Coeur fraternel, je viens vers toi.
Pareil au matin humide, joyeusement,
Comme le calice des fleurs tendres,
Ouvre-toi.
Tu reçois un ciel,
Le nuage doré de l'enchantement ruisselle
En bas
En sons habiles, en sons rapides.
Ami,
Je ne me connais pas,
Je ne connais jamais l'homme,
Et maintenant fait honte à l'esprit
Toute pensée.
Quand l’homme vit de lui-même et qu’apparaît son reste,
C’est alors comme un jour qui diffère des autres jours,
Que distingué, l’homme se penche vers ce qui demeure,
Séparé de la nature et envié de personne.
Comme un solitaire, il se meut dans l’autre vaste vie
Où verdit le printemps alentour, où s’attarde l’été aimable,
Jusqu’à ce que l’année se hâte vers l’automne,
Et sans fin les nuages flottent autour de nous.
Chaque homme pourtant a sa joie, et qui peut la dédaigner tout à fait ? La mienneest à présent le beau temps, le clair soleil et la terre verte...Si je deviens un jour un enfant à cheveux gris, il faudra que le printemps et le matin et la lumère du soir me rajeunissent encore un peu chaque jour, jusqu'à ce que je sente la fin, que j'aille m'asseoir à l'air libre et de là m'en aille - à l' éternelle jeunesse !
Wenn aus sich lebt der Mensch und wenn sein Rest sich zeiget
So ists, als wenn ein Tag sich Tagen unterscheidet,
Dass ausgezeichnet sich derMensch zum Reste neiget,
Von der Nátur getrennt und unbeneidet.
Als wie allein ist er im andern weiten Leben,
Wo rings der Frûhling grunt, des Sommer freundlich weilet,
Bis dass das Jahr im Herbst hinunter eilet,
Und immerdar die Wolken uns umschweben.
MOITIÉ DE LA VIE
Chargée de poires d’or et
Roses sauvages, la terre
Tombe dans le lac,
Ô cygnes gracieux,
Qui, ivres de baisers,
Plongez la tête
En cette eau salutaire et sobre.
Hélas ! Où prendrai-je, au
Temps de l’hiver, les fleurs ? et où du
Soleil l’éclat ?
Où l’ombre de la terre ?
Les murs se dressent,
Muets et froids, dans le vent
Claquent les drapeaux.
Avec Tiphaine Samoyault, Michel Deguy, Guillaume Métayer, Claude Mouchard, Martin Rueff & Luc Champagneur
Depuis 1977, la revue Po&sie ne cesse de traduire et de réfléchir sur la traduction « impossible-possible » de la poésie. Elle a saisi l'occasion de la publication des livres de Tiphaine Samoyault (Traduction et violence, le Seuil, 2020) et de Guillaume Métayer (A comme Babel, traduction, poétique, éd. la rumeur libre, 2020) pour revenir sur les tâches des traductrices et des traducteurs. Elle a donc consacré trois numéros à cette grande affaire : Traduire/Celan et Et, en traduisant, traduire. Des textes théoriques (Antoine Berman, Michel Deguy, Marc de Launay, Robert Kahn, Jean-Pierre Lefebvre, Jean-Luc Nancy) ; un dialogue avec Tiphaine Samoyault, mais aussi un grand nombre de traductions inédites (un immense dossier turc, mais aussi Lermontov) ou de retraductions (Arioste, Eliot, Goethe, Milton entre autres) composent ce bouquet dense.
À lire – Les trois derniers numéros de la revue Po&sie aux éditions Belin : Traduire/Celan (2020, n°4) et Et en traduisant, traduire (2021, n°1 et 2).
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