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EAN : 9782889276646
220 pages
Editions Zoé (02/05/2019)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Passer une soirée avec Robert Walser à l’opéra ou au café-concert, le suivre dans un salon bourgeois ou dans une ruelle nocturne où flotte un air d’harmonica, écouter en sa compagnie Chopin, Mozart, des interprètes virtuoses ou débutants, partager son regard acéré sur l’institution musicale... entre Walser et la musique, les soixante textes rassemblés ici dessinent une relation empreinte de ferveur et d’irrévérence. Ecrits entre 1899 et 1933, ces proses et poèmes, d... >Voir plus
Que lire après Ce que je peux dire de mieux sur la musiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En 1925, dans « Aquarelle », Robert Walser écrivait « Je suis tellement musicien que je peux tout à fait me passer d'écouter de la
musique. Ça chante en moi continuellement, vous pouvez me croire ».
En effet, le style de Walser, son rythme, ses assonances, ses longues périodes font de lui un artiste réellement sensible à la musique, même s'il n'a jamais pratiqué un instrument.
Ses digressions évoquent celles de Chopin ou de Paganini qu'il admire.
Toutefois, il n'est pas non plus un théoricien et n'a jamais entretenu de correspondances avec des compositeurs ou des musiciens, ni
fréquenté assidûment les salles de concert, si ce n'est pour se moquer ironiquement des conventions sociales. Il préfère souvent « faire du pied » à ses voisines (« Concert »).
Réunir une anthologie de ce que « pouvait dire de mieux sur la musique » Robert Walser est donc un peu un défi qu'ont réalisé les éditions Zoé
en offrant ici un recueil d'une soixantaine de poèmes et de proses, dont certains inédits, écrits ou publiés entre 1899 et 1933.
On y rencontre le Robert Walser de « La Promenade ». Un arpenteur du monde, prêt à saisir au vol un chant s'échappant d'une maison,
ou des exercices de piano ou le son d'un accordéon, l'instrument qu'il préférait, ou encore l'orgue de Barbarie, un « instrument qui ne ment pas ». Il aime aussi infiniment les chanteurs ambulants. Ce qui ne l'empêche pas d'apprécier une représentation de Don Giovanni (« Des larmes d'émotion brillaient dans les yeux de quelques auditeurs, ce qui semblait dû à la façon de refléter la vie que propose la pièce »).
Les petits récits publiés dans cette anthologie mettent en scène des flâneurs, des personnages qui regardent par la fenêtre. Souvent la référence à la musique n'occupe qu'une seule ligne.
Walser est aussi attentif au silence comme dans le merveilleux « Neiger » ( « La neige a amorti tout murmure, tout bruit, enneigé tous les sons et tous les échos »).
Et dans « Taper », Walser se plaint du tintamarre environnant (« On a vraiment l'impression d'être courageux, quand on fait du vacarme »).
On le voit, il n'est pas question que de musique au sens strict dans ce recueil, mais de toutes les perceptions auditives qui peuvent
nous assaillir, nous agresser ou nous consoler.












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critiques presse (1)
LaCroix
14 juin 2019
Deux recueils de textes sur la musique et la peinture montrent la liberté d’écriture et d’inspiration de l’écrivain suisse.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La musique est pour moi ce qu'il y a de plus délicieux au monde. J'aime les beaux sons plus que je ne saurais dire. Pour en entendre un seul je suis prêt à courir mille pas de suite. Souvent, l'été, quand il fait si chaud dans les rues et que j'entends le son d'un piano venant d'une maison inconnue, je m'arrête pour écouter et je me dis que je vais mourir sur place. Je voudrais mourir en écoutant de la musique. Cela me paraît si facile, si naturel, et d'un autre côté, naturellement, c'est impossible.
(...)
La musique c'est comme un chagrin mélodieux, un souvenir fait de sons, un tableau pour l'oreille. Je m'exprime mal. Tous ces mots sur l'art que j'ai employés plus haut ne sont surtout pas à prendre au sérieux. Je n'ai pas bien su les trouver, pas plus qu'un beau son n'a su encore me trouver aujourd'hui. Quelque chose me manque quand je n'entends pas de musique, et quand j'en entends le manque est encore plus grand. Voilà ce que je peux dire de mieux sur la musique.
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Il était clair pour moi que si la mère avait autant d'affection pour son petit garçon c'est que par chacun de ses gestes, il la faisait rire de la façon la plus joyeuse, la plus heureuse. On aime tellement être de bonne humeur. On peut éventuellemnent risquer l'opinion suivante: les pères sont là pour corriger, surveiller les garçons, mais les mères plutôt pour se délecter de bon cœur, ouvertement ou en cachette, du miracle de ce petit bout de mâle en pleine croissance qu'elles désignent du nom, si simple en même temps que si étrange, de «fils». Un fils pour sa mère est un soleil. En eux-mêmes, les termes de Sohn, le fils, et de Sonne, le soleil, semblent vouloir le dire. La nature elle-même semble prévoir que les filles puissent compter sur une tendance à l'indulgence chez leur père, et les fils chez leur mère. Où y a-t-il davantage de bienveillance, de bonté, de patience, de reconnaissance, que dans la gaieté ? Puisque les filles, sans le faire exprềs, rendent leurs pères heureux, ce qui se passe d'autre preuve, les pères sont tolérants à leur égard, et puisque les fils, par leur personne et leurs propos, émeuvent les mères en vertu d'une joyeuse prémonition, les mères. de ce côté-là, sont particulièrement accommodantes.
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(Tout cela) ne m'empêche pas de demander si vraiment, en dépit de toute la beauté créée par des natures joyeuses comme l'était par exemple le Salzbourgeois, des événements de nature malheureuse, comme la Guerre mondiale, avaient, par la suite, encore pu être de l'ordre du possible. Nous autres Européens, ne disposons-nous pas de près de mille ans de création musicale, et là, j'empoigne au collet les moines de Saint-Gall, c'est une formulation un rien bizarre, pour leur crier: «Approchez un peu, vous qui jadis, dans la solitude du couvent et dans une sérénité immuable, avez tracé des notes sur le papier!» Dans nos régions éclairées, n'y aurait-il pas dû y avoir depuis lors, au fond, rien qu'une paix civilisée, qui aurait dispersé, comme une semence, une bénédiction générale ?
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Je joue du luth souvenir. C'est un instrument très simple qui donne toujours un seul et même son. Le son est tantột long, tantôt court, tantôt lent, tantôt preste. Il respire calmement ou bien bondit brusquement par-dessus lui- même. Il est triste et gai. Mais la chose étonnante, c'est que lorsqu'il devient mélancolique il me fait rire et que, quand il est gai et fait des bonds, je ne peux m'empêcher de pleurer. Y a-t-il jamais eu un son pareil ?
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Certains souvenirs nous sont chers, ils représentent pour nous quelque chose de raffiné, de presque précieux, et longtemps, ils restent dans la pénombre pour subitement, lorsqu'ils redeviennent présents, bondir en pleine lumière. Me souvenir d'une chose qui me semble importante est pour moi un événement, et des événements d'un genre aussi attendrissant, on peut en vivre à n'importe quel instant.
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Videos de Robert Walser (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Walser
Marion Graf présente le premier roman de Thilo Krause, "Presque étranger pourtant", qu'elle a traduit de l'allemand. Parution le 6 janvier 2022.
Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y retrouve ses souvenirs intacts, les meilleurs comme les pires. Les allées de pommiers. le ciel immense. Les falaises de grès. Et Vito, l'ami d'enfance qui fut, dans un système asphyxiant, son compagnon d'apesanteur. Mais avec lui ressurgit le spectre de l'accident originel. Bientôt, la présence aimante de sa femme et de sa petite fille ne suffit plus à chasser le vertige. Des néo-nazis rôdent, une sourde menace plane, diffuse mais persistante. La nature échappe, se déchaîne. Quelle force pourra lever la chape de silence et d'hostilité ? le suspense subtil de ce roman place le lecteur au plus près du narrateur.
Thilo Krause est né à Dresde, en ex-Allemagne de l'Est, en 1977. Il est l'auteur de trois recueils de poèmes, tous primés. Presque étranger pourtant est son premier roman, lauréat du prix Robert Walser. Thilo Krause a l'art de traduire physiquement les émotions avec une précision et des images à couper le souffle.
https://editionszoe.ch/livre/presque-etranger-pourtant
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