendent savent-ils assez démêler les visées politiques des enseignements religieux?