Madeleine Monette écrit depuis une quarantaine d'années. Elle vit un exil volontaire à New-York depuis autant d'années. Elle est une écrivaine grandement médaillée.
Je n'ai jamais lu les romans de
Madeleine Monette. J'avais coché ce livre dans une liste de la masse critique de Babelio par curiosité. Je me disais que ce serait peut-être un bon moyen de connaître son écriture avant de lire ses romans. Et disons-le, j'étais curieuse d'en apprendre un peu plus sur le métier d'écrivain.
Car, comme elle le dit elle-même dans l'avant-propos ce sont « des essais-témoignages et des entretiens » sur son écriture.
Elle écrit en français mais elle vit en anglais.
« Je suis seule dans ma tête. Seule à sourire et à me comprendre. Seule dans ma langue. » (p. 107)
La lecture des premiers chapitres m'a demandé beaucoup d'attention. le style manque de fluidité, les phrases sont farcies de virgules. On dirait qu'elle essaie de se justifier, de démontrer pourquoi elle écrit en français plutôt qu'en anglais. « Une position de francophone qui, à sa manière refuse de choisir. » (p. 48)
« Touriste à demeure, j'ose espérer que mes romans contribuent à leur modeste façon à révéler le visage québécois de l'Amérique, mais aussi à déconstruire et à reconstruire nos valeurs notre identité même. Comme le font par essence l'art et l'écriture. » (p. 49)
On dirait qu'elle craint de perdre sa langue maternelle. Alors elle cisèle et cisèle.
« …plus j'avance, plus j'éprouve (?) que l'écriture est en soi un but et plus je reconnais que le désir de travailler mon matériau, comme la pierre pour la sculpture ou le corps pour la danse, est à l'origine de mes textes. » (p. 103)
Mon chapitre préféré est celui où elle parle de New-York. La fragilité de sa démesure (2003). (p. 61) Son écriture a changé. Des phrases plus courtes, des phrases trépidantes comme cette ville. « New-York vous entre dans les veines. » « Une ville qui vous défie de l'écrire. » Mais aussi : « Une nouvelle patrie qui ne demande pas de patriotes, où les communautés coexistent pour le meilleur et pour le pire. » (p.62) À réfléchir.
Après avoir lu ce livre, je dirais que les Québécois sont des Français d'Amérique sans renier leurs origines. le tout se reflète de plus en plus dans l'écriture. le fait de vivre dans un milieu anglophone et dans un autre pays exaspère la difficulté tout en stimulant l'écriture.