Le sang des Bravos de
Nancy Black
Voilà un univers que j'affectionne tout particulièrement. Il s'agit ici d'un roman mêlant, avec brio, dystopie et science-fiction. Voici un petit résumé de l'histoire.
Andrès et Alice vivent depuis un an dans des conditions précaires dans un des quartiers les plus pauvres et les plus violent de Forsenti. Il est humain, mais Alice est un robot. Celui d'Andrès. Leur lien d'amitié est très fort et ils s'entraident quotidiennement pour s'en sortir grâce à la petite entreprise du jeune homme. Seulement, ils apprennent un jour qu'Alice est sélectionnée d'office pour participer à la prochaine édition de Carnage, un tournoi meurtrier où seul un participant peut gagner. Andrès va alors tout tenter pour faire lever cette décision quitte à tout risquer, même sa propre vie. Sur ce parcours dangereux et chaotique, il se fera des amis qu'il n'aurait même jamais croisé un jour, si cette épée de damoclès ne menaçait pas leurs têtes. Ces relations improbables le changeront et l'emmèneront dans des situations qu'il n'aurait jamais pensé vivre.
Nous sommes ici dans un cadre citadin avec une construction dystopique en tout point de vue. En effet, il présente différentes classes sociales séparées par un gouffre par tout un tas d'inégalités aussi injustes qu'arbitraires. La violence est omniprésente dans la ville et prend plusieurs formes, mais reste malgré tout impunie dans beaucoup de cas. Là encore, les inégalités frappent. Il y a même un culte de la violence avec le Carnage ou bien les Clans Crime autour desquels tout semble tourner. La corruption est également flagrante dans cette ville où certains vivent dans l'opulence et profitent de tous les privilèges alors que d'autres vivent dans une précarité alarmante et tout est fait pour qu'ils y restent. le contexte traite de sujets actuels notamment les catastrophes sanitaires, ici l'épidémie qui refait surface et frappe de nouveau la population. Ils ont eux aussi droit au confinement ! Bien évidemment, on remarque de nouvelles inégalités dans l'accès aux soins avec le remède qui n'est accessible qu'aux riches. La référence au temps des romains est appréciable avec ses gigantesques arènes dans lesquelles on peut assister à des combats dignes de l'ère des gladiateurs. Les scènes de combat sont très bien écrites et sont plutôt visuelles. On s'y projette facilement.
Le récit à la troisième personne et au passé est bien maitrisé. La narration est bien menée, permettant une belle immersion. le gros plus, c'est l'humour mené de main de maître. En effet, il est bien dosé et intelligemment placé. Il illumine les dialogues entre les différents protagonistes et donne une belle dynamique à leurs relations. Mais, attention, ceci n'est pas un roman comique et l'auteur sait parfaitement nous le rappeler. En effet, dès que nous oublions le caractère véritable du roman, un évènement survient et nous ramène brutalement à la réalité violente de Forsenti et nous laisse K.O.
Les personnages sont forts et attachants avec de l'épaisseur et une part de mystère en chacun. Ils ne sont pas parfaits, mais c'est ce qui fait leur charme. Leurs défauts leur vont si bien.
Il y a d'abord Andrès, dont on ignore les détails du passé puisqu'il est amnésique suite à un accident. Son attachement à son robot, Alice, est si fort qu'il est prêt à s'attaquer au système pour la protéger.
Alice est un robot hors du commun qui est tellement proche de l'humain que les gens s'y trompent. D'ailleurs, on peut avoir tendance à oublier sa nature au cours de la lecture. Ses traits d'humour et d'esprit en font un personnage très intéressant.
Scarlett est un petit bout de femme haut en couleur et au verbe haut que rien ne semble pouvoir arrêter. Son rôle de leader dans l'association lui va bien.
Rafaer, champion du juron et dénué de filtre, brille souvent par son cynisme. J'ai eu un coup de coeur pour ce programmateur qui m'a bien fait rire. Il est très attachant.
Raine est une grande rêveuse qui se transforme en véritable guerrière quand le besoin s'en fait sentir.
Malik, le beau champion de Carnage, est un guerrier affûté et brutal qui soigne son image et s'applique à respecter les règles. Son caractère malicieux et solaire le rendent attachant, malgré son tempérament orgueilleux et son manque d'empathie par moment.
Emilio, le vétéran des bas fonds devenu une légende en remportant une édition de Carnage tout en défiant le principe même du tournoi en épargnant une vie. Tout cela en étant malade. Sa simplicité et son côté réservé en font un personnage très attractif également. Il semble froid et effrayant, mais il a en réalité du coeur.
En somme, nous sommes en présence d'une véritable pépite qui propose un bel univers bien construit avec tous les éléments nécessaires à une bonne dystopie. L'écriture de l'auteur est fluide, simple et agréable. Pour moi, c‘est un coup de coeur, si vous aimez ce genre, ce roman est pour vous.