Les passagers du vent, tome 9 : Le sang des cerises

De la série Les Passagers du vent de François Bourgeon, sort le tome 9 chez Delcourt, intitulé le Sang des cerises. Quel beau cadeau que nous fait là François !

Dans les années 1980, Bourgeon était considéré comme le plus grand mariniste de la BD française, grâce précisément à cette série qui est entrée dans la légende. Pour réaliser ses planches, Il a vraiment fait oeuvre d'historien. La profession lui a décerné de nombreux prix : en 1980 il reçoit au festival d'Angoulême le prix du meilleur dessinateur

C'est drôle parce que même s'il n'a pas été détrôné dans le genre, son dernier tome nous renvoie peu au monde de la mer, à part la première planche, qui est son ouverture-culte de la série.

Bourgeon a en projet encore 4 numéros, vu qu'il habite au bord de la mer en Bretagne, c'est là-bas qu'il y trouve son bonheur, son imagination ne saurait tarir, il reviendra à la mer je pense pour terminer sa série comme il l'a commencée avec un talent inoui si j'en juge par la performance du tome 9.

Je ne voudrais surtout pas dire du mal de ses confrères, mais combien ont abandonné en cours de route ou alors de par une imagination inféconde pour finir ont déserté le monde de la BD, ou encore d'autres sont carrément morts, à grand regret évidemment ; cela pour dire que c'est beau quand un seigneur de la BD comme Bourgeon continue de nous étonner avec sa fraicheur de créateur 40 ans après ses premiers succès. Les embruns, ça conserve !..

Pour ne pas pouvoir vous en dire plus car je viens de le commander, veuillez m'en excuser. Je reviendrai donc pour compléter mon intervention, merci.

20 décembre 2022
La première chose que je remarque. En principe le dessinateur, le peintre n'illustre pas les dents. C'est bouche fermée. Mais Bourgeon s'y applique à contrario et en profite dès les premières pages pour montrer la différence de classe de ses personnages, de belles dents pour ses belles nanas, pour les hommes de la bourgeoisie, et pour ses roturiers des sans dents. Cela évoque bien sûr l'indiscrétion de Trierweiler à l'adresse de Hollande ..

Alors que Zabo et Klervi sont dans le train en direction de la Bretagne, Zabo revient sur son passé. Comment elle a suivi Quentin en France, la naissance de la commune en même temps que celle de leur fille Clara, ces jours où elle a tout perdu.

Le dernier tome des passagers du vent se conclut sur un épais volume, 130 pages, au fort contexte historique. C'est intéressant mais cela m'a souvent semblé confus. L'auteur parle des événements comme si on connaissait tout par coeur, il évoque plus qu'il n'explique, il cite beaucoup de personnalités sans vraiment nous expliquer qui ils sont et leurs rôles. C'est un peu dommage car c'est une période compliquée de l'histoire française et tout ceux qui ne la connaissent pas bien se sentiront complètement largués.
En dehors des discours politiques qui manquent de clarté, j'ai bien aimé découvrir le parcours de Zabo meme si je n'ai pas senti le même souffle épique que dans le premier cycle.
Les dessins de Bourgeon sont particulièrement léchés, bien que souvent figés, les expressions sont bien rendues. Et comme j'ai du faire plusieurs fois des recherches internet sur les personnalités évoquées dans l'histoire, j'ai pu voir a quel point il avait pris soins à la ressemblance physique.

Comme dans le dyptique précédent, 'la petite fille Bois-Caiman', ce second tome du 'Sang des cerises' revient essentiellement sur le passé de l'héroïne. Dans 'la petite fille...' on revenait sur le passé d'Isa, raconté à Zabo ; ici on revient sur le passé de Zabo raconté à Klervi. le passé de la Commune et le passé au bagne avec son lot d'horreurs et d'histoires tragiques.
Si je connais très mal l'histoire de la Commune, je connais peu celle des bagnes français. J'ai trouvé cette histoire très intéressante, bien racontée et moins laborieuse et verbeuse que le tome précédent.
Coté dessin, je regrette la finesse des tomes des passagers du vent et de la petite fille Bois Caïman.
Une histoire prenante, avec un final très touchant et très réussi.

Comme toujours j'adore les BD de cet auteur. de beaux dessins, juste ce qu'il faut entre le réel et l'imaginaire, et des textes et histoires qui m'emportent. Certes, cette période de l'Histoire m'est peu connue et ne m'a sûrement pas fait apprécier, ou critiquer, l'histoire de cette femme.
Je vais donc me plonger dans cette période et le relire ensuite.