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EAN : 9782332736987
Edilivre-Aparis (11/03/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Nunzia Benedetti explore ici les méandres d’une pathologie psychiatrique qui glisse. Dolorès décrit son errance sanglante ponctuée de meurtres orgiaques, de revendications délirantes et de souvenirs d’enfance vagues, mais obsessionnels. Elle évoque la bipolarité de sa mère, oscillant entre un engluement pathétique et fatal de l’humeur et une quérulence odieuse et destructive de l’affect. Elle décrit l’influence néfaste de ces dévastations circulaires qui jalonnent s... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J’ai appris les crachins, les orages, les tempêtes… J’ai appris, non sans mal, à plier l’échine pour ne pas me briser, je me suis brisée quand même, maintes fois, avec la même naïveté stupide et étonnée. Mais je n’ai pas appris à me frotter contre mes semblables pour avoir moins froid ni à partager la sève terrible qui me soulève… Je n’ai pas pu parce qu’elle était là ! C’était mon Éden ou le sien ! Non ! Je n’avais pas le choix ! Il fallait que je répare tout ! Cette abominable erreur de distribution ! Elle avait tout ! Et surtout, perpétuellement, l’affiche d’un profond mépris à mon égard. Alors, ce sentiment immonde de désir empreint d’une irritation sourde et de haine solide, cette impression terrible, cette envie, cette jalousie lancinante, cette convoitise aveugle, s’est muée, lentement, mais farouchement, en un crabe abominable, un monstre en mon sein, bercé par la musique rythmée de mon mécontentement.
Cette frustration amère a grandi, sans faillir, elle s’est nourrie avec douleur de chaque rebuffade, digérant avec peine les lames et les bris de verre, les petites méchancetés et les grandes lâchetés ; forgeant un ressentiment acéré, au fil du temps, aux chocs des mots, au gel de mes larmes… Elle n’aurait pas dû me provoquer ! Pourtant, elle avait peur de moi, elle savait ! Après tout, c’était son œuvre ! J’étais venue sereine… Non ! Elle n’aurait pas dû ! Ce fut si bon ! Libérer la pression, ouvrir le flot à l’air libre, avec un tel rasoir, une telle détermination, je savais qu’elle plierait vite. Je ne m’attendais pas à cette pluie lourde, ce jet carmin, d’un seul coup, sur moi ! L’odeur métallique du sang m’excitait, exacerbait mon aveuglement froid. La gorge béante me souriait, ses yeux habituellement hautains se figeaient d’effroi, son sourire méprisant s’effaçait dans un rictus inoubliable… Ce fut une révélation ! Elle a souffert longtemps… sept à huit heures… un long râle délicieux à tous mes sens… une agonie formidable… une doucereuse souffrance… Je l’ai longtemps regardée… allongée dans une flaque rouge et sombre…
C’était bien !… J’ai pris le temps de tout lui dire, calmement, posément. Tranquillement, sans émotion, j’ai énuméré chacune des blessures, chacune des entailles qu’elle avait imprimées sur ma chair d’enfant… Je me suis sentie plus légère dès lors !
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Je suis un monstre. Mes apparences sont autant de leurres et mes pulsions illicites me guident. Je suis colère, je suis violence et émotion. Je fais gicler la terreur en sursauts suraigus ! Trancher net la voix à l’intérieur de la gorge éperdue. J’aime ça ! Je les monte, d’un sourire aiguisé… Entre mes lèvres sang, d’un pli vertigineux, glissent en eux mes dents solides aux apparences sages…
6
Ils suivent, pour la plupart, le mouvement houleux de mes hanches le long d’un quelconque escalier… Ils glissent leurs pantalons sur leurs chaussures et se raidissent quand en lieu et place de ma bouche ils sentent ma lame… Leurs vies s’écoulent sur le sol, en simples jets… Chaude et humide encore de leurs peurs, je redescends sur terre. Ils me croient jeune, mais j’ai quelques siècles et quelques excisions de trop !
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Nous sommes tous des hyménoptères* éparpillées sur le macadam , zigzaguant entre nos gîtes fongoïdes* , quasi abouliques* ,
prêtes à entamer la litanie du premier psalmiste* qui passe , si tant est qu'il soit meilleur orateur que les autres et qu'il verse des psycholeptiques surtaxés sur nos plaies purulentes !
Et les punaises de sacristies , Tartufes et autre calotins , se gavent à nous dicter notre conduite , en dissimulant leurs perversités sous jacentes derrière des robes rouges ou de longues barbes ...
Nous nichons dociles et malléables , dans des logis-cages , parqués par centaines , agglutinés sur la colline , comme une nuée de petits morpions affamés sur un cul merdeux .
Notre société psychorigide nous crée avides et impersonnels , alors qu'elle nous veut maniables et aphones .
Quelle farce cynique que cette existence de pantin désarticulé !
Nous sommes des grains de sable sans importance ...
Peu d'entre nous sont indispensables ...
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Et le temps danse, des motions saccadées et débitées en une logorrhée décousue mais calculée.
Et comment devinerez-vous mes cas pas cités ?
Même si, en dur rance ou en père sévère vous examinez les mots râles que je n’ai pas et constatez les ires responsables de ma déchéance.
Je n’ai pas confiance ! Jamais !
Des réponses ?
J’en possède, mais je ne me pose pas de questions.
Je ne culpabilise pas.
Qu’est-ce qui à nos mâles lie parfois mes pulsions sanguinaires ?
Vous cherchez la faille ?
Les symptômes d’une altération quelconque… Délires sémantiques ?
L’anamnèse a déjà commencé ?…
Vous êtes un pro-blême et les motions que vous suscitez font autorité.
Vous m’interrogez dans un ordre précis et immuable.
À l’aube, tenir le siège de l’entrevue et choisir l’approche… entre empathie, fermeté et neutralité.
Alors, dites-moi, qui suis-je aujourd’hui ?
Quel est mon état si vil ?
Non… je n’ai jamais confiance…
Je chante !
Même si, dans les chants, je mens…
Mes mensonges récurrents sont des habitudes ancrées dans mon ventre…
Et vainement, vous cherchez à sonder mon esprit hanté et rieur !
Alors, qui suis-je aujourd’hui ?
Quels sont mes troubles, outre les trous bleus de mon sommeil, ceux qui s’ouvrent sur le néant…
Vous voyez mon âme énurétique et glanez les quelques gouttes avidement !
Comment me souvenir ?…
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Les sentiments sont d'abominables simagrées inutiles et pitoyables ...
Je ne comprends pas cette mielleuse affection qui peut cimenter deux êtres dans un carcan étroit et mensonger ...
Les Humains se jurent une fidélité qu'ils savent génétiquement impossible , et , un amour infini dans un monde périssable !..
Le sablier s’égrène sur leurs simulations sournoises ...
Je me mire , tel Narcisse , avide de sombrer dans mes propres yeux ...
L'autre n'est pas !
Et ma cupidité affective est ma force et ma faiblesse qui forge le fer avec lequel je fends fantômes et facéties...
Les évangiles vous ont caché Lilith , et , je choisis comme elle de ne pas dépendre des sentiments et du statut avilissant de mes semblables femelles .
Comme Lilith , je suis un monstre !
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