Comment carboniser en 460 pages une idée pas si mauvaise que ça, alors qu'il était possible d'en tirer un roman tout à fait consommable tout en limitant la ponction sur la filière papier.
Voilà comment je vois les choses.
Un soir, dégustant une crème glacée devant la télé, Adam Johnson prête une mole attention au programme qui semble captiver son fils. Apparemment le permafrost ne renfermerait pas seulement de jolis mammouths congelés mais aussi pas mal de saloperies microscopiques potentiellement dangereuses.
Et là son sang de romancier ne fait qu'un tour, en voilà une bonne idée pour mon prochain bouquin, en plus il faut que je change ma Porsche.
Vite dit mais pas si simple, même en Amérique!
Souvenez-vous, son sang n'a fait qu'un tour, il n'a déjà plus de jus, mais il pense à la Porsche et à deux ou trois autres trucs agréables qui nécessitent un paquet de dollars. Alors il monte au grenier chercher ses notes de l'Université d'État McNeese et relit quelques bestsellers de ses compatriotes les plus vendeurs.
Article premier du manuel du romancier américain : si ton sujet s'avère mince, que tu ne sais plus quoi en faire mais que tu as déjà dépensé l'avance de ton éditeur, il te reste le Couteau Suisse du roman américain pour noyer le poisson, l'histoire familiale avec drames originels à tiroirs.
Et c'est parti mon kiki, les deux premiers tiers du bouquin se résument (euphémisme ! 300 pages environ! quand même) à présenter les protagonistes et à poser par brides le cadre de la mise en scène finale.
C'est long, convenu, prévisible et truffé de cet humour si récurrent dans les séries TV US qu'il ne fait plus mouche. Seules quelques loufoqueries du "père" m'ont arraché un sourire.
Quant à l'idée fondatrice, elle est expédiée en une centaine de pages où le dantesque cède le plus souvent au ridicule pour déboucher sur un happy end mièvre au possible.
Ne me reste de ce livre qu'une interrogation, quelle est l'origine de cette fixation de l'auteur pour l'usage du fil dentaire qui revient sans cesse tout au long du roman?
Un pari avec son dentiste?
Pour être honnête avec lui je dois mettre à son crédit quelques saillies quant au sort réservé depuis Colomb à ceux que l'on appelle à présent "premiers habitants".
Pas du
Jim Harrison, cela mérite d'être mentionné mais ne sauve en aucun cas ce laborieux mélo.
Lecteur croulant sous ta PAL tu pourras allègrement passer ton chemin.