LA JETÉE
Les étoiles sont derrière le mur
Dedans saute un cœur qui voudrait sortir
Aime le moment qui passe
À force ta mémoire est lasse
D’écouter des cadavres de bruits
Dans le silence
Rien ne vit
Au fond de l’eau l’image s’emprisonne
Au bord du ciel une cloche qui sonne
La voile est un morceau du port qui se détache
Tu restes là
Tu regardes ce qui s’en va
Quelqu’un chante et tu ne comprends pas
La voix vient de plus haut
L’homme vient de plus loin
Tu voudrais respirer à peine
Et l’autre aspirerait le ciel tout d’une haleine
LA JETÉE
Les étoiles sont derrière le mur
Dedans saute un cœur qui voudrait sortir
Aime le moment qui passe
À force ta mémoire est lasse
D’écouter des cadavres de bruits
Dans le silence
Rien ne vit
Au fond de l’eau l’image s’emprisonne
Au bord du ciel une cloche qui sonne
La voile est un morceau du port qui se détache
Tu restes là
Tu regardes ce qui s’en va
Quelqu’un chante et tu ne comprends pas
La voix vient de plus haut
L’homme vient de plus loin
Tu voudrais respirer à peine
Et l’autre aspirerait le ciel tout d’une haleine
Mémoire
Une minute à peine
Et je suis revenu
De tout ce qui se passait je n’ai rien retenu
Un point
Le ciel grandit
Et au dernier moment
La lanterne qui passe
Le pas que l’on entend
Quelqu’un s’arrête entre tout ce qui marche
On laisse aller le monde
Et ce qu’il y a dedans
Les lumières qui dansent
Et l’ombre qui s’étend
Il y a plus d’espace
En regardant devant
Une cage où bondit un animal vivant
La poitrine et les bras faisaient le même geste
Une femme riait
En renversant la tête
Et celui qui venait nous avait confondus
Nous étions tous les trois sans nous connaître
Et nous formions déjà
Un monde plein d’espoir
Lucarnes
Le timbre et la pensée sous le battant énorme
retentissent dans la voûte, en marche vers le seul
point lumineux qui tremble, au bout du bras, des
branches, entre les feuilles.
Un coin de soleil entre les deux rochers, où la
bouche est ouverte, quand le vent se met à souffler.
Toutes les vitrines s'allument
Les fleurs qui bordent la prairie se baignent
Le soir
La même nuit sans lune.
FAÇADE
Par la fenêtre
La nouvelle
Entre
Vous n’êtes pas pressé
Et la voix douce qui t’appelle
Indique où il faut regarder
Rappelle-toi
Le jour se lève
Les signes que faisait ta main
Derrière un rideau
Le matin
A fait une grimace brève
Le soleil crève sa prunelle
Nous sommes deux sur le chemin
Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024
"– Alors, toujours aussi gros ?
– Et toi, toujours aussi con ?
C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi.
Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
+ Lire la suite