Pierre Girard est né le 21 août 1892 à Genève, où il est mort le 28 décembre 1956. Pour le reste, il faudrait le lire - mais ce serait là maigre chronique. Voyageur indirect, de ceux qui ne quittent par leur chambre, à l'instar de
Cendrars qui nous faisait voyager en Russie dans sa Prose du transsibérien, sans l'avoir pris lui-même, ou, mieux,
Xavier de Maistre et son fameux
Voyage autour de ma chambre.
Pierre Girard a peu voyagé, mais bien voyagé, et il est souvent retourné dans les mêmes endroits, probablement pour y vérifier la véracité de ses écrits. N'empêche : on lui doit de savoureux récits de voyages à Venise, aux Etats-Unis (dans le truculent passage intitulé Anges américains, comparant parfois le modèle suisse avec l'américain!), à Paris, où il fréquente
Léon-Paul Fargue,
Valery Larbaud et
Jean Giraudoux, en Suisse, bien sûr, mais aussi dans l'Allemagne des années 30, car le voyage n'est pas seulement géographique avec
Pierre Girard, il est aussi temporel. Et puis l'auteur aime les gares, surtout pour n'y rien faire. Les Sentiments du voyageur, magnifiquement réédité par les éditions Fario, est un livre qui fait l'éloge du voyage immobile et des livres, ceux de Larbaud, de
Proust, mais aussi l'Odyssée et, à sa suite, l'Ulysse de Joyce. Tout cela est exquis.