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Berto Al (Autre)Claire Benedetti (Traducteur)
EAN : 9782356081186
108 pages
Editions de L'Escampette (21/10/2022)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Cet ouvrage réunit quatre recueils de Florbela Espanca (1894-1930), aujourd’hui considérée comme une des poétesses majeures de la littérature portugaise. Il s'agit de Le livre des chagrins, Sœur Saudade, Bruyère en fleur et Reliquiae. Il est préfacé par un autre grand poète portugais : Al Berto (1948-1997). La traduction a été réalisée par Claire Benedetti.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne connaissais pas cette poétesse portugaise ,une grande découverte !
En attendant de recevoir le Livre des Chagrins (Éditions L'Escampette qui promeut, notamment, la poésie portugaise) , j'ai tenté de découvrir  Flor Bela de Alma da Conceição (1894-193O) dans les ouvrages que je possède sur le Portugal : Aucun n'en parle ni les beaux livres, ni les guides touristiques dans la partie dédiée à la culture et à la littérature. Je me suis donc rabattue sur internet !
Elle naît, d'une relation extra-conjugale , à Vila Viçosa (près d'Evora), qui fut la résidence des ducs de Bragance et de plusieurs rois. (« Florebela a eu deux mères. L'une fut payée, louée pour la porter, et elle ne cessa jamais de la chercher en vain. L'autre qui la désirait, mais ne pouvait la porter, et l'éleva, semble-t-il, avec amour et bonheur » Al Berto)
Ses trois mariages ( Alberto Moutinho – 1913- ), António Guimarães – 1921), Mário Lage - 1923).ne lui apportent pas le bonheur souhaité mais plutôt de multiples déceptions.
Féministe, « trop » émancipée pour son époque, elle traduit son mal-être, dans de merveilleux sonnets (« parce que la forme est plus contraignante, l'idée jaillit plus intense » Baudelaire) le Livre des Chagrins (Livro de magroas) sera sa première publication en 1919.
La mort brutale de son frère bien aimé, Apeles (peut-être un suicide déguisé) sera un élément de plus pour qu'elle mette fin à sa vie à Matosinhos près de Porto.
Le livre reçu (deux jours après la date d'envoi!) reprend des poèmes Du Livre des Chagrins, de Soeur saudade (Livro de Soror Saudade 1923), de Bruyère en fleur (Charneca em flor - 1930) et de Relique (Reliquiae 1934). La traduction de Claire Benedetti est excellente et n'obère en rien la qualité de l'oeuvre originale.
J'ai apprécié grandement la belle préface lyrique d'al Berto (Alberto Raposo Pidwell - Coimbra 1948 - Lisbonne 1997) «  Deux ou trois choses que je sais de Florbela ».
En fin de livre, quatre sonnets repris en portugais , avec traduction, démontrent pleinement la richesse de l'écriture poétique et élégiaque de Florbela (- au loin les astres viennent danser au milieu des syllabes arrachées à la musique de la douleur » Al Berto)  : les effets de rythme, la qualité les rimes (embrassées)... Ses poèmes exaltent la saudade , cette fameuse nostalgie qui étreint l'âme portugaise , ils dévoilent l'intensité vraie de ses émotions , de ses envies, de ses passions, et l'étreinte acérée de ses illusions, bien vite transformées en désillusions mortelles.
Un grand merci aux Éditions L'Escampette et à Babelio.
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J'ai reçu ce recueil majestueux grâce à la masse critique de Babelio, que je remercie.
Que dire ? Ce recueil m'a bouleversée au plus profond de mon âme car il retrace des déceptions, des désillusions, des maux difficiles à exposer avec de simples mots.
Florbela Espanca est d'une authenticité sans faille : elle nous dévoile ses doutes, ses malheurs et se met à nue, tel le Pélican de Musset qui se sacrifie pour nourrir ses petits... et ses lecteurs.
"Parce que les plus désespérés sont les chants les plus beaux", Florbela explore son chagrin, tente de l'expliquer. Si certains pensent que les poèmes sont redondants, ils se méprennent. Chaque poème essaye de cibler chaque malheur de la vie, avec une justesse incroyable.
Elle y dévoile ses peines comme Louise Labé le fait dans ses sonnets. Elle est dans la droite ligne de ces femmes amoureuses et désabusée. Elle me fait penser à Marianne dans Les Lettres Portugaises de Guilleragues.
Mais on y trouve aussi des similitudes avec Baudelaire et son spleen difficile à exposer, la trahison de l'amour... Enfin, quelques références à Mallarmé sur ce goût du néant et du vide (pas pour l'hermétisme).
Ce recueil est un bijou... le livre des chagrins transforme la mélancolie en une beauté poétique.
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En ce moment, j'essaie de lire plus de poétesses. Alors déjà, merci à tous les éditeurs qui traduisent et valorisent le travail de femmes de lettres peu connues telles que Florbela Espanca. Je remercie également les éditions L'Escampette pour leur envoi très rapide.
Rien que pour saluer ce travail, j'aurais voulu a-do-rer le livre des chagrins, mais mon sentiment est plus mitigé. Ce recueil a de belles qualités, et certains poèmes m'ont touchée. D'autres moins. Comme il s'agit d'un envoi reçu dans le cadre d'une Masse critique, j'ai lu les poèmes de façon rapprochée, d'où peut-être une impression de redondance (chagrin, douleur, tristesse, déception... le titre ne ment pas !).
Je dois dire aussi que je m'attendais à des poèmes avec des rimes, ce qui semble être le cas en portugais (à vérifier, je ne me base que sur les quatre poèmes de la fin), mais qu'on ne retrouve pas dans la traduction (par ailleurs belle de musicale) de Claire Benedetti. Mais c'est un goût personnel.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nihil Novum (Rien de nouveau)
En d'autres temps, j'ai demeuré dans la pénombre
Du portique enchanté de Bruges.
Avec Loti, j'ai vu les temples de l’Égypte ;
Dans le fleuve sacré, en Inde, j'ai lancé des fleurs.

Sur l'horizon de brume opalescente,
Pensant à toi, j'errais, face au Bosphore.
Et j'ai aussi connu le silence des cloîtres,
Aux couchants de nacre et de soie.

Et j'ai mordu les roses blanches d'Ispahan
Qui toutes ont le même goût de cendre.
Et c'est toujours la même lande, âpre et déserte,

Qui fleurit tristement d'une vaine inquiétude.
Et de vivre, toujours le même étrange mal
Avec, au fond du cœur, la même plaie béante !
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Être tige, ou bien sève, ou ramure craintive,
Tendre vers le soleil l'âme des disparus
Dans l'urne d'or d'une fleur grande ouverte!
     
     
Ser haste, seiva, ramaria inquieta,
Erguer ao sol o coração dos mortos
Na urna de oiro duma flor aberta!...
     
     
'Ne pas être', extrait / 'Não ser', excerto.
'BRUYÈRE EN FLEUR' / 'Charneca em flor', 1930.
Version originale en portugais (hors recueil) traduite par Claire Benedetti.
p. 69
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RÉALITÉ

Pour toi mon regard s'est fait aube
Et ma voix gazouillis d'oiseau,
Et ma bouche rouge amoureuse
Eut la pâle fraîcheur du lin.

Ton baiser m'enivra comme un vin
Fauve d'Espagne en un calice ciselé.
Et ma chevelure défaite
À tes pieds déroula l'ombre d'un chemin.

Mes paupières ont la couleur des verveines,
J'ai les yeux verts et je suis brune,
Et je suis née pour te connaître...

Je t'ai voulu toute ma vie
Et maintenant que je te vois, te parle,
Je ne sais si je t'ai trouvé ou perdu...
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Ce Livre

Voici un livre de chagrins. Infortunés
Qui passez dans le monde, pleurez en le lisant !
Seule votre douleur d'âmes torturées
Peut l'éprouver, peut être...et le comprendre.
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Caravelles

Au milieu de ma vie, je suis déjà si lasse,
D'avoir tant cheminé, je suis déjà perdue !
D'un étrange pays que je n'ai jamais vu
Suis dans ce vaste monde l'exilée.

J'ai tant appris et pourtant ne sais rien.
Les tours d'ivoire que j'avais construites,
Dans ma folie tragique, je les ai détruites
De mes propres mains misérables !

Car j'ai toujours été ainsi cette Mer morte :
Mer sans marées, vagues ni port,
Où se rompent des voiles de rêves.

Caravelles dorées qui dansent...
Ah ! qui me rendra celles que j'ai jetées à la mer !
Celles que j'ai lancées vers la vie, sans retour...

(in Le livre de Sœur Saudade)
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