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EAN : 9782715238299
208 pages
Le Mercure de France (26/03/2015)
3/5   5 notes
Résumé :
Faire une photo m'a toujours arrachée à mes angoisses en me confrontant à quelque chose qui me dépasse. Je demande même si l'expérience de ce dépassement ne compte pas plus que l'image à mes yeux. Je ne suis jamais la même lorsque je range mon appareil, mon flash et mes objectifs avant de prendre congé.
L'impression que quelque chose d'irréversible a été accompli.

New York, une nuit d’été, la chaleur est étouffante. Dans sa salle de b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sandrine Roudeix, romancière- photographe nous fait partager par cette fiction sa passion et sa fascination pour la reporter-photographe, Diane Arbus ; elle utilise la première personne pour s'immerger dans la peau de cette artiste originale, qu'elle nous situe vers la fin de sa « jeune vie », puisque Diane Arbus est décédée à l' âge de 48 ans. Elle fait tenir le condensé de cette existence, parcours professionnel, artistique et individuel en une nuit, où Diane Arbus décide de réaliser son autoportrait, de la manière qu'elle désire la plus explicite et proche de ce qu'elle est ,intimement.

Nous nous retrouvons au plus près de cette photographe qui nous narre grâce au talent de Sandrine Roudeix, son parcours, son vécu, ses joies, chagrins, ses amours, sa sexualité, son éducation de riche, trop préservée, ses expériences extrêmes, ses exigences de photographe, etc.

Texte- coup de poing, au style percutant et chahuté…qui rend compte admirablement de la personnalité complexe de Diane Arbus.
Double découverte de cette romancière-photographe mais aussi de l'oeuvre de Diane Arbus (parfois fort dérangeante), que je ne connaissais que superficiellement.

Un plaisir de lecture, accentué par ma lointaine et durable passion pour la photographie…Une multitude de remarques très fines sur l'art et les contraintes obligées d'un photographe comme cette digression de la bonne « distance de déclenchement » face aux modèles choisis, que l'on veut « capter ». Distance très subjective selon le caractère, le talent, la sensibilité et la personnalité du, ou de la photographe.

Je me permets de retranscrire cet extrait qui révèle les propres questionnements de l'auteur face à son travail personnel de « photographe": :
« c'est toujours compliqué, au début, lorsqu'on devient photographe, de trouver sa distance de déclenchement. Un de mes copains du métier m'a raconté qu'on lui avait souvent reproché de ne pas être assez proche de ses modèles au début. Alors, pendant quelque temps, il s'est évertué à s'avancer. Mal à l'aise. Maladroit. Puisqu'on les lui demandait, il essayait de faire des photos de près. Mais ses images se défilaient, neutres et volatiles, sans laisser de traces. Et puis un jour, il a compris. Un jour, il a accepté ce qu'il était. Un observateur. Silencieux, réservé, timide. Il s'est décidé à assumer son besoin de recul. Même dans une conversation, il fait toujours un pas en arrière pour ne pas être obligé de renifler l'haleine de ses interlocuteurs. Et il a modifié sa focale en conséquence. Sa distance de déclenchement égale à sa distance de vie. Une évidence qui m'a aidée à trouver ma place dans le jeu. (p.135) »
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Je ne vais pas vous « assommer » de citations, ou du moins je vais me retenir !!!… car mon crayon à papier a souligné multitudes de passages épatants de vérité, sur « La photographie »

« L'obscurité a une présence physique palpable, l'épaisseur d'une chambre forte et secrète. Dans les images de Brassaï mais aussi dans celles d'autres photographes. Comme dans la vie, ce qui est important dans une photo, c'est ce qu'on ne voit pas.
Ce qu'on ressent.
Ce qu'on devine .
Ce qu'on cache précieusement. (p.138) »
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« J'ai passé ma vie à ça, à regarder les gens, les scruter, les détailler, les répertorier. Leur inventer des vies, des futurs, des passés. (…)
Tous, je les fouille de la tête aux pieds sans qu'ils s'en aperçoivent. Pour trouver la faille que je ferais saigner si je devais les photographier » (p. 137)

Un roman jubilatoire, à la forme originale… pour tous les accrocs de la littérature et de la Photographie… Une vraie surprise avec ce premier contact lié à cette auteure…dont je vais regarder de plus près le travail d'écriture et de photographie !!!
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Je découvre la précision et l'intensité du style de Sandrine Roudeix au travers de ce roman où elle imagine l'ultime nuit introspective de la photographe Diane Arbus. C'est un livre prenant et grave qui retrace ce qui a amené cette artiste hors du commun à mettre fin à sa vie. Diane a le projet de faire un dernier autoportrait qui impressionnerait sur papier argentique son authentique personnalité mais elle ressasse son passé dans un soliloque sans issue et s'enferme petit à petit dans sa souffrance. Les retours en arrière dévoilent les blessures intimes qui ont alimenté son mal être. le parti pris de Sandrine Roudeix est de faire apparaître une deuxième voix dans la psyché de Diane. C'est une voix mythique et ésotérique qui exprime la détresse profonde de Diane, sa faille incoercible.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Faire une photo m'a toujours arrachée à mes angoisses en me confrontant à quelque chose qui me dépasse. Je demande même si l'expérience de ce dépassement ne compte pas plus que l'image à mes yeux. Je ne suis jamais la même lorsque je range mon appareil, mon flash et mes objectifs avant de prendre congé.
L'impression que quelque chose d'irréversible a été accompli.
Une fois qu'ils parlent et que je déclenche, les fossés qui nous séparent, eux et moi, l'âge, la race, le pays, le sexe, les aspirations, la folie, tous ces fossés pleins de poussière et de déchets se comblent. Et nos mystères se mélangent. Nos mystères se nouent. Nos mystères se répondent.
Et je m'oublie enfin. (p.22)
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Parce ce que ce n'est pas le fait d'appuyer ou non qui fait le photographe. Ce ne sont pas ses doigts mais ses yeux.
Le regard unique qu'on pose sur le monde et les visages.
Appuyer, c'est de la technique. (...) Mais être photographe, c'est regarder à travers son âme et celle de son modèle comme à travers un microscope. Cela déforme forcément ce qu'on voit, mais c'est cette transformation qu'on donne à montrer. C'est cet acte qui est création. ( p.46)
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Parce que tu sais, photographier est un bon moyen de lutter contre la mort. Il y a toujours une dernière et juste et sensible et singulière et forte et incroyable et extraordinaire image à prendre. Un réflexe pour les rebelles du point final. Vive les points de suspension. Dans la photo, j'entends. Pas dans la vie. (p.166)
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Cet appareil auquel je m'accroche.
Parce que seul mon Leica me définit aujourd'hui. (...) Seul mon Leica me fait encore tenir sur mes deux jambes quand les murs et les fenêtres vacillent autour de moi. (...)
J'ai besoin de cet appareil pour me sentir en accord avec les autres. Pour être naturelle et leur parler. Pour ne pas me replier toute chiffonnée emmurée crevée à l'intérieur. (p.70)
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Photographier une personne au bon moment au bon endroit relève de l'instinct, mais aussi et surtout du talent. Le mien est de savoir découper au scalpel les yeux et le coeur du modèle pour être au plus près de ce qu'il est. Pour trouver le meilleur angle de vue du visage. Ses pleins et ses creux, ses manques et ses excès, ses éclats de lumière et ses zones d'ombre. Et révéler le mensonge des apparences. (p.18-19)
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Vidéo de Sandrine Roudeix
Comment faire famille, comment tisser des liens solides avec sa lignée et s'enraciner dans celle-ci ? C'est avec un texte marqué par la quête des origines, La mer Noire dans les Grands Lacs (Julliard) que la primo-romancière Annie Lulu s'empare du sujet. Sandrine Roudeix, photographe et romancière qui, avec Ce qu'il faut d'air pour voler (Le Passage), livre son quatrième roman, explore les relations souvent difficiles entre une mère et son fils, et peint la fusion et la défusion maternelle. Deux textes qui sont aussi deux portraits de femmes, deux tentatives de cerner la maternité.
Une rencontre proposée dans le cadre de la Foire du Livre de Bruxelles 2021.
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