J'ai lu plusieurs des romans de cet auteur avec un intérêt soutenu et je m'attaque maintenant à ce petit recueil de 3 nouvelles. On y retrouve la même ambiance dense et mystérieuse, la même étrangeté et la même profondeur de propos que dans les romans de l'auteur, et ce à l'intérieur du nombre de pages réduit du format de la nouvelle. Dans ''Le cardinal Napellus'', des plaisanciers sont témoin du terrible dénouement de l'histoire d'un homme hanté par son passé, après une escalade de coïncidences et de synchronicités. Dans ''Les sangsues du temps'', un jeune homme se fait divulger le secret de la longévité. Il y a ensuite ''Les quatre frères de la lune'' où un petit côté comique peu familier de la part de l'auteur s'ajoute à la bizarrerie habituelle, et le résultat est sensationnel. Un domestique a la malchance d'avoir un maître des plus excentriques. Le dialogue des deux illuminés dont il est témoin est tout à fait jubilatoire et vers la fin, le thème de la guerre (Gustav Meyrink est un contemporain de la 1ère guerre mondiale) est abordé dans une brillante et surprenante allégorie.
C'est donc un excellent recueil, ce qui n'est pas étonnant puisque le choix des nouvelles est de Jorge Luis Borges !
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"Faire quelque chose, n'importe quoi : la vie, la vie atroce a desséché nos âmes, nous a volé notre moi le plus intime, ce qui en nous est le plus profondément nous-mêmes. Afin de ne pas hurler sans cesse notre douleur nous poursuivons des marottes puériles, pour oublier ce que nous avons perdu. Seulement pour oublier. Soyons sincères envers nous-mêmes !"
Personne ne lui répondit.
- Mais il s'y cache encore un autre sens. Soudain il fut saisi d'une nervosité extrême.
"Je veux dire que nos marottes ont un sens caché. Peu à peu j'ai compris : un instinct très subtil me dit que tout ce que nous accomplissons renferme un double-sens magique. Nous sommes incapables d'accomplir un acte dépourvu de signification magique. Je sais parfaitement pour quelle raison j'ai fait ces travaux de sondage durant la moitié de ma vie."
Pendant l'Âge d'Or, quand les hommes manquaient encore de lumières, ils croyaient uniquement à ce qu'ils pouvaient concevoir. Petit à petit vint le temps où ils ne crurent qu'à ce qu'ils pouvaient manger. Maintenant ils ont atteint le sommet de la perfection : ils ne tiennent pour réel que ce qu'ils peuvent vendre.
Pas surprenant que l'homme voit dans la machine son véritable rejeton et héritier, et dans sa progéniture par le sang un simple avorton ! [...] Parce que le quatrième commandement dit : Honore tes père et mère, etc., il leur paraît aller de soi que les machines qu'ils mettent au monde et qu'ils lubrifient avec l'huile la plus raffinée, alors qu'ils se contentent eux-mêmes de margarine, leur rendront au centuple ce qu'ils ont fait pour elles et les gratifieront de joies de toutes sortes. Ils n'oublient qu'une seule chose : les machines elles aussi peuvent devenir des enfants ingrats.
Est-ce que nous n'assistons pas à une résurrection des fantômes ? Tout ce qui gît depuis longtemps dans les cavités terrestres transformé en pétrole ─ la chair et le sang des dragons antédiluviens ─ se réveille et veut revenir à la vie. Après combustion et distillation dans des chaudières ventrues, cela devient essence qui coule dans les ventricules de ces nouveaux monstres des airs et nourrit leur halètement.
Sautons maintenant nombre d'années. Elles s'écoulèrent dans la monotonie ; je les revois toutes dédorés et poudreuses comme les passages d'un vieux livre plein d'évènements confus et tarabiscotés, qu'on a lus on ne sait quand, pendant un accès de fièvre, et qu'on a à peine compris.
Gustav Meyrink : Le Golem (France Culture / Samedi noir). Diffusion sur France Culture le 29 octobre 2016. Dans le ghetto de Prague, le parcours d’un homme amnésique se mêle aux apparitions du Golem qui sème la terreur tous les 33 ans. Traduction et adaptation : Davis Zane Mairowitz. Réalisation : Michel Sidoroff. Conseillère littéraire : Caroline Ouazana. “Le Golem” (en allemand “Der Golem”) est le premier et le plus célèbre roman de l'écrivain autrichien Gustav Meyrink, publié en 1915. Il s'agit d'un roman fantastique fortement marqué par l'influence de la Kabbale, dont l'intrigue se déroule dans le quartier juif de Prague. Le roman suit les traces d'Athanasius Pernath, un tailleur de pierres précieuses vivant dans le ghetto de Prague, qui a perdu tout souvenir de son passé. Sa vie paisible et discrète est perturbée le jour où une femme, Angelina, qu'il aurait connue quand il était enfant, l'implore de l'aider. Ainsi se trouve-t-il plongé dans une intrigue complexe au cours de laquelle il va rencontrer des personnages hauts en couleurs dont les motivations et les intentions sont aussi obscures qu'inquiétantes. Au début du récit, Pernath reçoit la visite d'un inconnu qui lui apporte un livre à restaurer, le livre “Ibbour”. Il s'agit pour Pernath du début d'une aventure initiatique, parallèle à l'intrigue principale, au cours de laquelle, guidé par l'archiviste Hillel versé dans la Kabbale, et sa fille Mirjam, il va retrouver ses souvenirs enfouis depuis des années, découvrant alors des pans ignorés de sa personnalité.
Avec :
Olivier Peigné : Pernath
Sandrine Le Berre : Mirjam
Audrey Meulle : Angélina
Mouss Zouheyri : Laponder
Thibault Vinçon : Charousek
Jean-Gabriel Nordmann : Hillel
François Siener : Wassertrum
Jean O’Cottrell : Zwakh
Daniel Krellenstein : Prokop
Nina Paloma Polly : Rosina la Rouge
Pierre Puy : le juge d'instruction
Franck Kronovsek : le fonctionnaire
Slimane Yefsah : le cocher
Gérard Boucaron : le passeur
Cécile Arnaud : la domestique
Et les voix de :
Zelda Perez, Gwenaëlle Simon, Élodie Vincent, Christophe Chêne et Antoine Sastre
Bruitage : Patrick Martinache. Prise de son et mixage : Bernard Lagnel. Assistance technique et montage : Manon Houssin. Assistante à la réalisation : Laure-Hélène Planchet
Sources : France Culture et Wikipedia
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