Bitch : Le pouvoir des femelles dans le monde animal

Dans le très bien nommé "Bitch", Lucy Cooke dénonce la mythologie sexiste qui pollue l'étude du monde animal. Elle remonte jusqu'à Darwin et sa théorie des mâles "actifs" et des femelles "passives" (qu'il reprend en fait à Aristote) développée dans une société victorienne misogyne. Puisque les biais d'une société influent sur les préjugés de ses scientifiques et vice-versa, il est aujourd'hui temps d'actualiser les notions du passé. En lisant cet ouvrage, j'avais l'impression d'assister à une excellente conférence menée par une zoologue passionnée, ce qui est absolument génial !

Le cheminement de Lucy Cooke démarre avec le constat qu'il n'existe pas de gène testicule (XY) ni de gène ovaire (XX) mais de gènes androgynes dont les multiples interactions vont donner un individu mâle ou femelle. de là découle une multitude d'observations allant de la polygamie comme norme pour de nombreuses espèces animales au plaisir féminin chez les primates en passant par les les fantasques pratiques sexuelles des araignées. le tout sous une plume séduisante et drôle qui compare la parade nuptiale du tétras des armoises à un spectacle des Monty Python et précise que les suricates, derrière leurs airs mignons, sont plus proches de Staline que de Chaplin !

Si j'ai adoré la foule d'exemples que l'autrice tire de l'étude du comportement animal à travers le monde, j'ai été particulièrement impressionnée par l'étude de la maternité chez les babouins jaunes par Jeanne Altmann (p. 224- 240), émue par le lien entre la primatologue Amy Parish et Loretta, la matriarche des bonobos du zoo du zoo de San Diego (p. 339-340), et fascinée par le chapitre sur les orques matriarches de la mer des Salish et les éléphantes d'Amboseli (p. 345-376).
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La zoologiste Lucy Cooke nous propose en 500 pages de vulgarisation scientifique (parfois pointue mais quand même accessible) de remettre de l'ordre dans la vision stéréotypée et sexiste que beaucoup de monde a encore concernant les théories de l'évolution (animales et allez, faisons un petit écho au genre humain!)

Loin de l'image de la femelle passive, maternante et fidèle, l'ouvrage nous propose de découvrir les femelles du royaume animal qui rapportent la pitance au foyer, qui ne sont pas du tout monogames et qui bouffent leur partenaire parce que oui, pour la gestation faut des forces!

Je m'intéresse beaucoup à la sociologie et aux études animales donc, forcément, ce livre m'a beaucoup plu, appris et fait réfléchir. L'autrice est zoologiste et s'appuie sur des études et diverses recherches tout en maniant l'humour, c'est très appréciable. La bibliographie fournie en fin d'ouvrage permet aussi de pousser la réflexion encore plus loin.

Je retiendrai ces phrases en conclusion : “un monde naturel sans préjugés” et “la vérité repose sur la diversité et la transparence” (concernant le choix des études). Darwin nous a menti et s'il avait été une mante religieuse mâle…couic

Je conseille vivement ce livre!
Bitch à été une découverte incroyable du monde animal et une de-construction de nombreux à priori que nous avons sur les mâles et femelles de différentes espèces.

À travers des chapitres thématiques Lucy Cooke aborde avec rigueur la vie des femelles animales en s'appuyant sur des exemples précis, des échanges avec des collègues zoologues, des observations importantes qui ont pu chambouler la vision de la femelle approuvée par le monde scientifique jusqu'à il n'y a pas longtemps : une femelle faible, passive, fidèle, mère de famille à plein temps!

Comment on choisit son partenaire? Est-ce que toutes les femelles sont vraiment monogames? C'est quoi le cannibalisme sexuel et pourquoi certaines femelles le pratiquent? Pourquoi les femelles se battent entre elles et pourquoi, parfois, elles se soutiennent comme des soeurs?

Les questionnements sont multiples et il n'est pas nécessaire d'être passionné par le monde animal pour trouver cette lecture enthousiasmante, curieuse, intelligente et ouverte à un concept de femelle bien plus riche et puissant de ce que l'on aurait pu croire. Une véritable lutte contre le sexisme et la misogynie qui ont pollué le monde scientifique.

Un grand merci au programme Masse critique et à l'édition Albin Michel pour cette découverte.

Le sexisme est un sujet très central dans les médias depuis quelques années et c'est fantastique que les mentalités évoluent. Pour être honnête, je n'aurais jamais imaginé parler de sexisme dans la zoologie. Mais c'est peut-être lié au fait que j'ai grandi en regardant des documentaires plutôt honnêtes sur la place des femelles. Par contre, je n'en reviens pas de voir que les scientifiques aient préféré mentir plutôt que d'avouer que les femelles étaient plus que des pondeuses et des éleveuses de bébés. On parle quand même de grands noms comme Darwin qui est quand même le maître dans le sujet.
Pour être honnête, ce livre est un gros pavé qui peut décourager par moment. Mais, j'ai adoré ma lecture. Alors oui, on est dans quelque chose de très scientifique mais c'est aussi plus que cela. C'est la vie de personnes passionnées et d'animaux passionnants. Je ne peux que vous le conseiller et à la rigueur, un petit chapitre entre deux lectures et le tour est joué !
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