Je suis d'autant plus sensible aux analyses de
Gilbert Dalgalian que je suis handicapé linguistique, malgré ou à cause de l'étude de l'anglais puis de l'espagnol au lycée, je ne sais m'exprimer qu'en français. Il s'agit bien d'un handicap socialement construit, limitant les possibles relations avec autrui.
Pour rappel, j'avais dans ma lecture de l'ouvrage du GRDS (voir en fin de note) indiqué « Je m'interroge sur le non-traitement de l'apprentissage des langues dites étrangères dans l'école commune et, ce, dès l'école enfantine ».
Ce livre est à la fois un ouvrage d'analyse et de témoignage, « le linguiste fut un enfant bilingue, issu d'une famille plurilingue à la croisée de plusieurs cultures,et confronté au cours d'une vie à huit situations d'apprentissage – pas forcément toutes couronnées de succès – de langues parmi les plus diverses », un plaidoyer aussi contre des « dérives ethnocentristes et ethnocides »…
Dans sa préface,
Harald Weinrich parle, entre autres, de la découverte par l'enfant du monde réel doublé du monde de signes, du bilinguisme comme autre façon de voir le monde, de construction d'un langage à deux volets, d'acquisition de visions plus riches…
Gilbert Dalgalian mêle souvenirs et analyses différenciées en fonction des publics (par choix typographiques). Je n'aborde que certains points de la première partie.
L'auteur souligne les possibles offerts par le bilinguisme précoce, les liens entre oral et écrit, les communications en plusieurs langues, le rôle de l'environnement linguistique, les transferts de compétence à toute nouvelle langue. Il parle de l'âge du langage, de l'essentiel masqué par la langue dite maternelle : « la mise en place de la fonction symbolique à des fins de communication sociale, autrement dit l'aptitude à utiliser des signes sonores pour produire et transmettre du sens à son entourage », de la « tranférabilité inégalée des apprentissages fondateurs et formateurs, parce que précoce »…
J'ai notamment été intéressé par les passages sur l'oral, les pertes perceptives, la malentendance sélective, l'enseignement des différentes matières en langues vivantes, le corps, les utilisations transdisciplinaires de la langue…
Gilbert Dalgalian parle aussi de compétences textuelles, (lire le passage plein d'humour sur lire en « catholique »), de la place du récit, du conte, du besoin d'écrit… « On n'apprend à lire qu'une fois ».
Pour l'auteur, apprendre à lire est avant tout une curiosité née d'une compétence. Il montre l'importance de l'environnement social, dont les relations affectives, la puissance des représentations… Il insiste sur les utilisations transdiciplinaires des langues, les pédagogies de l'échange, la place des médias (par exemple : Télévallécole) et propose des pistes sur d'autres évaluations…
Des réflexions sur la langue, mais aussi sur les politiques linguistiques, la démocratisation des savoirs, les échanges, le respecter « reconnaître, accepter, conforter, valoriser », sur l'intégration sans nivellement, sur l'« iceberg des particularismes »ou la survalorisation des différences. Sans oublier les universaux (logico-sémantiques et lexicaux, grammaticaux, acoutiques-articulatoires), l'unicité de l'espèce humaine, le refus de « l'éducation à l'identique »…
« L'ouverture à l'Autre n'est qu'un aspect particulier d'une éducation ouverte »
Sommaire
Préface de
Harald Weinrich
Première partie : Et d'abord, est-ce vraiment possible ?
Don des langues ou acquisition précoce ?
Quel est le bénéfice des compétences précoces ?
Enseigner les différentes matières en langues vivantes
Comment s'acquiert la compétence textuelle ?
L'importance de l'environnement
Deuxième partie : Est-ce nécessaire ? est-ce suffisant ?
Politiques linguistiques et enjeux de société
Choix éducatifs et choix de civilisation
Lien :
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