"Je vis un ange auprès de moi, à gauche, en forme corporelle, ce qui n'est donné qu'exceptionnellement. Il n'était pas grand mais petit et très beau. A son visage enflammé il paraissait être des plus élevé parmi ceux qui semblent tout embraser d'amour .
Il tenait en ses mains un long dard en or dont l'extrémité en fer portait je crois un peu de feu.
Il semblait qu'il le plongeait plusieurs fois dans mon coeur et l'enfonçait jusqu'aux entrailles. En le retirant, on aurait dit que ce fer les emportait avec lui et me laissait toute entière enflammée d'un immense amour de Dieu...
La douleur était si vive que je gémissais et si excessive la suavité de cette douleur qu'on ne peut désirer qu'elle cesse.
Douleur spirituelle et non corporelle, bien que le corps ne manque pas d'y avoir sa part, et même beaucoup".
Extrait de "La vie de Sainte-Thérèse racontée par elle"-même,
c'est l'un des points de départ de ce magnifique livre de méditation sur la mystique féminine et cet étonnant mélange de tension divine et de sensualité.
Chacun peut imaginer sur cette scène le groupe sculpté par le Bernin à Rome dans l'église Santa Maria de la Vittoria.
Jacques Lacan a également consacré des pages inoubliables à ce groupe sculpté.
Qui veut comprendre les enjeux de l'esthétique baroque née au coeur du XVIème siècle dans le mouvement de la Contre Réforme décidé par le concile de Trente doit aller faire un tour à Rome, voir de près l'épanouissement de cet art dans la Rome papale du XVIIème siècle, les grands groupes sculptés du Bernin, la Sainte Thérèze, la Ludovica Albertone à Trastevere, ou la Vérità à la Villa Borghese, les grands fontaines (Piazza Navona, Piazza di Spagna) ou
encore l'architecture concave dont l'un des maitres fut Borromini , comme à San Ivo alla Sapienza, qui embrasse littéralement le spectateur.
C'est une splendeur.
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