Une boule de flipper suit rarement deux fois le même itinéraire…
Autant j'avais trouvé un p'tit coup d'moins bien dans Les Sales Jours (tout petit, le coup, hein), autant ici il retrouve toute sa verve et son élan, le jeune Bachman. Un vieillard dans un corps de môme offrait sans doute moins de possibilités, frustrant pour un écrivain aussi imaginatif et intarissable.
Dans Extraball, on voit Richard passer du statut de gamin délaissé, à l'âme déjà passablement aigrie, à celui de jeune adulte paumé, sur le fil, tout aussi solitaire. Il n'en reste pas moins téméraire, le gazier, il veut y croire à sa seconde chance, au moins en ce qui concerne sa vie littéraire. Il s'échine à écrire, encore, toujours, attendant la consécration inévitable. Néanmoins, en avançant dans ce nouveau continuum, il s'aperçoit que toutes ses prévisions battent de l'aile, ce qu'il croyait acquis ne dépend pas de sa seule volonté. Que les intrications quantiques peuvent être complexes (et cruelles) !
Pour ce qui est de l'amour, ah ! les continuums se chevauchent et ne se ressemblent pas. Il va falloir batailler sévère, garçon, si tu veux la reconquérir, ton âme soeur. Ou peut-être est-ce le comportement inverse qu'il conviendrait d'adopter ? le lâcher-prise ? Moi, c'que j'en dis, quand tout fout le camp et que rien ne nous obéit, autant mettre les voiles, s'évader, d'une manière ou d'une autre. Là encore, Bachman va faire les frais d'un concours de circonstances malheureux, si bien qu'il en vient à le personnifier, cet état de faits désastreux ; il y a forcément quelque esprit malin derrière ses déboires.
Je l'ai déjà écrit,
Frédéric Soulier pourrait nous conter sa liste de courses, ça passerait comme papa dans maman. Des scènes savoureuses, des rencontres fortuites – ou pas -, des perturbations de l'espace-temps, des changements profonds, de la relativité (j'aime ça), des dialogues somptueux, une ambiance, une époque, des individualités… et toujours la truculence des mots et le talent de l'auteur. Quand toute cette richesse s'inscrit dans un contexte hyper-réaliste, on ne peut qu'y sauter les deux pieds devant et y barboter avec allégresse, ouais. Il m'a une fois de plus régalé, l'écrivaillon désormais bien campé dans ses bottes d'auteur incontournable.
Il trouve même de la place pour une amitié touchante, elle aussi bringuebalante, car placée sous l'autel (et pas sur) de la culpabilité. Toutes ces petites trouvailles font de cet épisode 3 des Régressions de Richard Bachman, et de l'ensemble de ce cycle, une science-fiction (mais pas trop) bien sentie et, comme d'habitude, profondément humaine.
A mettre entre toutes les mains.
A dans quelque temps pour le dernier épisode.
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