Fermez les yeux. Vous êtes en Écosse, en 1307, début Décembre. La neige recouvre le paysage de sa chape glacée et... et il ne fait pas bon être dans le coin parce que les écossais sont bien décidés à récupérer leurs terres accaparées par les anglais, quitte à ne laisser que cendres fumantes derrière eux. Bref, s'il fait froid, le contexte politique est chaud bouillant. C'est la guerre. Les troupes de
Robert Bruce avancent sans que rien ne semble pouvoir les stopper et les bastions anglais tombent comme des dominos. Autant dire qu'à Brodie, minuscule château pris en sandwich entre les points stratégiques que sont Nairn et Elgin, on se chie un peu dessus tout en espérant passer inaperçus.
Brodie, c'est la demeure d'Alana, fille illégitime de feu la maîtresse des lieux et du frère du comte de Buchan. Autant dire qu'il ne vaut mieux pas que l'ennemi mette la main sur elle... Problème, la jeune femme, poussée par son instinct et une vision troublante, ne trouve rien de mieux à faire que de sauver... Iain d'Islay, l'homme de confiance de
Robert Bruce. Vous vous en doutez, l'attirance est immédiate entre ces deux-là. Mais ici, point d'ambiance guimauve : une inconnue qui se jette dans la bataille sans vraiment s'expliquer ensuite, c'est suspect et Iain ne se départira pas de sa méfiance tout au long des 343 pages du roman. D'autant qu'Alana, tiraillée entre sa famille d'une part et l'homme qu'elle aime de l'autre, a souvent tendance à refuser de prendre parti, voire, plus grave, jouer sur les deux tableaux sans vraiment faire exprès.
La rose et le Highlander, c'est donc une romance crédible. On sent que Iain aimerait bien faire confiance à Alana, mais il ne peut tout simplement pas, et à raison, Alana ne pouvant se faire confiance à elle-même. Loin d'être une intrigante, la jeune fille, simplement prise entre le marteau et l'enclume, est légitimement paumée. D'un bout à l'autre, elle s'efforce donc de faire les bons choix, penchant tantôt vers un camp, tantôt vers l'autre, sans jamais donner l'impression d'être une girouette. Son but est simplement de limiter la casse et sauver tout le monde, à commencer par Brodie, sa maison, le château qui aurait dû lui appartenir. Mais elle se rendra vite compte que dans une guerre, tôt ou tard, impossible de rester complètement neutre.
Vous l'aurez compris, le lien entre Alana et Iain ne sera pas le seul à être approfondi au cours du roman. On découvre d'abord sa grand-mère, qui l'a élevée ; Godfrey, le maître de Brodie, avec qui ses relations sont naturellement tendues ; mais aussi le retour dans sa vie d'un père qui ne s'était jusque-là jamais souciée d'elle, des demi-soeurs qu'elle ne connaît pas... Bref, la vie d'Alana est compliquée et la jeune femme mûrit énormément durant le fil du récit, tout en restant malgré tout elle-même. L'histoire est véritablement centré sur elle et son parcours et, si le développement de sa relation avec Iain (que l'on ne voit finalement pas tant que ça) constitue une part non négligeable de l'intrigue, c'est bel et bien la place qu'elle choisira d'occuper dans la guerre qui constitue le fil rouge de l'histoire. On s'attache facilement à elle et à certains des personnages secondaires, le récit s'avère toujours parfaitement équilibré et l'on ne s'ennuie jamais.
La rose et le Highlander est donc un excellent roman, où l'histoire d'amour s'intègre parfaitement à son contexte historique qui, loin de n'être qu'un décor, fait bel et bien partie de l'intrigue.
En revanche, les amateurs d'historique pur n'y trouveront sans doute pas leur compte, justement parce que les deux aspects du récit sont totalement indissociables. C'est une *romance*, après tout ! ^^