L'auteur charentais qui a pour prénom Michel, pour nom Bernard (1934-2004), et qui n'a jamais été sous-préfet, cet auteur admirable peintre de paysages et libertin à qui l'on doit aussi La Plage, La Mise à nu, les Courtisanes ou
La Négresse muette met ici une prose plus classique que d'habitude, lente et solennelle, au service d'une tragédie intime qui fait bien sûr penser à Bérénice, en plus expéditif et déchirant. C'est parfaitement poignant d'un bout à l'autre. L'art du paysage charentais de M. Bernard sert puissamment la peinture de cette passion ; à un monologue de Marie succède un extrait du journal de Louis : cette forme même du récit où ces deux voix se succèdent et sont donc déjà séparées, et ne se répondent pas, sert efficacement la tonalité tragique.