Dépaysant, naïf - mais un peu trop enfantin et fils-à-maman pour mon goût. ..
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« D’où suis-je venu ? Où m’as-tu trouvé ? » demande Bébé à sa mère.
Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond :
« Tu étais caché dans mon cœur, mon chéri, tu étais son désir.
« Tu étais dans les poupées de mon enfance et quand, chaque matin, je modelais dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.
« Tu étais sur l’autel avec la divinité de notre foyer ; en l’adorant, je t’adorais.
« Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, dans la vie de ma mère, tu as vécu.
« L’Esprit immortel qui préside à notre foyer t’a choyé dans son sein de tout temps.
« Dans l’adolescence, quand mon cœur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais, comme un parfum flottant.
« Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.
« Toi, le chéri du ciel, toi dont la sœur jumelle fut la lumière du premier matin, tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon cœur.
« Tandis que je contemple ton visage, la vague du mystère me submerge : toi qui appartiens à tous, tu m’as été donné !
« De crainte que tu ne m’échappes, je te tiens serré sur mon cœur. Quelle magie a donc livré le trésor du monde à mes bras frêles ? »
Le sommeil qui se pose sur les yeux de Bébé, quelqu’un sait-il d’où il vient ? Oui, le bruit court que dans la forêt ombreuse il habite un village de fées, éclairé par les vers luisants. Là, deux boutons de pavot enchanté s’ouvrent comme en émoi : c’est de là que le sommeil part pour venir baiser les yeux de Bébé.
Le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé, quand il sommeille, quelqu’un sait-il où il est né ?
Oui, le bruit court qu’un rayon jeune et pâle du croissant de la lune effleura le bord d’une nuée d’automne prête à disparaître et là, dans le rêve d’un matin trempé de rosée, naquit le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé quand il sommeille.
La fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit sur les membres de Bébé, quelqu’un sait-il où elle a été cachée si longtemps ?
Oui, quand sa mère était jeune, la fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit aujourd’hui sur les membres de Bébé emplissait son cœur virginal : tendre et silencieux mystère d’amour !
La source
Le sommeil qui se pose sur les yeux de Bébé, quelqu'un sait-il d'où il vient ?
Oui, le bruit court que dans la forêt ombreuse il habite un village de fées, éclairé par les vers luisants. Là, deux boutons de pavot enchanté s'ouvrent comme en émoi : c'est de là que le sommeil part pour venir baiser les yeux de Bébé.
Le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé, quand il sommeille, quelqu'un sait-il où il est né ?
Oui, le bruit court qu'un rayon jeune et pâle du croissant de la lune effleura le bord d'une nuée d'automne prête à disparaître et là, dans le rêve d'un matin trempé de rosée, naquit le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé quand il sommeille.
La fraîcheur douce et veloutée qui s'épanouit sur les membres de Bébé, quelqu'un sait-il où elle a été cachée si longtemps ?
Oui, quand sa mère était jeune, la fraîcheur douce et veloutée qui s'épanouit aujourd'hui sur les membres de Bébé emplissait son cœur virginal : tendre et silencieux mystère d'amour !
Le héros
Maman, imaginons que nous sommes en voyage, et
que nous traversons une contrée étrange et pleine de périls.
Tu vas en palanquin, et moi je trotte à côté sur un cheval
roux.
C’est le soir, le soleil disparaît. Le désert de Joradighi
s’étend, blême et gris devant nous. Le pays est désolé,
stérile.
Tu as peur, tu te demandes où nous sommes arrivés.
Je te dis : « Ne crains rien, Maman ».
Dans la prairie où les chardons piquent, un sentier étroit
s’interrompt par endroits.
Dans le vaste pré on ne voit pas de bétail, les bêtes
sont retournées à l’étable, dans leurs villages.
L’obscurité augmente, et nous ne savons plus où nous
allons.
Soudain tu m’appelles, et tu murmures : « Quelle est cette
lumière près de la rive ? »
Juste à ce moment éclate un effroyable hurlement, et
des ombres se précipitent vers nous en courant.
Tu te blottis dans ton palanquin et tu pries les dieux.
Les porteurs, tremblants de peur, se cachent dans les
broussailles.
Je te crie : « N’aie pas peur, Maman, je suis là ».
Viens prendre la place qui t’attend dans l’infini des choses, mon enfant. À l’aurore, ouvre ton cœur et élève-le comme une fleur qui s’épanouit; au coucher du soleil, incline la tête et, dans le silence, achève le jour.
Ah! qui donc à teint ta petite robe, mon enfant?
Qui donc à recouvert tes doux membres de cette tunique rouge?
Au matin, tu es sorti dans la cour pour jouer et courir, trébuchant et tombant tour à tour.
Mais qui donc à teint ta petite robe, mon enfant?
Lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman et concert autour des oeuvres de Théodore de Banville, Gérard de Nerval, Paul Eluard et Rabindranath Tagore.
« C'est l'angoisse de la séparation qui s'épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. C'est ce chagrin de la séparation qui contemple en silence toute la nuit d'étoile en étoile et qui éveille une lyre parmi les chuchotantes feuilles dans la pluvieuse obscurité de juillet. C'est cette envahissante peine qui s'épaissit en amours et désirs, en souffrances et en joies dans les demeures humaines, et c'est toujours elle qui fond et ruisselle en chansons. »
L'Offrande lyrique, Rabindranath Tagore, traduit par André Gide.
Ces émotions douces et amères qui nous secouent ne sont-elles pas universelles ? Ne sont-elles pas l'essence même de notre existence ? Deleyaman, groupe franco-américain dans la veine céleste de Dead Can Dance, aborde ces questions vibrantes, parle d'art, d'amour, de beauté et de contemplation comme des réponses à nos contraintes existentielles.C'est une amicale collaboration artistique entre le groupe et Fanny Ardant qui a donné naissance à cette création. Au travers d'un texte lu, elle dialogue avec le groupe sur une musique créée par Deleyaman. Avec le son du doudouk, le groupe d'Aret Madilian interprétera les titres français de sa discographie
Fanny Ardant : voix
Béatrice Valantin : voix, clavier
Aret Madilian : piano, clavier, guitare, percussion
Guillaume Leprevost : basse, guitare
Artyom Minasyan : doudouk, plul, pku
Madalina Obreja : violon
Gérard Madilian : doudouk
Création en partenariat avec le Trianon Transatlantique de Sotteville lès Rouen – Scène conventionnée d'intérêt national art et création chanson francophone.
À écouter – Deleyaman, « Sentinel », 2020.
Plus d'informations sur www.deleyaman.com
À écouter : https://deleyaman.bandcamp.com/album/sentinel
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