AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782204133784
258 pages
Le Cerf (17/02/2022)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Iconoclaste, candidate à l'archevêché de Lyon, Sylvaine Landrivon livre ici l'Évangile de Béthanie, c'est-à-dire celui selon sainte Marie et sainte Marthe. Un manifeste spirituel et sensible pour annoncer la révolution féministe au sein de l'Église. Indispensable.Prêtres, diacres, nonces, évêques... Pourquoi ces fonctions sont-elles réservées aux hommes ? Est-il écrit dans l'Évangile que les femmes ne peuvent être les apôtres du Christ ?Pour répondre à ces questions... >Voir plus
Que lire après Les Leçons de Béthanie - De la théorie à la pratiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après avoir publié deux ouvrages sur la figure de Marie Madeleine, la théologienne Sylvaine Landrivon revient à Béthanie et nous emmène avec elle pour confronter le texte évangélique à nos idées reçues et nos habitudes institutionnelles. Il s'agit d'analyser la portée christologique et ecclésiologique de ce qui se joue dans la maison de Marthe, Marie et Lazare, ces amis si proches de Jésus.
Mais aussi d'éclairer sous un jour nouveau l'une des figures qui compose le personnage de Marie Madeleine, Marie de Béthanie, mais aussi sa soeur Marthe, injustement oubliée.

Assimilée par la tradition catholique au personnage de Marie Madeleine, Marie de Béthanie a été plus récemment distinguée de Marie de Magdala, notamment par les travaux de théologiennes féministes, dont Sylvaine Landrivon dans ses précédents ouvrages. Mais cette distinction et la mise en avant exclusive de la Magdaléenne posent des problèmes d'interprétation.
Comme le souligne Christine Pedotti dans son livre Jésus, l'homme qui préférait les femmes : la réhabilitation de Marie de Magdala laisse de côté cette autre grande disciple qui apparaît de façon particulièrement avantageuse dans les évangiles avant de disparaître totalement. Pourquoi ?

Les leçons de Béthanie propose une hypothèse fondée sur un détail texte grec, qui permet de repenser le conflit entre les Marie. Sylvaine Landrivon note effectivement que pour qualifier Marie de Magdala, l'évangéliste utilise “è” traduit par “de”. Or ce terme ne renvoie pas à une appartenance géographique (on utiliserait “apo”).
Marie est dite “Madgala” comme Simon est dit “Pierre” ou Jean “Baptiste”. Il s'agit d'une caractéristique liée à leurs personnalités, vocations, rôles.
Par ailleurs, Sylvaine Landrivon souligne que l'existence d'un village ou d'une ville qui s'appellerait Magdala n'est pas avérée (p.89).

Elle pose donc l'hypothèse que Marie, soeur de Marthe et Lazare, résidant à Béthanie, dont la maison est si familière à Jésus, soit celle qui est qualifiée de “Magdala”pour rendre honneur à sa qualité de veilleuse (p. 92).
La proximité géographique de Béthanie avec Jérusalem, le rôle de la fratrie dans les événements accélérant la Passion, la nature de leurs liens, rendent logique la présence de Marie de Béthanie lors des événements de la crucifixion et de la résurrection, ce qui renforce cette hypothèse.

Éclairée sous ce nouveau jour, Marie, ainsi que sa soeur Marthe, et les relations très fortes qui les lient à Jésus, nous projetent dans le rêve d'un nouveau modèle d'église où l'autorité et l'engagement des femmes trouveraient leur juste place. Ce qui n'est pas étonnant de la part de Sylvaine Landrivon, féministe engagée, co présidente du Comité de la Jupe, association qui milite pour l'égalité entre hommes et femmes dans l'Eglise Catholique.

S'il n'est pas toujours facile à lire, cet ouvrage stimulant et exigeant est marquant par sa grande rigueur intellectuelle, la richesse de ses références et de son érudition, la générosité et l'audace de sa pensée. Une référence pour ceux qui s'intéressent au personnage de Marie Madeleine, à la relation entre Jésus et les femmes, à la place des femmes dans l'Eglise.
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans la suite du récit, Marie de Béthanie n'est plus jamais mentionnée. Elle semble avoir laissé sa place auprès du Seigneur à d'autres femmes, mais là encore il nous faut suivre de façon privilégiée le fil johannique. Nous retrouvons Marie, la Mère de Jésus, et une autre femme qui apparaît sitôt le silence revenu sur les compagnes de Béthanie : la Magdaléenne.
Avant de prendre toute son ampleur dans le quatrième évangile, cette Marie communément dite de Magdala fait de brèves apparitions dans les évangiles synoptiques. Elle est mentionnée pour sa présence à la croix et lors de la résurrection. Seul Luc I'intègre plus tôt à l'histoire de Jésus.
Commenter  J’apprécie          70
Tant que Jésus demeure, des femmes entourent et collaborent à son enseignement. Elles vont pourtant être condamnées à disparaitre ou à servir en mode "dégradé". Cette néantisation ne sera toutefois pas immédiate. Aussi longtemps que perdurera le souvenir historique de leur action, les femmes conserveront un rôle au sein de l'ecclésia. Les lettres de Paul montrent, par exemple, que le souvenir de cette célébration domestique demeure, et que le modèle garde sa vigueur durant les temps de constitution des premières communautés. D'ailleurs, la rédaction du Nouveau Testament n'a pu échapper à l'obéissance factuelle de la vérité, se condamnant à ce que les exégètes nomment «le critère d'embarras » que nous avons déjà évoqué. Il est probable que, si les évangélistes avaient pu raconter les récits des faits et gestes de Jésus sans accorder autant de place à ces êtres jugés socialement inférieurs et inaptes à transmettre que sont les femmes, ils les auraient sans doute volontiers exposés autrement.
Commenter  J’apprécie          40
Or, une femme nommée Marie est présente au pied de la croix; une femme nommée Marie se trouve en larmes en larmes au tombeau, désemparée, ne comprenant plus ce qu'elle avait perçu, avant d'être appelée par son nom. Et là cette même Marie, retrouvant enfin celui qu'elle aime, reçoit de Lui la confirmation de sa divinité. Chez Jean, le Christ la mandate, elle seule, pour annoncer tout ce que contient leur rencontre: sa résurrection et le dévoilement clair du lien entre son Père et Lui.
Si nous sortons de l'embrouillamini orchestré par par certains théologiens soucieux de desservir la cause des femmes, comment ne pas faire le lien entre les diverses scènes johanniques et attribuer à la même femme cette relation privilégiée avec le Seigneur? N'aurait-elle pas gagné ce nouveau qualificatif comme gratification de sa fidélité et de sa clairvoyance dévoilée par son geste d'onction?
Une telle hypothèse place évidemment Marie, tout à la fois sceur de Marthe - donc amie – et Magdaléenne, autrement dit « tour de veille», gardienne de la révélation, dans une telle proximité avec le Christ, que celle des autres disciples en pâlit dangereusement.
Commenter  J’apprécie          30
Tout, dans cette scène du retour de Lazare à la vie, nous renvoie à ce que va traverser Jésus dans sa Pâque. Comment ne pas voir que là, comme au terme, ce sont électivement les femmes qui sont les interlocutrices de la Révélation? Marthe puis Marie de Béthanie ne font qu'anticiper par la volonté de Jésus le dialogue qui sera repris avec la Magdaléenne. Cet exercice préparatoire, où les disciples clairvoyantes et croyantes sont déjà des femmes -comme ce sera le cas au pied de la croix -n'a pas laissé plus de fondement à l'institutionnalisation de leur rôle que l'échange près du tombeau, au matin de Pâques. Pire: ces témoignages sont souvent gommés par des interprétations caricaturales reposant sur des stéréotypes patriarcaux auxquels une certaine notion de service va servir de solde.
Commenter  J’apprécie          30
Les exégètes appellent "critère d'embarras" des situations qui n'aident pas les évangélistes à la diffusion du message, mais au contraire risquent de heurter leur auditoire. Lorsqu'ils les conservent malgré tout, c'est qu'ils ne trouvent pas légitime pour la vérité de les dissimuler. Or, ils témoignent de ces affinités électives féminines dans des scènes qui pourraient paraître incongrues et qui, en outre, disqualifient quelque peu les hommes présents. Dans les évangiles, les femmes ne doutent jamais, comprennent les paroles de Jésus, ne trahissent pas.
Commenter  J’apprécie          40

Video de Sylvaine Landrivon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvaine Landrivon
Sylvaine Landrivon présente son livre "Faite-les taire, Judith un enseignement subversif" à la librairie La Procure de Lyon - mai 2014
autres livres classés : théologieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1834 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}